Knut Hamsun [Norvège]

Les personnages principaux des romans d' Hamsun lui ressemblent beaucoup, surtout dans la trilogie.
J 'y vois comme une sorte d' autobiogrpahie au fil de l' oeuvre...

Quant à Miller, c' était un autodidacte et qui avec l' appétit des autodidactes était un boulimique de lectures et de découvertes, il en parle abondamment dans Les Livres de ma vie...
Il connaissait personnellment d' autres écrivains, Anais Nin, Lawrence Durrell et John Cowper Powys,
Joseph Delteil...

Hamsun est l' un des grand romanciers de l' époque. J' ai commencé par La Faim et j' ai à peu près tout lu. J' ai aimé les personnages qui tous, lui ressemblaient un peu ou beaucoup.
Leurs accès de fièvre, de rage et de passion... Leur vitalité fantastique et leurs passions parfois contradictoires.
Ensuite, c' est troublant, je pensais aussi à Sandemose et j' ai dans ma prochaine liste de commandes Le Marchand de goudron...

Mystères est une lecture encore très présente en moi, donc oui, il laisse des traces, c'est indéniable.

Je viens de terminer : "un vagabond joue en sourdine" et j'ai vraiment beaucoup aimé. Je vais donc poursuivre puisqu'il s'agit d'une trilogie.

Le résumé de Régis Boyer en 4ème de couverture est parfait.

Des instants de grâce tous les soirs lorsque je prenais ce livre. Je ne le lisais pas trop vite, le dégustais tant ce rendez-vous vespéral était une promesse d’enchantement. Pourtant, rien de vif, rien de saignant, juste une petite musique qui n’est pas sans rappeler certain auteur russe. Ou Madame Bovary.
Knut revient chez le capitaine. Il y retrouve ses anciens compagnons et surtout, Madame ; la belle Madame Falkenberg dont il est amoureux de l’amour qu’il lui porte, ou amoureux du rêve qu’il s’en fit.

Knut Hamsun prend son temps, le rythme est lent mais cela ne nuit pas à la lecture, tout au contraire. Nous cheminons à côté de August, le vagabond qui, l’âge venant, devient plus spectateur de la vie qu’acteur. Quand on est vieux, on ne vit plus sa vie, on ne se maintient sur pied que par des souvenirs. Nous sommes semblables à des lettres qui ont été envoyées : nous ne nous trouvons plus en cours de route, nous sommes arrivés. Reste à savoir si ce que nous contenions a provoqué un tourbillon de joie et de chagrin, ou si nous n’avons laissé aucune impression. Merci pour cette vie, elle fut plaisante à vivre !

Cet homme, misogyne, est bien dans l’air de son époque (début XXème) : Pour la femme, elle est telle que tous les sages le savaient déjà : pourvue de facultés infiniment médiocres, mais riche d’irresponsabilité, de vanité, de frivolité. Elle a beaucoup de l’enfant, sans rien de son innocence.

Mais, August est toujours amoureux de la belle Lovise Falkenberg ! Une fois ou une autre, je l’avais vu avec Mme Falkenberg, elle était si jeune, si bien habillée et heureuse, un peu follette aussi, elle riait haut. Voilà ce que c’est que d’être une femme qui vient de fauter, pensais-je, mais demain ou après-demain, ce ne sera plus pareil !
Quand je la revis, je ne découvris aucune trace de gêne en elle, elle était aimable et froide. Ainsi, il n’y avait qu’à laisser tomber toute cette histoire. Que voulais-je aussi ? Non, vraiment
Mais elle était là, et toi, tu étais là. Tu sentais tout contre toi son haleine, qui avait un goût de chair.

August termine un cycle de sa vie à Ovrebö. Un vagabond joue en sourdine quand il atteint le demi-siècle. Alors, il joue en sourdine.
Je pourrais aussi exprimer cela ainsi : S’il arrive trop tard à la forêt aux baies en automne, c’est qu’il y est arrivé trop tard et si, un beau jour, il ne se trouve plus en état de se montrer joyeux et de s’esclaffer de joie devant la vie, c’est sans doute qu’il est devenu vieux, ne l’en blâmez pas ! Aucun doute, du reste, qu’il ne faille un certain degré de vacuité du cerveau pour pouvoir rester constamment satisfait de soi-même et de tout. Pourtant de bons moments, tout le monde en a. Il part dans la forêt, Sa forêt, retrouver sa vie, sa cabane Comme je me sentais chez moi ici ! Ce n’était pas pour rien que j’avais hoché la tête en enlevant mon sac. « Est-ce que c’était ici que tu voulais venir ? » me dis-je pou plaisanter et me faire la conversation. « Oui » répondis-je.


Knut Hamsun, à travers son vagabond fustige la transformation des mœurs de la haute société, la virulence mise à dénoncer l’affairisme des nouveaux riches comme l’ingénieur, le clinquant (tiens, aussi !!), l’arrivée d’un monde nouveau. On sent que l’auteur a pris un grand plaisir à la description des travaux agricoles, la vie paysanne, les travaux inhérents à une grande propriété la vie des domestiques, leurs jalousies…..


Un livre profond qui laisse une petite musique mélancolique dans la tête.

La Faim
Le synopsis de ce livre est relativement simple : on raconte les affres d’un homme souffrant de la faim, aussi bien sur le plan physique que psychologique. En fait, c’est le narrateur lui-même qui nous fait part à sa manière de son quotidien. Certains pourraient dire qu’on donne une sorte de tableau clinique de l’inanition, même si je trouve le terme un peu fort. On serait plus dans l’évocation de symptômes, plus ou moins difficiles à déceler, dans un cadre très romanesque et non scientifique.
Les signes physiques évoqués sont les plus évidents et bien décrits mais en fait peu nombreux. J’ai eu l’impression qu’ils étaient là comme des jalons reconnaissables de différents stades de la faim qu’on peut aisément associer aux divagations verbales et psychologiques du narrateur. Je ne suis pas psychologue mais le héros est plus que troublé, dément serait par contre excessif… Le terme adéquat se trouvera dans des commentaires plus experts… Mais ce qui m’a le plus troublé, c’est la confusion totale de notre héros : à mesure que son inanition augmentait, j’ai eu l’impression que son champ de vision rétrécissait, que ses autres sens transmettaient des signaux désordonnés ou exacerbés à un point tel que j’ai commencé à mettre en doute sa propre description physique. A qui parle-t-il ? Que fait-il réellement ? Il se dit homme de lettres (réduit à fournir quelques piges de temps en temps   ) mais cela fait belle lurette qu’il n’a plus papier ni crayon, et pourtant il écrit …
Le narrateur habite pleinement le livre et laisse finalement peu de place à l’extérieur, c'est-à-dire le décor environnant, les gens … Concernant les décors, l’histoire se situe dans une ville portuaire, Christiana (Oslo de nos jours) mais cela n’a pas bien grande importance. En effet, le peu de la ville qui est décrit pourrait se retrouver dans n’importe quel grand port … Et les pérégrinations du narrateur s’amenuisent à mesure que sa faim augmente même s’il reste toujours aussi fébrile : ses pas ne le portent plus aussi loin qu’il le souhaiterait …
Le narrateur est célibataire, sans famille et sans domicile fixe. Ses rapports avec les personnes qui l’entourent se caractérisent par un orgueil démesuré. Il ne peut supporter qu’on le prenne pour plus bas, faible, pauvre, affamé … qu’il n’ait (qu’il ne croit en réalité ….). Son orgueil est quasi pathologique car il va jusqu’à injurier les rares personnes qui s’intéressent à lui et à donner tout pour paraître grand et généreux. Et quoi qu’il fasse, il est seul, reste seul et ne recherche pas vraiment la société des autres. Pour cet orgueil, il est prêt à tout sacrifier, même le strict nécessaire : de quoi se nourrir … Cette faim n’est en fait qu’un effet secondaire de son orgueil.
J’avoue avoir eu du mal à finir ce livre. Après un début tonitruant avec un héros presque chaplinesque pour lequel j’avais une forte empathie, son orgueil démesuré m’a lassé … J’ai trouvé les situations par trop répétitives très rapidement … et j’en venais à souhaiter une fin définitive à cet olibrius plus qu’énervant donneur de leçons …
J’ai un autre livre de Hamsun dans ma LAL (Pan) mais je ne pense pas renouveler l’expérience tout de suite … Je pense que ce n’était pas la lecture du moment : son échec chronique à se trouver le moindre emploi m’a vraiment plombé le moral …

Arabella a écrit:

J'ai lu récemment La faim, et j'avoue être restée extérieure à ce livre. Le héros, narrateur décrit son vécu, marqué par les privations, en particulier de nourritures. Il essaie de survivre en écrivant des articles, il se ballade, observe les gens. J'ai vu ça comme une sorte d'expérience limite, à une époque dans un autre lieu cela aurait été la drogue, ou alcool, le personnage central est à une sorte de limite, pas vraiment dans le monde tel que nous le connaissons, il a une sensibilité et une perception inhabituelle. Mais en même temps, ce n'est pas vraiment la folie, ce n'est pas non plus une contestation sociale, et je me demande un peu quel est cet état dans lequel il se trouve. J'ai eu en tous les cas du mal à être en empathie avec son vécu, d'autant plus qu'il y a un côté autiste dans tout cela, les autres ne sont que des silhouettes, sans substance. Il faut peut être un état d'esprit particulier pour entrer dans cet univers. L'écriture a du être originale à l'époque où cela a été écrit, mais je trouve qu'elle a vieilli, enfin il y a d'autres écrivains de l'époque qui me paraissent plus essentiels, ou qui tout au moins m'ont infiniment plus marqué. Mais c'est évidement subjectif.

A part l'écriture, je fais écho au commentaire d'Arabella, notamment le côté autiste ...

Les autres livres de Knut Hamsun sont beaucoup plus toniques. Et ses personnages ont des capacités hors norme d' amour et de désamour. Pessimistes mais très attachants...

Je crois qu'il faudrait que je relise cet auteur. La Faim m'avait pourtant à l'époque où je l'ai lu, laissé un bon souvenir!

@ GGG, si tu n'as pas le moral, viens t'amuser avec nous, on parle chiffons, si tu veux tout savoir sur les paréos, entre autres choses!

 

@Bix : J'ai plus eu l'impression que je n'étais pas en phase avec le bouquin ... Pire que cela : en opposition de phase ! Avant ma recherche d'emploi, je pense que cette lecture m'aurait plu.
@& : toi aussi tu avales des mots  

& a écrit:

La Faim m'avait pourtant à l'époque

GrandGousierGuerin a écrit:

@Bix : J'ai plus eu l'impression que je n'étais pas en phase avec le bouquin ... Pire que cela : en opposition de phase ! Avant ma recherche d'emploi, je pense que cette lecture m'aurait plu.
@& : toi aussi tu avales des mots  

& a écrit:

La Faim m'avait pourtant à l'époque

Ben oui, quoi! J'ai FAIM, je dévore tout, même les mots!
 

Bref, le livre m'avait plu, à l'époque. Mais c'était il y a fort longtemps, déjà.

 

On peut te conseiller d'autres livres sur la faim, si tu y tiens, aussi!
 

Esperluette a écrit:

GrandGousierGuerin a écrit:

@Bix : J'ai plus eu l'impression que je n'étais pas en phase avec le bouquin ... Pire que cela : en opposition de phase ! Avant ma recherche d'emploi, je pense que cette lecture m'aurait plu.
@& : toi aussi tu avales des mots  

& a écrit:

La Faim m'avait pourtant à l'époque

Ben oui, quoi! J'ai FAIM, je dévore tout, même les mots!
 

Bref, le livre m'avait plu, à l'époque. Mais c'était il y a fort longtemps, déjà.

 

On peut te conseiller d'autres livres sur la faim, si tu y tiens, aussi!
 

 Je l'avais aussi beaucoup aimé ....Mais cette lecture date !!!! pfiou!!!! Il faudrait que je le relise celui-là encore ......

@Eglantine & & : Ma gêne pouvait provenir de ma proximité avec le héros, mais au travers d'un miroir aberrant, diffusant une image  d'un double sinistre et grimaçant ... Plus de la répulsion que de l'attirance ! Mais attaché tout de même par un lien difficile à trancher ... Un Doppelgänger inattendu en quelque sorte... Donc bon livre mais trop dérangeant pour l'apprécier !
A relire donc. Mais pour l'instant j'ai laissé place à une lecture plus poétique ...

Je comprends très bien, il nous est à tous arrivé de ressentir le même malaise face à certains livres. Tout est en interconnexion, notre état d'esprit, notre vie et comme souvent, la poésie est un excellent viatique. Tu as trouvé le tien, je crois.

 

Si je peux te suggérer quelques titres, 3G, Sous l' étoile d' automne, Benoni, Rosa (c' est une trilogie), Un vagabond joue en sourdine  et, sans doute mon préféré : Enfants de leur temps...
Mais j' aime beaucoup Hamsun et c' est juste une suggestion !

bix229 a écrit:

Si je peux te suggérer quelques titres, 3G, Sous l' étoile d' automne, Benoni, Rosa (c' est une trilogie), Un vagabond joue en sourdine  et, sans doute mon préféré : Enfants de leur temps...
Mais j' aime beaucoup Hamsun et c' est juste une suggestion !

je note, je note ... ainsi je ne perdrai pas le fil