Un bon début, ça aide...

Après avoir tant marché sans rencontrer l'ombre d'un arbre, la moindre pousse ou la racine de quoi que ce soit, on entend l'aboiement des chiens.
On a cru parfois, au beau milieu de cette route sans traçé, qu'elle ne menait à rien, que rien ne se trouvait au delà de cette plaine ravinée,
fendue de ruisseaux désséchés.
Mais si, il y a quelque chose. Un village. On entend les chiens aboyer, on sent dans l'air, une odeur de fumée et cette odeur d'hommes se savoure comme une espérance.

Juan RULFO - Le llano en flammes.

Ce romancier-là est un des plus grands dans le domaine du roman latino
américain, loin des modes et des étiquettes.
Un génie poétique et isolé. Il n'a écrit que 2 livres et j'aurais pu le faire figurer à bon droit dans Livres rares livres secrets.
Je crois que c'est le Bibliomane qui en a parlé...

On a le mort qu'il faut! crie Kaminsky.
Il arrive à grandes enjambées, n'attend pas de m'avoir rejoint pour claironner la bonne nouvelle.

Le mort qu'il faut
Jorge Semprun

A chaque pas qu'il faisait, la vieille maison craquait ; comme si la terre sous les fondations, était saturée.
Il se demandait combien de temps les madriers qui soutenaient la maison
pourraient résister au fleuve. Mais ce qui l'inquiétait surtout, c'étaient les marches ; elles pouvaient etre emportées à tout moment, et ils seraient
prisonniers.
Toute la matinée, il avait essayé de les assujéttir avec des cordes usées, sans grand espoir. Il alla vers la fenetre et les planches à moitié pourries fléchirent ous ses pas....
A travers le carreau crasseux, il il vit l'eau jaune qui tourbillonnait à l'angle de la grange...
Déjà deux mètres et elle montait encore...

Richard WRIGHT - Là-bas, près de la rivière. Dans le recueil Les Enfants de l'oncle Tom. Traduction de Boris Vian.

Wright, écrivain noir des Etats Unis, décrit la condition humaine des Noirs
dans les années 50.
Avec dignité, tendresse et colère.
Un écrivain noir à cette époque n'avait aucun mal à etre en colère, mais en revanche il en avait beaucoup plus à l'exprimer et à etre écouté.
Comme James Baldwin, un peu plus tard et d'autres.

Citation :

L'obscurité progressait à vive allure sous un ciel couvert où menaçait l'orage.Il y avait encore ça et là quelques bombardements intermittents. Quand la relève arriva ils se mirent en route et tentèrent de regagner leur base arrière du mieux qu'ils purent.Vidé jusqu'à la moelle,Bourne peu à peu décrocha;c'est en essayant de ne pas perdre de vue sa compagnie qu'il trébucha et tomba dans un trou d'obus.

Encensé par Hemingway,par T.E.Lawrence et plus récemment par William Boyd,c'est l'un des plus beaux livres sur 14-18,Nous étions des hommes,publié en 1929. de Frederic Manning

Après le beau livre de Gudmundsson, Les anges de l'univers, j'ai poursuivi avec Le Testament des gouttes de pluie dont voici le début:

Au moment où le tonnerre et les éclairs explosent au-dessus de la ville obscure blottie dans le soir, on dirait que dans les airs retentit un concert d'innombrables instruments électriques.
Alors, tout tremble avec furie.
Des crissements rappelant les perturbations radiophoniques se propagent et des grincements dignes de ceux d'une foule de violons désaccordés emplissent les oreilles autant des trépassés qui virevoltent que de ceux qui, vivants, avancent.
Comme si on frappait des cymbales avec des pieds de table, qu'on tapait sur des grosses caisses avec des troncs d'arbre ou qu'un marteau-piqueur déréglé tremblait à l'intérieur du ciel.
Au-dessus de la ville obscure blottie dans le soir, tout s'agite avec frénésie.
Certains sentent leurs crânes vibrer et, un peu partout, alors que les paupières frémissent comme les vitres des fenêtres, on entend les craquements dans la croûte terrestre de l'esprit.
Quelque part, des pupilles chancellent telles des lustres au plafond.
Quelque part, des failles se lovent autour d'âmes fragiles.
Quelque part...
Et soudain.
A travers la voûte du ciel toute drapée de noir jaillissent des éclairs aussi gros qu'une planète.
Ils fusent à une telle vitesse qu'en un instant, on dirait que tous les corps célestes explosent haut dans le ciel.
Alors la terre s'illumine d'une lueur bleutée, fulgurante, et une clarté fugace vient frapper maisons en pierre et immeubles.
....

Le Testament des gouttes de pluie - lecture savoureuse

Pas de petit début, Bulle ?

Bonne nuit Bix229 . J'en ai justement vu/lu un que je pourrais mettre. Je viendrai l'écrire demain après le boulot

Ton fil Bix est vraiment super. même si je laisse pas toujours un commentaire, j'y passe souvent.

Moi aussi j'y passe souvent, et ce que je lis en premier est le commentaire s'il existe!
Un bon moyen d'en connaître sur les auteurs...
Merci à vous.

Il y avait une fois dans la montagne une jolie fille de vingt ans qui était allée faire du " petit bois " dans la foret. et depuis un moment, caché
derrière un buisson, l'Ours était là qui l'épiait.
Tout d'un coup, il lui saute dessus, la saisit, et, moitié morte de peur, il l'emporte dans sa tanière, au plus épais de la foret.
Et il fallut bien que la pauvrette demeurat là, enfermée dans la noire caverne, en compagnie de ce bourru. Et il fallut bien aussi qu'elle devint sa femme.
Oh mais ce brave homme d'Ours ne la faisait pas mal vivre...
Au bout d'un an naquit un petit garçon, poilu des membres et du corps, mais avec le visage net, le regard et la voix d'un homme.
Et sa mère l'appela Jean.

Jean de l'Ours. Dans Histoires extraordinaires du Languedoc, recueillis
par daniel Fabre et Jacques Lacroix

Ce conte était oral et à la fin, le conteur disait rituellement :
E tric e trac e mon conte es acabat.
La tradition orale des contes était forte dans les régions rurales du Sud.
Le conteur était un personnage important, car, si les contes faisaient
partie de la mémoire collective, un seul pouvait lui donner vie.
Le conte de l'ours était très connu dans les zones montagneuses,
en Ariège par exemple. Et la légende des amours de la femme et de l'ours,
populaire.
Ce qui permet de penser que les rapports entre l'homme et l'ours étaient
bien meilleurs autrefois !
Et que pour etre animal, on n'en aime pas moins les jolies filles !...
Pas vrai Animal ?

haha, certes mais reste à vérifier la réciproque et la technique du je rapporte à ma tanière façon ours de conte du moyen âge ça doit avoir de bonnes chances de se finir en ours empaillé !

huhu. (refermons cette parenthèse déparenthèsée).

Tu n'es pas obligé de les enlever ni de les trainer dans des cavernes obscures, Animal !

Les lumières tamisées, les pamplemooths, les estampes japonaises, les oeuvres d'Orwell et de Clara Malraux...c'est quand meme plus rafiné !

De toutes les merveilles de la nature, la plus merveilleuse est sans doute
un arbre en été (ou peut etre un cef chantant Strangers in the night avec
des guetres).
Contemplons les feulles, si vertes, si feuillues (sinon quelque chose ne tourne pas rond).
Remarquons comme les branches se dressent vers le ciel comme pour dire :
" Bien que jen ne sois qu'une branche, j'aimerais bien bénéficier de la Sécurité sociale. "

Woody ALLEN - De l'arbre en été. Dans Dieu, Shakespeare et moi.

Tout a été dit sur Woody Allen sur ce forum, ou le sera bientot...