Un bon début, ça aide...

Sans doute, faut-il commencer ce petit livre par une affirmation courageuse.
Disons donc que je suis l' homme des vacances.
Au stakhanovisme, à la rage de production, à l' engagment, à l' efficacité,
j' oppose ma conviction et ma philosophie qu' un seul mot exprime : vacances.

Vacances longues, pour tous; que la terre ne soit plus qu' un lieu de vacances; que nous revenions à la sagesse des primitifs qui ne se soucient de rien d' autre que de chasse, de peche et d' amour, à quoi les vacances sont particulièrement propices...

Au mot d' ordre : travaillons ! qui s' élève impératif, cinglant, dans tout l' Occident, et qui commence à mettre en branle les masses d' Asie et d' Afrique, opposons le notre avec l' assurance que donne le nombre :
vacances.

Marc BERNARD - Vacances.

Ce texte date de 1953. que Marc Bernard ait été un doux reveur... peut etre. En tout cas, pour ce qu'on en sait, il a payé de sa personne pour vivre cette philosophie.
A une époque où l' on nous ordonne -un peu moins souvent quand meme- : travaillez plus pour gagner plus, cet auteur-là ne peut pas etre tout à
fait mauvais.

En tout cas, à moi, il me plait.
Et puis il est nimois comme moi !
Et il a écrit un livre dont j' ai beaucoup entendu parler et que j' aimerais
lire : La Mort de la bien-aimée. La bien-aimée, c' était sa femme, la seule
qui avait accepté de vivre toute sa vie avec lui.
En vivant plus pour vivre mieux..

Tout d' abord il n' y eut rien. Rien que la petite pluie froide et tenace, l' habituelle lumière grise d' une aube de la fin de novembre, dans laquelle
on ne savait d' où, les voix des chiens convergeait vers eux.

Puis Sam Fathers, qui se tenait juste derrière le petit garçon, comme il
l' avait fait quand celui-ci avait tiré au déboulé son premier lapin avec
son premier fusil de chasse, et presque avec la première charge que le fusil eut jamais contenue, lui toucha l' épaule, et le gamin se mit à trembler, mais pas de froid.

Puis le cerf fut là. Il n' apparut pas. Il était là simplement, non comme un fantome, mais comme si toute la lumière eut été concentrée en lui,
comme s' il en eut été la source, non seulement se mouvant en elle, mais la répandant, déjà en fuite, vu d' abord comme on voit toujours un cerf, dans une portion de seconde après qu' il vous avait déjà aperçu, déjà
ramassé dans le premier bond éperdu, les andouillers, meme dans cette terne lumière, ayant l' air d' un petit rocking chair balancé sur sa tete.

- "Attention, dit Sam Fathers, tire vite mais sans précipitation."

William FAULKNER - Gens de jadis, dans le recueil Descends Moise

Sans commentaires, sinon que Descends Moise est un des plus beaux recueils de nouvelles de Faulkner.
Et que, si vous pouvez, lisez le en anglais...

TIEGARTEN

Ne pas touver son chemin dans une ville, ça ne signifie pas grand chose.
Mais s' égarer dans une ville comme on s' égare dans une foret demande
toute une éducation.
Il faut alors que les noms des rues parlent à celui qui s' égare le langage des rameaux secs qui craquent, et des petites rues au coeur de la ville
doivent pour lui refléter les heures du jour aussi nettement qu' un vallon de montagne.
Cet art, je l' ai tardivement appris; il a exaucé le reve dont les premières traces furent des labyrinthes sur les buvards de mes cahiers.

Walter BENJAMIN - Enfance Berlinoise, dans Sens Unique.

Walter Benjamin, 1892-1940, est un des écrivains allemands les plus importants du 20e siècle.
Philosophe, critique littéraire et critique d' art, il a aussi traduit en allemand Balzac, Baudelaire et Proust.
Sens unique peut etre une bonne introduction à son oeuvre, avec Enfance Berlinoise, evocation et souvenirs d' enfance et de jeunesse,
Sens unique et Paysages urbains.

CE QU' ETAIT MON ONCLE

Je ne sais pas pourquoi l' homme tient à la vie;

Que trouve-t-il donc de si agréable dans cette insipide succession des nuits et des jours, de l' hiver et du printemps ?
Toujours le meme ciel, le meme soleil ; toujours les memes prés verts et les memes champs jaunes ; toujours les memes discours de la couronne, les memes fripons et les memes dupes.
Si Dieu n' a pu faire mieux, c' est un triste ouvrier, et le machiniste de
l' Opéra en sait plus que lui.

Claude TILLIER - Mon oncle Benjamin.

Publié à partir de 1847 en feuilletons, ce livre connut un certain succès.
Manger, boire, chanter, aimer, c' étaient les vertus que Benjamin souhaitait pour etre heureux.
Mais c' était un faux naif. Un esprit frondeur. Comme Tillier son créateur.

Et c'est sans doute pour cela que Jacques Brel a tenu à interpréter l' oncle Benjamin au cinéma en 1969.

Main aguerrie Messages : 302 Inscription le : 10/02/2009 Localisation : cantal

Et merde...
Pour décourager les fines bouches,
et puis merde, pare que ça ne va pas, parce que je m'emmerde, parce que je vais dire des chose grossières
parce que j'ai envie de chier, si ce n'est pas tout de suite, dans une heure ou deux, et demain ça recommencera, à moins que je sois constipé, et c'est tous les jours pareil, depuis que je suis né,
et maintenant on veut même plus me torcher, personne, faut que je le fasse tout seul, toujouts tout, tout seul, comme un grand,

Michel Polac / Maman, pourquoi m'as-tu laissé tomber de ton ventre?

et puis un autre début parmis les bouquins que je viens de recevoir, celui du Van Gogh... d'Artaud : "On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh qui, dans toute sa vie, ne sait fait cuire qu'une main et n'a pas fait plus, pour le reste, que de se trancher une fois l'oreille gauche,
dans un monde où on mange chaque jour du vagin cuit à la sauce verte ou du sexe de nouveau-né flagellé et mis en rage,
tel que cueilli à sa sortie du sexe maternel." Une relecture que j'attendais...

Dans un désesperant quartier d' une ville elle-meme à tant d' égards
désespérante, au premier étage d' une maison bourgeoise, deux vieilles filles vivaient avec leur vieille mère.

Heureusemnt pour le lecteur, je n' éprouve pas le devoir de décrire des lieux pareils !
Il y aurait de quoi donner le cafard aux plus allègres. A quoi bon ?
Je n' en vois pas l' utilité, je me bornerai donc ici aux symptomes strictement indispensables, et ce ne sera pas de trop.

Tommaso LANDOLFI - Les deux vieilles filles. Dans le recueil La femme de Gogol et autres récits.
P. 123

Tommaso Landolfi est un génie souffrant, névrotique mais profondément
original dans la littérature italienne du 2Oe siècle.
son tour viendra...

C' était l' été où l' homme a pour la première fois posé le pied sur la lune.
J' étais très jeune en ce temps-là, mais je n' avais auune foi dans l' avenir.
Je voulais vivre dangereusement, me pousser aussi loin que je pourrais
aller et voir ce qui se passerait une fois que j' y serais parvenu.
En réalité j' ai bien failli ne pas y parvenir.
Petit à petit j' ai vu diminuer mes ressources jusqu' à zéro : j' ai perdu mon
appartement ; je me suis retrouvé à la rue.
Sans une jeune fille du nom de Kitty Wu, je serais sans doute mort de faim.
Je l' avais rencontrée par hasard peu de temps auparavant, mais j' ai fini
par m' apercevoir qu 'il s'était moins agi de hasard que d' une forme de
disponibilité, une façon de chercher mon salut dans la conscience d' autrui...
Il y a longtemps certes, que cela s' est passé, mais je m' en souviens
comme du commencement de ma vie.

Paul AUSTER - Moon Palace

Il écrivait plutot pas mal en temps-là Paul Auster.
Et puis, on le découvrait.
Et à vrai dire, on était tous plus jeunes en ce temps-là...

bix229 a écrit:: Il écrivait plutot pas mal en temps-là Paul Auster.

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

animal a écrit:

bix229 a écrit:: Il écrivait plutot pas mal en temps-là Paul Auster.

je ne vois pas ce que tu veux dire par là Bix Cool

Je veux dire qu' il n' a peut etre pas tenu toutes les promesses que
j' attendais de lui. Et que certains de ses derniers livres m' ont franchement déçu.

Et que c' était une autre époque... En ce temps-là... Voilà ! Wink

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

bix229 a écrit:: Je veux dire qu' il n' a peut etre pas tenu toutes les promesses que
j' attendais de lui. Et que certains de ses derniers livres m' ont franchement déçu.

Et que c' était une autre époque... En ce temps-là... Voilà !

mon cher Bix.. tu es adorable.. j'ai compris tout à fait ce que tu voulais dire.. mais tu sais en ce qui concerne Paul Auster je ne suis pas si sévère lectrice.. Wink

C' est parce que tu le trouves séduisant, Kena !

Comment réagirais-tu s' il avait la tronche de Patrick Devedjian ou
Xavier Darcos... ou Jean François Copé. Comme ça... au hasard !

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

bix229 a écrit:: C' est parce que tu le trouves séduisant, Kena !

Comment réagirais-tu s' il avait la tronche de Patrick Devedjian ou
Xavier Darcos... ou Jean François Copé. Comme ça... au hasard !

ah non.. là je ne suis pas d'accord.. je peux te garantir - j'ai commencé à lire Paul Auster sans savoir comment il avait l'air.. aucune idée.. moi j'appartiens encore à la génération de lecteurs qui n'avaient pas internet pour voir tout et tout.. et même si - cela ne m'intéressait pas - et ne le fait pas aujourd'hui! Le plus bel homme peut écrire - si c'est n'importe quoi je ne vais pas commencer de faire ses louanges.. j'avoue - j'aime faire partie de ceux qui rigolent et mettent des aime

quand il s'agit d'une discussion point de vue 'look' - mais jamais cela ne va influencer mon avis de lectrice..
à vrai dire - avant même de venir chez parfum et de faire connaissance avec le système de nos fils avec la photo de l'auteur, je n'avais pas tendance de m'informer sur leurs aspects physiques..
Chez un acteur cela joue un rôle.. pour un auteur il ne devrait pas être ainsi Very Happy

Je ne sais même pas qui sont Patrick Devedjian, Xavier Darcos ou Jean François Copé Wink

Certains auteurs nous assurent que, peu de temps avant la victoire du christianisme, une voix mystérieuse courait sur les rives de la mer Egée, disant :
" Le grand Pan est mort. "

Jules MICHELET - La Sorcière

On connait cette phrase, on ne sait pas toujours qu' elle est de Michelet.
Historien imaginatif et créateur, doué pour les formules, styliste...
Quand on, pense à un historien de cette époque, on pense à lui et on a
raison.
Mais Michelet a écrit aussi un livre superbe : La Sorcière, qui est un livre de combat contre l' obscurantisme et l' influence de l' Eglise.
Et il réhabilite celle qu 'on nommait la sorcière, qui apportait soulagement,
appaisement, consolation avant de devenir une image réductrice pour
faire peur aux enfants.
Michelet aimait beaucoup les femmes. Surtout la sienne ! bravo

J' ai revé que je revais.
Je ne savais pas où je me trouvais ; sous mon regard se découvrait
l' intérieur d' une maisonnette étroitement close au coeur de la nuit,
mais simultanément je pouvais apecevoir aussi les mauvaises herbes dont se hérissait le toit.

Sur la table grossière, une lampe dont on venait d' astiquer le verre, inondait toute la pièce d' un éclairage cru.
Dans cette lumière, sur un lit boiteux, écrasé sous une masse de chair brutale, velue et étrangère, un petit corps frele et gracile tressaillait de
faim, de douleur, d' effroi, de honte et de plaisir...

LU XUN - Un tressaillement au bord de l' abime. Dans le recueil La Mauvaise herbe. P. 99

Lou Xun, 1881-1936, est considéré comme le père de littérature moderne chinoise.
Romancier, nouvelliste et essayiste, son oeuvre est profonément originale.
Mais elle n' a jamais été en odeur de sainteté dans la Chine communiste.
Lou Xun détestait les idéologies totalitaires et il l' avait fait comprendre...

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