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Sujet: [BD] Guillaume Sorel Ven 15 Aoû 2008 - 11:10
Guillaume Sorel est né le 25 mars 1966 à Cherbourg. De 1982 à 1990, il fait tour à tour une école d’architecture, une école d’arts appliqués à Lyon et l’École supérieure des Beaux-arts à Paris. Amateur de littérature fantastique européenne du 19e et début du 20e siècle (en particulier belge, anglaise et allemande), il fait aussi quelques armes dans l’illustration de jeux de rôles et magazines sur le sujet.
Source : Editeur
Scénario: Mathieu Gallié
Algernon Woodcock
Écosse, XIXe siècle. Fraîchement nommé médecin, le nain Algernon Woodcock – au demeurant personnage aussi insaisissable qu'énigmatique – et son ami le docteur William McKennan se rendent au port d'Oban, où un grand brûlé attend les soins qu'ils pourront lui prodiguer. Cette première tournée du médecin de campagne et de son nabot d'acolyte tourne vite au surnaturel, car dans cette Écosse-là, que balaient les intempéries de l'hiver, il s'en faut de peu pour que les vieilles légendes de marins sèment effroi et confusion sur un plancher des vaches étouffant, perdu entre brumes et brouillards.
Série engagée sur dix tomes, cinq ont déjà été publiés.
Récits d’aventures fantastiques, j’étais plus qu’enthousiaste à la lecture des deux premiers tomes. Pensez donc, voilà une BD qui promettait le meilleur en réunissant le talent du dessinateur Guillaume Sorel – époque victorienne et lande écossaise mystérieuse, ambiance gothique inquiétante et qualité graphique réelle – et du scénariste Mathieu Gallié – tournure de phrases délicieuses, humour, beaux textes bref que du bonheur me suis-je ! Car j’en ai marre de ces BD où le talent de l’un prime sur le travail de l’autre, je prends l’exemple – totalement pris au hasard rhu rhu – des superbes dessins de la série Blacksad aux scénarios faiblards ou - toujours au hasard rhu rhu – les BD scénarisées avec brio par Alan Moore auxquelles il manque souvent un dessinateur à la hauteur.
Donc, avec Algernon Woodcock, je me suis dis : ça y est, on y est ! Et bien non, zut ! flûte ! et crotte de bique ! Si les débuts semblaient des plus prometteurs, j’ai désenchanté au fur et à mesure de la lecture des tomes suivants. J’aurai tant voulu que ces récits d’un médecin de campagne se cantonnent à un fantastique de bon aloi, vous savez, lorsqu’il demeure à la lisière du réel, au contour flou et mal défini, lorsque le doute persiste sur les interprétations possibles… et bien non, la récit plonge peu à peu dans un récit de pure fantaisie avec à la clé une histoire de plus en plus incompréhensible et obscure. Déçue que je suis, l’histoire ne tient pas ses promesses, quel dommage, il y avait tellement matière à…
Citation :
Extrait L'Oeil fé, première partie :
« On ne connaîtra jamais du passé d’Algernon Woodcock que ce que de son vivant, il voulut bien en donner : c’est-à-dire peu de chose, moi-même qui fus son ami et confident durant toutes ces longues années, j’en reste bien souvent contraint à d’incertaines hypothèses. Algernon ne livra jamais rien qui pût lever le secret : ce que je sais de lui, je ne le découvris que par brides, souvent à son insu, parfois tardivement. Ainsi, j’ignore tout du nébuleux cheminement qui mena Algernon jusqu’à notre rencontre. Qu’importe, après tout, il ne m’appartient pas de lever le mystère dont il sut s’entourer, les nombreux cahiers qu’il m’a laissés et dans lesquels il a consigné une partie de son histoire parleront peut-être pour lui plus tard, bien plus tard… »
Appréciation :
Tome 1 : L'Oeil fé, première partie : parfait Tome 2 : L'Oeil fé, seconde partie : très bon Tome 3 : Sept coeurs d'Arran : première partie : bon Tome 4 : Sept coeurs d'Arran : seconde partie : moyen Tome 5 : Alisandre le Bel : boaf
Editions Delcourt, Collection Terres de légendes, années 2002-2007
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: [BD] Guillaume Sorel Jeu 18 Juin 2015 - 10:22
Présentation de l’éditeur Le narrateur mène une vie tranquille dans sa maison au bord de la Seine, lorsque d’étranges phénomènes commencent à se produire. C’est la carafe d’eau sur sa table de nuit qui est bue, des objets qui disparaissent ou se brisent, une fleur cueillie par une main invisible... Peu à peu, le narrateur acquiert la certitude qu’un être surnaturel et immatériel vit chez lui, se nourrit de ses provisions. Pire encore, cet être, qu’il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui, un pouvoir grandissant... Du Horla ou de l’homme, l’un des deux doit périr. Le Horla comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la fin de sa vie, alors qu’il sombrait dans la folie, joue délicieusement avec nos nerfs en traitant de thèmes très actuels comme l’angoisse, la hantise du suicide, la peur de l’invisible.
Somptueux !
Bon, je vais l’avouer : j’ai lu des livres de Guy de Maupassant, mais jamais sa nouvelle Le Horla. Le fantastique et moi, cela fait deux. Mais cela fait maintenant trois jours de suite que je suis tombée sur des commentaires élogieux pour cet album, je ne pouvais pas passer à côté. Et surtout, comme je l’ai déjà répété à plus d’une reprise, avec une adaptation en BD on peut m’avoir -presque- à coup sûr !
Et j’en suis bien contente de cette découverte. Le graphisme de Guillaume Sorel a tout pour me plaire et il arrive que cet aspect du fantastique ne me passe pas de travers. J’ai adoré du début à la fin.
Aussi bien les moments sereins que ceux plus effrayants sont si bien menés, on suit l’expérience de cet homme avec le plus grand intérêt.
J’avais déjà remarqué Guillaume Sorel lors de la sortie de l’album Les derniers jours de Stefan Zweig et bien que je sois souvent partante pour ce sujet, là, il n’y avait pas grand-chose qui m’a attiré. Cela a changé, rien que pour ses planches, je vais le noter pour une lecture future.
K Main aguerrie
Messages : 352 Inscription le : 30/11/2007 Age : 51 Localisation : Belgique
Nouvelle perle graphique de Guillaume Sorel avec cet album sorti tout récemment sur un scénario de Serge Le Tendre (Sorel - Le Tendre : un duo prometteur)
...
Citation :
L’Ancien Testament dit que les deux frères Caïn et Abel eurent un jour la fâcheuse idée de faire des offrandes à leur dieu Yahvé. Celui-ci accepta celles d’Abel, l’éleveur nomade, et refusa celles de Caïn, le cultivateur sédentaire. La suite est connue : de dépit, Caïn, l’aîné, tua Abel, le cadet, et c’est ainsi que le premier homme né d’une femme devint le premier assassin de l’histoire de l’humanité. Ce que ne disent pas les textes sacrés, c’est que ce crime originel s’est perpétué à travers les âges jusqu’au temps de Babylone. L’heure de la vengeance de l’un et du sacrifice de l’autre est venue... Pour inaugurer cette collection, Guillaume Sorel et Serge Le Tendre réinterprètent l’Histoire et proposent une vision originale et inédite du mythe de Caïn et Abel.
source : Vents d'Ouest
Si la couverture est d'une grande sobriété, les planches de Sorel jouent en fait sur le contraste frappant entre l'austérité du désert où vivent une poignée de nomades pacifistes (parmi lesquels le "héros" de l'histoire, l'humble berger Hamor) et le déploiement fastueux et décadent de la cité mésopotamienne, décor grandiose et mortifère qui s'accorde si bien avec les frasques de son roi tyran et sanguinaire, Nébunedzar. Il y a dans ce personnage quelque chose du Kurtz de Au coeur des Ténèbres de Conrad (ou d'Apocalypse Now pour les plus cinéphiles mais je n'en dis pas plus). Fulgurances de violence, sensualité vénéneuse, cadrages et postures des personnages audacieuses, intensité des expressions : Sorel met son dessin expressif et son trait souvent acéré au service d'une époque antique qu'il n'avait jamais encore, à ma connaissance, traitée. Et son style se prête aussi bien à ce type de contexte âpre et violent qu'à celui, pourtant autrement plus poétique, d'un Algernon Woodcock.
Quand à Serge Le Tendre, un des grands scénaristes de la BD contemporaine (La Quête de l'Oiseau du Temps, La gloire d'Héra, Tirésias), sans aller jusqu'à atteindre le chef-d'oeuvre qu'est la Quête ou l'intensité dramatique et l'iconoclasme du dyptique Héra/Tirésias, il reste un grand conteur capable de se réapproprier un matériau de base très classique et de susciter l'intérêt du lecteur avec ce qui tient plus lieu, sur le fond, de confrontation psychologique que d'aventure épique. Et d'y ajouter, en plus de son sens de la narration éprouvée, cette touche d'ironie et cette cruauté dont sont souvent victimes chez lui des humains manipulés autant par leurs pulsions primaires et leur passion que par des dieux retors et dénués de compassion. Avec lui, le tragique et la fatalité des hommes se développent au sein d'un éclat de rire sardonique et gigantesque de l'univers pour nous rappeler à quel point nous ne sommes, finalement, que de dérisoires pantins. Le twist final surprenant de l'album ainsi que la dernière planche contribuent à étayer ce point de vue.
Un one-shot très recommandable pour une collaboration inédite entre deux grands de la BD. A noter que cet album initie une nouvelle collection thématique ("J'ai tué...") où l'on retrouve déjà deux autres titres : Philippe II de Macédoine et François-Ferdinand Archiduc d'Autriche.