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| Louise Erdrich | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Louise Erdrich Sam 26 Jan 2013 - 22:14 | |
| - Queenie a écrit:
-
- Citation :
- tous ces personnages (y compris les enfants) m'étant le plus souvent insaisissables, lointains, en quelque sorte fabriqués afin de rentrer dans le cadre, comme le dit Sentinelle
Tiens. En repensant à mes impressions sur le livre d'Erdrich, j'ai tendance à l'assimiler à ce qui me frustre dans l'écriture de Oates... Cela mérite réflexion car j'ai du mal aussi avec Oates mais je ne l'ai plus lue depuis longtemps... |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Louise Erdrich Sam 26 Jan 2013 - 22:18 | |
| - Aeriale a écrit:
- Dommage parce qu'une fois qu'on a appréhendé cette famille un peu space, le suite est prenante...
Oui ! Je me demande où veut nous conduire Louise Erdrich... pas tellement prévisible son histoire, donc vraiment prenante comme tu dis. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Louise Erdrich Ven 8 Fév 2013 - 16:35 | |
| Le jeu des ombres (2012) « Si Gil ne savait pas qu’elle savait qu’il lisait son journal, elle pouvait y écrire des choses visant à le manipuler. Et même à lui faire du mal. Elle se dit qu’elle commencerait par un simple essai, un hameçon irrésistible. » Irrésistible, en effet, et Gil comme le lecteur n’hésiteront pas à s’accrocher à cet hameçon dont l’efficacité ne tient qu’à la curiosité de la victime. Alors que le poisson croit avoir tiré le gros lot, il ne se doute pas qu’en réalité il est lui-même l’objet d’une belle pêche qu’il précipite d’autant plus qu’il se pense seul maître à bord. Irene vit en couple avec Gil depuis de nombreuses années. Leur relation se noue autour d’un lien de subordination : d’abord modèle pour le peintre que sera son futur mari, Irene a peut-être cru un instant que le don de son image ferait d’elle une personne à part entière, reconnue pour ses qualités propres. Il n’en est rien et alors que Gil peint son amérindienne d’épouse par amour-propre et pour la gloire, celle-ci se réifie peu à peu en devenant la chose du peintre. Ses origines amérindiennes deviennent objet de consommation artistique tandis que son identité se subordonne à celle de Gil : au cours des vernissages, et même auprès de son mari, il est préférable qu’elle continue à porter cette image de « panthère» qui lui sied si bien. « Elle était élancée, grande, brune de peau, et ne savait pas s’exprimer. Un marchand d’art l’avait comparée à une panthère, ce que Gil avait répété des semaines durant, mais Irene avait aimé se croire séduisante, enfermée dans son silence, plutôt que muette et empruntée. » Peinture de George Catlin, souvent cité dans les pages du livre L’ultime affront est reçu lorsqu’Irene s’aperçoit que Gil lit son « agenda rouge » au sein duquel elle note toutes ses pensées et réflexions. Pour s’amuser un peu, mais aussi pour catalyser une rupture qui devient chaque jour plus nécessaire pour Irene, celle-ci commence l’écriture d’un « agenda bleu », véritable journal intime dont Gil ne soupçonne pas l’existence, tout en continuant à rédiger les pages de son « agenda rouge », simulant l’ignorance qu’elle a des intrusions de son mari et ajoutant sciemment des paragraphes qui devront susciter le malaise et le doute chez son lecteur. Bâtissant son roman autour de ce jeu de manipulation, Louise Erdrich met en place une ambiance malsaine, digne d’un polar dans lequel les coups de poignard se portent dans le dos. Derrière l’image publique d’un couple d’artistes fusionnel se cache l’image familiale –dont sont surtout témoins les trois enfants- de parents qui transforment la froideur de leurs sentiments mutuels derrière un simulacre de respect, pour ne rien dire de cette image intime du couple qui virevolte de l’amour à la haine sans jamais trouver le juste milieu. L’hypocrisie déborde de toutes parts : c’est celle de Gil qui étouffe sa famille de cadeaux pour se permettre de porter la main sur chacun de ses membres lorsque la frustration l’étouffe ; c’est celle d’Irene qui n’arrive pas à exprimer sa volonté de rupture autrement qu’en ayant recours à un jeu puéril ; c’est celle du monde artistique qui ne veut pas ouvrir les yeux sur l’exploitation de l’image d’une civilisation subordonnée aux impératifs commerciaux. Innocents parmi tous, les enfants essaient de démêler le vrai du faux parmi cette cacophonie de discours discordants. Si la manipulation et les non-dits semblent ne susciter que la haine et le dégoût chez Gil et Irene, elle devient terreur pour ces enfants perdus entre le vrai et le faux. Louise Erdrich ne les oublie pas et nous montre l’arsenal défensif déployé par chacun d’entre eux pour se blinder contre la violence du silence qui ne demande qu’à éclater. C’est dans cette tension toujours soutenue que Louise Erdrich nous fait parcourir le Jeu des ombres sans que nous sachions jusqu’où les manigances d’Irene nous conduiront. Si les incursions dans les pages de ses agendas sont finalement peu nombreuses –elles constituent à peine un dixième du roman-, la narration à la troisième personne permet de balayer les psychologies de chaque personnage de cette famille silencieuse et de nous livrer des informations pertinentes sur la culture amérindienne, afin que nous puissions mieux comprendre le sentiment de dépossession d’Irene. Même si l’on peut être déçu de voir que le jeu des agendas, mentionné comme élément moteur de cette histoire, n’occupe finalement qu’une place dérisoire dans le Jeu des ombres, l’aspect ludique du roman ne faiblit jamais un instant. On croit connaître la supercherie, on se prend d’amitié pour cette pauvre Irene, on commence à mépriser Gil… pour finir par se rendre compte que, pas mieux que lui, on s’est laissé prendre à notre tour au jeu de Louise Erdrich. Le dénouement est surprenant –mais décevant- et se conclut dans une pirouette qui n’apporte rien à toute l’histoire dont on vient de s’imprégner. Pire, cette conclusion donne l’impression de réduire à néant les interventions d’Irene. Consolons-nous du mieux que possible : peut-être Louise Erdrich s’est-elle également fait piéger par ses personnages et se sera-t-elle laissée conduire par eux plus loin que prévu ? On imagine alors que sa conclusion bancale n’aura été qu’un moyen de se rendre à nouveau maîtresse de l’écriture de son roman, au prix d’une perte de fantaisie certaine. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Louise Erdrich Sam 9 Fév 2013 - 15:10 | |
| Très belle analyse Coli! Je retiens le plaisir plutôt intellectuel que tu as pu en retirer, autour de ce rapport basé sur la manipulation, de la tension qui en résulte , et de ces quelques informations concernant la culture amérindienne. Mais ainsi que tu le précises, l'emploi de la troisième personne nous éloigne de toute psychologie, à nous de nous dépatouiller avec leurs égos mal dégrossis, ce qui personnellement m'a rapidement éloignée de leurs jeux de dupes. Je n'ai pas spécialement non plus été sensible à l'aspect ludique, ni déçue par la fin, au contraire, car en fait c'est le seul moment où j'ai senti poindre un peu de cette humanité qui m'a cruellement manquée. Pour moi bizarrement c'est une écriture très froide dans l'ensemble, impossible de "ressentir" leurs émotions... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Louise Erdrich Mar 12 Fév 2013 - 21:15 | |
| A force de lire tes avis et de les comparer aux miens, j'en viens à croire que nous attendons toutes deux des choses très différentes de nos lectures ! Je suis souvent embarrassée lorsqu'un auteur fait l'étalage des sentiments de ses personnages parce que j'ai toujours l'impression que l'écriture va virer pathétique -et même si ce n'est pas le cas, cette appréhension me gâche du plaisir. On ne va pas en discuter les raisons... Mais voilà pourquoi j'ai apprécie que Louise Erdrich ne me fasse pas peur à ce niveau-là. Et les non-dits, même dans la psychologie des personnages, laissent une belle part d'imagination et de sadisme dans l'esprit du lecteur. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Louise Erdrich Mer 13 Fév 2013 - 8:59 | |
| - colimasson a écrit:
- A force de lire tes avis et de les comparer aux miens, j'en viens à croire que nous attendons toutes deux des choses très différentes de nos lectures !
Ah oui possible, j'ai remarqué aussi et dommage! Ceci dit Coli, je ne suis pas non plus pour l'étalage des sentiments, ni pour le pathos, loin de là. Ce que je préfère c'est lorsque l'auteur joue sur la suggestion (Peter Stamm étant mon number one dans ce sens là. Mais j'en ai découverts d'autres cette année: H.Mingarelli, W.Trevor, A.Tyler, etc...) Mais si tu aimes aller plus en avant dans l'imaginaire, voire le sadisme, tente Marie N'Diaye, ça devrait te plaire... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Louise Erdrich Jeu 14 Fév 2013 - 21:33 | |
| Ca tombe bien, j'ai récupéré un de ses livres, abandonné à la bibliothèque, il n'y a pas longtemps : Trois femmes puissantes. Allez, je le fais remonter sur le haut de ma PAL ! D'accord pour la suggestion... c'est vrai que j'ai une vision des choses parfois catégorique et que je ne décèle pas forcément les subtilités dans l'écriture de l'émotion ou des sentiments... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Louise Erdrich Sam 16 Fév 2013 - 7:21 | |
| - colimasson a écrit:
- D'accord pour la suggestion... c'est vrai que j'ai une vision des choses parfois catégorique et que je ne décèle pas forcément les subtilités dans l'écriture de l'émotion ou des sentiments...
Bo, je ne crois pas que cela vient de ça...? Je parlais juste à mon niveau, je n'aime pas non plus l'étalage (comme toi) Pour N'Diaye, essaye oui! Presque sûre que tu accrocherais. Mais je n'ai pas lu celui ci, tente plutôt Mon coeur à l'étroit par exemple. Géant (et pensée pour Steven au passage qui me l'a fait découvrir, je ne lui en serai jamais trop reconnaissante ) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Louise Erdrich Sam 16 Fév 2013 - 17:14 | |
| - colimasson a écrit:
Et les non-dits, même dans la psychologie des personnages, laissent une belle part d'imagination et de sadisme dans l'esprit du lecteur. Très juste...tout au moins pour l'imagination...(sadisme, je ne sais pas! ). C'est aussi ce qui me plaît, que tout ne soit pas donné, dicté, et que l'on puisse mettre dans la lecture (ou au ciné, ou au théâtre...) une belle part de soi-même, de ses émotions toutes personnelles, venues de son propre vécu ou de son propre imaginaire. Je me sens ainsi plus active et plus impliquée dans ce que je lis, dans ce que je vois... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Louise Erdrich Dim 17 Fév 2013 - 21:09 | |
| - coline a écrit:
- colimasson a écrit:
Et les non-dits, même dans la psychologie des personnages, laissent une belle part d'imagination et de sadisme dans l'esprit du lecteur. Très juste...tout au moins pour l'imagination...(sadisme, je ne sais pas! ). C'est aussi ce qui me plaît, que tout ne soit pas donné, dicté, et que l'on puisse mettre dans la lecture (ou au ciné, ou au théâtre...) une belle part de soi-même, de ses émotions toutes personnelles, venues de son propre vécu ou de son propre imaginaire. Je me sens ainsi plus active et plus impliquée dans ce que je lis, dans ce que je vois...
Et la lecture laisse un souvenir plus marquant, parce qu'elle demande plus d'investissement, du coup ! Pour le sadisme, oui, ça traduit peut-être seulement la disposition que j'avais vis-à-vis des personnages du livre... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Louise Erdrich Lun 18 Fév 2013 - 1:42 | |
| - colimasson a écrit:
- coline a écrit:
- colimasson a écrit:
Et les non-dits, même dans la psychologie des personnages, laissent une belle part d'imagination et de sadisme dans l'esprit du lecteur. Très juste...tout au moins pour l'imagination...(sadisme, je ne sais pas! ). C'est aussi ce qui me plaît, que tout ne soit pas donné, dicté, et que l'on puisse mettre dans la lecture (ou au ciné, ou au théâtre...) une belle part de soi-même, de ses émotions toutes personnelles, venues de son propre vécu ou de son propre imaginaire. Je me sens ainsi plus active et plus impliquée dans ce que je lis, dans ce que je vois...
Et la lecture laisse un souvenir plus marquant, parce qu'elle demande plus d'investissement, du coup !
Oui, on a été davantage sollicité, on a participé activement...Et si cela a marché, on en reste plus marqué je pense. | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Louise Erdrich Sam 5 Oct 2013 - 22:34 | |
| Dans le silence du vent, Louise ErdrichAlbin Michel, Août 2013 460 pages 4ème de couverture : - Citation :
- Récompensé (en 2012) par la plus prestigieuse distinction littéraire américaine, le National Book Award, élu meilleur livre de l’année par les libraires américains, le nouveau roman de Louise Erdrich explore avec une remarquable intelligence la notion de justice à travers la voix d’un adolescent indien de treize ans. Après le viol brutal de sa mère, Joe va devoir admettre que leur vie ne sera plus jamais comme avant. Il n’aura d’autre choix que de mener sa propre enquête. Elle marquera pour lui la fin de l’innocence.
Joe a douze ans ; il vit dans une réserve indienne avec ses parents, Bazil et Géraldine. C’est un adolescent bien dans sa peau, il vit dans un cocon relativement protégé au milieu de parents « installés » professionnellement, des oncles et tantes, et un grand-père Mooshum, mémoire de la famille. C’est un drame familial qui viendra à jamais bouleverser l’équilibre de cette famille, et de Joe, tous confrontés à une justice à deux vitesses. Quand on est amérindien, les lois ne s’appliquent pas de la même façon qu’aux autres citoyens. Avec son père juge tribal, il se rend vite compte que retrouver et punir le coupable du viol de sa mère n’intéresse pas grand monde, et en tout cas pas la police locale. L’adolescent, aidé de ses trois amis entreprend donc à ses risques et périls de rendre justice à sa mère, et au-delà de cela à son peuple dont la voix est bien peu de chose au pays de l’oncle Sam. Louise Erdrich met en lumière ce jeune adolescent confronté au drame de son peuple, à l’injustice. La soif de justice est omniprésente. De narration linéaire, jamais ennuyeuse, dans le silence du vent prend le temps d’amener le lecteur dans son sujet. Louise Erdrich, en pratiquant la diversion, maîtrise parfaitement le tempo, et la tension qui s’installe de page en page. Elle nous donne ainsi l’occasion de savourer sa prose, et, de comprendre les combats qui sont les siens et qui nourrissent son œuvre. Louise Erdrich, dont j’avais beaucoup apprécié l’intervention au dernier festival America (2012), faisait partie jusque-là de ces quelques auteurs que « je crains » (pour de bonnes ou mauvaises raisons) d’autant qu’une tentative inaboutie n’avait fait que repousser l’occasion d’essayer à nouveau. Dans le silence du vent m’aura donc permis d’entrée avec bonheur dans l’univers de Louise Erdrich, avec l’envie certaine d’y revenir. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Louise Erdrich Dim 13 Oct 2013 - 16:20 | |
| June rentre chez elle à pied dans la neige. Elle ne revient jamais. Autour de sa mort l’histoire de sa famille et ses ramifications se raconte. On reconnait peut-être Louise Erdrich dans le personnage de Albertine jeune étudiante qui refuse de s’arrêter à son diplôme d’infirmière mais qui veut devenir docteur, et qui observe et aime cette famille malgré ses failles. Lien de famille, de sang, que l’on ne peut éviter et auquel on s’accroche. Face à l’injustice des blancs et son mode vie qui ne ressemble à rien de ce qui a été transmis. Il y a ceux qui ont le fluide et qui sont le témoignage d’un passé encore vivant dans le cœur des Indiens Ojibwa . Ceux qui se perdent dans l’alcool par moment. Les femmes fortes qui malgré l’adversité recueillent, aiment et se battent. Et puis cette attente tranquille de laisser les choses se faire, de vivre en harmonie avec la nature, les signes que l’on reçoit. Toutes ces choses qui sont comme implantées et comme transmises par les gênes. Citation : Une jour, il ya longtemps, on pêchait tous les deux. On a pris une bonne grosse tortue hargneuse qui s’est mise à nous remorquer comme un moteur. -S’te ligne, là, elle est rudement costaud, qu’il a dit Grand-père. On va laisser aller cette tortue pour voir où elle nous emmène. Alors on a filé derrière, en regardant quand de temps à autre elle remontait à la surface. Ce truc-là avait juste la taille d’un baquet. Elle nous a fait faire deux fois le tour du lac, et comme elle se baladait, Grand-père a dit un truc, en plaisantant. -Lipsha, il a dit, on est contents que ta mère n’ait pas voulu de toi parce qu’on était toujours à la recherche d’un garçon qui nous remorquerait autour du lac. -J’suis pas une tortue. Elles sont tellement bêtes qu’elles restent vivantes quand on leur a coupé la tête, j’ai répondu. -C’est pas de la bêtise, a dit Grand-père. Leur cerveau, il est simplement dans leur cœur, comme le tien. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Louise Erdrich Dim 13 Oct 2013 - 16:24 | |
| - mimi54 a écrit:
Dans le silence du vent, Louise ErdrichAlbin Michel, Août 2013 460 pages 4ème de couverture :
- Citation :
- Récompensé (en 2012) par la plus prestigieuse distinction littéraire américaine, le National Book Award, élu meilleur livre de l’année par les libraires américains, le nouveau roman de Louise Erdrich explore avec une remarquable intelligence la notion de justice à travers la voix d’un adolescent indien de treize ans. Après le viol brutal de sa mère, Joe va devoir admettre que leur vie ne sera plus jamais comme avant. Il n’aura d’autre choix que de mener sa propre enquête. Elle marquera pour lui la fin de l’innocence.
Joe a douze ans ; il vit dans une réserve indienne avec ses parents, Bazil et Géraldine. C’est un adolescent bien dans sa peau, il vit dans un cocon relativement protégé au milieu de parents « installés » professionnellement, des oncles et tantes, et un grand-père Mooshum, mémoire de la famille.
C’est un drame familial qui viendra à jamais bouleverser l’équilibre de cette famille, et de Joe, tous confrontés à une justice à deux vitesses. Quand on est amérindien, les lois ne s’appliquent pas de la même façon qu’aux autres citoyens. Avec son père juge tribal, il se rend vite compte que retrouver et punir le coupable du viol de sa mère n’intéresse pas grand monde, et en tout cas pas la police locale.
L’adolescent, aidé de ses trois amis entreprend donc à ses risques et périls de rendre justice à sa mère, et au-delà de cela à son peuple dont la voix est bien peu de chose au pays de l’oncle Sam.
Louise Erdrich met en lumière ce jeune adolescent confronté au drame de son peuple, à l’injustice. La soif de justice est omniprésente.
De narration linéaire, jamais ennuyeuse, dans le silence du vent prend le temps d’amener le lecteur dans son sujet. Louise Erdrich, en pratiquant la diversion, maîtrise parfaitement le tempo, et la tension qui s’installe de page en page. Elle nous donne ainsi l’occasion de savourer sa prose, et, de comprendre les combats qui sont les siens et qui nourrissent son œuvre.
Louise Erdrich, dont j’avais beaucoup apprécié l’intervention au dernier festival America (2012), faisait partie jusque-là de ces quelques auteurs que « je crains » (pour de bonnes ou mauvaises raisons) d’autant qu’une tentative inaboutie n’avait fait que repousser l’occasion d’essayer à nouveau.
Dans le silence du vent m’aura donc permis d’entrée avec bonheur dans l’univers de Louise Erdrich, avec l’envie certaine d’y revenir.
J’ai bien envie de le lire. Je crois que j’en avais entendu parler à la radio. Et j’ai lu un article qui en parlait. C’est ce qui m’a donné envie de lire Louise Erdrich. | |
| | | simla Envolée postale
Messages : 249 Inscription le : 10/01/2013 Age : 74 Localisation : Nouvelle calédonie
| Sujet: Re: Louise Erdrich Lun 23 Juin 2014 - 6:25 | |
| Dans le silence du ventJe viens de terminer ce roman de Louise Erdrich, pas mal, sauf la fin. Au fond, très judéo-chrétien, on expie toujours ses pêchés. Evidemment, comme toujours dans ses romans, on y parle des amérindiens, de leurs coutumes, de leur profonde spiritualité...qui a tendance malgré tout à se noyer quelque peu dans l'alcool Ce qui est intéressant, hormis le brusque abandon de l'enfance chez Joe, confronté à l'agression de sa mère et au changement profond qui survient dans la famille qu'ils forment à eux trois, est l'aperçu de la législation qui sévit dans les réserves et qui se heurte à celle de "l'homme blanc". C'est bien écrit, ça se lit avec intérêt mais j'émets quand même des réserves notamment sur les explications du viol de la mère de Joe qui sont données à la fin et qui sont vraiment un peu alambiquées....dommage. | |
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