Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 La pratique de la lecture

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swallow
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coline
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyVen 20 Avr 2007 - 21:09

aerial a écrit:

Je crois que je vais aller découvrir cet auteur!... Wink

Il est vrai que personne n'a oublié la première phrase de L'Etranger.
Elle n'a pourtant rien d'extraordinaire. Elle est d'une grande simplicité.

Quant à Charles Juliet, lui aussi donne dans la simplicité (et la profondeur). Si tu veux le découvrir, Aerial, lis plutôt "Lambeaux".
Je suis plus réservée (Babelle l'est aussi) sur "L'année de l'éveil" (mais j'écrirai quelques mots sur ce livre).
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coline
Parfum livresque
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyDim 22 Avr 2007 - 21:47

"Mais je donne trop de temps à la lecture. Je me le reproche, prends la résolution de moins lire, mais rien n'y fait. Je ne peux résister aux livres qui m'appellent."

Charles Juliet (Une autre faim)
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coline
Parfum livresque
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyDim 22 Avr 2007 - 22:12

"Lire un bon livre, c'est éprouver pendant des heures un plaisir des plus intenses et qui touche aux profondeurs de l'être. un plaisir qui nous arrache au temps, efface ce qui nous entoure, nous maintient dans l'attente avide de ce qui se propose à la découverte. les Ceux qui aiment la littérature ont tous vécu grâce aux livres des heures inoubliables. Des heures où un ouvrage les a bouleversés, révélés à eux-mêmes, conduits sur de nouveaux chemins.
Il est des livres qui m'ont foudroyé, ont déplacé mon centre de gravité, modifié ma perception de vie...

Chaque fois que je franchis le seuil d'une librairie, je connais un certain état d'excitation. Que vais-je dénicher? Quelle surprise m'attend? Quel livre emporterai-je?
Je vais à la table où sont présentées les nouveautés. Je m'empare d'un volume, le palpe, l'ouvre, glisse mon nez dans l'angle des feuilles pour humer la bonne odeur de l'encre d'imprimerie, parcours une page et le pose soigneusement sur la pile. Je butine ainsi d'un livre à l'autre et ne manque pas pour finir de demander au libraire s'il aurait un titre à me signaler. Vient l'instant-ô combien délicat- où il me faut choisir. Parfois la décision est vite prise. Mais souvent, que d'hésitations, et toujours cette déception à voir tant de livres qui excitent ma convoitise et me demeureront à jamais inconnus.
Avec un, ou deux, ou trois livres à la main, je me retrouve dans la rue. Mon impatience est si vive que j'en ouvre un, m'absorbe en lui et...me heurte à des passants ou à un réverbère. Le cas échéant, je vais poursuivre ma lecture dans un café, ou si la saison le permet, fait halte sur un banc.
Qu'est-ce qu'un bon livre? Une somme de vie, de sensations, d'émotions, d'idées..., concentrées dans des mots. Cette somme dont je vais recevoir plaisir, joie, nourriture, cette somme qui va enrichir mon rapport aux êtres et à la vie.
Quoi de plus fabuleux?

Charles Juliet (Une autre faim)
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Marie
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyMer 22 Aoû 2007 - 20:47

Pendant ma captivité, j'ai manqué cruellement de livres. Nos geôliers nous en apportaient de manière très irrégulière. Où les avaient-ils dénichés? C'étaient les titres les plus imprévus. J'ai fait mes délices de la collection Harlequin. Quand on n'a plus rien, s'appuyer sur une histoire- même pas une histoire, des lignes suffisent, des phrases pourvu qu'elles soient à peu près cohérentes- c'est se constituer un bouclier contre le monde hostile. La lecture plus que la littérature m'a sauvé. Les mots me suffisaient, ils instauraient une présence. Ils étaient mes complices. Du dehors, ils venaient à mon secours. Ils sortaient de la cellule à leur guise. Enfin je pouvais compter sur un soutien de l'extérieur. Le sens était secondaire...

Jean Paul Kauffmann La maison du retour
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lekhan
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyMer 22 Aoû 2007 - 21:06

Je ne résiste pas aux toutes premières pages de Sur la lecture de Marcel Proust qui me réjouissent toujours autant à chaque lecture.

"Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. Tout ce qui, semblait-il, les remplissait pour les autres, et que nous écartions comme un obstacle vulgaire à un plaisir divin : le jeu pour lequel un ami venait nous chercher au passage le plus intéressant, l’abeille ou le rayon de soleil gênants qui nous forçaient à lever les yeux de la page ou à changer de place, les provisions de goûter qu’on nous avait fait emporter et que nous laissions à côté de nous sur le banc, sans y toucher, tandis que, au-dessus de notre tête, le soleil diminuait de force dans le ciel bleu, le dîner pour lequel il avait fallu rentrer et où nous ne pensions qu’à monter finir, tout de suite après, le chapitre interrompu, tout cela, dont la lecture aurait dû nous empêcher de percevoir autre chose que l’importunité, elle en gravait au contraire en nous un souvenir tellement doux (tellement plus précieux à notre jugement actuel que ce que nous lisions alors avec tant d’amour,) que, s’il nous arrive encore aujourd’hui de feuilleter ces livres d’autrefois, ce n’est plus que comme les seuls calendriers que nous ayons gardés des jours enfuis, et avec l’espoir de voir reflétés sur leurs pages les demeures et les étangs qui n’existent plus.
Qui ne se souvient comme moi de ces lectures faites au temps des vacances, qu’on allait cacher successivement dans toutes celles des heures du jour qui étaient assez paisibles et assez inviolables pour pouvoir leur donner asile. Le matin, en rentrant du parc, quand tout le monde était parti « faire une promenade », je me glissais dans la salle à manger, où, jusqu’à l’heure encore lointaine du déjeuner, personne n’entrerait que la vieille Félicie relativement silencieuse, et où je n’aurais pour compagnons, très respectueux de la lecture, que les assiettes peintes accrochées au mur, le calendrier dont la feuille de la veille avait été fraîchement arrachée, la pendule et le feu qui parlent sans demander qu’on leur réponde et dont les doux propos vides de sens ne viennent pas, comme les paroles des hommes, en substituer un différent à celui des mots que vous lisez. Je m’installais sur une chaise, près du petit feu de bois, dont, pendant le déjeuner, l’oncle matinal et jardinier dirait : « Il ne fait pas de mal ! On supporte très bien un peu de feu ; je vous assure qu’à six heures il faisait joliment froid dans le potager. Et dire que c’est dans huit jours Pâques ! » Avant le déjeuner qui, hélas ! mettrait fin à la lecture, on avait encore deux grandes heures. De temps en temps, on entendait le bruit de la pompe d’où l’eau allait découler et qui vous faisait lever les yeux vers elle et la regarder à travers la fenêtre fermée, là, tout près,
dans l’unique allée du jardinet qui bordait de briques et de faïences en demi-lunes ses plates-bandes de pensées : des pensées cueillies, semblait-il, dans ces ciels trop beaux, ces ciels versicolores et comme reflétés des vitraux de l’église qu’on voyait parfois entre les toits du village, ciels tristes qui apparaissaient avant les orages, ou après, trop tard, quand la journée allait finir. Malheureusement la cuisinière venait longtemps d’avance mettre le couvert ; si encore elle l’avait mis sans parler ! Mais elle croyait devoir dire : « Vous n’êtes pas bien comme cela ; si je vous approchais une table ? » Et rien que pour répondre : « Non, merci bien », il fallait arrêter net et ramener de loin sa voix qui, en dedans des lèvres, répétait sans bruit, en courant, tous les mots que les yeux avaient lus ; il fallait l’arrêter, la faire sortir, et, pour dire convenablement : « Non, merci bien », lui donner une apparence de vie ordinaire, une intonation de réponse, qu’elle avait perdues. L’heure passait ; souvent, longtemps avant le déjeuner, commençaient à arriver dans la salle à manger ceux qui, étant fatigués, avaient abrégé la promenade, avaient « pris par Méséglise », ou ceux qui n’étaient pas sortis ce matin-là, « ayant à écrire ». Ils disaient bien : « Je ne veux pas te déranger », mais commençaient aussitôt à s’approcher du feu, à consulter l’heure, à déclarer que le déjeuner ne serait pas mal accueilli. On entourait d’une particulière
déférence celui ou celle qui était « restée à écrire » et on lui disait : « Vous avez fait votre petite correspondance » avec un sourire où il y avait du respect, du mystère, de la paillardise et des ménagements, comme si cette « petite correspondance » avait été à la fois un secret d’État, une prérogative, une bonne fortune et une indisposition. Quelques-uns, sans plus attendre, s’asseyaient d’avance à table, à leurs places. Cela, c’était la désolation, car ce serait d’un mauvais exemple pour les autres arrivants, aller faire croire qu’il était déjà midi, et prononcer trop tôt à mes parents la parole fatale : « Allons, ferme ton livre, on va déjeuner. » "



Vraiment une argutie délectable de style. Very Happy Very Happy
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyJeu 23 Aoû 2007 - 14:29

superbe extrait qui me conforte encore dans l'idée qu'il faut que je me décide à lire Proust !!!!
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Marie
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyVen 24 Aoû 2007 - 2:17

Je poursuis Jean Paul Kauffmann..

... Comme beaucoup de gros liseurs, j'ai longtemps entretenu un commerce névrotique avec les livres. Peur d'en manquer? Cette hantise remonte à mes années de jeunesse où je ne lisais pas à ma faim. Journaliste, j'ai reçu des quintaux de services de presse sans que ma fringale disparaisse pour autant- là, je désherbais dès réception, la plupart des exemplaires étant dénués d'intérêt.
Un jour, cette crainte est devenue réalité. J'ai dit combien j'avais été privé de livres pendant ma détention au Liban. Ils m'ont aussi sauvés. Quand je n'avais plus rien à lire, je me remémorais les lectures d'avant. Il ne s'agissait que d'une reconstitution. Evidemment, ces romans , je ne les savais pas par coeur. Les poèmes, oui. Je pouvais en réciter un certain nombre. Pour le reste, je me livrais à une tentative de rétablissement ou de représentation d'une chose disparue. L'exercice m'absorbait à ce point que je parvenais pendant quelque temps à oublier ma condition.


....
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coline
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MessageSujet: Les livres...dans les livres   La pratique de la lecture - Page 2 EmptySam 25 Juil 2009 - 22:41

" Après les arbres, je me découvrais une nouvelle famille: les livres. Mais les seconds ne prenaient-ils pas corps dans la chair des premiers, n'étaient-ils pas tout autant emplis de feuilles bruissantes, chuchotantes? Les uns et les autres puisaient dans la terre, dans l'humus et la boue des jours, leur force et leur élan. La sève, l'encre -un même sang obscur coulant avec lenteur, roulant vers la lumière, et frémissant de la rumeur du monde.
[...]
Ces séances de lecture ont resserré les liens entre Philomène et moi.
[...]
J'apprenais à donner à ma voix de lectrice un rythme et des inflexions plus souples, à permettre aux mots de mieux respirer, de prendre du volume, de la résonnance.
[...)
Nous étions deux complices anachroniques, toujours par monts et par vaux littéraires à la clarté d'une lampe. Nous étions deux amies, par monts et merveille de l'imaginaire
."
(Sylvie Germain- Chanson des mal-aimants)
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyDim 26 Juil 2009 - 16:31

C'est beau ce fil Coline. bravo En plus on m'a parlé de Sylvie Germain, il n'y a pas longtemps.
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 EmptyDim 26 Juil 2009 - 23:54

Lara a écrit:
En plus on m'a parlé de Sylvie Germain, il n'y a pas longtemps.

On en parle pas mal sur Parfum de Livres, tu peux consulter ce fil:
Sylvie Germain

Tu pourraislire L'enfant méduse! Wink
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MessageSujet: Re: La pratique de la lecture   La pratique de la lecture - Page 2 Empty

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