"One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]

Beatrice Masini, L'aquarelliste - traduction de François Rosso

Beatrice Masini est la traductrice italienne de la saga Harry Potter, et l'auteure de nombreux livres pour la jeunesse. L'aquarelliste est un roman pour public adulte. Ce livre raconte quelques mois de la vie de Bianca, une jeune peintre d'origine anglaise et italienne qui a reçu une éducation moderne pour l'époque (1840); éprise d'indépendance, elle vit de son art en entrant au service de la famille d'un poète lombard qui lui demande d'illustrer un catalogue de la flore présente dans son domaine à la campagne. Au cours de son séjour elle va s'intéresser aux circonstances de la naissance de Pia, une petite chambrière avec qui elle se lie d'amitié.

Je n'en dis pas plus parce que c'est un roman plein de secrets... L'écriture est très belle à mon sens (à part deux ou trois formules un peu bizarres liées je pense à la traduction, mais je n'y connais rien), pleine d'images très évocatrices. Je ne peux pas donner de lien extérieur mais si vous voulez un échantillon il y a trois extraits sur mon blog (à la rubrique "Cultures", en date de dimanche dernier et des deux d'avant). Beaucoup de questions restent en suspens à la fin du livre, qui m'a semblé un peu heurtée et précipitée mais ça fait partie du charme de ce roman.

D'un point de vue strictement personnel j'ai eu du mal à me sentir proche du personnage de Bianca (mais j'ai passé l'âge des premiers émois qui sont les siens depuis quelques années ). Disons qu'elle manque un peu de... tempérament (et que je pense que quand on vit isolée à la campagne entourée de beaux messieurs il y a mieux à faire que de peindre des tulipes - mais peut-être ne suis-je qu'une bête )

C'est un très beau livre à offrir par exemple à une adolescente qui aime la littérature.

merci pour ton commentaire Agnès ; et ta conclusion est intéressante " (et que je pense que quand on vit isolée à la campagne entourée de beaux messieurs il y a mieux à faire que de peindre des tulipes"

Oui, je pensais à peindre des hellébores par exemple

Agnès a écrit:

Oui, je pensais à peindre des hellébores par exemple

merci pour ce commentaire, je vais garder ce livre dans ma LAL

Tu nous diras ce que tu en as pensé, c'est toujours délicat de donner son avis, les ressentis sont tellement différents d'un lecteur à l'autre (<--- gros lieu commun écrasant de cuistrerie mais là dimanche matin j'ai du mal à faire mieux )...

positif ou négatif, les avis sont les bienvenus

Agnès a écrit:

les ressentis sont tellement différents d'un lecteur à l'autre

ah tu sais, voilà les "règles du jeu" sur le forum, mais cela ne devrait retenir personne de faire part de ses impressions de lecture

Bédoulène a écrit:

positif ou négatif, les avis sont les bienvenus

tout à fait, à partir du moment qu'on peut en discuter tranquillement, rien contre le fait qu'on ne soit pas toujours du même avis
(buh, ce serait même ennuyeux à fond )

kenavo a écrit:

cela ne devrait retenir personne de faire part de ses impressions de lecture

Alors roulez jeunesse

Agnès a écrit:

tu dois habiter un coin qui n'est pas touché par la grande chaleur

Si, si, 36° en ressenti cet après-midi, mais je ne sors pas

Le Livre de Job avait appris à Job à se taire pour permettre à la parole divine de se manifester en lui. Après ça, difficile de continuer le verbiage autour de ce livre. Annick de Souzenelle prend toutefois le risque et nous raconte ce qu’elle a lu à travers l’histoire de Job. On peut en faire surgir des interprétations très différentes, c’est ce qui est intéressant, c’est sans doute ce qui amusera Dieu. Job fut peut-être puni de n’avoir pas vécu pendant longtemps avec ses idées personnelles, on va essayer de ne pas faire comme lui.


La ligne de lecture d’Annick de Souzenelle découle d’une interprétation innovante du mythe d’Adam et Eve. Selon elle, Eve n’est pas la femme biologique mais le féminin intérieur de tout homme, figure qui se rapproche du Yin chinois ou de l’anima jungien. Adam doit reconnaître cette part inconnue de lui-même pour accomplir l’union qui lui permettra de construire « l’enfant divin ». La compréhension donnée par Annick de Souzenelle nous invite donc à lire le Livre de Job dans sa portée psychanalytique comme récit de l’homme découvrant son âme derrière les peaux d’hypocrisie.


Annick de Souzenelle nous donne tous les éléments pour comprendre le récit au plus proche de sa signification originale à travers l’analyse de l’étymologie hébraïque. On découvre ainsi que les éléments du Livre de Job sont riches d’un large éventail de nuances. Le Satan, bien loin de représenter le monstre monomorphe de notre imagerie populaire, représente certes l’adversaire intérieur qu’il faut surmonter, mais il ne faut pas négliger non plus son pouvoir de susciter la force d’intégration des énergies chez celui qui fait le chemin (vers Dieu). Annick de Souzenelle établit fréquemment des liens avec d’autres épisodes de l’Ancien Testament, rappelant Noé mais aussi, et surtout, l’épisode de la Tentation. Le Livre de Job peut ainsi être lu comme une répétition de cette scène, une tentative donnée à Job de retrouver la connaissance ontologique pour s’accomplir (et découvrir sa liberté ?).


On peut être gêné par les explications parfois ronflantes d’Annick de Souzenelle mais il faut reconnaître que son ouvrage donne des pistes intéressantes pour renouveler la lecture du Livre de Job et invite en général à porter un regard plus nuancé et curieux sur l’ensemble des textes de la Bible.

Citation :

« Job est dit parfait.
Qui dit perfection dit statisme.
Dans l’arbre qu’il est, l’Homme est appelé à faire croître en lui la connaissance dont nous savons qu’elle est lumière et non encore lumière, qu’elle est « parfaite » à un niveau de connaissance et reste « imparfaite » dans les ténèbres, parce que non encore révélée.
Job ne se connaît pas.»

Un exemple de lecture étymologique -on ne peut que s'y fier absolument ou rejeter en bloc, à moins de connaître l'hébreu...

Citation :

« […] ‘Iyob-Job […] a une destinée profondément marquée par son nom ; en lui est inscrit un appel divin auquel il sera libre de répondre ; mais s’il n’y répond pas, les énergies qu’il révèle se retourneront contre lui et le dévoreront ; alors que, s’il y obéit à travers les mutations qu’elles exigent, il atteindra à son NOM. Or le prénom de ‘Iyob est la racine même du mot hébreu ‘Eybah, « l’inimitié » qui tombe des lèvres divines lorsque Dieu s’adresse au serpent dans le récit de la Chute. »

Qu'en pensera Tom Léo ?

Une présentation d'Annick de Souzenelle et de ses hypothèses sur son site officiel : CLIC


*Peinture de Marc Chagall : Job en prière

Bureau des spéculations de Jenny Offill

Livre de quelques deux cents pages mais qui se lit très facilement, très rapidement. Les chapitres sont divisés en petits paragraphes qui semblent suivre ses pensées, ses souvenirs au fur et à mesure. Les petites vérités qu’elle énonce sans ambages, presque naïvement font sourire et nous rappellent peut-être des choses que nous-mêmes avons remarquées. Elle parle de l’amour maternel, la difficulté d’élever un enfant, la vie de couple, l’adultère et la souffrance qui en découle. Joli livre.

Un jour je croisai le voisin qui promenait son chien. Il semblait avoir le monde en horreur, à part mon bébé. « Quel air sérieux, remarqua-t-il, approbateur. Elle ne supportera pas de bon cœur les idiots. » Le bébé le fixa comme s’il était à un kilomètre.

Il est originaire de l’Ohio. Cela veut dire qu’il n’oublie jamais de remercier le chauffeur de bus ou ne joue pas des coudes pour récupérer ses bagages sur le tapis roulant à l’aéroport. Et il ne tient rancune à personne. Les gens sont pleins de bonnes intentions. C’est ce qu’il croit. Alors pourquoi m’a-t-il épousée ? Je déteste souvent et facilement.

Quelques nuits plus tard, je me surprend à espérer que je suis un génie. Sinon pourquoi les somnifères n’ont-ils aucun effet sur mon cerveau ? Mais au matin, ma fille me demande ce qu’est un nuage et je suis incapable de répondre.

Maison Hantée, Shirley Jackson
Un petit bijou du fantastique... un huis-clôt gothique dans cette demeure malsaine, qui est en quelques sorte le personnage principal de l'histoire. Très littéraire (du coup, je pense que même les lecteurs peu habitués du genre y trouveront leur compte), qui reprend les codes du genre sans pour autant s'y affilier tout à fait.




Du coup, je me dis qu'il mériterait une nouvelle adaptation digne de ce nom... (de mémoire, celle de Robert Wise était proche sans être proche, et la dernière avec Liam Neeson s'est loupée)...

colimasson a écrit:

Qu'en pensera Tom Léo ?

A première vue cela a l'air intéressant. Mis je ne suis vraiment pas assez informé pour me permettre un jugement.

colimasson a écrit:

On peut être gêné par les explications parfois ronflantes d’Annick de Souzenelle mais il faut reconnaître que son ouvrage donne des pistes intéressantes pour renouveler la lecture du Livre de Job et invite en général à porter un regard plus nuancé et curieux sur l’ensemble des textes de la Bible.

Là par contre tu donnes une piste qui décèle un peu le danger des approches comme entreprises: on se plaît dans des explications pour éventuellement cerner un texte qui va au-délà. Cela ne veut pas dire que la psychanalyse n'a rien à dire: au contraire. Mais c'est une piste de compréhension et d'initiateur d'idées parmi d'autres.

Dans certaines idées expliquées je reconnais des éléments tout à fait admis par la théologie moderne. P.ex; en ce qui concerne Adam: il est claire (ou communément admis) qu'Adam n'est pas en soi l'être accompli si on sous-entend l'homme comme genre (sexe). Mais Adam est plutôt l'homme comme être humain. Celui existe dans un vis-à-vis: la création homme-femme est expression d'unité (égalité) et d'altérité au même moment.

Mais comme j'ai dit: je ne me considère pas spécialiste dans ces questions...