Toni Morrison

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Toni Morrison, de son vrai nom Chloe Anthony Wofford, née le 18 février 1931 à Lorain (Ohio, États-Unis), est une romancière, professeure en littérature et éditrice américaine, lauréate du prix Nobel de littérature en 1993. Elle a été la huitième femme mais également la première femme noire et finalement le seul auteur afro-américain à recevoir cette distinction.

Ses romans décrivent la misère des Noirs aux États-Unis depuis le début du XXe siècle et tentent, sur le plan narratif, d'en reconstituer fragment par fragment la mémoire vive, dense, et complexe. Son œuvre, au style épique, cru et rythmé, juxtapose un registre de langue soutenu à un mode d'expression plus orale, argotique et métissée, mêlant de surcroît une peinture historique minutieuse et réaliste de l'esclavage et du ségrégationnisme étasuniens à des éléments narratifs irrationnels, fantastiques voire merveilleux, pour la plupart inhérents au domaine du conte et des mythes populaires afro-américains. C’est le roman Beloved, dont l'édition française remonte à 1989, qui a fait connaître Toni Morrison en France. Mais sa notoriété américaine était venue dix ans plus tôt, coup sur coup, en l'espace de deux romans : Sula (1973) et Song of Solomon (1977).
Elle vit actuellement à Princeton
source: Wikipédia

Bibliographie

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Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

Romans
1970 L'œil le plus bleu,
1973 Sula,
1977 Le chant de Salomon, Page 1,
1981 Tar Baby,
1987 Beloved,
1992 Jazz, Page 1,
1994 Paradis,
2003 Love, Page 2,
2008 Un don, Pages 1, 2,
2012 Home, Page 3,

Essais
1992 : Playing in the Dark-Whiteness and the Literary Imagination (Harvard University Press)
1992 : Racing Justice, Engendering Power: Essays on Anita Hill, Clarence Thomas and the Others on the Constructing of Social Reality (Chatto and Windus)

Citation :

mise à jour le 10/10/2013, page 5

Le chant de Salomon

(lu avant l'ère du blog ) )

Le choc de trois mondes: celui des Noirs, celui des Blancs et celui des Noirs qui accèdent au monde Blanc, à la bourgeoisie.
Le Nord et et le Sud.
Une quête des origines, des racines.
Le monde rationnel des Blancs, le monde animiste des Noirs. Fascination, répulsion et envie de se fondre dans la société.
Un parcours initiatique pour le jeune Malcon Mort qui, peu à peu, va apprendre à prendre des risques, à assumer des envies, seul, à vivre sa vie seul, à grandir et à devenir adulte.
Ce roman met l'accent sur l'abîme d'incompréhension qui sépare les Blancs, esclavagistes, et les Noirs, esclaves malgré l'affranchissement.
Société en évolution entre le KKK et les Sept Jours (prémices, allégorie,des Black Panthers?): la loi du Talion qui prend sa source dans la haine blanche pour le noir affranchi...cette haine toujours à la recherche du pouvoir perdu sur l'autre.
Une écriture, riche, colorée, vive et tout en émotions. En filigrane, les croyances du Peuple Noir venu d'Afrique (le mythe de l'homme volant, retournant sur le continent natal).
Un hymne au peuple afro-américain qui doit assumer la misère originelle de l'esclavage et garder la tête haute.
Un roman qui se dévore...

Chatperlipopette a écrit:

Oubli réparé

Merci Chatperlipopette

Ca me fait penser qu'il faudra que j'emprunte à mon prochain passage à la médiathèque un autre roman de cette auteure formidable....on pourrait espérer un portail pour le mois prochain

Chatperlipopette a écrit:

Ca me fait penser qu'il faudra que j'emprunte à mon prochain passage à la médiathèque un autre roman de cette auteure formidable

jazz.... Jazz... JAZZ..... JAZZ

Huhu je suis bien tombé sur ce forum, c'est pas souvent que je croise des gens qui connaissent Toni Morrison.
J'ai "dû" faire un travail de 25 pages sur son roman Beloved (en anglais en plus, pas évident du tout), mais j'ai aussi lu Jazz, Le chant de Salomon, et j'ai aussi Paradis et L'oeil le plus bleu, mais je les ai pas encore lus.

En tout cas, j'aime beaucoup, une bonne découverte.

yannick_33 a écrit:

J'ai "dû" faire un travail de 25 pages sur son roman Beloved (en anglais en plus, pas évident du tout).

Oulà , ça ne devait pas être évident en effet. Beloved, je l'ai eu au programme du CAPES après 4 ans d'études en fac.
Mais avec sa complexité et son symbolisme, ce roman se prête bien au commentaire et à l'interprétation. Il y a plein de choses à dire dessus.

Jazz

Citation :

Présentation de l'éditeur
En 1926, le cœur d'Harlem est en pleine ébullition. Le Jazz Age incarne la liberté d'une nouvelle génération de Noirs américains et sème sur la ville un air de folie. Joe, en proie au délire, assassine sa jeune maîtresse devant sa femme. Dans un accès de rage, celle-ci se jette à son tour sur la défunte pour lui taillader le visage. Bouleversé par sa propre violence, le couple va chercher dans son passé les traces de son présent ravagé. De l'esclavage à l'exil, Jazz fait entendre la voix exsangue d'un démon intérieur nourri par l'oppression.

Le titre (et en occurrence cette couverture) de ce livre détermine le rythme de l’histoire – mais pas le contenu.
Il ne s’agit pas d’un roman sur la musique mais le jazz donne la structure à cette histoire.
Bien que la majeure partie des événements de ce roman se joue au moment de l’ère du jazz à New York – 1926 – Toni Morrison utilise la construction du jazz pour nous raconter le destin de ses personnages principaux.
Et ainsi chacun reçoit la parole, peut parler de son rôle dans ces évènements du meurtre de la jeune fille.
On fait des sauts en arrière dans le temps pour qu’on puisse voir d’où viennent Violet et Joe, le chemin de la Virginie jusqu’à New York qu’ils ont traversé pour trouver leur bonheur dans la ville plutôt qu’à la compagne.

Dans l’écriture de Toni Morrison il y a de la musique, du rythme. On a envie de danser avec ses mots sur la langue.
Un moment de bonheur pendant la lecture.

Une des voix forte des Etats-Unis noir.

Tst, je connais cette femme. Elle vivait avec une troupe d'oiseaux sur l'Avenue Lenox. Connais son mari, en plus. Il est tombé pour une fille de dix-huit ans avec un de ces amours tordus, profonds, qui le rendait si triste et si heureux qu'il l'a tuée juste pour garder cette sensation Quand la femme, elle s'appelle Violette, est allée à l'enterrement pour voir la fille et lui taillader son visage mort, on l'a jetée par terre et hors de l'église. Alors elle a couru, dans toute cette neige, et quand elle est rentrée à la maison elle a sorti les oiseaux de leurs cages et les a posés derrière la fenêtre pour qu'ils gèlent ou qu'ils volent, y compris le perroquet qui disait : "je t'aime".

Début de "Jazz"

Son dernier roman : Un don, C. Bourgois sera en vente en librairie le
15 avril.

Il y a un article sur Toni Morrisson dans le magazine LIRE que l'on retrouve sur leur site :
http://www.lire.fr/entretien.asp/idC=53374/idR=201/idG=4

A la radio, l'émission Cosmopolitaine reçoit Toni Morrisson.
Emission podcastable dans quelques minutes sur le site de France Inter:

http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/cosmopolitaine/

Il y a de fort belles pages dans un don, et l'auteur parvient à restituer toute la complexité d'une époque. Le roman serait passionnant s'il n'était gâtéé par une construction inutilement compliquée à plaisir.

Lucretius a écrit:

Il y a de fort belles pages dans un don, et l'auteur parvient à restituer toute la complexité d'une époque. Le roman serait passionnant s'il n'était gâtéé par une construction inutilement compliquée à plaisir.

Terminé Le don...Et je suis d'accord avec Lucretius sur la complexité de la construction...

UN DON

Nous sommes dans le monde sauvage et anarchique de l’Amérique à la fin du XVIIe siècle. Dans la période qui précède celle de la véritable ségrégation raciale. Européens et Indiens se côtoient sans encore s'entretuer, les hommes sont libres ou asservis, mais cela ne tient pas encore à la couleur de peau.
Cependant les choses s’apprêtent à changer.
Après la révolte de Bacon (1676) - opposant serviteurs et esclaves contre les puissants, « une armée de Noirs, d’indigènes, de Blancs et de mulâtres – Noirs libres, esclaves et engagés. », «un maquis de nouvelles lois autorisant le chaos pour défendre l'ordre» furent adoptées. Des lois qui donnèrent le pouvoir aux Blancs, et le droit de vie ou de mort sur les Noirs.

C’est dans l’ époque pré-raciale que Toni Morrison situe l’action de son neuvième roman.
La ferme de Jacob Vaark où elle va se dérouler, dans le Maryland, est bâtie au milieu d’une nature sauvage et magnifique.
Jacob Vaark, est à la fois un fermier et un négociant, d’origine néerlandaise. Jacob Vaark a longtemps répugné au commerce de la chair. Il vendait du rhum et du sucre.
Venu se faire payer dans la plantation d’un certain Senhor d’Ortega à la magnifique demeure, il acceptera finalement d’emporter une petite fille, Florens, à la place de l’argent qui fait défaut chez le gentilhomme portugais.
C’est la mère de la petite qui l’a supplié de la prendre, elle, plutôt que son petit garçon, un bébé.

Jacob Vaark est ambitieux. Il veut une propriété aussi belle que celle du Senhor d’Ortega. Mais c’est un homme bon, et dans sa ferme, malgré les difficultés, la rudesse des travaux, la maladie et la mort qui rôdent, il réalise pour un temps une sorte de « famille » constituée de solitudes, orphelins et déracinés . Elle est constituée de :
- Rebekka, l’épouse, recrutée par annonce. Une jeune Anglaise pauvre, fraîchement débarquée après un long et pénible voyage en bateau à travers l'Atlantique, parmi les prostituées.
- Florens, le personnage principal, l’enfant «donnée» par sa mère, hantée par la scène où elle voit cette dernière lui préférer son petit frère.
- Lina, l’Indienne à la famille décimée, achetée à des presbytériens qui l’ont recueillie puis abandonnée «sans même un murmure d’adieu». Lina, l’intendante .
- - Sorrow, rescapée d’un naufrage, la rêveuse «aux yeux gris argent» considérée comme une simple d’esprit
- Willard et Scully, deux garçons qui paient de leur travail une dette contractée par leur famille, ils essaient d’avoir assez pour acheter leur liberté.

Tout ce petit monde vit dans une parfaite autarcie, un univers où l’on souffre, esclaves ou maîtres , mais un univers éloigné de la violence esclavagiste. A côté de la somptueuse maison que Jacob Vaark s’est fait construire, héritage qu’il ne pourra transmettre à personne, cette ferme est une utopie qui sera vite rattrapée par les réalités après son décès .

C’est le chœur de toutes ces voix que Toni Morrison nous donne à entendre. Un chœur de femmes essentiellement, différentes et solidaires, en proie à la violence des sentiments, des émotions ou à la peur…Vulnérables et courageuses car «Être femme ici, c'est être une blessure ouverte qui ne peut guérir. Même si des cicatrices se forment, le pus est toujours tapi dessous ».

Le sujet est magnifique. On ne peut dire que la même chose du style de l’auteur. Le récit à la fois réaliste et onirique. Mais il y a souvent une difficulté pour le lecteur à retrouver d’emblée l’identité des personnages ( qui parle, de qui parle-t-on) dans ce récit qui entremêle les points de vue des différents protagonistes et qui fait fi de la chronologie .
Pour « le don » et « a minha mae », le mystère demeure jusqu’à la dernière page alors qu’il en est question dès la première…