Louis Calaferte

Je suis en train de me prendre une mignonne petite gifle avec le Septentrion de Calaferte et j'en suis seulement à la page 33.
Entre du Delaume et du Artaud, saupoudré d'un truc plus fluide indéfinissable pour moi pour l'instant... un truc à la Vian aussi, dans la crudité peut-être.
C'est sombre et intense, un chouia trivial, mais hors de toute gratuité provocatrice.

(et je n'en suis qu'à la page 33 !)


Un tout petit peu de mal au début, j'ai du relire les premières pages 2 fois. Il faut un minimum de concentration avant de se plonger là-dedans. Le métro n'est pas l'idéal.


(Dommage qu'avec un nom pareil, un titre pareil, une couv' aussi moche, ce livre me soit passé à côté aussi longtemps... et merci Chris d'avoir insisté, je sens que je tiens là du "Grand")

Queenie a écrit:

Je suis en train de me prendre une mignonne petite gifle avec le Septentrion de Calaferte et j'en suis seulement à la page 33.
Entre du Delaume et du Artaud, saupoudré d'un truc plus fluide indéfinissable pour moi pour l'instant... un truc à la Vian aussi, dans la crudité peut-être.
C'est sombre et intense, un chouia trivial, mais hors de toute gratuité provocatrice.

(et je n'en suis qu'à la page 33 !)


Un tout petit peu de mal au début, j'ai du relire les premières pages 2 fois. Il faut un minimum de concentration avant de se plonger là-dedans. Le métro n'est pas l'idéal.


(Dommage qu'avec un nom pareil, un titre pareil, une couv' aussi moche, ce livre me soit passé à côté aussi longtemps... et merci Chris d'avoir insisté, je sens que je tiens là du "Grand")

Ma journée fût très belle et je vois qu'elle continue à l'être...

Et voilà comment les viles tentatrices de parfum contribuent à augmenter mon désir de lectures inédites!

Calaferte écrit à l'encre du foutre, c'est ahurissant tout ce qui en ressort. D'une sorte de misère esclavagiste qui bouffe de l'intérieur, un besoin irrépressible de sortir d'une mélasse gluante.
Les scènes de sexe sont un peu désespérées, celles d'un monde qui est perdu, se perd, se cherche.

Il s'en extrait parfois, et alors dépeint la pauvreté, l'accoudement à un bar crasseux où il n'y a plus que méfiance, peur, et solitude. Forcément quand une fille lui jette des œillades suggestives, il préfère aller s'agglutiner avec elle dans un coin plutôt que ruminer sa crasse de misère.

Parfois il part dans des délires étranges où il cisaille les bourgeois de sa plume de chevalier ni preux ni fier.

Des phrases courtes, sèches qui sonnent la brutalité, l'urgence du moment présent à bouffer par tous les côtés pour pas crever.

Quelques bouts d'extraits pour vous, puis je continuerais plus tard (j'avance pas très vite dans ma lecture, c'est qu'il faut être un poil bien accroché pour tenir la ligne)

Citation :

Je poussais jusqu'à un bistrot de nuit. Je me payais une assiette anglaise, une choucroute, un pot du meilleur pinard que je dégustais lentement, l'âme sereine, écoutant les conversations autour de moi. Putains en relâche. Chauffeurs de taxi. Indicateurs. Clochards. Poivrots. Radeurs. Il faisait bon et chaud dans la salle. Abri curieusement bâti sur les rambardes de la nuit. On devine une espèce de complicité latente entre ces gens qui ne dorment pas. Ce sont, à quelque chose près, toujours les mêmes. On se connaît vite, sans s'être jamais adressé la parole. Personnages de la nuit. Les visages, les allures, les voix sont comme endeuillés, tachés de pâleur nocturne. Chaque fois que quelqu'un pousse la porte et entre, tous les regards se tournent vers lui. Il semble qu'on craigne l'arrivée d'un ennemi qui tiendrait du diable ou de ses procureurs. Atmosphère fibreuse. Personne ici n'attend rien de défini sinon le jour. Aucun éclat de voix, jamais. Rumeur plane. Déchiquetée à intervalles réguliers par le souffle crachin du percolateur. Tapotis brefs des touches de la caisse enregistreuse. Cliquetis des tasses, des soucoupes, des plateaux, de la vaisselle. La machine à sous qui sonne comme dans un rêve d'idiot. Vie circulaire. Illicite. Un rire de femme, parfois, crisse, ricoche dans un coin de la salle, retombe vite, avalé par le brouhaha sourd, se casse, épongé.[...]

Un autre, pour montrer qu'il a fait des trucs incroyables avec sa tête et ses doigts.

Citation :

Avec le petit jour qui gratte, qui gomme soudain un coin de ciel sans horizon des villes. Tache volatile. Tache liquide. Comme un point d'impact en transparence sous la dernière vapeur de la nuit. Quelque part au-dessus des toits, entre la barricade des cheminées droites. Le petit jour écarquille son œil ensommeillé. Cheville enfoncée dans l'ombre. Les rues pâlissent. Glaire mouvante de la clarté sur la glycérine des trottoirs. Une lumière d'eau jade chenille le long des façades. En bas, à ras de terre, la nuit se tasse, encore compacte, soufflée par la fraîcheur nouvelle de l'air du matin. Le ciel s'épluche. Pureté du jour. Les bruits éclatent. Tintamarre. Moteurs. Ferraille. La talonnade de la foule broie la croûte de silence. Rues en folie. Les gares dégorgent. Alerte au travail. L'usure commence.

Queenie a écrit:

Un autre, pour montrer qu'il a fait des trucs incroyables avec sa tête et ses doigts.

Citation :

Avec le petit jour qui gratte, qui gomme soudain un coin de ciel sans horizon des villes. Tache volatile. Tache liquide. Comme un point d'impact en transparence sous la dernière vapeur de la nuit. Quelque part au-dessus des toits, entre la barricade des cheminées droites. Le petit jour écarquille son œil ensommeillé. Cheville enfoncée dans l'ombre. Les rues pâlissent. Glaire mouvante de la clarté sur la glycérine des trottoirs. Une lumière d'eau jade chenille le long des façades. En bas, à ras de terre, la nuit se tasse, encore compacte, soufflée par la fraîcheur nouvelle de l'air du matin. Le ciel s'épluche. Pureté du jour. Les bruits éclatent. Tintamarre. Moteurs. Ferraille. La talonnade de la foule broie la croûte de silence. Rues en folie. Les gares dégorgent. Alerte au travail. L'usure commence.

Effectivement... mais je n'arrive pas à le trouver ici. Amazon va encore être sollicité!

C'est tout de même bien de poster des extraits au coeur de nos commentaires...
Je les lis toujours attentivement. Ils se font parfois convaincants.
D'autres fois, comme ici, ils permettent de voir d'emblée que l'on ne sera pas séduit.
Merci Queenie de ces extraits, qui s'ajoutent à ceux que nous avions déjà sur ce fil, et qui me font penser que "l'encre du foutre" ne m'intéressera pas..."Ces phrases courtes, sèches qui sonnent la brutalité"...

Oh c'est sûr, ce livre n'est pas pour toi Coline. Absolument pas.

Moi par contre il me dit bien.
Il faut que je me le procure à la bibliothèque... Ca m'intrigue ce que vous en dites Chris et toi Queenie!

aériale a écrit:

Moi par contre il me dit bien.!

A moi aussi

J'ai trouvé C'est la guerre où Calaferte raconte l'Occupation lorsqu'il avait 11 ans. ça démarre bien: phrases courtes, incisives...

Je mets pas mal d'affect dans ce livre, vous l'avez sans doute remarqué et en lisant vos fils j'ai un sourire jusqu'aux oreilles !

Je n'ai pas osé mettre des extraits parce que c'est l'ensemble du livre qui m'a emporté dans cet espace et cette cadence que Calaferte a crée. Je pensais que ce serait trop réducteur mais en fait il semble que ce ne soit pas le cas. Et heureusement que Queenie est là !
Foncez Aériale, Epi Marko et les autres..

C'est forcément réducteur, quelques lignes par rapport à 500 pages, mais c'est comme quand on tourne les pages d'un livre inconnu dans une bibliothèque, il suffit d'une phrase, d'un paragraphe et on embarque, et cette parcelle, même réductrice permet de se lancer.

(J'hésite à mettre un truc sexuel... peut être en spoiler... vu le débat qu'il y a eu sur Apollinaire...)

Queenie a écrit:

(J'hésite à mettre un truc sexuel... peut être en spoiler... vu le débat qu'il y a eu sur Apollinaire...)

Manquerait plus que ça! Envoie!

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

(J'hésite à mettre un truc sexuel... peut être en spoiler... vu le débat qu'il y a eu sur Apollinaire...)

Manquerait plus que ça! Envoie!

Ca ne devrait pas être difficile à trouver...