Toni Morrison

Toni Morrison expliquait en conférence qu'elle allait, maintenant, à l'essentiel...d'où le peu de nombre de pages de son dernier livre. Grande Dame fatiguée, mais dont les propos ont été d'une grande clarté, et grande profondeur.
Le livre m'attend

mimi54 a écrit:

Le livre m'attend

Moi aussi !

Je suis très déçue par Home.

Dans Beloved, le chemin narratif était complexe, suggéré plutôt que tracé ; le lecteur devait le reconstruire. Mais le roman était suffisamment long pour que ce "travail" se fasse et compose au final une œuvre d'une extraordinairement consistance, palpitante, hallucinée. C'est peut-être le format trop court de Home qui ne permet pas cette reconstruction. Je me suis retrouvée devant les morceaux d'un tableau impossible à reconstituer dans son entité narrative, les personnages me glissant tout autant entre les doigts. Seuls les passages en italique et la fin m'ont vraiment transportée.

mais il est si court que ça son livre ?

krys a écrit:

mais il est si court que ça son livre ?

151 pages, semble-t-il (ce qui, concrètement, fait toujours moins).

A Vincennes, Toni Morrison expliquait que pour elle l'important était d'aller à l'essentiel; d'où ce livre court, par rapport aux précédents

Avec l'âge, Philipp Roth a aussi évolué vers es livres courts. une certaine urgence à dire les choses quand on a moins de temps devant soi?
(Par contre, JCO reste trèèèès jeune!)

topocl a écrit:

(Par contre, JCO reste trèèèès jeune!)

J'espère qu'elle le restera ! :)

topocl a écrit:

Avec l'âge, Philipp Roth a aussi évolué vers es livres courts. une certaine urgence à dire les choses quand on a moins de temps devant soi?
(Par contre, JCO reste trèèèès jeune!)

Elle a le temps d'écrire encore une bonne vingtaine de livres à ce rythme !

Quelque chose comme 14 000 pages minimum, alors?

topocl a écrit:

Quelque chose comme 14 000 pages minimum, alors?

Et des poussières...

Home

Citation :

Lotus, Georgie, est le pire endroit du monde, pire que n'importe quel champ de bataille. Au moins, sur le champ de bataille, il y a un but, de l'excitation, de l'audace et une chance de gagner en même temps que plusieurs chances de perdre. La mort est une chose sur, mais la vie est tout aussi certaine. Le problème, c'est qu'on ne peut pas savoir à l'avance.
À Lotus, vous saviez bel et bien à l'avance puisqu'il n'y avait pas d'avenir, rien que de longues heures passées à tuer le temps. Il n'y avait pas d'autre but que de respirer, rien à gagner et, à part la mort silencieuse de quelqu'un d'autre, rien à quoi survivre ni qui vaille la peine qu'on y survive. (…) Pour sûr, Lotus ne ressemblait à aucun l'endroit où vous voudriez être.

Lotus, c’est le lieu de son enfance : Home. Lieu où, dans l'euphorie des années 50, les noirs tentent de survivre Lieu qu'il a fui pour la guerre (la Corée), croyant se sauver, une guerre où il s'est perdu . Lieu où il finit par revenir, pour sauver la sœur qu'il a abandonnée, et où il pourra enfin comprendre, et se comprendre.

150 pages denses, d'une écriture magique, retracent le parcours de Franck, jeune noir déboussolé, qui porte sur ses épaules la condition des noirs et l'horreur de la guerre. Une prose sublime pour ce petit récit d'une émotion rentrée, parfaitement maîtrisé.

Tout à fait d'accord avec Marie pour ne pas trop parler, c'est une totale réussite dont je ne saurais que flétrir la splendeur par mes commentaires

Tout comme MezzaVoce, Home est pour moi aussi une déception.

J'ai mis un temps fou à rentrer dans cette histoire décousue et quand un récit est aussi court, eh bien on finit par passer complètement à côté.
J'ai eu la désagréable impression, pendant toute ma lecture, de n'être qu'une simple spectatrice arrivée à la moitié du spectacle et qui doit se débrouiller pour reconstituer l'ensemble et comprendre un minimum ce qu'on lui dit.
Le style est en plus tellement plat et dénué d'émotions qu'on ne se sent même pas concerné.
Bref, ce livre ne m'a rien appris, ne m'a même pas fait réfléchir, ne m'a pas fait voyager ni rêver, ce qui est le minimum syndical pour que j'apprécie un roman.
Je pense que ce roman m'aurait davantage intéressée s'il avait été plus long et plus fouillé car la thématique de la violence, évoquée ainsi sous toutes ses formes, était bien amenée.
Dommage ...

Home

Lotus, en Géorgie. C’est là que Franck et sa petite sœur Cee se sont réfugiés avec leurs parents après avoir quitté leur Texas natal. Ils atterrissent chez Salem, leur grand-père et Lenore sa nouvelle femme. Cette grand-mère par alliance voit d’un très mauvais œil ce débarquement importun et le fait payer en brutalisant la fillette. Lotus, en Géorgie. Ville haïe que le frère et la sœur auront à cœur de fuir à la première occasion : Cee en épousant le premier à lui promettre l’évasion et Franck en s’engageant pour la guerre de Corée d’où il rentrera brisé.
Home est un livre épuré de tout le superflu : 150 pages seulement pour décrire le destin de ces deux enfants devenus adultes dans cette Amérique des années 50 si cruelle pour la population noire. Toni Morrison avance ses pions les uns après les autres et le lecteur prend peu à peu conscience que ces progressions convergent toutes dans une même direction : le sauvetage de Cee par son frère. Une écriture magique au service d’un livre d’une grande densité. Difficile d’en parler avec justesse. Difficile à analyser en profondeur. Car ce livre est avant tout une atmosphère, un livre qui se vit, qui se ressent bien plus qu’il ne s’explique.
Magnifique !

Harelde a écrit:

Home

le lecteur prend peu à peu conscience que ces progressions convergent toutes dans une même direction : le sauvetage de Cee par son frère.

Oui et ce sauvetage amène d'une certaine façon le sauvetage de Franck , aussi, qui se retrouve enfin après l'épreuve de la guerre. C'est ça qui est beau.