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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Guillaume Brac Sam 18 Fév 2012 - 21:33
Citation :
Guillaume Brac est un réalisateur et producteur de cinéma français né en 1977.
Avec Antonin Peretjatko et Justine Triet, il fait partie d'une génération de jeunes cinéastes français mise en avant par les Cahiers du cinéma en avril 2013 et révélée au festival de Cannes de la même année Wikipédia
C'est horrible, je viens de voir un film que j'ai vraiment énormément aimé et personne, pas même Traversay, notre homme des trois films par jour, ne semble l'avoir vu. Et je comme c'est le genre d'oeuvre qui ne restera sans doute pas très longtemps sur les écrans, et sans doute pas partout, je vais essayer d'en dire quelques mots.
Il s'agit de Un monde sans femmes de Guillaume Brac.
Nous sommes en Picardie, dans un petit patelin au bord de la mer où tout le monde se connaît, et où il n'y a pas grand chose à faire, même le samedi soir. Sylvain vit seul depuis 2 ans, faire des rencontres est difficile dans le coin surtout si on est très réservé, et il a tendance à être un peu moqué par les gens. Avec les vacances arrivent les touristes, en particulier une mère avec sa fille à la fin de l'adolescence. Des liens se tissent entre le trio, et Sylvain se prend à vivre plus intensément. Mais d'autres hommes solitaires souhaitent se rapprocher des deux charmantes jeunes femmes.
Comment expliquer que ce film apporte tant de bonheur ? Un ton toujours juste, chaque phrase, chaque geste semblent les seuls possibles. La description faite plus haut peut peut être faire penser à quelque chose de misérabiliste, alors qu'en fait c'est l'exact contraire. Le réalisateur ne semble jamais perdre espoir pour ses personnages, malgré leurs solitudes respectives, celle plus évidente de Sylvain et celles plus glamour des deux femmes, et du jeune gendarme, suinte toujours une possibilité d'autre chose, qui peut surgir et qu'il ne faut pas laisser échapper. C'est drôle, tendre, charmant, léger, en même temps grave, triste cruel, comme la vie. Mais jamais sans issue. Plein d'émotion, mais sans aucun sentimentalisme facile. Un vrai miracle, pour un premier film d'à peine une heure.
Juste une petite mise en garde, le film est précédé d'un court métrage avec le personnage de Sylvain censé être une sorte de prologue. Et là j'ai eu un peu peur. Mais ce n'est pas très long.
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Guillaume Brac Mer 22 Fév 2012 - 18:55
Arabella a écrit:
C'est horrible, je viens de voir un film que j'ai vraiment énormément aimé et personne, pas même Traversay, notre homme des trois films par jour, ne semble l'avoir vu. Et je comme c'est le genre d'oeuvre qui ne restera sans doute pas très longtemps sur les écrans, et sans doute pas partout, je vais essayer d'en dire quelques mots.
Il s'agit de Un monde sans femmes de Guillaume Brac.
Je râle trop. Rien de tout cela à l'horizon par ici à Nice, encore moins celui-ci Il n'y a que les grosses productions en cette période de mardi gras (La vérité si je mens, Le cheval de Spielberg (oublié son nom) La dame de fer et j'en passe. Ras le bol!
Pëut-être vais être contrainte de voir The Artist mais ça ne me pas vraiment...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Mer 22 Fév 2012 - 19:07
Et je suis sûre que tu l'aurais adoré Un monde sans femmes. J'ai vu qu'il était en compétition pour les César (curieusement du court métrage), j'espère qu'il sera primé et que cela facilitera la diffusion, parce que c'est une vraie merveille.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Guillaume Brac Mer 22 Fév 2012 - 19:23
Arabella a écrit:
Et je suis sûre que tu l'aurais adoré Un monde sans femmes. J'ai vu qu'il était en compétition pour les César (curieusement du court métrage), j'espère qu'il sera primé et que cela facilitera la diffusion, parce que c'est une vraie merveille.
Diffusion confidentielle. On ne l'a pas eu sur Lille.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Ven 24 Fév 2012 - 18:07
Marko a écrit:
Arabella a écrit:
Et je suis sûre que tu l'aurais adoré Un monde sans femmes. J'ai vu qu'il était en compétition pour les César (curieusement du court métrage), j'espère qu'il sera primé et que cela facilitera la diffusion, parce que c'est une vraie merveille.
Diffusion confidentielle. On ne l'a pas eu sur Lille.
Tout de même 6 cinémas à Paris. Et à mon avis suite à l'accueil favorable du film, la sortie dans un certain nombre de villes est prévue un peu plus tard, y compris à Lille.
Spoiler:
Mais non, ce n'est pas du harcèlement.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Guillaume Brac Ven 24 Fév 2012 - 19:12
Arabella a écrit:
Tout de même 6 cinémas à Paris. Et à mon avis suite à l'accueil favorable du film, la sortie dans un certain nombre de villes est prévue un peu plus tard, y compris à Lille.
Spoiler:
Mais non, ce n'est pas du harcèlement.
Juste une tentation à laquelle je céderai sans hésiter dès qu'il passera à proximité
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 26 Fév 2012 - 12:28
Arabella a écrit:
Et je suis sûre que tu l'aurais adoré Un monde sans femmes. J'ai vu qu'il était en compétition pour les César (curieusement du court métrage), j'espère qu'il sera primé et que cela facilitera la diffusion, parce que c'est une vraie merveille.
On m'a dit que ça s'est joué à quelques minutes près, c'est à dire que si le film avait fait juste quelques minutes de plus, il aurait été dans la catégorie "long métrage"...
Je l'ai vu hier, Un Monde sans femmes (de Guillaume Brac) c'est un vrai bon film. Je m'attendais à ce que le court métrage (Le Naufrage) qui précède ne soit pas vraiment bon, d'après ce que tu en avais dit, Arabella, mais finalement c'est un bon apéritif. Je savais qu'on revoyait un acteur après dans Un Monde sans femmes, j'avais cru que c'était le cycliste, mais non, c'était l'autre, et c'est ma foi bien (il est plus original). C'est à la fois souvent drôle et pas drôle du tout, cette sorte de vide de l'existence. Les personnages font très vrai.
Par contre, il ne s'agit vraiment pas d'un film dans la lignée de Rohmer : chez Rohmer (que j'aime beaucoup), tout est artificiel, ou du moins théâtral, les acteurs s'expriment en lisant ou presque, alors qu'ici tout fait naturel. Et c'est très amusant de revoir certains acteurs du Naufrage, retrouver les gens, les mêmes t-shirts...
C'est vraiment très bien ; les acteurs sont excellents, certaines scènes font tellement vrai qu'on se dit que ça a dû être improvisé (des éclats de rire, notamment).
Interview du chef opérateur et auteur de la très jolie musique du film :
Extraits d'une interview dans Libération (à lire en entier, ici, mais attention, ça raconte pas mal de trucs sur le film... spoilers, donc, mais pas dans les extraits ci-dessous).
Citation :
Jean. Le naufragé, c'était en quelque sorte une mise en bouche, une fois que vous l'avez terminé, saviez-vous déjà que vous alliez en faire une «suite» ? comment ça s'est passé ? Guillaume Brac. J'ai décidé de tourner une suite au Naufragé, environ un an après l'avoir terminé. Ce n'était pas du tout prévu au départ, mais j'ai eu envie d'approfondir le personnage de Sylvain, de le confronter à ces femmes dont l'absence se faisait cruellement sentir dans Le Naufragé. Je souhaitais filmer Ault à une autre saison, avec une autre lumière, et avec des vacanciers sur les plages. Capter cette vie qui était absente, elle aussi, dans Le Naufragé, qui était un film en quelque sorte hors saison.
J'ai pensé Un monde sans femmes de façon à ce que l'ensemble puisse constituer un long métrage en deux parties. Entre les deux films j'ai veillé à ce que tout soit «raccord»: Sylvain a la même voiture, la même maison, les mêmes vêtements, et il y avait un plaisir à retrouver les mêmes lieux, les mêmes personnages secondaires, d'un film à l'autre. [...]
Pour le moment, le film marche très bien, les salles sont remplies, il est parti pour se maintenir plusieurs semaines à l'affiche. Beaucoup de salles de province vont le programmer au cours des semaines et des mois qui viennent. Au total, le film devrait être programmé dans une cinquantaine de villes. [...] Ce qui me dérange, en revanche, c'est lorsque les films sont coupés du monde et de la réalité qui nous entoure. Même si mes films ne sont pas politiques, pas engagés, je pense qu'ils parlent de notre pays, de notre époque, mais d'une manière que j'ai voulu légère. Pour autant, le fond des deux films est assez sombre. Il y est question de solitude pour tous les personnages.
A propos de son prochain film :
Citation :
Oui, je suis en train d'écrire deux films, dont un pour Vincent Macaigne. Ce sera un «vrai» long métrage, cette fois-ci.
Cela va être intéressant : va-t-il se répéter ? tenter quelque chose de vraiment différent, changer de cadre ou pas ?...
A propos de la scène dans la boîte de nuit :
Citation :
Pia. «La boîte de nuit était ouverte», vous voulez dire que c'est filmé «en cachette» ? G. B. Non, tout le monde pouvait voir la caméra, simplement très vite les gens ont cessé de faire attention à nous pour se concentrer sur leur soirée, la drague...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 26 Fév 2012 - 14:50
Merci pour l'interview eXPie.
Je suis aussi d'accord pour trouver cet univers très différent de Rohmer, qui se situe dans un registre beaucoup plus métaphysique finalement, alors que là c'est un cinéma psychologique, centré sur les personnages. Au-delà du naturel, je trouve quand même le film très construit, plutôt drôle et léger au début, avec une montée de l'émotion au fur et à mesure. Et cette durée atypique est en fait très juste, cela correspond parfaitement au sujet. 10-15 minutes de plus auraient été du remplissage. Cela en fait quelque chose de hors norme, mais personnellement j'aime bien ce type de cinéma, artisanal, tellement plus intéressant que le prêt à porter, même de luxe.
Juste une pensée pour Aeriale, dont la frustration suite à ton commentaire doit encore augmenter.
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 26 Fév 2012 - 16:25
Arabella a écrit:
Juste une pensée pour Aeriale, dont la frustration suite à ton commentaire doit encore augmenter.
Roo non, si peu
Merci pour ton avis Expie, je ne brûle qu'un peu plus de le voir. J'ai visionné un bout de la vidéo, pas trop pour garder l'effet de surprise si j'arrive à le voir au final, et en effet ça a l'air vraiment bien. Frais et spontané, artisanal comme le dit Arabella, et j'aime bien moi aussi ce cinéma là!
A moins que je craque et que je ne monte à Paris d'ici là, je vais donc attendre
(Il a l'air sympa ce jeune cinéaste!)
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 26 Fév 2012 - 17:57
Aeriale a écrit:
Merci pour ton avis Expie, je ne brûle qu'un peu plus de le voir. J'ai visionné un bout de la vidéo, pas trop pour garder l'effet de surprise si j'arrive à le voir au final, et en effet ça a l'air vraiment bien. Frais et spontané, artisanal comme le dit Arabella, et j'aime bien moi aussi ce cinéma là!
A moins que je craque et que je ne monte à Paris d'ici là, je vais donc attendre
(Il a l'air sympa ce jeune cinéaste!)
Il finira peut-être par sortir dans le Sud. Dans l'interview, Guillaume Brac disait : "Au total, le film devrait être programmé dans une cinquantaine de villes." Le bouche à oreille marche bien. Ca donne de l'espoir.
J'en avais lu un minimum, sur ce film, avant de le voir. Je ne m'attendais pas à voir des scènes drôles ; or, il y en a (il y avait grands éclats de rire dans la salle). Mais ce n'est jamais de l'humour méchant. Comme le dit le réalisateur, il aime ses personnages. C'est de l'humour touchant. Ce qui m'avait bien amusé, aussi, c'est le début du générique. Celui du Naufragé : minimaliste, fond blanc. Celui d'un Monde sans femmes, même minimalisme, mais un fond bleu : oooh, il y a déjà plus de moyens ! J'imagine qu'il va garder ça, c'est presque une signature.
C'est vrai qu'il y a plus d'émotion au fur et à mesure, parce qu'on cerne mieux les personnages, et que le temps passe. Et la fin des vacances, c'est toujours la fin de quelque chose...
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 26 Fév 2012 - 19:30
Aeriale a écrit:
(Il a l'air sympa ce jeune cinéaste!)
Je regrette parce dans mon cinéma de quartier ils avaient organisé le jour de sortie une rencontre avec l'équipe suivie d'un pot. Cela m'arrangeait moyen question horaire, mais j'aurais pu si j'avais fait un petit effort. Mais comme je ne savais pas trop ce que cela donnerait ce film, j'ai laissé passé l'occasion.
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 15 Avr 2012 - 9:35
Arabella a écrit:
Un monde sans femmes de Guillaume Brac.
Nous sommes en Picardie, dans un petit patelin au bord de la mer où tout le monde se connaît, et où il n'y a pas grand chose à faire, même le samedi soir. Sylvain vit seul depuis 2 ans, faire des rencontres est difficile dans le coin surtout si on est très réservé, et il a tendance à être un peu moqué par les gens. Avec les vacances arrivent les touristes, en particulier une mère avec sa fille à la fin de l'adolescence. Des liens se tissent entre le trio, et Sylvain se prend à vivre plus intensément. Mais d'autres hommes solitaires souhaitent se rapprocher des deux charmantes jeunes femmes.
Comment expliquer que ce film apporte tant de bonheur ? Un ton toujours juste, chaque phrase, chaque geste semblent les seuls possibles. La description faite plus haut peut peut être faire penser à quelque chose de misérabiliste, alors qu'en fait c'est l'exact contraire. Le réalisateur ne semble jamais perdre espoir pour ses personnages, malgré leurs solitudes respectives, celle plus évidente de Sylvain et celles plus glamour des deux femmes, et du jeune gendarme, suinte toujours une possibilité d'autre chose, qui peut surgir et qu'il ne faut pas laisser échapper. C'est drôle, tendre, charmant, léger, en même temps grave, triste cruel, comme la vie. Mais jamais sans issue. Plein d'émotion, mais sans aucun sentimentalisme facile. Un vrai miracle, pour un premier film d'à peine une heure.
Comme vous deux, Expie et toi, j'ai beaucoup aimé! il y a une fraîcheur et une spontanéité de jeu assez rares, les acteurs sont parfaits, on croirait les avoir filmés à leur insu tant cela sonne juste. La jeune femme est une vraie vitamine de bonheur, même si on la sent fragilisée derrière tous ses fou-rires. Quant au personnage principal il est plus vrai que nature, avec ses yeux de cocker malheureux et sa tignasse en pétard qui lui donne l'air de toujours débarquer de la lune, il est simplement craquant, on ne peut qu'entrer d'emblée en empathie pour lui. Tous sont très justes, et même la confidente toute de bonhommie et évidence, qui lui explique comment régler ses préoccupations amoureuses en lui racontant ses propres aventures au camping est un petit moment de bonheur. On rit beaucoup mais c'est toujours dans la tendresse, jamais dans le cynisme.
J'ai beaucoup aimé la chute aussi, elle décrit si bien la fin de leur drôle d'histoire, ce relent triste et poisseux qui colle misérablement à l'âme lorsqu'on quitte une situation, et que l'on mesure ce que l'on a loupé ou laissé derrière. Pas besoin de mots pour l'expliquer, tout est dit dans les regards et les réactions de chacun d'eux, avec ce truc un peu dingue qui chamboule la donne et les fait agir dans l'urgence de ce qui ne sera plus.
Bien d'accord, rien à voir avec du Rohmer que j'aime beaucoup aussi, mais qui est toujours plus théatral, plus cérébral du moins. Merci en tout cas pour cette petite découverte emplie d' émotion et fraîcheur, sans vous jamais je n'y aurais prêté attention, ça aurait été bien dommage! J'espère qu'on entendra encore parler de Guillaume Brac, en tout cas je vais suivre son parcours, ce type a un regard si sensible sur ses personnages qu'on jurerait presque les avoir déjà rencontrés!
PS: J'ai raté le court métrage juste avant car il passait en fait après sur Canal+. Je compte bien le voir dimanche car il repasse, envie d'en savoir plus sur ce drôle de Sylvain ...N'hésitez pas, les autres!
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Guillaume Brac Dim 15 Avr 2012 - 9:45
Et bien voilà, une de plus à être convaincue. C'est une jolie surprise que ce film, qui donne envie d'aller voir des choses dont on parle moins.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Guillaume Brac Lun 16 Avr 2012 - 22:46
Aeriale a écrit:
Arabella a écrit:
Un monde sans femmes de Guillaume Brac.
Nous sommes en Picardie, dans un petit patelin au bord de la mer où tout le monde se connaît, et où il n'y a pas grand chose à faire, même le samedi soir. Sylvain vit seul depuis 2 ans, faire des rencontres est difficile dans le coin surtout si on est très réservé, et il a tendance à être un peu moqué par les gens. Avec les vacances arrivent les touristes, en particulier une mère avec sa fille à la fin de l'adolescence. Des liens se tissent entre le trio, et Sylvain se prend à vivre plus intensément. Mais d'autres hommes solitaires souhaitent se rapprocher des deux charmantes jeunes femmes.
Comment expliquer que ce film apporte tant de bonheur ? Un ton toujours juste, chaque phrase, chaque geste semblent les seuls possibles. La description faite plus haut peut peut être faire penser à quelque chose de misérabiliste, alors qu'en fait c'est l'exact contraire. Le réalisateur ne semble jamais perdre espoir pour ses personnages, malgré leurs solitudes respectives, celle plus évidente de Sylvain et celles plus glamour des deux femmes, et du jeune gendarme, suinte toujours une possibilité d'autre chose, qui peut surgir et qu'il ne faut pas laisser échapper. C'est drôle, tendre, charmant, léger, en même temps grave, triste cruel, comme la vie. Mais jamais sans issue. Plein d'émotion, mais sans aucun sentimentalisme facile. Un vrai miracle, pour un premier film d'à peine une heure.
Comme vous deux, Expie et toi, j'ai beaucoup aimé! il y a une fraîcheur et une spontanéité de jeu assez rares, les acteurs sont parfaits, on croirait les avoir filmés à leur insu tant cela sonne juste. La jeune femme est une vraie vitamine de bonheur, même si on la sent fragilisée derrière tous ses fou-rires. Quant au personnage principal il est plus vrai que nature, avec ses yeux de cocker malheureux et sa tignasse en pétard qui lui donne l'air de toujours débarquer de la lune, il est simplement craquant, on ne peut qu'entrer d'emblée en empathie pour lui. Tous sont très justes, et même la confidente toute de bonhommie et évidence, qui lui explique comment régler ses préoccupations amoureuses en lui racontant ses propres aventures au camping est un petit moment de bonheur. On rit beaucoup mais c'est toujours dans la tendresse, jamais dans le cynisme.
J'ai beaucoup aimé la chute aussi, elle décrit si bien la fin de leur drôle d'histoire, ce relent triste et poisseux qui colle misérablement à l'âme lorsqu'on quitte une situation, et que l'on mesure ce que l'on a loupé ou laissé derrière. Pas besoin de mots pour l'expliquer, tout est dit dans les regards et les réactions de chacun d'eux, avec ce truc un peu dingue qui chamboule la donne et les fait agir dans l'urgence de ce qui ne sera plus.
Bien d'accord, rien à voir avec du Rohmer que j'aime beaucoup aussi, mais qui est toujours plus théatral, plus cérébral du moins. Merci en tout cas pour cette petite découverte emplie d' émotion et fraîcheur, sans vous jamais je n'y aurais prêté attention, ça aurait été bien dommage! J'espère qu'on entendra encore parler de Guillaume Brac, en tout cas je vais suivre son parcours, ce type a un regard si sensible sur ses personnages qu'on jurerait presque les avoir déjà rencontrés!
PS: J'ai raté le court métrage juste avant car il passait en fait après sur Canal+. Je compte bien le voir dimanche car il repasse, envie d'en savoir plus sur ce drôle de Sylvain ...N'hésitez pas, les autres!
Oh oui, on entendra à nouveau parler de Guillaume Brac, qui apporte un petit vent de fraîcheur dans un cinéma français parfois empesé et "intellectuel". A fleur de peau et fragile, Un monde sans femmes se révèle d'une belle authenticité, comme un pas de deux entre gravité et légèreté. Un film au parfum discret, chaste, délicat et sensible qui capte les petites vibrations de l'âme, l'air de rien. Le propos semble modeste, empreint de naturalisme, il a pourtant pour sujet la solitude et la misère sexuelle mais jamais, c'est la force du cinéma de Brac, ses personnages ne semblent pathétiques et vaincus par la vie. Cet équilibre étonnant est dû à la qualité de l'interprétation, mais aussi à celle de l'écriture du film qui, autour du gros nounours (formidable Vincent Macaigne) qui lui sert de pivot, change de focale à mi-parcours et s'intéresse à la fille introvertie après s'être occupée de la mère extravertie. Le réalisateur aime ses personnages, toutes fêlures rentrées, et cela se voit à l'écran. Même si le décor de Somme, avec son horizon vertical (les falaises) rappelle qu'aucune vie n'est à l'abri d'une chute dans la vide. Quoi qu'il en soit, Brac réussit un film d'été lumineux avec un thème pourtant sombre. Le court-métrage Le naufragé, tourné auparavant, avec le même héros et le même environnement picard, mais hors saison, cette fois-ci, a une tonalité plus grise. Encore une histoire de brève rencontre, moins développée, forcément, et qui a le mérite de donner quelques indices qui complètent Un monde sans femmes. L'amour Brac, on en redemande !
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris