Un bon début, ça aide...

Eh oui, Mordi, c'est moi qui manque de rafinement !
D'ailleurs moi, je n'ai jamais mangé que des pamplemousses, et encore
pas souvent...

Mais Animal, lui, il avait rectifié !

bix229 a écrit:

Tout a été dit sur Woody Allen sur ce forum, ou le sera bientot...

pas tant que je fais partie de ce forum

je te croiais plus inventive

et surtout on est en train de flooder sur un très joli fil

Mordicus a écrit:

Ouais.
Bien joué pour le pourrissage de fil.

pas pourrie.. on floode.. cela se fait aussi de temps en temps.. et Bix va certainement nous mettre un bon début d'un livre par après..

Il m' arrive parfois de soupçonner que je suis fou.
Parfois j' en ai la certitude absolue, et je voudrais alors cesser de faire semblant d'etre sain d'esprit.
Comme c'est reposant de ne plus faire semblant !
La prétendue sagesse n'est pas l'absence de folie, car nous avons tous l'étoffe des fous.
C'est seulement la possibilité de simuler, et une meilleur maitrise de certains freins.

Achille CAMPANILE - Fous. Dans le recueil Les Asperges et l'immortalité de l'ame. P. 123
Campanile est un humoriste italien - oui, ils ont ça aussi en Italie -
plutot original et pince sans rire.
A sa mort, son épouse, l'effroyable Maria Rosa Lisa, prononça l'oraison funèbre suivante :

ça a été une tragédie pour moi que de rencontrer un humoriste.

Tout juste le gnenre d'humour que pratiquait Campanile... Il a du apprécier !

Depuis que la poésie a été mise hors la loi, la vie nous est assurément devenue beaucoup plus facile. Disparus cet espèce de relâchement des esprits, cet enfièvrement morbide, cette complaisance envers les souvenirs, tellement nuisibles aux intérêts de la communauté. La productivité, voilà la seule chose qui compte, et vraiment on ne parvient même plus à concevoir que l'humanité ait pu, pendant des millénaires, ignorer cette vérité fondamentale. - auteur Buzzati Dino - titre :C'était interdit

Quelles étranges maisons, là-bas en Enfer, où on m'avait logé. Ce que l'on voyait par-devant était très beau. La neige tombait avec allégresse pour la veillée de Noël au milieu des lumières des guirlandes de sucisses et de tous ces petits machins brillants. Évidemment, vus de loin comme ça, on ne distinguait pas bien les visages, s'ils étaient joyeux ou non, mais le mouvement, l'agitation, la fièvre, ça oui! Sur le rebord d'une fenêtre, un chat s'étirait en somnolant au doux et jeune soleil blanc de mai. - auteur Buzzati Dino - titre :Les solitudes

(auteur = Buzzati si j'ai bien compris ? )

Jeunes hommes du XIXe siècle ! Est-ce respirer que de trembler toujours sous l' aburde crainte du ridicule ?

Est-ce vivre que de ne pas oser ouvrir sa main droite, lorsqu' on la croit pleine de vérités ?
Agissons contre cette torpide manie d' érudition qui, si nous n'y prenons garde, étouffera toute pensée ; rejetons le poison que la méthode et la routine inoculent dans nos veines, et qui nous use jour après jour.

Pour moi, j' aime mieux souffrir toute ma vie dans la révolte que dans l' esclavage ; au moins ne suis-je pas réduit à me mépriser. Les jésuites et
les esclaves disent que je suis fou d' orgueil, je jure que c' est de liberté !

Malheur à qui reste impassible au milieu de la tourmente des sociétés !
Qu' on le jette à la mer, et que débarrassé de ce poids inutile, l' équipage s'avance invoquant Guillaume Tell et Vasco de Gama !

Ernest COEURDEROY - Jours d' exil

Coeurderoy, né à Avallon -France- en 1825, mort à Genève en 1862.
Médecin, journaliste, écrivain.
Ayant pris parti du coté des révoltés de 1848, il s'exila en Suisse après leur défaite.
Un esprit solitaire, mélancolique, poète des espoirs déçus.
Mais aussi un homme libre dans sa tete et dans ce qu'il a écrit...
Comme Fourier et Louise Michel, et William Blake, Darien, Durruti et quelques autres.
Un de ces utopistes qui revent d'amender un monde qu'ils trouvent injuste.
Le reve est beau !

Tenant le cap nord-ouest, Régis regardait à peine la route. il la survolait des yeux jusqu'au point où, à l'infini, le friable ruban d'asphalte disparaissait dans les plis des collines piquetées de conifères.
Derrière lui, pas vraiment de coucher de soleil ; devant lui, rien que le
sombre panorama des nuages crépusculaires affluant en lambeaux de de lumière coagulée, et la grande route évanescente qui s'écoulait lentement dans l'obscur vortex du pysage.
A moitié hypnotisé par le vrombissement des roues avant, désalignées, Régis s'en allait dans le froid, perdant par moments le sens du mouvement et sans jamais toucher le point de fuite.
L'hiver avait été dur. Fin mars, la neige était encore épaisse de chaque coté de la route. Elle prétait son reflet à la lumière mouvante et empechait la nuit de tomber vraiment.
Au dessus de la masse des nuages, il vit la Grande Ourse apparaitre sur le bleu sombre et profond du ciel.

Judith COWAN - Plus que la vie meme.

Judith Cowan est née en Nouvelle Ecosse et vit actuellement à Trois
Rivières - Canada -
Elle a écrit des poèmes, des nouvelles et a traduit en anglais des poètes du Québec.

Je ne sais rien d'autre sur elle. Sinon qu'on sent à l'évidence qu'elle est poète, et aussi une nouvelliste excellente comme sa compatriote,
Alice Munro.

mais qu'est ce ?

Moi aussi, je suis tombé dans un rêve.
Et le rêve m'a emporté.

Autrement, je ne serais pas là, dans le jardin de la Clarté-Parfaite, fêté par un ballet de papillons-lunes géants et vert pâle (Actias selene), doucement bercé par mon fauteuil à bascule et par la très vieille femme que j'aime, couturé de mille cicatrices mais infiniment fier d'avoir vécu selon ma légende. D'ailleurs, cerise sur le gâteau, ne suis-je pas jalousé par les jésuites eux-mêmes ?

Je m'appelle Gabriel. Sain de corps, malgré mon âge deux fois canonique, et très aigu pour l'esprit, comme tu vas pouvoir, émerveillé, le constater.

Je m'apelle Gabriel. Fils de Gabriel, ex-roi du caoutchouc, aujourd'hui disparu. Sur ce point généalogique, j'abrège, car bien d'autres Gabriel nous ont précédés dans l'arbre du temps. Dont le premier directeur de Radio-La Havane (île de Cuba) et un valet du prince de Ligne, l'homme le plus heureux du XVIIIe siècle, où le bonheur n'a pas manqué. Si Dieu m'en donne le loisir, un jour je raconterai leurs aventures.

Sans doute peut-on mener sous d'autres prénoms, des existences honorables, voire poétiques. Mais nos vies à nous, les Gabriel, ont ce je-ne-sais-quoi de libre, rieur et voyageur où l'on reconnaît l'influence de notre archange tutélaire : ses ailes nous empêchent de marcher tout à fait comme les autres.

Comment expliquer autrement nos destins aventureux ?

Le début de "Longtemps" de Erick Orsenna