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| Richard Ford | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Richard Ford Mar 1 Oct 2013 - 16:14 | |
| - Sekotyn a écrit:
- Mais peut-être ferais-je mieux de séparer les deux lectures sinon gare à l'indigestion.
peut-être pas indigestion, mais comme par hasard tu t'es choisi deux auteurs qui adorent le "slow writing", ils se prennent beaucoup de temps pour raconter leurs histoires... moi qui aime lire 2, 3, 4... livres en parallèle, jamais je ne choisirais deux auteurs "similaires" en même temps mais deux bons auteurs, l'un aussi bien que l'autre! pour l'instant je te souhaite bonne dégustation pour Richard Ford... | |
| | | Sekotyn Envolée postale
Messages : 244 Inscription le : 13/08/2013 Localisation : Entre Rhône et Alpes
| Sujet: Re: Richard Ford Mar 1 Oct 2013 - 16:58 | |
| Nous sommes d'accord. Comme toi j'ai toujours plusieurs livres en parallèle (seulement 4 en ce moment...) d'où mon hésitation. J'ai donc attaqué un polar à la place de O'Nan. | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Richard Ford Mar 1 Oct 2013 - 21:24 | |
| - Sekotyn a écrit:
- Pour l'accompagner je viens de "rentrer" Le pays des ténèbres de Stewart O'Nan. Mais peut-être ferais-je mieux de séparer les deux lectures sinon gare à l'indigestion.
C'est quoi ce livre ? Et pourquoi je ne le connais pas ???? Mais il faut absolument que je fasse la connaissance de ce Richard Ford ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Richard Ford Mer 2 Oct 2013 - 7:49 | |
| - Epi a écrit:
- Sekotyn a écrit:
- Pour l'accompagner je viens de "rentrer" Le pays des ténèbres de Stewart O'Nan. Mais peut-être ferais-je mieux de séparer les deux lectures sinon gare à l'indigestion.
C'est quoi ce livre ? Et pourquoi je ne le connais pas ???? c'est un de ses plus sombres livres, Biblio a fait un très bon commentaire sur son fil - Epi a écrit:
- Mais il faut absolument que je fasse la connaissance de ce Richard Ford !
il se trouve dans la ligne de Roth-Updike... Ford tout comme ses deux 'grands' prédécesseurs il s'est choisi un alter ego qu'il a suivi dans trois longs pavés: Frank Bascomb: Un week-end dans le Michigan (The Sportswriter), Indépendance (Independence Day), L'État des lieux (The Lay of the Land) et autant que j'ai bien aimé Zuckerman (Roth) et adoré Angstrom (Updike), c'est Frank Bascomb dont je suis amoureuse mais pour le découvrir en dehors de ce cycle, c'est très bien faisable avec Une saison ardente (Wildlife) ou son dernier Canadaet tout comme les autres bons auteurs, il excelle aussi dans la forme de la nouvelle, étant ami et admirateur de Raymond Carver, il ne pouvait être autrement, il a publié trois recueils, mon favori est Péchés innombrables (A Multitude of Sins) et ici je peux te garantir qu'il ne s'agit pas d'une Molly Keane, Richard Ford a toute sa place sur tes étagères à côté de Roth, Russo et O'Nan! | |
| | | Sekotyn Envolée postale
Messages : 244 Inscription le : 13/08/2013 Localisation : Entre Rhône et Alpes
| Sujet: Re: Richard Ford Mer 2 Oct 2013 - 7:56 | |
| - kenavo a écrit:
- (...) je peux te garantir qu'il ne s'agit pas d'une Molly Keane, Richard Ford a toute sa place sur tes étagères à côté de Roth, Russo et O'Nan!
Oui ! | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Richard Ford Mer 2 Oct 2013 - 21:00 | |
| - Sekotyn a écrit:
- kenavo a écrit:
- (...) je peux te garantir qu'il ne s'agit pas d'une Molly Keane, Richard Ford a toute sa place sur tes étagères à côté de Roth, Russo et O'Nan!
Oui ! Trois noms qui achèvent de me convaincre ! Je le programme pour ce mois d'octobre ! | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Richard Ford Mar 15 Oct 2013 - 9:24 | |
| Canada
Dell Parsons, le narrateur, est âgé de 15 ans au moment des faits. Les faits ? Le braquage d’une banque d’une toute petite ville rurale du Dakota du Nord, à la frontière du Montana. Le braquage est très mal préparé, Papa et Maman n’ont même pas de cagoule, repère le terrain et s’enfuient avec le butin dans leur propre véhicule. Un couple simple que le bon sens n’étouffe guère et dénué d’imagination. Un couple qui n’a rien trouvé de mieux pour faire face aux dettes de leur très modeste ménage.
Tout cela, le lecteur l’apprend dans la première page du livre. Le mot de la fin est donc immédiatement dévoilé par l’auteur. L’intérêt du roman doit donc être ailleurs. Du Joyce Carol Oates qui se montre plus intéressée par les répercussions de l’événement que par l’événement lui-même ? Peut-être… D’autant qu’une autre l’allusion à mon auteur de prédilection est faite dans les traits physiques de Mrs Neeva Parsons – la mère – qui lui ressemble étrangement.
Dans la première partie du livre (en gros, les 230 premières pages), Dell explique le geste de ses parents, leur histoire : le père (Bev) retraité de l’Air Force et qui avait perdu son grade de capitaine pour s’être fait prendre à de menus trafics à deux sous, son accent de l’Alabama qui l’a toujours rendu « différent » au nord du pays, ses petits boulots minables qui peinaient à nourrir la famille ; la mère, née de parents juifs ayant fui la Pologne en 1918, qui a interrompu ses études pour suivre Bev au grand dam de son père… L’enfance de Dell et de Berner, sa sœur jumelle, est pour le moins chaotique. Peu conventionnelle. Dans sa narration, Richard Ford multiplie les détails, tous plus insignifiant les uns que les autres. Si j’apprécie à l’occasion le ton résolument narratif, j’aime toutefois que chaque chose trouve sa place dans le récit. Ici, les détails ne sont là que pour remplir les pages : ils n’ont aucune consistance, ils n’apportent rien et n’ont d’autre raison d’être que de noircir artificiellement du papier. Mieux : l’auteur passe son temps à se répéter et à constamment réécrire ce qu’il a écrit dix, vingt ou trente pages avant. Chaque point est abordé au moins trois ou quatre fois. Et pas toujours sous des formes différentes.
Quand la seconde partie débute (et pour 200 nouvelles pages), c’est une bouffée d’oxygène que le lecteur asphyxié inspire, soulagé. Menacé par les brigades infantiles et parce qu’il ne souhaite pas se retrouver à croupir dans un orphelinat, il franchit la frontière canadienne et s’établit au Saskatchewan chez le frère de la seule amie de sa mère. Description de la vaste prairie américaine, des villages qui se meurent faute de ressources, de l’automne et des oies qu’on chasse, des prémices du terrible hiver canadien. Passé les 40 ou 50 premières pages de cette seconde partie, Richard Ford retrouve son écriture circulaire : il reprend ses boucles, ses circonvolutions… trois pas en avant et deux en arrière. Il ne se passe toujours rien. Le discours est toujours aussi creux. Et il réécrit de nouveaux les mêmes choses : ce qui n’est pas une maladresse de sa part. Il s’agit d’un effet de style. C’est volontaire car il fait fréquemment dire à son narrateur « Comme je l’ai déjà dit… », « Je l’ai déjà dit… », « Je le répète… ». On aime ou on n’aime pas !
Car « le temps ne voulait rien dire pour lui » (c’est le narrateur qui l’affirme). Le temps s’écoule donc très lentement, indéfiniment. On répète, on ressasse, on analyse, on s’interroge, on coupe les cheveux en huit. Et le récit n’est pas sauvé par la troisième et dernière partie au cours de laquelle Dell retrouve sa sœur des années plus tard et dont il avait perdu la trace à la suite de l’emprisonnement de ses parents.
Un texte interminable. Manifestement l’auteur n’avait pas matière à écrire un livre excédant 250 pages. Un livre sans surprise, sans rebondissement. Sans grand intérêt. Une écriture très étalée, délayée au maximum. Sans originalité. Sans génie.
Une grosse déception pour ce roman annoncé comme le chef-d’œuvre de la rentrée littéraire de l’automne 2013 et salué de façon unanime par les critiques. | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Richard Ford Mar 15 Oct 2013 - 9:46 | |
| @Harelde : Bravo pour ton commentaire si précis et si explicite sur ton ressenti ... Et ce que j'apprécie aussi, c'est qu'à la rigueur, ton commentaire peut donner envie de lire justement pour les défauts que tu as évoqués ! Encore une fois, bravo ! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Richard Ford Mar 15 Oct 2013 - 10:56 | |
| Il va falloir aller voir ça ! | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Richard Ford Ven 6 Déc 2013 - 20:13 | |
| Canada
Le narrateur n’a que 15 ans. Non, c’est le héros qui est aussi jeune au moment où il vit les évènements qui vont faire basculer sa vie et c’est l’homme âgé, au seuil de la retraite, qui repense à ce qu’il a vécu, l’analyse et l’écrit. Dell et sa sœur jumelle Berner vivent à Great Falls une petite ville du Montana. Leurs parents sont très dissemblables : le père est beau gosse, beau parleur, d’humeur joyeuse, peu éduqué, la mère est plus insignifiante physiquement, plutôt sombre de tempérament, intelligente et éduqué. Au lieu de se séparer, le duo va commettre l’irréparable pour leurs enfants : braquer une banque et être jeté en prison. Richard Ford décrit avec minutie tous les ressorts du drame…pourquoi, comment et bien sûr les conséquences pour Dell qui se retrouve seul, livré à lui-même. C’est dans cette minutie, dans cette recherche constante et précise de ce qui a été que réside le charme du livre. Le héros va être emmené au Canada où il va se retrouver dans une situation bien délicate dont il arrivera à sortir sans laisser trop de plumes, grâce à sa lucidité et à son optimisme. C’est un garçon adorable et à plusieurs reprises pendant ma lecture, j’ai bien eu envie de le prendre dans mes bras et de l’embrasser maternellement… J’ai été déçue par contre du Canada : pas du tout les descriptions de nature que j’attendais. On est dans le deuxième partie au Canada et on pourrait être partout ailleurs ou presque (ou en tout cas aux Etats-Unis). Donc ce n’est pas un roman où la nature joue un grand rôle. On parle bien de la chasse à l’oie mais il faut aimer la chasse pour apprécier ces passages-là. Un autre titre aurait été moins prometteur. Les 476 pages sont très vite lues, happé qu’on est par l’ambiance qui rend si bien les moindres soubresauts psychologiques de l’adolescent, c’est un travail d’un grande précision (ciselé comme une marqueterie) sur les mouvements de l’âme humaine et les difficultés des rapports humains . L’histoire est là, présente en nous, qui s’insinue dans notre vécu. Elle agit encore bien après les heures de lecture. Et c’est bien pour moi la preuve de la grande force de ce livre.
Extrait : « J’ai toujours conseillé à mes élèves de méditer la longue vie de Thomas Hardy, né en 1840 et mort en 1928. De méditer sur tout ce qu’il a vu, sur les changements qui ont fait la trame de son existence sur une telle période, Je les encourage de mon mieux à élaborer un concept de vie ; à mobiliser leur imagination ; à concevoir leur existence sur la planète non pas seulement comme un catalogue d’évènements, aléatoires et indéfiniment déroulés, mais comme une vie, précisément, à la fois abstraite, et limitée. Et ce, pour faire la part des choses. » (p :449) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Richard Ford Sam 7 Déc 2013 - 7:49 | |
| Contente de lire ton commentaire, cela sonne assez promettant pour continuer avec cet auteur - Cachemire a écrit:
- J’ai été déçue par contre du Canada : pas du tout les descriptions de nature que j’attendais. On est dans le deuxième partie au Canada et on pourrait être partout ailleurs ou presque (ou en tout cas aux Etats-Unis). Donc ce n’est pas un roman où la nature joue un grand rôle. On parle bien de la chasse à l’oie mais il faut aimer la chasse pour apprécier ces passages-là. Un autre titre aurait été moins prometteur.
pour cela, faut prendre en considération deux aspects: il situe son histoire au Saskatchewan, région du Canada que j'ai aussi seulement récemment découverte à travers le livre de Dianne Warren, Cold Water: ici, cela n'a vraiment rien à voir avec le Canada comme beaucoup se l'imaginent et puis il y a l'auteur qui a choisi son titre... et je ne l'aurais pas cru en lançant la cherche, mais je viens de trouver le plus sublime commentaire de Richard Ford lui-même concernant son titre et je pense qu'il exprime beaucoup de ce que je reproche souvent aux traductions des titres du livre... un livre commence par le titre et il est souvent choisi avec attention par l'auteur... faudrait aussi faire attention lors de la traduction... Richard Ford: Why I called my new novel 'Canada'- Spoiler:
From my first days of writing Canada – 23 years ago – I'd written “Canada” in now-faded pencil at the top of a now-yellowed Page 1. This was long before I'd formulated it to be a novel – when it was only a story idea I was trying hurriedly to sketch out, about an American teenager abandoned by his parents and sent to Canada, to Saskatchewan, and an uncertain future. I wrote 20 pages while I waited for the copy-edited manuscript of another novel I'd written to come back from the publishers in New York. “Canada” seemed the right title for my story.
To sense this visceral-instinctual rightness of a novel's title is rare enough and precious – and (in my view) is a sensation that should always be heeded. To write a story – and much more, a novel of 150,000 words, requiring years – without a firm title at the top is to risk not knowing what your own book's about, and to doom yourself to wandering around, courting disaster with the reader's meter running. (I once let myself be talked outof a novel's correct title by a witless editor, and into a very wrong one. I've never forgiven myself – and not her either.)
Not that one's title has to “fit” the novel you're writing – reflect its vital themes ( Smouldering Passions), forecast its setting ( Smouldering Passions in Prague), name its chief character ( Petra's Smouldering Passions in Prague). What Tender Is The Night has to do with the actual novel Scott Fitzgerald wrote in 1933 is anybody's guess – and plenty have guessed (it's a cribbed phrase from Keats's Ode to a Nightingale). The only realrequirement for titles is just not to be wrong about them – which Fitzgerald wasn't, but I was.
Sometimes, as I said, you just stumble on a word or a phrase you like, and stick it on your story because it feels right. And sometimes, if you're lucky, a title's unspecified rightness to the story being written will act as a spirit guide to what the whole eventually becomes, as if the story were “hearing” something, taking mysterious instruction from a fortunate word.
Writers have all sorts of romantic conceptions for how they experience a work of art's earliest rising. “Something kicked in my soul,” Pablo Neruda said about a poem's first felt urging. “A commotion” was what Katherine Anne Porter said she felt just before she wrote The Flowering Judas. “The novelist's imagination winces at the prick of some sharp pain,” Henry James wrote.
For myself, words are always near where novels begin. Before I began Independence Day, in the early 1990s, I found the word “independence” turning up repeatedly, seemingly at random, all though my notebooks. These sightings signalled to me that I was for some reason attracted to the word and its various meanings. Which then signalled – because I'm a writer – that I should “put this word in play” inside something I might write: I should put it into sentences; I should have characters speak it; I could even consider independence as a proper subject (or title), and in so doing try through the agency of imaginative negotiation to see what could be usefully said about “independence.” “Dramatize! Dramatize!” James said, regarding what novelists do to develop their ideas.
“Canada” was such an attractive word to me. It had always possessed its own pleasing sonority. Writers often choose what they write because of the words they get to use. “Din! Din! Din! You limping lump o' brick-dust ... ” In my own life I've set many stories in Great Falls, Mont., even though for years I never went there. I just liked seeing the words “Great Falls” on the page, liked “hearing” them in my mind's ear; liked that it can be pronounced as an iamb but also as a trochee, and because when I said them, they made me feel like things were falling headlong – which was more or less what I was writing about.
“Canada” – the word – possessed for me (and still does) what I think of as a plush suppleness. I like the three softened “a” sounds (unless you nasalize them, in which case quit reading now) sandwiched among those muted, staccato'd consonants. I like its pleasing, dactylic gallop on my tongue. I like its rather stalwart, civic assertiveness to the foreigner's eye.
And because Canada is not only a word but (as you may know … ) a vast and variegated place upon the Earth – where as it happens I've spent considerable time and for which I've experienced complex but heretofore unspecified feelings of affirmation – putting the word in play offered me a writerly chance to do as I'd done with independence: make Canada be a setting for something I might write; cause characters to use the word in sentences; possibly even make it a subject, the pursuance of which would help me find apt language for those complex, important feelings for which I otherwise didn't have more than a conventional, simplistic, largely inherited vocabulary. F. R. Leavis said that literature should provide a new awareness and renew our sensuous and emotional life. That's always my goal.
Somehow it all just fit. The title seemed inevitable.
God knows, I don't have the line on Canada. How could I? I'm from down below. Mississippi, improbably enough. Possibly natives could feel precisely the way I do – about the suppleness and the affirmation. But, truthfully, I don't really know if what I think is important is what you think is important. It's just my job to try to make it be. Salman Rushdie wrote that a book is not justified by its author's worthiness to write it, but by the quality of what he writes. So, others can decide about this now. I, myself, can't paraphrase what I think, and what I've made my novel be about, any better than to say this: those up-to-now unphrased feelings of affiliation which I've felt about Canada all my adult life, and the purely, non-cognitive magnetism of the word itself, together compose a call to language. Works of art, such as novels are, are vessels made precisely for those important things we can't paraphrase well enough to be fully true as we know life to be.
And oh, I know, I've appropriated your country's sacred name (and more) for my own inadequate artistic purposes. It's presumptuous of me. I apologize. We can argue about that, too. You can certainly use my country's name now, if you want to. I've just tried to reward the reader for this not-really-adverse taking by giving back as good a book as I can write, sought to repay the debt in the way that novels do, if they're any good – by adding to the sum of available reality, for which the reader is the final beneficiary.
source
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| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Richard Ford Sam 7 Déc 2013 - 12:02 | |
| - kenavo a écrit:
- et puis il y a l'auteur qui a choisi son titre... et je ne l'aurais pas cru en lançant la cherche, mais je viens de trouver le plus sublime commentaire de Richard Ford lui-même concernant son titre et je pense qu'il exprime beaucoup de ce que je reproche souvent aux traductions des titres du livre... un livre commence par le titre et il est souvent choisi avec attention par l'auteur... faudrait aussi faire attention lors de la traduction...
Richard Ford: Why I called my new novel 'Canada'
- Spoiler:
From my first days of writing Canada – 23 years ago – I'd written “Canada” in now-faded pencil at the top of a now-yellowed Page 1. This was long before I'd formulated it to be a novel – when it was only a story idea I was trying hurriedly to sketch out, about an American teenager abandoned by his parents and sent to Canada, to Saskatchewan, and an uncertain future. I wrote 20 pages while I waited for the copy-edited manuscript of another novel I'd written to come back from the publishers in New York. “Canada” seemed the right title for my story.
To sense this visceral-instinctual rightness of a novel's title is rare enough and precious – and (in my view) is a sensation that should always be heeded. To write a story – and much more, a novel of 150,000 words, requiring years – without a firm title at the top is to risk not knowing what your own book's about, and to doom yourself to wandering around, courting disaster with the reader's meter running. (I once let myself be talked outof a novel's correct title by a witless editor, and into a very wrong one. I've never forgiven myself – and not her either.)
Not that one's title has to “fit” the novel you're writing – reflect its vital themes ( Smouldering Passions), forecast its setting ( Smouldering Passions in Prague), name its chief character ( Petra's Smouldering Passions in Prague). What Tender Is The Night has to do with the actual novel Scott Fitzgerald wrote in 1933 is anybody's guess – and plenty have guessed (it's a cribbed phrase from Keats's Ode to a Nightingale). The only realrequirement for titles is just not to be wrong about them – which Fitzgerald wasn't, but I was.
Sometimes, as I said, you just stumble on a word or a phrase you like, and stick it on your story because it feels right. And sometimes, if you're lucky, a title's unspecified rightness to the story being written will act as a spirit guide to what the whole eventually becomes, as if the story were “hearing” something, taking mysterious instruction from a fortunate word.
Writers have all sorts of romantic conceptions for how they experience a work of art's earliest rising. “Something kicked in my soul,” Pablo Neruda said about a poem's first felt urging. “A commotion” was what Katherine Anne Porter said she felt just before she wrote The Flowering Judas. “The novelist's imagination winces at the prick of some sharp pain,” Henry James wrote.
For myself, words are always near where novels begin. Before I began Independence Day, in the early 1990s, I found the word “independence” turning up repeatedly, seemingly at random, all though my notebooks. These sightings signalled to me that I was for some reason attracted to the word and its various meanings. Which then signalled – because I'm a writer – that I should “put this word in play” inside something I might write: I should put it into sentences; I should have characters speak it; I could even consider independence as a proper subject (or title), and in so doing try through the agency of imaginative negotiation to see what could be usefully said about “independence.” “Dramatize! Dramatize!” James said, regarding what novelists do to develop their ideas.
“Canada” was such an attractive word to me. It had always possessed its own pleasing sonority. Writers often choose what they write because of the words they get to use. “Din! Din! Din! You limping lump o' brick-dust ... ” In my own life I've set many stories in Great Falls, Mont., even though for years I never went there. I just liked seeing the words “Great Falls” on the page, liked “hearing” them in my mind's ear; liked that it can be pronounced as an iamb but also as a trochee, and because when I said them, they made me feel like things were falling headlong – which was more or less what I was writing about.
“Canada” – the word – possessed for me (and still does) what I think of as a plush suppleness. I like the three softened “a” sounds (unless you nasalize them, in which case quit reading now) sandwiched among those muted, staccato'd consonants. I like its pleasing, dactylic gallop on my tongue. I like its rather stalwart, civic assertiveness to the foreigner's eye.
And because Canada is not only a word but (as you may know … ) a vast and variegated place upon the Earth – where as it happens I've spent considerable time and for which I've experienced complex but heretofore unspecified feelings of affirmation – putting the word in play offered me a writerly chance to do as I'd done with independence: make Canada be a setting for something I might write; cause characters to use the word in sentences; possibly even make it a subject, the pursuance of which would help me find apt language for those complex, important feelings for which I otherwise didn't have more than a conventional, simplistic, largely inherited vocabulary. F. R. Leavis said that literature should provide a new awareness and renew our sensuous and emotional life. That's always my goal.
Somehow it all just fit. The title seemed inevitable.
God knows, I don't have the line on Canada. How could I? I'm from down below. Mississippi, improbably enough. Possibly natives could feel precisely the way I do – about the suppleness and the affirmation. But, truthfully, I don't really know if what I think is important is what you think is important. It's just my job to try to make it be. Salman Rushdie wrote that a book is not justified by its author's worthiness to write it, but by the quality of what he writes. So, others can decide about this now. I, myself, can't paraphrase what I think, and what I've made my novel be about, any better than to say this: those up-to-now unphrased feelings of affiliation which I've felt about Canada all my adult life, and the purely, non-cognitive magnetism of the word itself, together compose a call to language. Works of art, such as novels are, are vessels made precisely for those important things we can't paraphrase well enough to be fully true as we know life to be.
And oh, I know, I've appropriated your country's sacred name (and more) for my own inadequate artistic purposes. It's presumptuous of me. I apologize. We can argue about that, too. You can certainly use my country's name now, if you want to. I've just tried to reward the reader for this not-really-adverse taking by giving back as good a book as I can write, sought to repay the debt in the way that novels do, if they're any good – by adding to the sum of available reality, for which the reader is the final beneficiary.
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J'adore ce qu'il dit. Je suis en plein dans Canada et je me régale, je suis vraiment contente de découvrir cet auteur. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Richard Ford Sam 7 Déc 2013 - 13:16 | |
| ps - Epi a écrit:
- kenavo a écrit:
- et puis il y a l'auteur qui a choisi son titre... et je ne l'aurais pas cru en lançant la cherche, mais je viens de trouver le plus sublime commentaire de Richard Ford lui-même concernant son titre et je pense qu'il exprime beaucoup de ce que je reproche souvent aux traductions des titres du livre... un livre commence par le titre et il est souvent choisi avec attention par l'auteur... faudrait aussi faire attention lors de la traduction...
Richard Ford: Why I called my new novel 'Canada'
- Spoiler:
From my first days of writing Canada – 23 years ago – I'd written “Canada” in now-faded pencil at the top of a now-yellowed Page 1. This was long before I'd formulated it to be a novel – when it was only a story idea I was trying hurriedly to sketch out, about an American teenager abandoned by his parents and sent to Canada, to Saskatchewan, and an uncertain future. I wrote 20 pages while I waited for the copy-edited manuscript of another novel I'd written to come back from the publishers in New York. “Canada” seemed the right title for my story.
To sense this visceral-instinctual rightness of a novel's title is rare enough and precious – and (in my view) is a sensation that should always be heeded. To write a story – and much more, a novel of 150,000 words, requiring years – without a firm title at the top is to risk not knowing what your own book's about, and to doom yourself to wandering around, courting disaster with the reader's meter running. (I once let myself be talked outof a novel's correct title by a witless editor, and into a very wrong one. I've never forgiven myself – and not her either.)
Not that one's title has to “fit” the novel you're writing – reflect its vital themes ( Smouldering Passions), forecast its setting ( Smouldering Passions in Prague), name its chief character ( Petra's Smouldering Passions in Prague). What Tender Is The Night has to do with the actual novel Scott Fitzgerald wrote in 1933 is anybody's guess – and plenty have guessed (it's a cribbed phrase from Keats's Ode to a Nightingale). The only realrequirement for titles is just not to be wrong about them – which Fitzgerald wasn't, but I was.
Sometimes, as I said, you just stumble on a word or a phrase you like, and stick it on your story because it feels right. And sometimes, if you're lucky, a title's unspecified rightness to the story being written will act as a spirit guide to what the whole eventually becomes, as if the story were “hearing” something, taking mysterious instruction from a fortunate word.
Writers have all sorts of romantic conceptions for how they experience a work of art's earliest rising. “Something kicked in my soul,” Pablo Neruda said about a poem's first felt urging. “A commotion” was what Katherine Anne Porter said she felt just before she wrote The Flowering Judas. “The novelist's imagination winces at the prick of some sharp pain,” Henry James wrote.
For myself, words are always near where novels begin. Before I began Independence Day, in the early 1990s, I found the word “independence” turning up repeatedly, seemingly at random, all though my notebooks. These sightings signalled to me that I was for some reason attracted to the word and its various meanings. Which then signalled – because I'm a writer – that I should “put this word in play” inside something I might write: I should put it into sentences; I should have characters speak it; I could even consider independence as a proper subject (or title), and in so doing try through the agency of imaginative negotiation to see what could be usefully said about “independence.” “Dramatize! Dramatize!” James said, regarding what novelists do to develop their ideas.
“Canada” was such an attractive word to me. It had always possessed its own pleasing sonority. Writers often choose what they write because of the words they get to use. “Din! Din! Din! You limping lump o' brick-dust ... ” In my own life I've set many stories in Great Falls, Mont., even though for years I never went there. I just liked seeing the words “Great Falls” on the page, liked “hearing” them in my mind's ear; liked that it can be pronounced as an iamb but also as a trochee, and because when I said them, they made me feel like things were falling headlong – which was more or less what I was writing about.
“Canada” – the word – possessed for me (and still does) what I think of as a plush suppleness. I like the three softened “a” sounds (unless you nasalize them, in which case quit reading now) sandwiched among those muted, staccato'd consonants. I like its pleasing, dactylic gallop on my tongue. I like its rather stalwart, civic assertiveness to the foreigner's eye.
And because Canada is not only a word but (as you may know … ) a vast and variegated place upon the Earth – where as it happens I've spent considerable time and for which I've experienced complex but heretofore unspecified feelings of affirmation – putting the word in play offered me a writerly chance to do as I'd done with independence: make Canada be a setting for something I might write; cause characters to use the word in sentences; possibly even make it a subject, the pursuance of which would help me find apt language for those complex, important feelings for which I otherwise didn't have more than a conventional, simplistic, largely inherited vocabulary. F. R. Leavis said that literature should provide a new awareness and renew our sensuous and emotional life. That's always my goal.
Somehow it all just fit. The title seemed inevitable.
God knows, I don't have the line on Canada. How could I? I'm from down below. Mississippi, improbably enough. Possibly natives could feel precisely the way I do – about the suppleness and the affirmation. But, truthfully, I don't really know if what I think is important is what you think is important. It's just my job to try to make it be. Salman Rushdie wrote that a book is not justified by its author's worthiness to write it, but by the quality of what he writes. So, others can decide about this now. I, myself, can't paraphrase what I think, and what I've made my novel be about, any better than to say this: those up-to-now unphrased feelings of affiliation which I've felt about Canada all my adult life, and the purely, non-cognitive magnetism of the word itself, together compose a call to language. Works of art, such as novels are, are vessels made precisely for those important things we can't paraphrase well enough to be fully true as we know life to be.
And oh, I know, I've appropriated your country's sacred name (and more) for my own inadequate artistic purposes. It's presumptuous of me. I apologize. We can argue about that, too. You can certainly use my country's name now, if you want to. I've just tried to reward the reader for this not-really-adverse taking by giving back as good a book as I can write, sought to repay the debt in the way that novels do, if they're any good – by adding to the sum of available reality, for which the reader is the final beneficiary.
source
J'adore ce qu'il dit. Je suis en plein dans Canada et je me régale, je suis vraiment contente de découvrir cet auteur. Très intéressant et exactement la réponse à mon étonnement! Merci Kenavo. Bonne continuation et fin de lecture Epi! | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Richard Ford Sam 7 Déc 2013 - 13:31 | |
| Et pour ceux qui ont la flemme de lire tout le pavé mais qui veulent savoir quand même ? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Richard Ford Sam 7 Déc 2013 - 13:51 | |
| - Epi a écrit:
- J'adore ce qu'il dit. Je suis en plein dans Canada et je me régale, je suis vraiment contente de découvrir cet auteur.
oh, tu me vois réjouis!! Bonne continuation et si tu aimes celui-ci, tu vas en trouver d'autres dans sa bibliographie qui sont encore meilleurs! - Heyoka a écrit:
- Et pour ceux qui ont la flemme de lire tout le pavé mais qui veulent savoir quand même ?
probablement tu l'as déjà dit quelque part, mais je dois avouer, je ne peux plus me rappeler: mais si tu aimes les nouvelles, il en écrit des merveilles, je peux recommander tous ses trois recueils, avec un petit plus pour Péchés innombrables quant à un roman pour faire connaissance, je pense que Une saison ardente (à peine 200 pages) pourrait faire l'affaire | |
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