Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Moacyr Scliar [Brésil]

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Amapola
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MessageSujet: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyJeu 7 Aoû 2008 - 13:29

Moacyr Scliar [Brésil] Moacyr10

Citation :
Moacyr Scliar
Est né en 1937 à Porto Alegre. Médecin de formation, sa production littéraire s'intensifie dès 1962. D'origine juive russe, il introduit la thématique de l'émigration juive dans son œuvre. Ses romans, véritables contes philosophiques, puisent dans l'imaginaire médiéval du bestiaire.
source : www.librairie-portugaise.com

Moacyr Scliar est un auteur brésilien très fêté par la critique. Il est gaúcho, (né au Rio Grande do Sul, l'état plus au sud du Brésil), comme Érico et Luís Fernando Veríssimo.
Je viens de lire de lui La femme qui écrivit la Bible.
Un livre régulier. Rien d'extraordinaire. Disons que j'ai eu la même impression que j'ai eue à la fin de Matrix (le premier film). Avec un sujet pareil ils auraient pu faire un film génial. Mais ils nous donnent ce truc messianique et bebette. Et songer qu'ils ont eu le toupet d'inviter Baudrillard en personne pour donner des avis...
La femme qui écrivit la Bible c'est tout à fait pareil. Avec une histoire pareille, Moacyr Sclair aurait pu produire un chef d'oeuvre inoubliable et incontournable. Au lieu de ça il fait des tours sur le sujet de la femme laide, en manque de sexe et qui, donc, se consacre aux activités intellectuelles. Quelques observations sarcastiques sur les généralités de la chute, debâcle, ou comment on puisse et on souhaite appeler, de la civilisation occidentale.
Et quelques clins d'oeil à la critique, il faut écrire pour les critiques, faire référence à un ou autre problème, concept, discusion, théorique quelconque, pour qu'on vous installe dans l'autel des auteurs intellos.
Je me demande où est partie l'art de raconter une bonne histoire... pleurs
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Arabella
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyJeu 7 Aoû 2008 - 18:07

J'ai lu ce fil avec intérêt puisque le thème de notre prochanie lecture commune est la littérature de langue portugaise, mais compte tenu de ton post je crois que je vais m'abstenir. N'hésites pas Ampola de nous faire des suggestions en ce qui concerne les écrivains brésiliens, je suis très preneuse.
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bix229
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MessageSujet: Moacyr Scliar   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyJeu 7 Aoû 2008 - 18:25

Pour connaitre un peu Amapola, Arabella, je peux te dire qu'elle apprécie
beaucoup Mario de Adrade, Errico Verissimo, Rubem Fonseca, J.M. Machado de Assis et Joao Guimaraes Rosa.
Je pense ouvrir un fil sur les 2 derniers, et j'espère qu'elle y participera...colibri
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Arabella
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyJeu 7 Aoû 2008 - 18:46

bix229 a écrit:
Pour connaitre un peu Amapola, Arabella, je peux te dire qu'elle apprécie
beaucoup Mario de Adrade, Errico Verissimo, Rubem Fonseca, J.M. Machado de Assis et Joao Guimaraes Rosa.
Je pense ouvrir un fil sur les 2 derniers, et j'espère qu'elle y participera...colibri

J'en serais ravie, Machado de Assis fait partie de mes projets de lecture pour le thème, et Guimaraes Rosa pourquoi pas, j'avais beaucoup apprecié Diadorim.
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Amapola
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptySam 9 Aoû 2008 - 13:11

Ça m'interesse de lire, un jour, Guimarães Rosa en français. Je me demande comment il est possible de rendre le travail linguistique de Rosa.
Merci à celui qui a mis la photo de Scliar et sa petite bio. Mon fils a lu de lui un bouquin pour jeunes, il me semble, Cavalos e obeliscos, pas traduit en français. Traitant d'un sujet historique, il me semble que c'est le genre de sujet qu'il préfère, il raconte les aventures du petit-fils d'un héros (?car il est disparu) de la Révolution de 23. Ce petit-fils devient écrivain et part à Rio, pour écrire une série télé sur son grand-père. Mon fils a beaucoup aimé le livre, mais il me l'a deconseillé, car la fin est triste et il sait que je déprime facilement actuellement.
Rosa est lecture ardue, toffue, complexe. Mais agréable, je m'en souviens, j'ai lu Sagarana il y a plus de 30 ans et Les nuits du sertão et Corpo de baile il y a quelques 7 ans. Merveilleuses nouvelles.
Machado est de loin un de mes préférés, avec Eça de Queirós.
Bon je file prendre mon petit-déjeuner. panda
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Arabella
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptySam 9 Aoû 2008 - 17:53

Merci de ta réponse Amapola. J'aime aussi beaucop Eça de Queiros, et je mets Machado dans mes priorités, (en espérant que Bix tienne sa promesse et ouvre un fil innocent ). Je vais peut être essayer de lire un autre livre de Rosa, Diadorim que j'ai lu en français ne m'a pas paru si touffu que cela, c'est peut être la traduction, je note Sagarana et Les nuits du sertao, mais ce n'est pas toujours facile de trouver ici ces auteurs jypeurien
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Amapola
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyMer 13 Aoû 2008 - 13:41

Arabella, les deux ont été traduits en français. La problème de la traduction de Rosa est sérieux. Ce serait comme traduire en portugais Michel Tremblay, ou un de ces Antillais brillants. Rosa a réinventé le portugais. Il y a des travaux qui comparent son travail à celui de Arguedas pour le Peru.
C'est un cas où il est possible de reconstituer le sens, mais pas du tout la forme. Comme elle constitue une partie extremement importante de l'oeuvre, puisque cette réinvention de la langue a des raisons politico-culturelles, cela se perd, se réduisant à une ou plusieurs notes au pied de la page.
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Arabella
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyMer 13 Aoû 2008 - 18:13

Merci de ces précisions Amapola.
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MessageSujet: Re: Moacyr Scliar [Brésil]   Moacyr Scliar [Brésil] EmptyJeu 2 Fév 2012 - 23:38

Le Centaure dans le jardin (O centauro no jardin, 1980). Traduit du brésilien par Rachel Uziel et Salvatore Rotolo. Presses de la Renaissance. 278 pages.

Le roman commence par sept citations : un bestiaire du XII ° siècle, Engels ("Ne nous réjouissons pas trop vite de ces victoires que l'homme remporte sur la nature"), Borges, Bachelard, Heller, etc. N'en jetez plus.

Puis, c'est le début du roman. On est dans un restaurant tunisien, en 1973.
Citation :
"Maintenant il n'y a plus de galops. Maintenant tout va bien.
Nous sommes, maintenant, comme tout le monde. Nous n'attirons plus les regards de personne." (page 11).
Moacyr parle de plein d'événements, de personnes qui, on le sent, vont s'éclaircir par la suite. Logique car, par la suite, c'est le flash-back.

On sait déjà que notre héros n'est plus centaure. Reste à savoir comment il a procédé. Avançons de quelques pages.
Citation :
"Les premiers souvenirs, naturellement, ne peuvent être décrits par des mots conventionnels. Il s'agit de choses viscérales, archaïques. De larves au coeur d'un fruit, de vers remuant dans la vase. [...] De visions confuses : un ciel tourmenté sur une mer houleuse ; entre de sombres nuages, glisse, majestueux, le cheval ailé. Il avance, rapide, d'abord au-dessus de l'océan, puis au-dessus du continent. Il laisse derrière lui les plages et les villes, les forêts et les montagnes. Bientôt sa vitesse diminue, et à présent il plane, décrivant de larges cercles, sa crinière au vent.
Là, en bas, illuminée par le clair de lune, une maison en bois rustique, isolée. Les fenêtres reflètent sur l'épais brouillard une faible clarté jaunâtre. [...]
Un cri aigu, de femme, retentit dans la vallée. Tout se tait, s'immobilise. Le cheval ailé plane dans les airs, ses grandes ailes déployées." (page 17).
Pour l'instant, c'est bien. On est dans le fantastique.
Moacyr s'interrompt pour parler du père.
Citation :
"Il descend d'une famille de rabbins, de sages, mais lui-même est plutôt limité." (page 23).
La vraie littérature sud-américaine, on le sait bien, ne peut exister sans digressions.
Reprenons. Les cris.
Hmmm... garçon ? fille ?
Citation :
"Un nouveau cri. Cette fois un hurlement sauvage, horrifié. Mon père se lève, d'un coup. Il reste un instant immobile, hébété. Et il court vers la chambre." (page 20).
C'est que le bambin, on le sait, est normal au-dessus de la ceinture, mais en dessous, c'est un cheval. C'est un centaure.
Pourquoi ?
Ce sera la grande question de notre héros. Il ne trouvera pas de réponse. De même, le cheval ailé du début, il est tout joli, il met de l'ambiance, on le rappellera vaguement plus tard, mais juste en temps que présence, et puis c'est tout. Un petit tour et puis s'en va.

L'arrivée d'un bébé centaure dans une ferme du Brésil tenue par des Juifs fraîchement immigrés, ça a du potentiel.
Malheureusement, l'auteur n'a pas compris une évidence : ce qui fait la particularité, l'intérêt, d'une histoire avec un centaure, c'est quand c'en est un, de centaure. Mais quand il a pu (on ne dira pas comment, mais ce n'est pas à se rouler par terre) retrouver forme humaine au milieu du livre, forcément, la suite du bouquin perd de son intérêt. On voit tout de suite ce qui peut venir : la nostalgie possible de l'état de Centaure, les galopades dans la pampa, tout ça. C'est peu.

Mais là où ça ne va vraiment pas, mais alors vraiment, vraiment pas, et à ce moment-là je me suis exclamé "oh, il charrie", c'est quand notre héros Centaure tombe nez à nez... avec une Centaure ! C'est n'importe quoi. C'est trop statistiquement impossible. Ca sert juste à créer l'histoire d'amour prévue dans le cahier des charges, et ça permet de cocher une autre ligne du cahier des charges : la scène de sexe, très soft ceci dit (pour rappel, notre héros est cheval en-dessous de la ceinture, avec les qualités de taille qui vont avec, ce qu'a bien constaté le rabbin qui l'a circoncis).

Et la manière dont certains personnages se rencontrent par hasard, pour faire avancer l'histoire dans le sens que souhaite l'auteur, c'est aussi franchement poussé. Le Brésil est un tout petit pays, comme chacun sait, mais quand même...
Alors, on me dira que ce n'est pas du néo-réalisme, que c'est une fable. Bien sûr, mais il y a des limites ! Que de hasards ! que de coïncidences !

Malgré tous ces défauts, ce roman est quand même assez sympathique, grâce à la première moitié de l'ouvrage. Il se lit très correctement. Pas de longues descriptions, il ne donne pas dans le grand style littéraire, c'est écrit à la première personne, il est assez efficace. Mais il aurait pu être tellement meilleur, être marquant ! Eh bien non, c'est raté.

On s'étonne un peu du succès critique de ce livre (il en existe deux traductions, la deuxième étant due à Philippe Poncel), nettement moins original qu'il aurait pu être, surtout si l'on a précédemment lu Le Centaure, la nouvelle de Saramago (extraite de Quasi-objets), dont les 26 pages écrasent ce roman qui en fait 278.
Et on me dira que le Centaure doit être la métaphore de quelque chose, mais on a du mal à voir. Le thème de l'Autre, rejeté et qui veut s'intégrer, quitte à renoncer à ce qui fait sa différence ?
Ça n'est franchement pas évident.

"Le National Yiddish Book Center américain, l'a inclus dans sa liste des cent meilleurs romans contemporains, au même titre que les oeuvres de Kafka, Issac Bashevis Singer et Saul Bellow. Bernard Pivot le considère, dans sa "bibliothèque idéale", comme l'un des cinquante plus grands récits de la littérature lusophone", écrit l'éditeur Folies d'encre, chez qui le livre ressort.

Pas possible.
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