| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Margaret Laurence | |
|
+9domreader Epi Bédoulène mimi Aeriale kenavo Chatperlipopette Marie bix229 13 participants | |
Auteur | Message |
---|
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Ven 19 Déc 2008 - 18:42 | |
| - bix229 a écrit:
- J'espère que ton enthousiasme sera communicatif, Aeriale !
En principe ça marche assez bien, ma méthode Bix! Je sais déjà que Mimi le réclame ... | |
| | | mimi Sage de la littérature
Messages : 2032 Inscription le : 19/07/2007 Localisation : Auvergne
| Sujet: Re: Margaret Laurence Mar 10 Fév 2009 - 0:49 | |
| Eh oui, je l'ai réclamé et maintenant je le recommande ! Vous en avez très bien parlé et je ne vois pas ce que je pourrais rajouter. Hum j'aime le style, le ton du roman. L'emploi du "je" ici ne me dérange pas. Il nous rend Rachel proche et intime. Ses tergiversations, ses hésitations, sa pr...pr..procrastination. "Je me représente cette comptine-là remontant siècles et langues. Chantonnée en latin peut-être, par les mêmes voix aiguës et monotones, celles de fillettes romaines suffisantes, bien à l'abri dans une villa de la Gaule ou de Bretagne et sautant à la corde dans un patio orné de mosaïques, l'apprenant en cachettes et ignorant des gardes-chiourmes peints en bleu en faction devant leurs murs. Et voilà que je recommence. Stop. ça ne me fait aucun bien. Chaque fois que je me retrouve à broyer du noir, je dois m'obliger à tourner le bouton et penser à autre chose. Pourvu que je ne devienne pas une originale. Ce n'est pas un effet de ma seule imagination. J'ai vu des cas. Et pas seulement chez des enseignants, évidemment, ou chez les vieilles filles. Les veuves peuvent devenir tout aussi bizarres, mais elles ont au moins l'excuse du chagrin.
Je n'ai pas à m'inquiéter avant quelques temps, c'est sûr. Trente-quatre ans, c'est encore jeune. Mais c'est le moment d'y veiller."Rachel regarde le temps qui passe avec lucidité et ce qui est frappant chez elle, c'est sa grande solitude très bien dépeinte par l'auteur. Solitude qui lui fait craindre par instant de perdre pied. Vie tranquille et sans histoire de celle qui se demande "mais qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre?" Néanmoins, la question demeure chez elle et est assez obsédante. Elle a conscience qu'elle peut se rebeller, qu'il lui suffirait d'ouvrir la bouche mais elle la ferme ! Elle laisse battre l'enfant qu'elle aime, elle se laisse manipuler par son directeur, elle n'ose pas dire à sa collègue qu'elle la gonfle avec ses bondieuseries. Elle subit tout consciencieusement alors que l'on sait pertinement, nous lecteurs, de quoi elle est capable tellement il est délicieux de l'entendre penser parfois. Alors, on peut se demander d'où lui vient ce pouvoir d'autoflagellation. De l'époque qui voulait ça et de l'ambiance très bien décrite de cette ville de province au Canada dans les années 60. De sa condition de femme aussi très bien abordée avec cette peur atroce de tomber enceinte puis cet émerveillement du possible. Tout est envisagé sous tous les angles et c'est ce qui rend l'écriture de Margaret Laurence assez fascinante. Le rôle pesant de la mère et celui du père. "Si mon père l'avait voulue autre, sa vie aurait été autre. Pas nécessairement meilleure, mais différente en tout cas. A-t-il jamais essayé d'en changer ? Et moi la mienne ? C'était ce qu'il désirait le plus après tout, ne jamais avoir à toucher un être vivant ? Etait-ce pour cela que Mère a repris goût à la vie quand il est mort ? S'il est vrai que c'était le genre de vie qu'il désirait le plus au monde, pourquoi pleurer sur lui alors ? Pourquoi ne pas s'arrêter à tout jamais de pleurer ?"La soeur qui a largué, tôt, les amares et sans se retourner. L'amant, qui, ma foi, lui montre la voie. L'histoire d'un cheminement, d'un accouchement peut-être et d'un cordon ombilical qui se coupe. "Tu n'étais plus là. après ça. Quelque chose s'était effondré, un édifice. Non, pas exactement, ce n'était pas une séparation, rien d'aussi violent. Simlement, un portail s'était refermé, très tranquillement, et quand j'ai essayé de le réouvrir, ça s'est révélé impossible. Aucun moyen de contourné ça. Aucune entrée, pas là, plus du tout. Visa annulé. Je ne sais pas pourquoi. La porte était fermée, tout simplement. J'avais tenté à une occasion d'interrompre mes visites, mais maintenant, quand j'essayais d'entrer, c'était impossible. J'en avais à la fois besoin et envie mais c'était impossible." Voilà ce que j'ai dit sous anesthésie.... C'est moi la mère maintenant. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Ven 20 Mar 2009 - 9:55 | |
| Voilà ce qui va faire plaisir aux lecteurs de cette auteure Vient de paraître: Les habitants du feuJe pense que les Editions Joëlle Losfeld (Gallimard) vont continuer de traduire sa penthalogie "cycle de Manawaka " | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Margaret Laurence Ven 20 Mar 2009 - 16:24 | |
| pourquoi je ne vois ce fil que maintenant ? j'ai bien lu tous vos commentaires sur la "divine plaisanterie" et je sais qu'il faut que je lise ce livre.
à tantôt donc | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Margaret Laurence Ven 20 Mar 2009 - 19:29 | |
| je note!! Et grâce à la splendide idée de Marko d'acquérir un lecteur de DVD multizone, j'ai trouvé le film de Paul Newman sous titré en français sur Amazon US... Et d'autres, bien sûr. Soupir. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Sam 14 Nov 2009 - 14:36 | |
| -Les Habitants du feu - Les romans de Margaret Laurence sont un peu comme ces bonbons acides qui pétillent dans la bouche. On en aime toujours la légère morsure qu'ils laissent en nous. Dans cette petite chronique d'une quadra typique du Vancouver des années 60, l'auteure brosse le quotidien morne et sans surprise de Stacey, perdue entre l'éducation de ses quatre enfants, un mari pris par l'évolution de sa carrière, puis peu à peu totalement happé par elle, et ses allées-venues entre le supermarché, les visites d'un beau-père très austère et les réunions Tupperware chez ses voisines... Elle finit par se sentir inutile et en vient à douter de tout, ce qui nous vaut des monologues désopilants où les pensées de cette ménagère en déroute nous sont livrées telles quelles. On a un peu de mal au début d'ailleurs à distinguer ce qui est réellement dit et pensé car les tirets annoncent l'inverse, mais très vite on est plongé dans son mental. Stacey doute, Stacey craque, jette les pilules bonheur, se verse un gin, sort deux ou trois boulettes -le passage du coktail chez le boss est à se plier!- puis culpabilise et se fustige. C'est très drôle, féroce même, les phrases très courtes font mouche et on compatit complètement avec ce personnage tout en frustrations mais qui tente de trouver autre chose et ne renonce jamais, malgré le poids des conventions. Un petit bonheur je vous dis | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Sam 14 Nov 2009 - 17:03 | |
| Merci pour ton commentaire qui me donne envie de continuer avec ses livres..
Dernière édition par kenavo le Mar 28 Fév 2012 - 9:48, édité 1 fois | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Sam 14 Nov 2009 - 19:02 | |
| - kenavo a écrit:
- sa penthalogie "cycle de Manawaka "
Je le pensais mais j'ai quand-même vérifié. Et effectivement c'est le cas. J'apprends donc que Stacey est censée être la soeur de Rachel (dans La divine plaisanterie) - Citation :
- Stacey MacAindra, l'héroïne de The Fire-Dwellers (1969 ; trad. Ta maison est en feu, 1971), est la soeur de Rachel Cameron. Épouse d'un commis qui tire le diable par la queue et mère de quatre enfants, Stacey vit à Vancouver et incarne la femme au foyer de notre époque. Elle se considère quelconque et sans intérêt, mais l'auteure révèle avec un immense talent son courage, son immense amour et sa vitalité.
Je vais vite me procurer celui qui me manque, L'ange de pierre, si je peux... | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Margaret Laurence Sam 14 Nov 2009 - 21:09 | |
| Oh mais je n'avais pas encore vu ce fil moi et c'est bien dommage parce que La divine plaisanterie me tente beaucoup mais je le lirai en anglais. Je connais assez mal les canadiens, ce sera une bonne occasion. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Margaret Laurence Jeu 31 Déc 2009 - 19:06 | |
| L'Ange de Pierre The Stone Angel Margaret Laurence, 1964
Dans ce roman qui m’a beaucoup touchée, Margaret Laurence retrace la vie de Hagar Shipley, une vieille femme. Hagar n’est pas commode, on peut même dire qu’elle a un caractère de cochon et qu’elle en fait voir des vertes et des pas mûres à son fils Marvin et à sa belle-fille Doris chez qui elle vit. Hagar perd un peu,… beaucoup la tête, elle somnole, elle rêve et se souvient. Elle raconte sa vie plutôt rude, sa jeunesse, son mariage pas très heureux, ses enfants, son travail. Tous ces épisodes du passé sont parsemés d’anecdotes, de moments vécus au quotidien, des malheurs du grand âge. Le lecteur la suit dans son univers qui se rétrécit au fur et à mesure que son corps et sa tête ne lui obéissent plus.
Ce magnifique roman est un va-et-vient perpétuel entre le passé et le présent au fur et à mesure qu’elle glisse dans ses rêveries, somnole ou peste avec véhémence contre les multiples incapacités qui l’accablent. C’est passionant et émouvant. Voilà un bel écrivain qui a su donner de l’intensité à son récit par la forme, et en particulier par la construction de son roman.
Ce roman est le premier d’une série de cinq situés dans la ville fictive de Manawaka (Manitoba). Je viens de commander le second ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Jeu 31 Déc 2009 - 22:45 | |
| - domreader a écrit:
- Ce roman est le premier d’une série de cinq situés dans la ville fictive de Manawaka (Manitoba). Je viens de commander le second !
en fait il s'agit de 4 romans et un recueil de nouvelles.. les 4 romans sont dans ma PAL.. pour les nouvelles, j'attends que j'ai terminé les romans | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Margaret Laurence Jeu 31 Déc 2009 - 22:48 | |
| Moi, je ne me plains pas : Paula Fox et Margaret Laurence, on finit bien l'année 2009 et on commence bien 2010. Sur le plan lectures évidemment ! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Sam 2 Jan 2010 - 17:34 | |
| Oh merci Domreader, j'attendais ton avis justement sur Stone angel et il ne fait que confirmer grandement tout le bien que je pense de cette dame. J'aime beaucoup cette façon bien particulière qu'elle a de nous faire vivre les pensées de ses héroïnes, toujours en lutte avec elles-mêmes. C'est toujours très juste, plein d'humour et aussi de tendresse pour ses personnages. Je vais vite le commander... PS: je vois que là aussi un film en a été tiré par Kari Skoland en 2007 avec Ellen Burstyn ICI L'année commence bien, oui Bix | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Margaret Laurence Sam 9 Jan 2010 - 19:33 | |
| Oui aériale, j'ai fini l'année avec une belle découverte! Je suis vraiment contente... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Margaret Laurence Jeu 21 Jan 2010 - 7:56 | |
| -L'ange de pierre- Cette fois-ci j'ai encore adoré et je me demande si celui ci n'est pas mon préféré. Le personnage de Hagar est carrément excellent, une petite dame nonagénaire au caractère bien trempé et qui ne s'en laisse pas compter. Evidemment derrière ses allures grincheuses et sa fierté tenace, se camouflent tant bien que mal ses faiblesses. Comme toujours chez Margaret Laurence, les personnages principaux (exclusivement féminins) sont aux petits oignons, tout en contradictions et questionnements. Hagar revoit son passé, s'interroge, se harcèle...A t'elle fait les bons choix, aimé son mari et privilégié son second fils au dépens du premier? Les réponses sont claires, évidentes même, et d'ailleurs elle ne cherche pas à se leurrer. Sa vie est un petit fiasco, mais pas de place pour les regrets. La faute à son orgeuil à son entêtement, et à l'ironie de la vie aussi qui n'épargne rien aux ambitieux . - Citation :
- L'orgueil a été ma folie, et la peur le démon qui m'a poussée. Seule, toujours, et jamais libre, car mes chaînes étaient en moi, se sont déployées hors de moi et ont entravé tous ceux qui m'étaient proches.
C'et limpide, drôle, jouissif même. Il y a cette fraîcheur de vue qui fait que l'on n'a aucun mal à rentrer dans le psychisme de Hagar malgré ses 90 ans. Je suis épatée par la justesse de l'analyse de cette auteur qui a écrit ce roman alors qu'elle n'avait elle-même qu'à peine trente ans. Du très bon. A conseiller les yeux fermés! - Citation :
- La directrice est une femme assez forte, frisant la soixantaine, me semble-t'il, revêtue d'un uniforme bleu et d'une bienveillance toute professionnelle, avec cet air de compétence impérieuse qui terrifie toujours. Mais je remarque quelques poils noirs sur son menton, comme des esquilles, et j'en déduis qu'elle a sans doute eu sa part d'épreuves-quittée probablement par un minable qui aura eu peur d'être dévoré.
L'ayant ainsi mentalement traitée de haut, je me montre plutôt bien disposée envers elle, tout en gardant mes distances, jusqu'au moment où elle me prend par le bras pour me faire visiter les lieux, me traînant comme si j'étais une ivrogne ou un caniche. D'un bon pas nous longeons un couloir recouvert de linoléum marron, tournons au coin et arrivons devant une porte qu'elle ouvre toute grande comme si elle allait me montrer le trésor d'un potentat persan. "Voici notre salon roucoule-t'elle. Agréable n'est-ce pas? Nos pensionnaires adorent se retrouver ci autour de la cheminée. Nous faisons parfois griller de la pâte de guimauve". Je t'en donnerai moi de la guimauve espèce de faux jeton. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Margaret Laurence | |
| |
| | | | Margaret Laurence | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|