Un bon début, ça aide...

Ceci est un conte.
L' histoire d' une recontre entre deux vieux bonshommes blancs solitaires à la peau tannée, sur une planète en train de mourir à toute allure.
L' un d' eux était un écrivain de science-fiction, du nom de Kilgore Trout.
C' était à l' époque un minable, et il croyait sa vie foutue.
Il se trompait. A la suite de cette rencontre, il allait devenir un des hommes les plus vénérés de l' histoire de l 'humanité.
L' homme qu' il rencontra était un vendeur de voitures - des Pontiac -
nommé Dwayne Hoover.
Dwayne Hoover était en train de sombrer dans la folie.

Kurt VONNEGUT Jr - Le Breakfast du champion

Voici commence un roman où tout est grandiosement massacré.
Vonnegut est un auteur bien à part dans la littérature américaine.
Lucide, pessimiste, désabusé , mais faisant toujours preuve d' humour...
Grand pourfendeur de l' Amérique et de ses travers.

"Je dirais nimporte quoi pour etre drole, meme dans les pires situations."

J' en connais deux ou trois sur ce forum à qui il devrait plaire, Vonnegut !

Guernesey, Guermesey, Garnsai, Sarnia, qu 'ils disent. Enfin, moi je ne sais pas trop.

Plus je vieillis et plus j' apprends, plus je sais que je ne sais rien moi.
Je suis le plus vieux sur l' ile, je crois. Liza Quéripel de Pleinmont prétend etre plus vieille ; je crois bien qu' elle en rajoute. Jeune femme, elle avait un anniversaire tous les deux ou trois ans, mais depuis des années maintenant, elle en a deux ou trois par an.
Pour tout vous dire, je ne connais pas mon age. Ma mère l' a noté sur
la première page de la grande Bible, mais elle a inscrit le jour et le mois,
et oublié de marquer l' année.

Gerald Basil EDWARDS - Sarnia

Sarnia a été publié après la mort de son auteur. C' est l' histoire d' un
homme presque centenaire et qui a vécu toute sa vie sur l' ile de Guernesey -Sarnia-.
L' histoire de ses rapports avec ses habitants : amitié, amour, détestation, indifférence.
Maurice Nadeau grand découvreur d' auteurs écrit dans la préface du livre :

Un subtil, complexe et magique composé d' espace, de temps, de souffrances et de joies humaines, se tient ainsi entre terre et ciel pour une éternité de lecture.
C' est ce qu' on appelle une création littéraire et disent les orfèvres en
la matière, romanciers et critiques, une exceptionnelle réussite.

Je le pense aussi...

bix229 a écrit:

Voici commence un roman où tout est grandiosement massacré.
Vonnegut est un auteur bien à part dans la littérature américaine.
Lucide, pessimiste, désabusé , mais faisant toujours preuve d' humour...
Grand pourfendeur de l' Amérique et de ses travers.

"Je dirais nimporte quoi pour etre drole, meme dans les pires situations."

J' en connais deux ou trois sur ce forum à qui il devrait plaire, Vonnegut !

Je ne sais pas si tu m'as comptée dans les trois Bix, mais j'aime bien la présentation. Toujours eu un faible pour l'humour désenchanté!
Je jetterai un oeil s'il se trouve en bibliothèque...

En bibliotèque, c' est assez douteux...

Mais en collections de poche, sans doute... Il a ses fans Kurt Vonnegut Jr !

Dans son livre intitulé : Sur le Non-Etre ou sur la nature, Gorgias établit successivement trois principes : l' un, le premier, qu' il n' y a rien, le second, que, s' il y a quelque chose, ce quelque chose est inconnaissable à l' homme ; le troisième, que, meme si quelque chose est connaissable, il ne peut etre divulgué ni communiqué à autrui.

Sur le fait qu' il n' y a rien, Gorgias raisonne de la façon suivante.
S' il y a quelque chose, ce sera l' etre ou le non etre, ou à la fois, l' etre
et le non-etre.

Mais d' un coté, l' etre n' est pas, comme il l' établira non plus que le non-etre, comme il le confirmera ; non plus encore que l' etre en meme temps et le non etre comme la suite le montrera... Etc, Etc.

CLEMENT D'ALEXANDRIE. Stromates

Vous suivez ?
Ce début est le pire que je connaisse, mais je suis certain qu' on peut
faire mieux ou pire....
C' était juste pour savoir qui suivait ! Je ne le referai plus...

Mais si vous voulez briller dans la société ou épater vos collègues de bureau, vous n' aurez qu' à citer le brave Clément, sophiste de son état !

bix229 a écrit:

Ceci est un conte.
L' histoire d' une recontre entre deux vieux bonshommes blancs solitaires à la peau tannée, sur une planète en train de mourir à toute allure.
L' un d' eux était un écrivain de science-fiction, du nom de Kilgore Trout.
C' était à l' époque un minable, et il croyait sa vie foutue.
Il se trompait. A la suite de cette rencontre, il allait devenir un des hommes les plus vénérés de l' histoire de l 'humanité.
L' homme qu' il rencontra était un vendeur de voitures - des Pontiac -
nommé Dwayne Hoover.
Dwayne Hoover était en train de sombrer dans la folie.

Kurt VONNEGUT Jr - Le Breakfast du champion

Voici commence un roman où tout est grandiosement massacré.
Vonnegut est un auteur bien à part dans la littérature américaine.
Lucide, pessimiste, désabusé , mais faisant toujours preuve d' humour...
Grand pourfendeur de l' Amérique et de ses travers.

"Je dirais nimporte quoi pour etre drole, meme dans les pires situations."

J' en connais deux ou trois sur ce forum à qui il devrait plaire, Vonnegut !

Une amie me l'avait encensé y'a des années, mais j'ai jamais eu l'occasion de le lire.
Et si tu nous ouvrais un fil Bix, non ? ça nous donnerait plus d'idées sur le bonhomme et ses livres. Plus de pistes...

Happé par le début de Cosmopolis que je laisse là pour les parfumés insomniaques et amoureux de poésie. :

Citation :

Le sommeil lui échappait plus souvent maintenant, pas juste une ou deux fois par semaine mais quatre, cinq fois. Que faisait-il quand cela se produisait ? Il ne faisait pas de longues promenades vers l’aube défilante. Il n’avait pas d’ami assez cher pour lui infliger un appel. Qu’y avait-il à dire ? C’était une question de silences, pas de mots.
Il essayait de s’endormir en lisant, mais ne faisait que s’éveiller davantage. Il lisait des choses scientifiques et de la poésie. Il aimait les poème dépouillés minutieusement situés dans un espace blanc, des rangées de traits alphabétiques gravés dans le papier. Les poèmes lui donnaient conscience de sa respiration. Un poème dénudait l’instant pour des choses qu’il n’était habituellement pas prêt à remarquer. Telle était la nuance de chaque poème, tout au moins pour lui, la nuit, ces longues semaines, un souffle après l’autre, dans la pièce en rotation au sommet du triplex.
Il essaya de dormir debout, une nuit, dans sa cellule de méditation, mais il était loin d’être assez doué, assez moine pour y parvenir. Il contournait le sommeil et le compensait, un calme sans lune dans lequel chaque force est contrebalancée par une autre. C’était un passage très bref, une pause infime dans le mouvement des identités inquiètes.
Il n’y avait pas de réponse à la question. Il essayait les sédatifs et les hypnotiques mais ils le rendaient dépendant, l’enfermaient dans d’étroites spirales.

Cosmopolis de Don DeLillo.

Un fil sur Vonnegut, c' est fait, my queen !

J' ai toujours aimé éplucher les pommes de terre. C' est mon zen.
Il y a un plaisir apaisant dans cet ensemble de gestes utiles qu' on définit
trop vite comme une corvée.
J' épluche, bien sur, à heures fixes : les rituels ne se passent pas d' etre
strictement situés dans le temps quotidien , comme les prières pour les chrétiens, par exemple.
Il ne fait aucun doute pour moi que la pomme de terre est un légume
métaphysique.
Dieu se mettrait-il dans l' dée de vouloir exister, ce serait sous la forme
indéniable d' une pomme de terre qu' il se manifesterait.

Franz BARTELT - Les Bottes rouges.

Moi aussi j' aime les patates, et pas seulement frites, bouillies ou rissolées.

Ce sont d' étranges créatures, c' est certain. Métaphysiques, je ne les vois pas comme ça... Mais plutot, charnues, charnelles et sensuelles.
En plus, si vous les abandonnez dans un coin, vous les retrouverez
changées, autres.
Le peintre Henri Cueco les a peintes dans leurs métamorphoses et il en parle très bien.
Les patates sont des morceaux de femmes : fesses, seins, etc...
Il en reve la nuit et il les portraiture...

Tout autour de l' ile Vassilievski, en une vaste mer, s' étendait le monde :
là-bas il y avait eu la guerre, puis la révolution.
Mais dans la chaufferie, chez Trofim Ivanytch, la chaudière faisait toujours
entendre le meme grondement...Seul le charbon avait changé...

La poussière noire envahissait tout, impossible de s' en défaire.
Et l' on eut dit que cette meme poussière noire avait imperceptiblement
tout recouvert dans la maison aussi. Apparemment rien n' avait changé.
Ils continuaient à vivre tous les deux, sans enfants.
Sophia, bien qu' elle approchat de la quarantaine, avait le meme corps d' oiseau, léger et austère....

Et pourtant il y avait quelque chose qui clochait. Quoi au juste, ce n' était pas encore bien clair, cela n' avait pas encore pris la consistance des mots.

Evgueni ZAMIATINE - L' Inondation.

Zamiatine est un des grands romanciers russes du siècle dernier.
L' Inondation est un livre de douleur et de haine.
Une histoire simple vécue par des gens ordinaires, mais d' une tension
extreme et soutenue de bout en bout par un style d' une grande force.

Ce livre de 86 pages est un chef-oeuvre comme celui de Silvio d'Arzo,
Maison des autres... Bref et poignant...

bix229 a écrit:

Zamiatine est un des grands romanciers russes du siècle dernier.
L' Inondation est un livre de douleur et de haine.
Une histoire simple vécue par des gens ordinaires, mais d' une tension
extreme et soutenue de bout en bout par un style d' une grande force.

Ce livre de 86 pages est un chef-oeuvre comme celui de Silvio d'Arzo,
Maison des autres... Bref et poignant...

C'est plus que tentant. Je rajoute cet auteur à ma lliste. Merci Bix d'avoir suscité mon intérêt.

Bix 229 a écrit:

Vous suivez ?

Pas vraiment non!
Je préfère tes histoires de pomme de terre (c'est plus terre à terre )

Bien que ...

Citation :

Les patates sont des morceaux de femmes

Attention de bien tourner la phrase sinon ça peut être mal interprété

Les patates sont des morceaux de femme -sous entendu- pour Henri Cueco...
Elle est mal tournée cette phrase ?
Il les voit comme ça les patates, Cueco ou il les imagine... Je le comprends !

Or, monsieur, sachez avant toute chose qu' on me nomme Lazarre de Tormes, fils de Thomas Gonzales et Antoinete Perès, natif de Tejares,
village voisin de Salamanque.

Je naquis dans la rivière de Tormes, en raison de quoi me fut imposé ce surnom. Voici ce qu' il en advint.
Mon père (que Dieu absolve) avait charge de pourvoir la mouture d' un
moulin sis au bord de cette rivière, où il fut meunier plud de quinze ans.

Une nuit que ma mère grosse de moi, se trouvait au moulin, le mal d' enfant la prit et elle me mit au monde là, de sorte qu' en vérité je me puis
dire né dans la rivière.

Lazarillo de Tormes

L' auteur de ce petit chef d' oeuvre est inconnu, mais en tout cas il avait une sacrée plume.
Et il a inspiré des auteurs aussi fameux que Quevedo ou Mateo Aleman.
Meme s' il avait des devanciers, on a appelé ce genre d' oeuvre picaresque, parce que le personnage pricipal est un jeune garçon
qui vit de larcins ou de mendicité comme le Lazarillo.
On l' a meme qualifié de fripon et de coquin, mais ceux qui l' ont
baptisé ainsi mangeaient à leur faim et sous un toit...
Les vrais coquins eux, vivaient dans des palais, ils avaient meme le superflu et vivaient tranquillement de leurs rapineries légales.

Jamais, quand c' est la vie elle-meme qui s' en va, on a autant parlé de civilisation et de culture.
Et il y a un étrange parallélisme entre cet effondrement généralisé
de la vie qui est à la base de la démoralisation actuelle et le souci d' une culture qui n' a jamais coincidé avec la vie, et qui est faite pour
régenter la vie.

Avant de revenir à la culture je considère que le monde a faim, et
qu' il ne se soucie pas de la culture ; et que c' est artificiellement que
l' on veut ramener vers la culture des pensées qui ne sont tournées
que vers la faim.

Le plus urgent ne me parait pas tant de défendre une culture dont l' existence n' a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et
d' avoir faim, que d' extraire de ce que l' on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim.

Antonin Artaud - Le Théatre et son double

Artaud a traversé le siècle comme une étoile filante qui se consume
pendant sa course.
Comédien, homme de théatre et de cinéma, d' une originalié sidérante
et irrécupérable, il a beaucoup donné.
Beaucoup souffert aussi. Il a eu très tot des maux de tete effroyables
accompagnés de troubles nerveux qui l' amenèrent à se droguer.
Il fut enfermé pendant 9 ans à l' hopital de Rodez où il subit des électrochocs.
C' était un homme unique. Souvent hors de lui... Hors de tout.

Il faut lire ou relire ses textes incandescents :

- Le théatre et son double

- Héliogabale

- Au pays des Tarahumaras

- Van Gogh le suicidé de la société.

- Les lettres de Rodez