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| Julie Otsuka | |
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Auteur | Message |
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mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Julie Otsuka Mer 7 Nov 2012 - 17:50 | |
| - Armor-Argoat a écrit:
- (reprise de ma réponse sur le fil de nos lectures)
Etonnant en effet comme les ressentis sont différents d'un lecteur à l'autre... Je rejoins darkanny et Aériale. Certains passages de Quand l'empereur était un dieu m'ont glacée, et je suis certaine qu'ils me resteront en mémoire. .
- Spoiler:
L'épisode du chien, je ne m'en suis toujours pas remise : il y a tant d'amour dans ce bon repas préparé, dans la simple phrase "tu as été un bon chien blanc" ; et tant de froide résignation dans la préméditation de l'acte, et de fatalisme face aux événements... Certes, le procédé d'écriture ne peut convenir qu'à un court roman, mais je l'ai personnellement trouvé diablement efficace. Et pourtant, d'ordinaire, j'aime les récits qui prennent leur temps, les personnages qui ont "du corps"; mais Julie Otsuka m'a embarquée, avec son détachement qui n'est qu'apparent. j'ai effectivement relevé cet épisode...mais dans l'ensemble, l'écriture a fait que je ne suis pas du tout investie . Je suis peut-être une abominable insensible, dure à cuire, sans coeur...mais sous d'autre forme, cela m'aurait sans aucun doute remuée.... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Julie Otsuka Mer 7 Nov 2012 - 17:55 | |
| Vous m'intriguez avec cet auteur. Je note pour un jour ou l'autre. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Julie Otsuka Jeu 8 Nov 2012 - 10:36 | |
| Je vais apporter ma petite pierre à l'édifice même si je n'apporte pas grand chose de neuf à ce qui a déjà été écrit jusqu'à présent. Certaines n'avaient jamais vu la mer Julie Otsuka rend un très bel hommage à toutes ces femmes japonaises qui, en cette année 1919, quittent l’Empire du Soleil Levant à bord d’un bateau pour rejoindre leurs futurs époux travaillant aux États-Unis. Des hommes qu’elles connaissent à peine, tout au plus par l’entremise d’une photo datée ou d’une lettre écrite par l’intermédiaire d’un tiers. L’éprouvante traversée de l'océan Pacifique n’est que la première étape d’un périple qui s’annonce redoutable et épuisant. L’emploi du « nous » narratif et l’apparente sobriété du style donnent au récit une belle puissance d’évocation du destin de toutes ces femmes, qui seront confrontées tour à tour à la douleur de l’exil, au racisme, à l’ostracisme et enfin à l’exclusion au nom d’une guerre dont elles ne connaissent tout au plus que le nom. Un beau témoignage et un travail de mémoire pour ne pas oublier la souffrance de ces femmes anonymes qui, à force de sacrifice, de travail acharné, de douleurs et de souffrances sont allées au bout de leur rêves souvent avortés au bord du chemin. Un prix Femina 2012 du roman étranger amplement mérité. |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Julie Otsuka Jeu 8 Nov 2012 - 21:38 | |
| Certaines n’avaient jamais vu la mer Il y a d'abord cette histoire d'immigration des femmes japonaises aux États-Unis au début du XXe siècle, ces mariages promis, ces espoirs portés, qui, comme toutes les immigrations, se partage entre le déchirement et la découverte, entre la désillusion et l'obstination. Il y a ensuite le sort réservé aux Japonais pendant la 2e guerre mondiale et cela a des relents d'exclusion, de lâcheté et d'ignominie. Ces destins malmenés ne peuvent laisser indifférent. Julie Otsuka sait parler du détail qui donne à chaque vie sa valeur propre. Elle trouve sa petite façon bien à elle de nous raconter ça, sa petite musique envoûtante, ce « nous » qui parle de l'individuel comme du collectif, de la banalité comme de la multiplicité des destins. Une prose souvent très belle, touchante, attentionnée, proche de la vie dans sa quotidienneté. Un peu plus de rigueur aurait sans doute empêché qu’on ait parfois l’impression qu’elle exploite le procédé jusqu’à la corde . Mais dans l’ensemble tous ces morceaux de vies accolés qui forment un puzzle géant, dense, d’une grande sensibilité. Petite mise en appétit avec la première page : - Citation :
- Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d’élégants vêtements, mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté - hérité de nos soeurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint. Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en images, certaines étaient filles des pêcheurs et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour.
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| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Julie Otsuka Mer 21 Nov 2012 - 13:47 | |
| Il a déjà été beaucoup question de Certaines n'avaient jamais vu la mer. J'ai beaucoup aimé ce texte et mes remarques rejoignent celles qui ont été faites. Ainsi, j'ai été séduite par la forme, par l'émotion qui naît sans beaucoup d'effets ni de pathos, qui vient de cette narration chorale, ce "nous" qui regroupe les différentes expériences de ces femmes et qui donne un bel effet de psalmodie et une grande puissance poétique. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Julie Otsuka Mer 21 Nov 2012 - 15:30 | |
| - Madame B. a écrit:
- Il a déjà été beaucoup question de Certaines n'avaient jamais vu la mer. J'ai beaucoup aimé ce texte et mes remarques rejoignent celles qui ont été faites. Ainsi, j'ai été séduite par la forme, par l'émotion qui naît sans beaucoup d'effets ni de pathos, qui vient de cette narration chorale, ce "nous" qui regroupe les différentes expériences de ces femmes et qui donne un bel effet de psalmodie et une grande puissance poétique.
Tout à fait! On pourrait presque penser à un choeur antique. |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Julie Otsuka Sam 5 Jan 2013 - 10:42 | |
| Quand l’empereur était un dieu Attention, livre précieux Il y a d’abord un sujet vital constitué par la déportation des populations d’origine japonaise, leur mise à l’index, les accusations de trahison qu’elles ont subies pendant tout le conflit américano-japonais qui découla de Pearl Harbor, et les conséquences individuelles que cela entraîna Et puis, surtout Julie Otsula raconte cela mine de rien, on a l’impression d’un récit purement factuel, avec une précision des faits, un rapport délicat des paroles, des observations, des rêves, qui fait monter en puissance une intense émotion, pleine de dignité et de délicatesse. Le père , la mère, le fils et la fille nous rapportent les faits chacun à tour de rôle, ou par un récit commun (les deux enfants dans un magnifique chapitre utilisent le nous pour décrire leur fraternité solitaire unie face à l’hostilité). Julie Otsuka ne nomme pas ses personnages. On comprend bien que c’est pour donner de l’universalité à son récit, et, curieusement, alors que cela pourrait donner de la distance, cela donne une intensité dramatique à la fois douloureuse et lumineuse à son récit. Petit exemple pour comprendre comment elle fait passer une émotion sans la nommer. Dans le camp, le petit garçon souffre quotidiennement de l'absence de son père. Jamais cela n’est dit explicitement, mais Juliette Otsuka rapporte cette anecdote de son passé : - Citation :
- Son père l’appelait « mon petit bonhomme ». Il l’appelait aussi « boule de gomme » ou « Bout de chou » ou encore « caramel ». « Tu es mon grand chef, mon numero uno », disait-il. Et chaque fois que le garçon se réveillait en hurlant après quelque sombre et horrible horrible cauchemar, son père entrait dans sa chambre, puis s'asseyait au bord de son lit et caressait ses cheveux noirs coupés courts. « Chut, mon sucre, murmurait-il, tout va bien. Je suis là.»
Tout est dit de la douceur et de la douleur intimement mêlée. Comme Nezumi, ce livre me marquera certainement longtemps au fil des années, Certaines n’avaient jamais vu la mer en est un complément indispensable. Vraiment Julie Otsuka a quelque chose pour faire connaître l’Histoire qui marqua sa famille. Cette lecture m’a fortement rappelé Le dernier frère de Natacha Appanah , qui parlait de la déportation d’une communauté juive à l’île Maurice | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Julie Otsuka Sam 5 Jan 2013 - 12:42 | |
| Merci pour ce commentaire Topocl, en effet l'émotion transmise est d'autant plus marquante qu'elle est retenue. - topocl a écrit:
- Vraiment Julie Otsuka a quelque chose pour faire connaître l’Histoire qui marqua sa famille.
Cette lecture m’a fortement rappelé Le dernier frère de Natacha Appanah , qui parlait de la déportation d’une communauté juive à l’île Maurice
Je note cette référence! Le prochain livre de Julie Otsuka poursuivrait cette exploration de l'histoire familiale, j'ai hâte de le lire. Mais si elle prend autant de temps que pour le dernier (10 ans!), ce n'est pas demain la veille... |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Julie Otsuka Mar 22 Jan 2013 - 23:58 | |
| Quand l'empereur était un dieu
Je fais partie des convaincus par ce style à la fois économe, délicat et étrangement bouleversant. L'indéfini bouscule une imagination, une réflexion, et un lien avec les personnages se tisse par la répétition des gestes, à travers la perception d'un espace aveuglant qui dessine une prison symbolique. La douleur est muette, intérieure mais son impact brise l'équilibre d'une vie et remet tout en cause. | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Julie Otsuka Jeu 31 Jan 2013 - 16:30 | |
| Certaines n'avaient jais vu la mer
Livre encensé par la critique, livre plébiscité par les lecteurs (encore que j’ai lu ici ou là quelques réfractaires), livre couronné par le Prix Fémina…..Livre dont le sujet m’intéressait fortement, et donc qu’il m’importait de lire rapidement. J’ai fait la rencontre de l’auteur avec son premier roman, Quand l’empereur était un dieu…. Et le rêve s’écroule, la première rencontre se passe mal, j’ai nettement moins envie de lire le second ; seulement voilà, il est sélectionné pour le prix des lectrices Elle !! Il faut bien que j’y retourne. Les retrouvailles ne se passent pas bien, pas bien du tout même. Aussi bien écrit soit-il, ce livre, court heureusement, est d’un ennui mortel, et surtout, comme le premier n’a rien d’émouvant pour moi. Ce nous présent à chaque coin de phrase finit par devenir obsédant, lourd, épuisant. Qui est ce nous ? Elle, elles ? Pourquoi se cacher derrière un nous ? Pourquoi tant d’impersonnalité, tant de neutralité ? Dommage que le style de l’auteur ne me convienne pas du tout ; son sujet aurait pu tant me toucher, mais cette narration sans implication , sans dialogue m’a laissée dans une profonde indifférence, et surtout définitivement dissuadée de revenir un jour vers Julie Otsuka.
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| | | Menyne Agilité postale
Messages : 864 Inscription le : 26/04/2008 Age : 53 Localisation : dis z'y mieux !
| Sujet: Re: Julie Otsuka Dim 31 Mar 2013 - 11:36 | |
| Je rejoins le club des admirateurs/admiratrices de Julie Otsuka. Je la découvre avec Certaines n'avaient jamais vu la mer. C'est un roman que j'avais d'abord repéré pour son titre attirant et l'esthétisme de la couverture. Il me faisait de l'oeil, bien en évidence sur la table de 'Ma petite librairie' et puis ma maman me l'a prêté. Génial ! Complètement inculte, j'ai découvert ce qu'avait vécu les japonais aux Etats -Unis. J'ignorais complètement l'existence de ces camps. Je suis d'accord que l'écriture de Julie Otsuka peut surprendre. C'est assez déroutant.Au début, je me suis demandée à quel moment les personnages principaux allaient arriver . Puis j'ai compris que tout le livre serait ainsi et que le 'nous' était ce fameux héros, du moins ces fameuses héroïnes. Elles sont citées sous les termes de: certaines, nous, quelques unes ... Je trouve que cela donne d'ailleurs encore plus d'importance, de force à ce qui a été vécu. Cela ne concerne pas qu'une personne, qu'une famille mais toute une population. Le point de vue des femmes est mis en avant car elles semblent en avoir le plus souffert. Elles quittent le Japon remplies d'espoir d'une vie meilleure alors qu'il y a déjà tromperie (les époux ne seront pas ceux des photos). Certaines vont réussir à être heureuses, d'autres moins puis l'attaque de Pearl Harbor et la réaction américaine va provoquer l'effondrement de leur quotidien et leur déplacement forcé dans des camps. C'est un second déracinement. C'est un roman fort, presque un témoignage. J'ai été happée par cette lecture et j'ai très envie d'en lire d'autres. Dès le début, j'ai su que j'aimerai cette ouvrage : - Citation :
- Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements, mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté _ hérité de nos soeurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint. certaines descendaient des montagnes et n'avait jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaient filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour.
Première pageAlors ? N'avez-vous pas envie de lire la suite ? | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Julie Otsuka Dim 31 Mar 2013 - 13:00 | |
| C'est vrai que ça donne vraiment envie ce début !! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Julie Otsuka Dim 31 Mar 2013 - 13:44 | |
| - menine a écrit:
- Je rejoins le club des admirateurs/admiratrices de Julie Otsuka.
Bienvenue au club qui s'élargit jour après jour après un long sommeil! - menine a écrit:
Complètement inculte, j'ai découvert ce qu'avait vécu les japonais aux Etats -Unis. J'ignorais complètement l'existence de ces camps.
Ce n'est pas une question d'inculture, car cet épisode peu glorieux de l'histoire américaine est finalement peu connu, à commencer par les Américains eux-mêmes car le sujet est peu abordé dans les écoles. A noter que les déportés étaient d' origine japonaise mais 2/3 d'entre eux avaient la citoyenneté américaine... Le tort causé à cette communauté (internée jusqu'en 1946 !) n'a été officiellement reconnu qu'à la fin des années 80, et qualifié par Reagan "d'erreur" explicable par le contexte troublé... - menine a écrit:
C'est un roman fort, presque un témoignage. J'ai été happée par cette lecture et j'ai très envie d'en lire d'autres. Hélas il n'y en a qu'un seul (Quand l'empereur était un dieu) mais qui est lui-aussi excellent. Bonne lecture! |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Julie Otsuka Lun 1 Avr 2013 - 10:02 | |
| Dans un ordre d'idée assez proche, le même sort avait été fait aux juifs ayant fui l'Allemagne , en Angleterre (et peut-être ailleurs). Parqués en camps sur l'ïle de Man. j'avais découvert ça dans un roman très attachant, Les intentions secrètes de David Baddiel, dont j'ai déjà parlé sans déclencher jsuqu'à maintenant des envies de lecture chez les parfumés; mais comme vous le voyez je ne désespère pas . | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Julie Otsuka Lun 1 Avr 2013 - 12:37 | |
| - topocl a écrit:
- Dans un ordre d'idée assez proche, le même sort avait été fait aux juifs ayant fui l'Allemagne , en Angleterre (et peut-être ailleurs). Parqués en camps sur l'ïle de Man. j'avais découvert ça dans un roman très attachant, Les intentions secrètes de David Baddiel, dont j'ai déjà parlé sans déclencher jsuqu'à maintenant des envies de lecture chez les parfumés; mais comme vous le voyez je ne désespère pas .
Tu as bien fait d'en reparler topocl, je n'avais pas lu le fil de l'auteur, oubli réparé à présent. Les intentions secrètes figurent désormais en bonne place sur ma LAL, il n'y a plus qu'à attendre qu'elles soient à nouveau disponibles à la médiathèque. |
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| Sujet: Re: Julie Otsuka | |
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| | | | Julie Otsuka | |
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