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| Un bon début, ça aide... | |
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Auteur | Message |
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rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 17 Fév 2009 - 11:34 | |
| PRÉSENCE DE LA MORT. 1922, Ramuz.
Alors les grandes paroles vinrent » ; le grand message fut envoyé d’un continent à l’autre par-dessus l’océan. La grande nouvelle chemina toute cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et des réponses. Pourtant, rien ne fut entendu. Les grandes paroles passèrent inaperçues, ne troublant rien dans l’air au-dessus des vaisseaux chargés de marchandises et des transatlantiques blancs, dans un ciel seulement remarqué à cause de ses étoiles plus grandes, — et, au dessus de la houle du large, elles passèrent dans un complet silence. Une certaine nuit, ces mots, puis telles questions posées et la réponse à ces questions ; — alors tout va tellement changer pour tous les hommes qu’ils ne se reconnaîtront plus eux-mêmes, mais en attendant rien ne change ; tout reste si tranquille, si extraordinairement tranquille sur les eaux, avec ; une aube qui se lève et devant sa belle couleur blanche fume la cheminée d’un grand navire qu’on ne voit pas. Par un accident survenu dans le système de la gravitation, rapidement la terre retombe au soleil et tend à lui pour s’y refondre : c’est-ce que le message annonce. Toute vie va finir. Il y aura une chaleur croissante. Elle sera insupportable à tout ce qui vit. Il y aura une chaleur croissante et rapidement tout mourra. Et néanmoins rien encore ne se voit. Rien encore ne s’entend : le message lui-même à présent s’est tu. Ce qui devait être dit l’a été ; silence. | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| | | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Jeu 19 Fév 2009 - 1:17 | |
| A l'automne 1946 , les feuilles d'automne tombèrent pour la troisième fois depuis le célèbre discours de Churchill sur l'imminence de la chute des feuilles. C'était un automne triste, humide et froid, avec des crises de la faim dans la Ruhr et de la faim sans crises dans le reste de l'ancien Troisième Reich. Pendant tout l'automne, des trains arrivèrent, amenant dans les zones occidentales des réfugiés venant de l'Est. Affamés, déguenillés, regardés de travers, ils se bousculaient dans les abris sombres et fétides des gares ou bien dans les immenses blockhaus sans fenêtres, semblables à des gazomètres carrés, qui se dressent comme d'imposants monuments élevés en l'honneur de la défaite dans les villes rasées de l'Allemagne.Malgré leur mutisme et leur soumission passive, ces hommes sans importance, d'un certain point de vue, donnaient à cet automne allemand un caractère sombre et amer.Ils prenaient de l'importance par le simple fait qu'ils arrivaient, qu'ils ne cessaient d'arriver et qu'ils arrivaient en foule.Ils prenaient de l'importance non pas malgré leur mutisme mais à cause de celui-ci, car rien de ce qui est exprimé ne peut paraître aussi chargé de menace que ce qui ne l'est pas. Leur présence était à la fois exécrée et bienvenue: exécrée parce que ces nouveaux arrivants n'apportaient rien d'autre que leur faim et leur soif, bienvenue parce qu'ils alimentaient des soupçons qu l'on ne demandait pas mieux que de nourrir, une méfiance que l'on ne demandait pas mieux que d'éprouver et un désespoir auquel on ne demandait pas mieux que d'être en proie.
Automne allemand Stig Dagerman | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Un bon début, ça aide... Jeu 19 Fév 2009 - 20:08 | |
| Dans tout ce district, quand vous feriez vingt lieues d' un coté ou de l'autre, vous ne trouveriez pas un arbre aussi grand que cet ombu, qui se dresse tout seul là où il n' y a point de maison ; aussi tout le monde l' appele-t-il "l' ombu", comme s 'il n'en existait qu' un, et le nom de tout ce domaine, à présent sans possesseur et ruiné est El Ombu.
De l' une de ses hautes branches, si vous savez y grimper, vous verres le lac de Chascomus à deux tiers de lieues de là, de rive à rive,et le village qui est sur ses bords. Vous verrez meme des choses plus minimes par un jour clair ; peut etre une ligne rouge en mouvement au dessus de l' eau - un vol de flamants groupés selon leur formation habituelle.
William Henry HUDSON - El Ombu.
Hudson je vous en ai déjà parlé, et je suis content de le refaire ici, parce que c' est réélement un grand écrivain qui n'arrive pas à s'imposer... Un grand voyageur aussi et un entomologiste. Meme s 'il n'avait écrit que Vertes demeures qui est un enchantement. Tant qu' à faire, je précise que ce récit se passe en Argentine, dans la pampa du sud de Buenos Aires...
Joseph Conrad a écrit à propos de Hudson :
Hudson écrit comme l' herbe pousse.
Dernière édition par bix229 le Sam 21 Fév 2009 - 18:16, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Un bon début, ça aide... Ven 20 Fév 2009 - 20:06 | |
| Je me souviens avoir lu dans quelque vieux journal ou magazine, l' histoire vraie, ou du moins présentée come telle, d' un homme - appelons le Wakefield - qui s' absenta du domicile conjugal, délaissant son épouse durant de longues années. Exprimé de façon aussi abstraite, le fait n' a rien que de très banal, et s' il ne venait s' y ajouter quelques circonstances particulières, cet acte ne saurait etre condamné comme inepte et polisson. Et pourtant, bien qu' il ne soit pas des plus graves, il n'en constitue pas moins, sans doute, le cas le plus étrange de délit conjugal à ce jour enregistré et, peut etre meme le caprice le plus extraordinaire dans tout le catalogue des bizarreries de l' humanité. Les époux habitaient Londres, l' homme prétextant un voyage, élut domicile à deux pas à deux pas de chez lui et, sans donner le moindre signe de vie à sa femme ou à ses amis, sans le moindre signe de vie à sa femme ou à ses amis,sans la moindre ombre de raison, y vécut près de 20 ans. Durant tout ce temps, il pouvait chaque jour contempler sa maison et fréquemment appercevoir Mme Wakefield. Nathaniel HAWTHORNE - Wakefield, dans le recueil La Fille de Rappaccini, p. 150. Ainsi commence une nouvelle des plus déroutantes de la littérature américaine avec Bartleby de Melville. Comment un homme aussi paisible, mari fidèle et sans imagination que ce Wakefield, peut il ainsi sortir des rails du conformisme et s' y attarder si longtemps ? Bien entendu Hawthorne nous propose une explication plausible, mais la question reste posée au lecteur... Grand écrivain Hawthorne, meme si l'on connait mieux son contemporain Edgar Poe. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Ven 20 Fév 2009 - 22:02 | |
| - bix229 a écrit:
- Nathaniel HAWTHORNE - Wakefield, dans le recueil La Fille de Rappaccini,
p. 150. Ainsi commence une nouvelle des plus déroutantes de la littérature américaine avec Bartleby de Melville. Comment un homme aussi paisible, mari fidèle et sans imagination que ce Wakefield, peut il ainsi sortir des rails du conformisme et s' y attarder si longtemps ? Bien entendu Hawthorne nous propose une explication plausible, mais la question reste posée au lecteur... Grand écrivain Hawthorne, meme si l'on connait mieux son contemporain Edgar Poe. et moi j'ai commandé ce soir le livre Madame Wakefield de l'auteur Berti - IcI qui a prit cette histoire - mais raconte le point de vue de la femme | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Ven 20 Fév 2009 - 22:08 | |
| J' y ai pensé à Berti avant de parler de Hawthorne, et puis j' ai oublié... En tout cas, ça m'interesse le point de vue de Mme Wakefield ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Un bon début, ça aide... Sam 21 Fév 2009 - 18:47 | |
| Vae victis C' est une chose laide un vaincu. L'etre qui porte au front le sigmate de la défaite, quels qu' aient été sa bravoure dans le combat et ses efforts vers la victoire, n' est pas beau à contempler. Il a perdu, au moins momentanément, l'estime de lui-meme et la confiance en soi qui sont la marque de l' Individu libre ; s' il put echapper à l' esclavage matériel, la servitude morale pèse sur lui, l' enserre, l' étreint ; et il cesse d' etre un homme, oui, pour devenir une chose. Georges DARIEN - La Belle France Darien est né en 1862 à Paris et mort dans l' oubli en 1925. Darien était un rebelle, et comme certains de ses semblables, il a su exprimer sa colère et son dégout par l' écrit comme l' ont fait d'autres, comme Léon Bloy, Barbey d' Aurévilly ou Céline. Il l' a fait avec constance et aussi avec lyrisme, aussi bien dans Biribi, récit du bagne où il fut envoyé pour insoumission, que dans Le Voleur, récit peut etre autobiographique. Et évidemment dans le pamphlet qu'est La Belle France, grand texte polémique. | |
| | | Nibelheim Main aguerrie
Messages : 389 Inscription le : 02/09/2007 Age : 36 Localisation : Cambrai
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Sam 21 Fév 2009 - 19:05 | |
| J'ai littéralement adoré Le voleur de Darien, et depuis cet auteur m'intrigue beaucoup. Je serais curieuse de lire d'autres de ces œuvres, notamment Biribi. Par conséquent, je suis heureuse de voir que quelqu'un a mentionné son nom ici ... Merci bix | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Un bon début, ça aide... Sam 21 Fév 2009 - 19:14 | |
| Moi aussi, j'avais beaucoup apprécié Le Voleur, et j' ai oublié de te citer alors que j' avais lu ton commentaire. Avec mes excuses... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Un bon début, ça aide... Dim 22 Fév 2009 - 20:06 | |
| Tous les matins, le logeur entre dans ma chambre sur la pointe des pieds, j' entends ses pas. La chambre est longue, si longue qu' un vélo ne serait pas de trop pour parcourir l' espace qui sépare la porte de mon lit. Le logeur se penche sur moi, puis il se retourne pour adresser un signe à quelqu' un qui se tient à la porte : - M. Kafka est présent, dit-il. Par trois fois, il transperce alors l' air de son index, puis il repart lentement vers la porte où, semble-t-il, la logeuse lui remet le plateau de fer-blanc avec un croissant et une tasse de café, le logeur me l' apporte, ses mains tremblent et la tasse oscille bruyamment sur le plateau. Ainsi tiré de mon sommeil, il m' arrive de me demander ce qui se passerait si, m' ayant réveillé de la sorte, il proclamait mon absence. J' en aurais une belle frayeur car voici plusieurs années que mes logeurs répètent leur annonce, en souvenir de cette semaine où, m' apportant tous les jours le petit déjeuner, ils ne me trouvaient point. Bohumil HRABAL - Vends maison où je ne veux plus vivre. Hrabal est un écrivain tchèque qui a l'art de mélanger les tons, ce qui surprend ses lecteurs parfois. C'est aussi un auteur qui a été profondément façonné par la ville où il a toujours vécu : Prague... Et il n'est pas le seul ! Hrabal n'avait pas la langue dans sa poche et il l'a payé parfois. Suivez le fil ... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Un bon début, ça aide... Lun 23 Fév 2009 - 20:37 | |
| Quand j' avais cinq ans, je m' ai tué.
J' attendais Popeye qui passe après le Journal. Il a les poignets plus gros que les gens et il est tellement fort qu' il gagne toujours au finish. Mais le Journal voulait pas s' arreter. Mon papa il le regardait. Moi je m' avais mis les mains sur les oreilles pasque le Journal ça me fait peur. Ca me plait pas comme télévision. Il y a les russes qui veulent nous enterrer. Y a le président des Etats-Unis qui est chauve. Y a les grands moments du fabuleux salon de l' auto de cette année...
Un monsieur du Journal est venu. Il avait quelque chose dans sa main, une poupée, et il l' a levée en l' air... J' ai enlevé les mains.
- Ce que je vous montre, il a dit le monsieur, c' était le jouet préféré d' une petite fille. Et ce soir, à cause d' un accident stupide, cette petite fille est morte.
Je suis monté dans ma chambre en courant.
Howard BUTEN - Quand j' avais cinq ans, je m' ai tué.
Howard Buten est clown, mime, chanteur, écrivain. Et il s' est occupé aussi d' enfants autistes. Un bon parcours, je trouve pour un homme. Ce roman est l'histoire triste d'un enfant de huit ans et il a rendu célèbre Buten. Le titre et le texte français de Jean Pierre Carasso y furent pour quelque chose en France. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Mar 24 Fév 2009 - 21:13 | |
| Comme un etre qui s' éveille à regret, le froid brouillard se lève et s' étire au long des collines, révélant l' immobile éparpillement d' une armée au repos. Pendant que le pasage s' éclaire, passant d' un brun foncé au vert tendre, l' armée s' éveille à son tour et se prend à frémir d' attentte, impatiente des rampantes rumeurs. Des milliers d' yeux suivent les routes qui, ruisseaux de boue la veille, s' affermissent déjà en chemins praticables. Un fleuve teinté d'ambre, dans l' ombre de sa rive, ondule au bas du camp en reflets de perles ; et le soir, les vapeurs devenues ténèbres chagrines, une rouge lueur, comme d' un oeil hostile, jaillit des feux de bivouacs ennemis, sous les lourds froncements des collines lointaines... Stephen CRANE - La Conquete du courage. Le décor est planté et va se dérouler la bataille de Chancellorsville qui opposa les armées du Nord et du Sud pendant la Guerre de Sécession. Pas plus que Stendhal n'assista à la bataille de Waterloo, Stephen Crane n' était le témoin ni l' acteur de la bataille de Chancellorsville. Mais il anime un personnage central qui y participe, un jeune soldat dont il décrit les tourments. Et c'est un récit poignant que John Huston adapta au cinéma Stephen Crane, écrivain américain prodige, mort à 29 ans, en 19OO. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Un bon début, ça aide... Jeu 5 Mar 2009 - 2:31 | |
| Il était une fois une guerre qui avait commencé le 11 janvier 1937. Ce qui s'était passé avant était la guerre des autres. A chaque soldat sa guerre, et celle d'Arcadi avait commencé ce jour-là. Il s'était engagé comme volontaire dans la colonne Macia- Companys et était parti pour le front. C'est ainsi que commencent les histoires, aussi simple que ça. Parfois on prend une décision et, sans trop s'en apercevoir, on amorce une mine qui continuera à exploser plusieurs générations durant. La décision contraire, celle de ne pas s'engager, était peut être elle aussi une mine, je ne sais pas, je soupçonne que dans une guerre personne ne peut rien décider, en fait...
Jordi Soler Les exilés de la mémoire | |
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