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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Re: Fritz Lang Ven 7 Jan 2011 - 22:43
Maline a écrit:
Le Monde a su très bien expliquer ce que le directeur de la Berlinale, Dieter Kosslick, racontait en novembre dernier lors d'une réunion avec le Club des Affaires (France-Allemagne) à Berlin :
Spoiler:
" Metropolis " tel que le voulait FritzLang
La version originelle, retrouvée en 2008, a été projetée à la Berlinale
Quand on l'interrogeait sur Metropolis, FritzLang répondait : " Comment voulez-vous que je vous parle d'un film qui n'existe plus ? " Mutilée par les distributeurs américains et allemands après sa sortie au printemps 1927, la version voulue par FritzLang (150 minutes) avait disparu. En 2008, on retrouve à Buenos Aires une copie 16 mm très proche de l'originel. Pour sa 60e édition, la Berlinale a projeté en grande pompe, vendredi 12 février, cette trouvaille, qui rend au cinéma un trésor perdu.
Dans la belle salle du FriedrichstadtPalast, les invités ont découvert le film, accompagné par l'Orchestre de la radio, dirigé par Frank Strobel. Pendant ce temps, sur la Pariser Platz, devant la porte de Brandebourg masquée par un écran géant, 2 000 spectateurs, debout dans la neige, partageaient ce plaisir dans des conditions extrêmes. A l'Opéra de Francfort, un autre orchestre accompagnait la projection, retransmise en direct sur Arte, des deux côtés du Rhin. Et le musée berlinois du cinéma propose une exposition jusqu'au 25 avril consacrée au chef-d'oeuvre retrouvé.
Le film qu'on a découvert accroît l'importance de Metropolis dans l'histoire du cinéma. " On en aura fini avec la réputation de film de science-fiction qui collait à Metropolis ", dit Martin Körber, de la Fondation Friedrich Murnau, qui a codirigé la restauration.
Les coupes imposées par la Paramount pour la sortie aux Etats-Unis faisaient du film une fable d'anticipation peuplée de silhouettes schématiques. Les séquences retrouvées ont pour effet immédiat de donner de la consistance à tous les personnages, et de rendre à certains une place qui avait été presque totalement effacée.
La description de la mégalopole industrielle, peuplée en son sous-sol de prolétaires désignés seulement par un matricule, et dirigée par des ploutocrates qui vivent dans des palais, n'est plus la seule raison d'être de Metropolis.
Les séquences retrouvées donnent à voir, entre autres, la rivalité amoureuse entre le premier des oligarques Johann Fredersen et le savant Rotwang. Les historiens du cinéma, qui avaient pris connaissance du scénario original et des cartons déposés devant la censure allemande, pouvaient la prendre en compte dans leur évaluation.
Mais pour un spectateur, cet élément restait lettre morte, tout comme l'amitié qui se noue entre l'héritier de Fredersen et un ouvrier de la ville souterraine. On est aussi saisi par la puissance dramatique du rôle de l'homme maigre, simple silhouette jusqu'ici, qui apparaît ambigu, à la fois homme de main et mauvaise conscience du capitaine d'industrie.
Enfin, la version de Buenos Aires rend à Metropolis son rythme d'origine, qui culmine en un final frénétique avec le sauvetage des enfants des prolétaires, menacés par une inondation. Ce montage a été validé par la partition originale du compositeur Gottfried Huppertz. Comme l'explique le chef d'orchestre Frank Strobel, qui avait accompagné la précédente restauration, en 2001 : " A l'époque, on devait plier la musique aux éléments retrouvés, sans être sûr du rythme. Cette fois, la partition et le découpage correspondent. "
Le Metropolis de 2010 porte quand même les cicatrices de son histoire. Les séquences retrouvées l'ont été sur un support abîmé. Elles se distinguent par leurs rayures et le format plus carré du 16 mm qui contrastent avec les compositions impeccables et le noir et blanc spectaculaire du reste du film.
Reste, comme le dit Martin Körber, que l'on peut voir " le film que FritzLang voulait ". Metropolis n'est plus seulement la matrice de films de science-fiction (de La Fiancée de Frankenstein à La Guerre des étoiles) ou un élément du débat sur la lutte des classes en Europe. C'est une oeuvre à part entière, dont les faiblesses (l'interprétation de certains rôles, la naïveté roublarde du leitmotiv politique) font encore mieux ressortir la richesse. (Source : Thomas Sotinel, Le Monde 14/02/2010)
Très surpris de voir hier qu'on va projeter cette version accompagnée en direct par l'Orchstre philharmonique et la musique originale à Cologne lors de mon passage en Février. Eh bien: les cartes sont réservées!
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Re: Fritz Lang Mer 23 Fév 2011 - 22:44
Donc, comme annoncé, j'ai pu être alors à Cologne témoin et spectateur admiratif et enthousiaste d'une autre réprésentation de ce spectacle il y a une dizaine de jours: la version originale retrouvée il y a peu en Argentine, projetée dans la Philharmonie de Cologne et accompagnée, comme lors de la Berlinale, de l'Orchestre symphonique de Berlin sous la direction de Strobel. Je dois avouer que c'était vraiment des impressions fortes: en soi, le batiment est déjà splendide (j'y étais déjà), mais là, il fut transformé en salle de cinéma avec la musique en "live". Pour certaines scènes la musique atteignait une intensité d'expression qui soulignait l'image: je pense par exemple spécialement à la sirène lors des changements d'équipes dans les halls des machines...
Après la réprésentation on a fait sortir le dirigent cinq, six fois, et la salle était debout... Vraiment splendide!
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Fritz Lang Lun 19 Nov 2012 - 22:56
Les trois lumières (Der müde Tod, 1921) L'amour plus fort que la mort ? Tiens, c'est davantage un thème de Borzage que de Lang. Ce dernier réfutait d'ailleurs le terme d'expressionnisme pour ce qui peut être considéré comme son premier grand film. Au moins sur la forme avec cet usage des ombres et cet indéniable sens pictural. Ce qui est intéressant, en fin de compte, c'est qu'on y voit plusieurs aspects de Lang, comme une préfiguration des oeuvres à venir. Le romantisme, c'est évident, mais aussi l'exotisme (tel qu'il sera repris dans Le tombeau hindou) et l'aventure débridée avec une course contre la mort, au sens propre, qui se répète à chaque épisode de ces Trois lumières. Et même une pointe d'humour assez inattendue. Ne crions pas au chef d'oeuvre sous prétexte qu'il s'agit de Lang. Mais de voir un cinéaste, encore en apprentissage, à la veille de marquer son époque a quelque chose d'émouvant.
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 20 Nov 2012 - 15:30
Merci pour ce rappel de Der müde Tod, traversay.
Il ne faut pas oublier que c'est un filme muet, choisissez donc bien l'accompagnement musical si vous re-regardez le DVD. J'ai eu plusieurs fois le plaisir de regarder le filme dans des salles de fortune mais en écoutant en accompagnement un ensemble de musiciens jouer du jazz classique, du pop, de la house... A chaque fois la musique changeait la perception du filme.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 10 Déc 2013 - 22:33
Règlement de comptes / The Big Heat (1953)
Le suicide d'un policier, une enquête dans une ville corrompue, une paire d'hommes de mains violents, une vengeance.
C'est entre deux, le premiers tiers est convenu et un peu mou bien qu'il surprenne par la vision de petite vie de famille enchantée. Après l'attentat ça devient encore plus tendu (parce que dans les faits c'est violent et copieusement noir à n'en pas douter) mais notre Dave Bannion/Glenn Ford de policier s'il a une bonne boxe est comme en retrait. Il faut dire que du côté des crapules un couple domine : Debby Marsh/Gloria Grahame en greluche pas si bête et pas méchante et Vince Stone/Lee Marvin en type plein de bagout et très violent, et même un peu sadique.
Le plus étrange dans ce film qu'on sent un peu fait à l'arrache (quinze jours de tournage ??? c'est de la folie) c'est le mélange inquiétant entre le monde de la maison et celui du crime, que ce soit la maison de la veuve, l'appartement de Vince Stone, celui de la famille du policier ou sa piaule d'hôtel... l'impression ne lâche pas.
L'intermédiaire évidente entre les deux est Debby Marsh, pas sans remords et pas sans ressources, et Gloria Grahame a beaucoup de présence ! ... ce qui n'est pas si évident avec un personnage de blonde portée sur la bouteille.
La prestation de Lee Marvin est effectivement convaincante et marquante, avec une pointe de nuance quand il fait profil bas, imposant, effrayant, mobile...
Un dernier mot pour le bar The Retreat, avec son ambiance chic et pourrie, très claire et son barman antipathique très convaincant.
En somme un petit film pas si extraordinaire mais qui regorge de belles qualités (et de quelques beaux enchainements).
Et significative collection de rôles secondaires très typés et très convaincants.
extrait
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 2 Juin 2015 - 7:15
c'est décidé un jour je me pose peinard devant Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou avec une qualité correcte, pas la tête en miette et toute la tranquillité possible.
Ce que j'ai entrevu d'exotisme sensuel et coloré hier soir me convient tout à fait.
GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 2 Juin 2015 - 19:44
Bien failli me plonger dans M le maudit hier ... Mais resté muet et perdu mon Lang ... Animal, Un petit commentaire sera lu et apprécié sur ta séance en Lang indienne ...
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 2 Juin 2015 - 20:08
patience patience ce n'est pas forcément pour tout de suite...
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 2 Juin 2015 - 20:19
---j'ai regardé les deux films aujourd'hui : un vrai régal...
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Mer 25 Nov 2015 - 21:54
House by the River (1950)
Thriller psychologique qui dérape en spirale autour d'un écrivain, ou tout simplement homme, plus ou moins raté mais plutôt bien installé dans une vie vie bourgeoise dans un coin tranquille ou coule une rivière. Une voisine très présente mais gentille une charmante jeune femme... mais accident avec la bonne. Et on découvre que notre homme encore simple perd vite les pédales. Heureusement son frère, plus réservé, est là pour aider quand même, encore...
Mais notre homme un peu moins sympathique ne s'arrêtera peut-être pas là, jusqu'où ça va aller, comment se vit la culpabilité dans ses deux personnalités que tout oppose, comment réagit l'entourage, comment réagit la communauté ? C'est ça le film. Plutôt démonstratif d'ailleurs, surtout que c'est souvent vif, que le personnage principal est très nerveux et que l'alternance de scènes très sombres en intérieur ou de nuit et d'autres plus lumineuses marche plein pot !
On se prend facilement au jeu des contrastes moraux et de cette inévitable antipathie qui nous prend mais questionne pourtant. Piège du "vieux" film on est frappé par la modernité (ou l'absence d'âge ?) de certaines apparences comme le jeu très physique "mais naturel" de Louis Hayward ou les séquences au bord ou sur la rivière. Très américain peut-être bien aussi et pas non plus un immense film mais un film qui a le petit plus d'intensité qui permet de rester en mémoire.
Étonnant film noir qui n'utilise pas le malaise seulement comme un décor ou un argument.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Jeu 3 Déc 2015 - 20:43
M le maudit
Un tueur d'enfants fait régner la terreur sur la ville. La police est après lui, la population est en ébullition et les truands qui ne peuvent plus "travailler" normalement se mettent aussi après lui.
Un film (encoooore ???) étonnamment moderne dans son enquête policière plus vraie que nature, avec une scène de filature, les mendiants se passant le relais, sans laquelle celle de French Connection ne serait sans doute même pas un souvenir... on ne perd pas une seconde dans cette course contre la montre.
En plus de quelques personnages remarquables et de plans dits "de guedin" (rues, immeubles, le fichu plan de sous le bureau du policier ?) il y a cette ambiance qui tient peut-être en partie sur le fait qu'on tarde à l'approcher ce meurtrier et qu'aussi dangereux soit-il il a tout de la bête traquée. Ce qui nous amène préparés à la fin du film et au(x) jugement(s)... le moins qu'on puisse dire c'est que touche humaniste ou pas, c'est noir.
Autre élément remarquable les moments silencieux (voulus nous dit la présentation de la restauration) dans lesquels seuls des sons du quotidien reviennent peu à peu qui instaurent une couche supplémentaire de terrible dans l'attente.
Et les galeries de personnages, et, et, et ...
(Tant pis pour vous si vous l'avez encore raté !)
Exini Zen littéraire
Messages : 3065 Inscription le : 08/10/2011 Age : 51 Localisation : Toulouse
Sujet: Re: Fritz Lang Jeu 3 Déc 2015 - 20:59
Et le début, avec des scènes où les gags côtoient une ambiance angoissante, où, au bout d'un moment, la paranoïa entraîne la foule à devenir plus plus folle, plus inhumaine que le tueur d'enfants ! Si, je l'ai revu, j'y tenais. Nécessaire, je n'avais vu de ce chef-d'oeuvre qu'une seule fois.
Spoiler:
Je me suis même privé de "Lettre d'une inconnue" d'Ophüls qui passait qui passait hier soir à la Cinémathèque. Hé oui, il y a une Cinémathèque à Toulouse. Moins imposante que celle de Paris, mais quand même...
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Lun 7 Mar 2016 - 13:04
Moonfleet / Les Contrebandiers de Moonfleet (1955)
Le scénario et le films manquent tous les deux d'ampleur, l'impression d'avoir une version abrégée de que le film aurait pu ou du être. Le film a été remonté malgré le réalisateur. Et on est très loin du livre, de mon souvenir du livre en tout cas.
Malgré tout il y a de beaux restes. L'ambiance de côte venteuse et de contrebande prend pas mal et ce qui prend surtout alors que ce n'est pas facile c'est le mariage de la vision à hauteur de gamin, pour l'aventure et le fantastique, et de celle à hauteur d'homme. L'énigmatique tombeur de ces dames, Jeremy Fox, ayant sur les épaules le poids du tourment moral, du bien et du mal, de la rédemption. Ce qui a des côtés simplistes il est vrai mais quand on est plongé avec délices dans les tentations du film on y trouve de la saveur.
L'histoire ? C'est un gamin qui vient s'accrocher aux basques d'une fripouille cynique mais flamboyante avec en toile de fond une société violente et assez pourrie. Avec quelques touches de lumières et des mystères tout en évocation.
Bon moment pour un dimanche soir.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Fritz Lang Lun 7 Mar 2016 - 23:32
Ah, j'en garde un bon souvenir, de ce film.
animal a écrit:
Et on est très loin du livre, de mon souvenir du livre en tout cas.
Tu me rappelles opportunément de livre de John Meade Falkner (fil ici).
Il y a eu une mini-série d'après Moonfleet, avec Ray Winstone, je ne sais pas trop ce que ça vaut, mais je crains de le deviner :
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Fritz Lang Mar 8 Mar 2016 - 6:23
aïe : Bergerac + Plus belle la vie + coupe de cheveux de Hobbit = Moonfleet ?