Agnès Jaoui- Jean Pierre Bacri

les Jabac, Resnais les a surnommés ainsi .
Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri



Ils écrivent une première pièce ensemble intitulée Cuisine et dépendances (1992, Philippe Muyl) dont le succès au théâtre, puis au cinéma, les encourage dans cette voie d'humour grinçant et désabusé.

Le grand public les découvre en 1996 avec l'adaptation par Cédric Klapisch de leur deuxième pièce, Un air de famille. On Le film est récompensé du César du Meilleur scénario.

Après avoir signé en 1993 le script de Smoking / No smoking, le couple est à nouveau sollicité par Alain Resnais en 1997 pour écrire, mais aussi interpréter, sa comédie chorale On connaît la chanson.


L'année 2000 marque le passage d'Agnès Jaoui avec succès à la réalisation pour Le Goût des autres, toujours écrit avec Jean-Pierre Bacri.

Elle se met à nouveau en scène dans la comédie Comme une image présentée en compétition officielle au Festival de Cannes 2004. Elle y obtient, avec son co-scénariste Jean-Pierre Bacri, le prix du meilleur scénario.

Réalisatrice-scénariste-actrice elle revient en 2008 avec Parlez-moi de la pluie coécrit avec son complice de toujours Jean-Pierre Bacri.

"Parlez-moi de la pluie"

Réalisé par Agnès Jaoui

Avec Agnès Jaoui , Jean-Pierre Bacri , Jamel Debbouze , Pascale Arbillot, Mimouna Hadji,Florence Loiret-Caille …



Agathe Villanova ((Agnès Jaoui), est une féministe, écrivain, qui se lance en politique. Pour des questions de parité, elle est parachutée en Provence, sa région d’origine qu’elle a quittée depuis longtemps, ce qui ne l’enchante guère.
Sa soeur Florence y vit encore dans la maison de famille avec son mari (qu’elle veut quitter) et ses enfants.
Depuis très longtemps une Algérienne, Mimouna, vit dans une dépendance de la maison, attachée au service de la famille qui n’a plus les moyens de la payer, aimant les deux sœurs comme ses propres filles.

A l’occasion d’une réunion électorale, Agathe revient pour quelques jours dans la maison de son enfance.
Un journaliste local, empoté et touchant, Michel Ronsard (Jean-Pierre Bacri), veut profiter de l’occasion pour tourner un documentaire sur « cette femme qui réussit, Agathe Villanova. ». Il entraîne dans cette aventure le fils de Mimouna, Karim (Jamel Debbouze), réceptionniste dans un hôtel en attendant de pouvoir passer à la réalisation cinématographique…

Incontestablement la première force des films des Jaoui-Bacri ce sont les dialogues ciselés.
La seconde est l’amour qu’ils portent aux acteurs. Ceux qui assurent les premiers comme les seconds rôles.
Il est d’ailleurs à noter que si les interprétations des auteurs et de Jamel Debbouze sont remarquables, Mimouna Hadji, Pascale Arbillot et Florence Loiret-Caille sont à la hauteur des très beaux rôles écrits pour leurs personnages.

J’ai trouvé le scénario un peu mince cette fois-ci et les situations parfois caricaturales . Mais j’ai passé un assez agréable moment car j’aime à la folie regarder jouer les acteurs…
Je ne suis cependant pas carrément enthousiaste.

Evidemment ce film , en dehors de l'histoire, évoque la discrimation raciste, la difficulté de faire coïncider ses rêves avec la réalité (couple, travail)...Comment on se ment, aux autres et à soi-même...la solitude (presque obligatoire) de la féministe...

Bande-annonce et extraits: ICI

Ce que j'aime dans leur travail n'est pas tant l'histoire ,qui pour moi sert de trame, que la mise en lumière de personnages profondément humains. Dans "Parlez-moi de la pluie", j'ai trouvé les deux acteurs plus proches de leurs personnages que de leurs personnalités d'acteurs par rapport aux deux films précédents. Quant à moi, je suis toujours touchée par ces personnages imparfaits, en questionnement et vivants

J'ai du mal à me détacher positivement de ce dernier film, vu hier soir.
Je n'y ai pas retrouvé la finesse d'Un air de famille ni de On connait la chanson et comme Coline je manque d'enthousiasme...
L'intronisation de Jamel dans le "noyau" me va bien, mais le personnage qu'il incarne semble avoir déteint sur le jeu d'un Bacri un peu trop cassé ici dans son personnage (seul, en rupture avec sa propre réalité et ses capacités, en fin de course et se mentant à lui-même) pour faire sourire.
Le plaisir de voir réunis les acteurs ne me suffit pas.

Comme toujours, un beau choix musical. BOF à retenir!

J'avais été éblouie par Smoking/No Smoking. C'était vraiment une expérience ahurissante ce truc, mais je crois qu'en plus j'étais dans l'ambiance idéal pour ce film barré. Mais je ne crois pas qu'aujourd'hui il me ferait autant d'effet.


Sinon, j'avais vraiment beaucoup aimé, à sa sortie en salle : Comme une image




Le film tourne autour de différents thèmes très actuels : l'argent mais surtout le pouvoir que celui-ci procure, les gens soumis volontairement aux " grands " hommes, l'adolescence et ses complexes, ses colères… l'égoïsme profond de l'Homme.

Un écrivain très célèbre a une fille de 20 ans avec qui ses rapports sont plus que mauvais, elle se sent mal dans sa peau et lui ne pense qu'à son image. Marié a une jeune fille qui lui sert de potiche, il décide de prendre sous son aile un nouvel écrivain. Jusqu'où les gens sont-ils prêts à vendre leur âme pour avoir les faveurs de cet homme qui détruit tout sur son passage ?

Dès la fin du film, on comprend pourquoi celui-ci a eu le prix du scénario ! Il est en effet parfait, donnant une importance à chaque chose, laissant de la place aux comédiens, ponctué de phrases incisives, de dialogues brutaux. Il n'y a pas vraiment de rôle principal dans ce film, pas de starification abusive, tous les personnages existent avec énormément de forces. C'est un réel plaisir de voir une réelle pléiade d'acteurs qui jouent ensemble sans essayer de se voler la vedette !

On regrette un peu que Bacri joue encore une fois son rôle de grincheux, que les thèmes traités ressemblent quand même un peu trop aux précédents films du duo Bari-Jaoui. Mais on ne peut nier qu'ils touchent là où ça fait mal !

Agnès Jaoui parvient avec perfection à rendre l'atmosphère superficielle, étouffante des foules, des milliers de petits insectes qui viennent se brûler les ailes sur l'éclat de leur " star ". Ce sont vraiment les meilleurs moments de réalisations, le spectateur a soudain l'impression d'être lui-même aspiré par tous ces gens aux mille phrases mielleuses.

C'est réellement un bon film, qui file tout seul, rythmé par des morceaux de musique classique magnifiques. On en sort en se posant les bonnes questions sur nous-même. Ja-bac n'oublie pas de nous faire rire par quelques phrases piquantes, mais les rires sont parfois jaunes tellement ils accusent à la perfection.

Babelle a écrit:

Je n'y ai pas retrouvé la finesse d'Un air de famille ni de On connait la chanson et comme Coline je manque d'enthousiasme...

Je l'ai moi aussi trouvé moins subtil...virant même par moments à la grosse farce: par exemple, l'expédition tournage dans la montagne et retour...Ou encore le séjour obligé à la ferme des deux frères...

Mais les personnages sont extraordinairement humains et justes.

Et moi, sans crier au génie, je rejoindrais plutôt l'avis de Nathria!

Ce que j'aime chez Bacri/Jaoui c'est cette mise en lumière, comme elle le dit si joliment, des personages, et donc des acteurs pourtant très marqués dans leur rôle d'ordinaire- Bacri l'éternel râleur ou Jamel le troublion -
Ici ils ne ressemblent en rien à leur image et du coup nous touchent encore plus.

J'ai aimé être surprise par cet aspect. Découvrir Jamel en adulte qui nous parle de l'humiliation ordinaire c'est peut-être un cliché pour nous mais il n'empêche qu'elle existe vraiment si on se place de l'autre côté. Simplement on ne la voit pas comme ça.
L'art des BaJa est de noter ces détails d'une phrase, d'un regard ou d'une attitude- la relation de Bacri avec son fils est confondante de vérité et pourtant très peu dialoguée-

En bref, j'ai trouvé le film très sincère, et pour une fois on sort un peu de l'univers parisien-bobos auquel on est trop habitué.
Ce sont des personnages plus familiers, qui nous ressemblent dans leurs faiblesses, leurs solitudes ou leurs petits accomodements avec la vie.
L'histoire peut-être banale, elle nous renvoie quand-même plein de choses!

Alors je ne vais pas bouder le plaisir que j'ai eu avec eux. Bacri, Jamel et tous les autres ont réussi à me toucher...
Moins mordant peut-être mais plus humain, et ça ne se refuse pas!

Nous sommes bien tous d'accord autour de ces personnages...

Puisque nous sommes sur le fil Agnès Jaoui, je voudrais rappeler qu'elle a vraiment tous les talents.
J'ai eu l'occasion de la voir sur scène...chanter...Et j'ai adoré ce spectacle aux accents très ibérique et sud-américain...
Le disque Agnès Jaoui Canta est un régal...

écouter ici

Queenie a écrit:

J'avais été éblouie par Smoking/No Smoking.

Oui! Mais là c'était quand même surtout du Resnais (respect !)

Dans Parlez-moi de la pluie Agnès Jaoui fait l'équilibriste entre des scènes de comédie parfois un peu trop appuyées (j'ai quand même beaucoup ri au passage dans la ferme! Franchement décalé) et des moments d'émotion et de poésie trop affichés comme tels (avec des plans à travers des vitres, la pluie, de belles musiques, une émotion trop fabriquée). J'ai trop vu les artifices et la sauce n'a pas pris. La mise en route m'a paru presque ennuyeuse. Mais je suis bon public et j'ai pris du plaisir à voir Jamel Debbouze juste et émouvant, Bacri cabotin mais drôle et Jaoui vraiment excellente en égocentrique victime de l'amour trop exclusif de sa mère. La scène où elle se rend compte combien sa sœur a pu être peu investie est très belle.

markofr a écrit:

La scène où elle se rend compte combien sa sœur a pu être peu investie est très belle.

Tu fais bien de la rappeler...J'aime bien ces petits moments "sensibles"...

Moi aussi j'ai ri au passage dans la ferme...mais c'est gros, caricatural!...
De même l'interview en montagne...

coline a écrit:

Moi aussi j'ai ri au passage dans la ferme...mais c'est gros, caricatural!...

Oui! Enorme!

markofr a écrit:

La scène où elle se rend compte combien sa sœur a pu être peu investie est très belle.

Cette scène fait remonter d'autres émotions chez les JaBa. Il y a toujours un personnage, un frère, un enfant, qui a grandi à l'ombre d'un autre : Un air de famille, Comme une image... et le moment-clef de la prise de conscience de ce drame est souvent traité avec réalisme et émotion.
On connait la chanson, qui s'est fait aussi sous l'aile de Resnais, mettait en avant ces quiproquos, mensonges, empêchant une réelle communication entre les personnages, chacun accroché à son histoire du moment. Il y avait une vraie "rencontre" finale qui les réunissait et donc davantage d'optimisme...
Merci pour la musique Coline!
Comme Nathria, ("Ce que j'aime dans leur travail n'est pas tant l'histoire ,qui pour moi sert de trame, que la mise en lumière de personnages profondément humains"), je trouve toujours très sympa de suivre leur création.

Nous avons tous, semble-t-il, pour les Jabac, un gros capital de sympathie...

Je remonte le fil, puisque Parlez moi de la pluie est sorti en DVD.
J'ai toujours plaisir à les retrouver ces deux là, dans leurs petites chroniques, même si celle-ci n'est pas celle que je préfère. J'ai trouvé Jamel Debbouze excellent!
Et l'intérêt des DVD, ce sont les suppléments, et là le making of est presque aussi long que le film. Et sympathique.
Et puis, il y a toujours la BO, soignée comme d'habitude, avec toujours un thème récurrent qui ponctue les chapitres de l'histoire..
Dans ce film, c'est Der Gondelfahrer, Schubert
ici
Elle aime bien le chant choral, Agnès Jaoui...

Au bout du conte

Citation :

l était une fois une jeune fille qui croyait au grand amour, aux signes, et au destin ; une femme qui rêvait d’être comédienne et désespérait d’y arriver un jour ; un jeune homme qui croyait en son talent de compositeur mais ne croyait pas beaucoup en lui.
Il était une fois une petite fille qui croyait en Dieu.
Il était une fois un homme qui ne croyait en rien jusqu’au jour où une voyante lui donna la date de sa mort et que, à son corps défendant, il se mit à y croire.

Les seuls moments vraiment drôles d'Au bout du conte sont ceux que l'on voit depuis au moins deux mois dans les salles sous forme de teasers. En effet, globalement, le film est plutôt dans une tonalité morose et désabusée. L'ambiance Jaoui/Bacri, tellement familière est bien présente mais comme diluée dans une multitude d'histoires et de personnages d'un intérêt inégal. C'est la limite classique du film choral qui trop embrasse et mal étreint. Quant au détournement des contes populaires auquel se prête le scénario, il est lui aussi perfectible et le récit l'abandonne d'ailleurs souvent pour revenir à un schéma plus orthodoxe. La tentative de Jaoui de jouer sur le symbolisme avec quelques plans d'un esthétisme peu courant dans sa mise en scène fait long feu et n'apparait plus après la première partie du film. Dans cet écheveau de situations, plus ou moins maîtrisées, outre le couple vedette, égal à lui-même, on remarque la fraîcheur d'Agathe Bonitzer et la suave interprétation de Benjamin Biolay en loup séducteur. En fin de conte, trop étiré, le film ronronne trop pour qu'on puisse réellement miauler de plaisir. Mention assez bien, pas davantage.