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 Alejandro Jodorowsky [Chili]

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Babelle
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MessageSujet: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyMar 29 Juil 2008 - 21:57

Alejandro Jodorowsky [Chili] A_port10


L’Enfant du jeudi noir

Alejandro Jodorowsky [Chili] Mini_080729095507635987
El nino del jueves negro a été publié en 1999. Sortie chez Métailié en 2000 sous une traduction de l’espagnol (Chili) de Caroline Lepage.
Un roman singulièrement "autobiographique" dans lequel les premières années du petit Alejandro nous est narrée par un Rebbe imaginaire, depuis la rencontre de ses parents, Jaime et Sarah Felicidad (femme rousse de deux mètres zéro sept et qui « s'exprime comme les anges en émettant des notes de musique »).
Des protagonistes fous et turbulents nous font traverser le Chili des douloureuses années 30, depuis leur fuite des mines de cuivre au nord vers Santiago.

Alejandro Jodorowsky [Chili] Jodoro10

Alejandro Jodorowsky, venu d’Amérique latine, est né ce jeudi noir de 1929. Romancier, cinéaste, auteur de bandes dessinées, il a choisi l'Europe dans les années 50 et 60, après avoir grandi au Chili et être passé par le Mexique.
Je n’ai pas encore abordé son œuvre cinématographique qui n’est sortie que l’an dernier en coffret, et je ne connais pas son œuvre graphique… et vous ?
Aujourd’hui, il s’est depuis longtemps "mué en sage"
-écoutez-le quelques minutes ICI


Dernière édition par Queenie le Jeu 2 Juil 2009 - 11:19, édité 3 fois (Raison : 'tite photo de l'auteur !)
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyMer 30 Juil 2008 - 11:38

Vous savez que je n'aime pas toujours présenter la photographie d'un créateur sur un fil... et le visage de Jodorowsky ne m'inspirant pas plus que le tarot de Marseille Wink, j'ai choisi une petite entrée en matière visuelle évoquant son graphisme, son cinéma :
A l'école des ventriloques. El topo. The Holy mountain.
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Pas toujours "racontable", il me semble, l'œuvre de Jodorowsky. Mais si singulière...


Dernière édition par Babelle le Sam 30 Mai 2009 - 15:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyMer 30 Juil 2008 - 12:13

La danse de la réalité est l'autobiographie de Alejandro Jodorowsky.

Elle m'avait passionnée parce que c'est un personnage hors du commun tout de même...et qu'il écrit très bien.
Lecture trop éloignée pour ma mémoire encombrée de souvenirs livresques...
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyMer 30 Juil 2008 - 12:57

j'apprécie son cinéma, j'ai de vagues souvenirs d'histoires de bd... je ne connais pas le reste.

J'essaierai, au moins pour la curiosité. (et parce que ses films "qui recommencent" à défaut d'être neuf ou original, ça ne se fait pas en films et c'est bien).
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyVen 1 Aoû 2008 - 15:32

Pour le coup, j'ai lu les trois premiers tomes de Les Technopères. je m'étais dit que si ça m'emballait, je pourrais avoir quelques tomes à lire (éventualité très sympathique) et de quoi ouvrir un fil en bd pour Jodo qui renverrait et complèterait celui de Babelle...

site fnac a écrit:
Avec Les Technopères, Jodorowsky invente le roman d'éducation...
galactique. Il raconte la destinée d'Albino, Suprême Technopère, devenu
grand maître concepteur de jeux virtuels qui ont envahi toute la
galaxie. Alors qu'il a atteint un âge vénérable, Albino se souvient de
sa jeunesse et de son passé glorieux. Scénariste visionnaire et
lyrique, Jodorowsky développe ici son thème favori : la quête
initiatique du héros qui triomphe de l'adversité pour accomplir son
destin. " Jodo " rend aussi hommage à la toute-puissance de
l'imagination et du rêve, bien secondé par le dessin de Janjetov, digne
émule de Jean Giraud / Mœbius.


Seulement, je suis super déçue.
c'est culcul. Tout niais. Le héros est d'une perfection à vouloir tuer des marcassins. Les textes sont assez lourdauds et répétitifs. Y'a plein d'actions, tout va super vite, et donne l'impression de combler le vide du fond par une accumulation d'évènements.
Les dessins sont pas mal, vachement glacés, ce qui va bien avec le thème, et surtout quand il s'attarde sur les visages, là, c'est extra.

Du coup, je ne vais pas créer un fil spécial pour ses bds.
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyLun 15 Déc 2008 - 23:17

Jodorowsky, ah oui, sacré personnage !
Lorsque Jean giraud l'a rencontré, au début, il l'a plutôt pris pour un cinglé, avant d'en faire une espèce de "singe" (avec l'accent inimitable d'alejandro). Il y a une anecdote intéressante sur sa manière de travailler, de choisir les personnages, dans la vidéo "constellation jodorowsky", méthode complètement surréaliste ! (tapez "Jodorowsky Constellation" sur you tube).

Sinon j'avais bien aimé l'Incal, cet espèce d'éclatement de l'imagination sur fond de quête de soi. Et le lama blanc...toujours ce désir d'initier le lecteur à quelque chose, quitte à ne plus le surprendre : ses personnages cherchent invariablement quelque chose proche de la rédemption.
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyJeu 25 Déc 2008 - 23:31

le prologue de L'arbre du Dieu pendu :

Citation :
Tous les personnages, les lieux et les vévénements (même si l'ordre en est parfois altéré), sont réels. Mais cette réalité est transformée et exaltée jusqu'à atteindre une dimension mythique. D'un côté notre arbre généalogique est un piège qui limite nos pensées, nos émotions, nos désirs et notre vie matérielle... d'un autre côté, il constitue le trésor qui renferme l'essentiel de nos valeurs. Ce livre n'est pas seulement un roman mais un travail qui, s'il a été réussi, aspire à servir d'exemple pour que chaque lecteur le suive et transforme, au travers du pardon, sa mémoire familiale en légende héroïque.

(qui a achevé de me décider à choisir ma nouvelle lecture...)
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptySam 3 Jan 2009 - 20:13

L'arbre du Dieu pendu

quatrième de couverture de pas l'édition Points a écrit:
Teresa Groismann la grand-mère terrible maudit le dieu des Juifs qui lui a enlevé son enfant et décide de devenir une goy dompteuse de puces. Son mari Alejandro, le cordonnier, est habité par un rabbin caucasien qui lui prêche une charité dispendieuse. Abraham l'apiculteur incestueux, Alejandro Prullansky le grand danseur du Ballet impérial, Salvador Arcavi le dompteur qui apprend à lire les tarots dans les yeux de ses lions, Alejandro, le boxeur anarcho-syndicaliste ; tous nous entraînent dans le tourbillon des aventures extraordinaires qui les conduisent des ghettos russes au Chili de la Grande Dépression. Jodorowsky transforme sa mémoire familiale en légende héroïque, mais cette réalité mythifiée est métamorphosée par une écriture malicieuse et ironique. Un grand roman baroque qui fera le bonheur de tous ceux qui aiment qu'on leur raconte des histoires. »

La chose reprend la généalogie sur plusieurs niveaux en s'égarant (ou remontant ou un mélange des deux) dans le temps et la géographie puisque une bonne partie des racines familiales est russo-européenne et juive. Jodorowsky s'attaque à une quantité de thèmes et de réflexions imagées avec une énergie et un esprit débordant, profondément rustique et mystique. Le début (un gros début) :

"En 1903, Teresa, ma grand-mère, la mère de mon père, se fâcha contre Dieu et contre tous les juifs de Dniepopetrovsk en Ukraine, parce qu'en dépit de la crue meurtrière du Dniepr, ils continuaient à croire en Lui. Joseph, son fils adoré, périt dans l'inondation."

nous emmène vite dans une vertigineuse prise de recul sur la religion, la pratique d'une religion, la culture et les racines que ça représente, avec exemples et contre exemples exhubérants, attachants et symboliques. Une réflexion aussi, marquante, qui se développe encore par la suite sur la persécution (des juifs) et la culture... des tas de trucs !

de réinvention en réinvention de chaque individu, aux détours de destins croisés et d'abandons c'est un continuel spectacle de quête humaine, de destiné vers une réunification du corps et de l'esprit : une signification de l'existence vécue pleinement. Le livre est très cru, le sexe y est très présent et sous diverses formes, l'univers spirituel en même temps, le lien au corps, à l'apparence est permanent. Les animaux, les plantes ... tout y passe, un monde d'opposition se transforme en réceptacle de la vie, les acceptations suivent et se mêlent aux métamorphoses et aux miracles.

Cette lecture démesurée et facile, foisonnante, hallucinante, cruelle et généreuse ne s'arrête pas. Une force incroyable du récit est son engagement (qui n'oublie pas la politique et ne la coupe pas du spirituel) son sens du pardon et du don, un don universel et essentiel.

C'est époustouflant, une magie continuelle sans lassitude, émerveillement d'épisode en épisode.

Le livre est comparé à Cent ans de solitude (et ça tombe bien je l'ai lu il y a peu), L'arbre du Dieu pendu est moins lourd, plus libre, moins cloisonné, plus digeste... plus inspirant, plus généreux (mais ceci s'explique certainement par des objectifs différents).

C'est un plaisir irrésistible de se laisser trainer dans ces pages d'une beauté et d'une joie simple avec un sourire un peu bêtat (supposition), du surnaturel, du symbolique et une poésie certaine au service d'une générosité profonde, génératrice de Vie.

Extraordinaire.

La même folie un peu crade mais la même beauté presque "anormale" et d'autant plus belle que dans les plus beaux passages de ses films.

Je suis conquis et admiratif. (merveille, miracle, inspiration, richesse humaine et spirituelle).

(patience pour des extraits !)


edit : l'enfant du jeudi noir dont parle babelle dans le premier message est une "suite" je crois.
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptySam 3 Jan 2009 - 20:19

Va falloir que je le lise. Surtout que je risque de rencontrer le bonhomme ce mois-ci.
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptySam 3 Jan 2009 - 22:09

Il y a dedans, et comme dans les films mais encore plus nombreuses, la multiplicité des initiations et des "phases de choix spirituel" des personnages, une vérité en remplaçant et en complétant une autre. Ce qui donne une dimension particulière aux différentes révélation qui font cette espèce de château de cartes, sans fin ou sommet défini.

Stimulant.
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptySam 3 Jan 2009 - 23:04

Le titre, L'arbre du Dieu pendu me tentait déjà, mais ta présentation, Animal, m'a convaincue : je l'inscris dans ma PAL 2009 !
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyDim 4 Jan 2009 - 22:10

enfin recopié un extrait (Alejandro est ici le grand-père de) :

Citation :
Après avoir traversé l'Atlantique et le détroit de Magellan et s'être laissé porter par les courants glacés de l'océan Pacifique le long d'une côte tellement découpée que le Rebbé, avec sa figure de mauvais augure, s'exclama "Oï veï! C'est Dieu qui a botté le cul du monde !", le bateau jeta l'ancre dans le port de Valparaiso.
Teresa, après quatre semaines passées à faire la muette, se sentait la bouche lourde, chargée d'une pierre de jurons comprimés. Forcée d'écouter chaque matin, entre balancements et jets de fumée, les shachris (prières du matin) et les minjes (prières de l'après-midi), accompagnées par les croassements de vautour que faisaient entendre en vomissant les mystiques en proie au mal de mer, portant toujours à la ceinture leurs garteles, ces cordons de soie noire qui servaient à séparer le corps en deux, les parties spirituelles - mains, coeur, cervau - digne de servir le Plus Haut, des parties profanes - estomac, sexe et jambes -, toujours prêts à transformer le premier endroit, même le plus vulgaire, en shil, synagogue, pour bourdonner leurs prières à Dieu, heure après heure, de la première à la vingt-quatrième,, "Oh le Terrible, nous avons respecté tes 613 commandements pour que tu ne nous foudroie pas; nous sommes justes parce que nous sommes imprégnés de peur, tu nous guides à coups de poignard, de mitraille et de morsures ; rends nous sages par ta fureur et tes malédictions", Teresa haïssait Dieu plus que jamais. Voyez un peu ou le Vieillard cruel les avait conduits ! Que signifiait ce port presque tout en pente et ces milliers de maisons qui ne semblaient pas avoir été bâties mais avoir poussé comme des cancers aux flancs des collines? Si les Russes étaient dangereux, au moins ne mangeaient-ils pas de chair humaine... Alors que les Indiens de ce pays... Et peut-être pas cannibales, en tout cas voleurs, tous ! De toute façon, tout cela n'avait guère d'importance puisqu'il ne restait même pas les miettes des quelques dollars que leur avait donnés Moshé Rosenthal. Pour ne pas avoir à côtoyer des épouses juives (qui ne savaient pas vivre sans faire de troc entre elles, un gilet de laine pour trois caleçons, un demi-pain avec un oignon contre six oranges pourries; qui envahissaient la cuisine pour faire frire leurs latkes, beignets de pomme de terre, cuire la kacha, semoule de sarrasin bouillie, enfourner le matzé, pain azyme; qui giflaient leurs enfants et laissaient couler un flot incessant de proverbes : "Quand on tape dans le cul, ça entre dans la tête", "La réponse est dans la question", "Dieu punitceux qu'il aime" et chassaient les chédim, esprits malins, de chaque cuillère, couteau, fourchette, assiette et casserole), Teresa paya un garçon du restaurant des secondes classes pour qu'il leur apporte de la nourriture goy dans des marmites. En voyant ces renégats dévorer des aliments imurs, les immigrants s'éloignèrent d'eux, préférant s'entasser un peu pluset laisser autour d'eux un cercle de deux mètres de large. Alejandro, tandis que sa famille dormait, laissait au Rebbé le soin de faire descendre sa bouche au coeur de son coeur pour y réciter, au rythme des battements, des prières qui naviguaient ensuite dans son sang et lui purifiaient le corps.

Lorsque le bateau pénétra dans l'anse où débouchait l'avenue principale, les quatre enfants coururent jusqu'à la passerelle en s'ouvrant facilement un chemin dans la foule yiddish caquetante qui s'écartait d'eux avec dégoût. Dignement, Teresa prit Alejandro par le bras et s'approcha de leur progéniture excitée pour jeter un coup d'oeil dédaigneux au port. Au pied de la passerelle, des vendeurs ambulants proposaient des bananes, du raisin, des cerises et de nombreux fruits aux noms étranges, cachimans, sapotilles, avocats, kakis... D'autres agitaient des bouquets d'herbes et de fleurs. Leurs habits étaient rapiécés et ils ne portaient pas de chaussures. Pas non plus de plumes, d'arcs ou de flèches. Un peu à l'écart, des groupes élégants attendaient sous des ombrelles multicolores les passagers des premières et secondes classes... Il y avait des bateaux en train de charger et décharger, battant pavillons italiens, anglais, allemands, suédois, français... Des femmes fardées tiraient par le bras les matelots pour les trainer vers les bars du port. Contrairement aux maisons sévèrent qui couvraient les collines, les bâtisses de l'étroite partie plane ressemblaient par le luxe de leur construction aux immeubles parisiens.

Cette ville civilée, qui fleurissait sous un ciel transparent, caressant, savoureux, parfumé, entre le scintillement des rochers de la cordillière et le murmure de la mer, arracha à Teresa des grognements qui ne passaient plus à travers une grimace de rejet mais un sourire qui, bien que tendu à cause de l'effort pour ne pas l'afficher, donnait à son visage l'apparence d'une pomme ensoleillée. Et tandis qu'un orchestre avec des guitares et une harpe jouait des pièces de polka que le public reprenait en claquant des mains, en criant et en dansant avec des mouchoirs, Alejandro et les enfants l'embrassèrent, gagnés par une joie irrépressible.

c'est aussi une histoire d'éigration, et de promesse de terre et de travail... donc d'exploitation de ces expatriés persécutés par tout un tas de monde : "capitalistes" du pays d'acceuil avec derrière des américains (surtout) et aussi "d'autres juifs" organisant ces transferts... et du coup il faut ajouter l'entraide et les associations religieuses d'entraide... on voit tout un tas de choses dans ce livre. c'est d'ailleurs presque ridicule de chercher un passage représentatif. (ce qui est potentiellement un constat extraordinaire).

(on peut auusi ajouter la cordonnerie dans les thèmes abordés).
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyDim 4 Jan 2009 - 22:20

Merci pour cette longue citation, qui permet de se faire une idée du style "foisonnant" de l'auteur. content
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptyDim 4 Jan 2009 - 22:25

c'était le dernier paragraphe que j'avais retenu mais tout seul il manquait de sens !

(ce passage est plutôt "modéré" clown )
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MessageSujet: Re: Alejandro Jodorowsky [Chili]   Alejandro Jodorowsky [Chili] EmptySam 30 Mai 2009 - 13:48

L'Enfant du Jeudi noir

quatrième de couverture a écrit:
Après avoir fui l'enfer des mines de cuivre du nord du Chili, ]aime - communiste athée pour qui l'unique idéal de l'homme réside dans un estomac bien rempli -, et Sarah Felicidad - qui du haut de ses deux mètres zéro sept s'exprime comme les anges en émettant des notes de musique -, donnent naissance à Alejandro un certain jeudi noir de 1929.
C'est la chance que saisit le Rebbé - le rabbin-protecteur qui habite les jodorowsky de père en fils qui investit le petit Alejandro et devient son maître et sa conscience.

C'est donc une suite de l'histoire de famille commencée dans L'Arbre du Dieu pendu. Sorte d'autobiographie mystique qui raconte le couple des parents : Jaime et Sara Felicidad, dans la tourmente politico-écologique du Chili d'alors, tiraillés entre révolte communiste et dictature fascisante et le massacre de son sol par l'exploitation minière. Le livre est une quête mystique, spirituelle et personnelle pour de nombreux personnage, et c'est, dans la foulée ou très naturellement une addition à peine croyable de tout un contexte, de l'histoire familiale à la religion, bazar immense et vivant. Stupéfiant. Aussi bien Sara Felicidad que Jaime ou Rubi Grugenstein (héritière d'un gros propriètaire-exploitant de mines de cuivre au Chili) absorbent "tout" ce mélange et le transforme en une direction, un engagement qu'on ne peut ressentir que positif bien que... "foutraque".

C'est diablement hors normes, surréaliste, très cru (sexe, animaux... ) et ça s'empare sans excuses d'une poésie réelle. Force de tout ça, toute cette démesure n'arrive pas à lasser, parce que c'est... "réel" aussi, cohérent en fait dans son récit des personnes et de la famille.

Dingue chronique familiale et pluri culturelle (culture juive et sud américaine principalement) parsemée de rites magiques réparateurs et d'actions symboliques.

Ce qui reste en plus de la réinvention continuelle et du choix de vie "totale", c'est l'amour très large, et la pénétrante capacité de compréhension et de pardon qui mène à la transformation.

C'est un livre (et un auteur) je pense très généreux (comme le précédent d'ailleurs), et si on peut ne pas adhérer à son ésotérisme acharné (merci le libraire d'avoir retrouvé le mot ce matin) son esprit et sa force seront incontestablement parlants et intéressants.

J'en redemande singe !!!


reprise des extraits déjà proposés :

du bon début :

Citation :
Propriétaire du Tout À Quarante, un hangar poussiéreux où il vendait toutes sortes d'objets à quarante centavos, le gros Battra pénétra comme un ouragan dans la Casa Ukrania; il passa sans la saluer devant Sara Felicidad, ma mère - une grande femme de deux mètres zéro sept, à la chevelure blonde presque phosphorescente, la peau nacrée, avec d'immenses yeux d'un bleu marine profond, qui ne savait pas parler comme les autres humains mais s'exprimait comme les anges, en émettant des notes de musique -, se glissa derrière le comptoir et, désespéré, alla frapper à la porte des toilettes. À l'intérieur, Jaime, mon père - un homme trapu et robuste, un communiste athée, convaincu que l'unique idéal digne de l'homme résidait dans un estomac bien rempli - avait placé au fond de l'urinoir une radio qui retransmettait les informations censurées et planifiées par les services du corps des carabiniers. Marmonnant des insultes contre le dictateur, le colonel Carlos Ibáñez del Campo, il avait ainsi le plaisir d'uriner vers la voix du speaker, dont le ton sec trahissait le cerveau de bon petit soldat qui parlait peu de la situation économique désastreuse du Chili en cette année 1928, mais beaucoup de la prospérité croissante des états-Unis.

-Venez vite, don Jaime! Basilia s'est encore échappée!
L'enfant du Jeudi noir d'Alejandro Jodorowsky

et si vous voulez voir jusqu'où on peut partir avec un premier chapitre, direction le site de l'éditeur : clic


et du fil de nos lectures :

Citation :
L'admiration que cette petite avait pour ces linceuls de sable était si forte qu'elle en devenait contagieuse. Jaime et Sara Felicidad portaient dans leurs gènes la relation au sol comme quelque chose d'essentiellement douloureux : toujours désiré mais jamais possédé. Et s'ils se satisfaisaient de vivre dans le Nord, c'était parce que dans ces dunes, ces plages et ces champs de rocailles rébarbatifs, ils ne couraient pas le risque de tomber amoureux d'un verger d'où ils seraient un jour ou l'autre expulsés. Trouver beau le désert changeait la pauvreté en richesse. Ils réalisèrent que comme elle n'admettait pas de racines, cette étendue désolée pourrait très bien devenir la patrie de leurs âmes nomades... Le soleil se couchait déjà, le vent calmait son impétuosité, le sable demeurait aussi paisible qu'un lac de sang. Avec les dernières clartés crépusculaires, les silhouettes opaques des rochers et des montagnes se découpaient nettement dans le gris acier du firmament, qui changeait sans cesse de nuance, passant du bleu marine au pourpre, jusqu'au noir violacé. Des myriades d'étoiles commençaient à répandre leur lumière profonde. Il n'y avait pas de nuages, pas d'émanation de vapeur, ni même la plus légère brume. Ainsi, rien n'existait entre le ciel et le sable, en dehors d'une mince couche atmosphérique dont la raréfaction transparente et brillante rehaussait la splendeur des joyaux de la nuit... Souriant aussi béatement que la rousse, Jaime et Sara Felicidad furent soudain plongés dans un monde merveilleux.


Il y a beaucoup de moments de pur bonheur dans tout ça.
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