Un bon début, ça aide...

Le plus étrange salon d' Amérique était celui de Nora.
Sa maison se blotissait au centre d' un fouillis de gazon et d' herbes folles.
Avant de tomber entre les mains de Nora, la propriété était restée deux cents ans dans la meme famille.
Elle avait son propre cimetière et une chapelle délabrée, avec des dizaines et des dizaines de psautiers moisis, fondée quelque cinquante ans
plus tot dans une rafale de pardon et d' absolution

Djuna BARNES Le Bois de la nuit

Djuna Barnes disait d' elle-meme qu' elle était "une illustre inconnue".
Je crains qu'elle ne le soit davantage.
Liée à l' avant-garde littéraires des années, profondément anti-conformiste, elle fut saluée par le poète T.S. Eliot.
Mais ça ne lui a pas porté chance apparemmment !

J' attends le point de vue d' anglicistes, Djuna Barnes étant réputée
pour son style poétique...

Kozlova

Trois lustres électriques étaient allumés.
Quarante huit fontionnaires soviétiques chantaient dans le choeur.
Un prédicateur de passage avait annoncé que dieu ressusciterait bientot et que ses ennemis seraient anéantis.
Kozlova baisa la main du pretre, se signa en étalant l' oint sacré sur son front et joua des coudes vers la sortie.
Elle eut grand mal à traverser la place : les gens lançaient des fusées, se bousculaient, poussaient des cris, faisaient flamber un dieu-le-père en carton à la tete coiffée d' un tricorne ; une musique jouait l' Internationale.

- Crapules ! chuchotait la Kozlova, bande de Jean-foutre...

Leonid DOBYTCHINE

Dobytchine, né en 1896 n' a pas vécu longtemps et n' a pas eu le temps
d' écrire beaucoup.
Mais il fut très admiré par la suite par des écrivains comme Nabokov ou Bitov... C' est dire...

J' ai vingt cinq ans, et quoique jeune encore, j' approche, à n' en pas douter, du terme fatal de mon existence.
J' ai beaucoup souffert, et j' ai souffet seul ! seul ! abandonné de tous !
Ma place n' était pas marquée dans ce monde qui me fuyait, qui m' avait maudit.
Pas un etre vivant ne devait s' associer à cette immense douleur qui me prit au sortir de l' enfance, à cet age où tout est beau, parce que tout est jeune et brillant d' avenir.
Cet age n' a pas existé pour moi.
J' avais, dès cet age, un éloignement instinctif du monde, comme
si j' avais pu comprendre déjà que je devais y vivre étranger.
Soucieux et reveur, mon front semblait s'affaisser sous le poids de sombres mélancolies.
J' étais froide, timide, et en quelque sorte insensible à touters ces joies bruyantes et ingénues qui font épanouir un visage d' enfant.

Herculine BARBIN

Ce livre là est particulier. C' est l' histoire authentique d' une créature malheureuse et dont le sort fut joué à la naissance.
Née le 8 novembre 1838, elle fut déclarée de sexe féminin.
Cette erreur de diagnostic bouleversa totalement sa vie.
Son existence sera dès lors faite de désespoir et de solitude absolus.
Toute sa vie qui fut courte elle se sentit invisible, rejetée, inexistante.
Et son esprit était plein de de dégout et de désarroi sur sa persone.
Ce témoignage bouleversant est un cri dans la nuit.

Ce texte a été tiré de l' oubli par Michel Foucault qui a écrit des mots
forts et justes à son sujet.

Au coin d' une rue, l' angoisse, une angoisse sale et grisante me décomposa (peut etre d' avoir vu deux filles furtives dans l' escalier d' un lavabo).
A ces moments, l' envie de me vomir me vient. Il me faudrait me mettre nu, ou mettre nues les filles que je convoite : la tiédeur de chairs fades me soulagerait.
Mais j' eus recours au plus pauvre moyen : je demandai, au comptoir, un pernod que j' avalai ; je poursuivis de zinc en zinc, jusqu' à ...
La nuit achevait de tomber.

Georges BATAILLE - Madame Edwarda

J' ai dépassé les quotas que je m' impose... Je parlerai de Bataille
une autre fois...
C' est seulment à l' intention d' Animal... come ça ... pour voir...

il y a du mystère... jemetate

Je n' arrive pas à prendre les sorciers au sérieux, en tant que groupe.
Ce sont les sorcières qui comptent. Les femmes ont une imagination si vive et mènent une vie si terne.
Leur plaisir dans la vie est vite passé, elles dépendent tellement des
autres, et la dépendance devient vite assommante.
Lorsque je pense aux sorcières, je vois dans toute l' Angleterre et
dans toute l' Europe, des femmes qui vivent et vieillissent, aussi
nombreuses que des myrtilles et aussi ignorées.
Et à mesure que le temps passe, elles s' enfoncent dans la grisaille,
alors que justement s' il est une chose que les femmes détestent, c'est qu' on les trouve ternes.
Il peut paraitre mesquin de s' en plaindre mais ce genre de choses, c'est comme une fine poussière qui peu à peu s' installe.
Nous sommes sorcières, déclare Laura Willowes, parce que nous
savons au fond de nous memes comme nous sommes dangereuses,
imprévisibles et extraordinaires

Sylvia TOWNSEND WARNER

Laura Willowes est un personnage de Sylvia Townsend Warner .

Et ce début n' est pas un début ! Mais il m' a plu et comme cette dame est une grande romancière du 2Oe siècle...
Bon je sais que vous ne me croyez jamais, mais ce n' est meme pas moi qui le dis mais Geneviève Brisac dans la préface de Les Royaumes des elfes...

Je n'ai pas lu les 31 pages de ce post (...) et j'espère ne pas faire une répétition...mais je ne résiste pas au plaisir de vous recopier les premières lignes du Regain de Giono qui sont pour moi un vrai petit régal de bonhomie et d'humour (surtout la dernière phrase ! Very Happy

)

Quand le courrier de Banon passe à Vachères, c'est toujours dans les midi.
On a beau partir plus tard de Manosque les jours où les pratiques font passer l'heure, quand on arrive à Vachères, c'est toujours midi.
Réglé comme une horloge.
C'est embêtant, au fond, d'être là au même moment tous les jours.
Miche, qui conduit la patache, a essayé une fois de s'arrêter à la croisée du Revest-des-Brousses, et de "tailler une bavette" avec la Fanette Chabassut (...), puis de repartir tout plan pinet. Rien n'y fait.
(...)
- Eh, c'est encore midi, dit Michel, et puis, penché sur la boîte de la patache :
- Vous entendez, là-dedans ? C'est encore midi ; il n'y a rien à faire.
Alors, que voulez-vous, on tire les paniers de dessous la banquette et on mange.

Merci Thérèse !

Mais ces 31 pages ne sont pas des pensums !
Je l' ai fait par plaisir en feuilletant les livres de ma bibliothèque...
Essaie, tu verras !

Et il y a le début d' un Roi sans divertissement... oui

bix229 a écrit:: Mais ces 31 pages ne sont pas des pensums !

Je ne voulais pas dire ça...et je les lirai avec plaisir ...mais hier soir je n'avais vraiment pas le temps ! Very Happy

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

C’était la nuit, et les chiens surgirent d’entre les arbres, déchaînés, hurlants. Ils jaillirent du couvert de la forêt et leurs ombres flottèrent dans un champ baigné de lune. Pendant un moment, on eût dit que la piste de la fille s’était déchirée comme une toile d’araignée, qu’elle avait été emportée par le vent ; il n’en restait que des lambeaux inutiles semés çà et là. Les chiens hésitèrent et se dispersèrent, avides. Ils avançaient lentement, les pattes raides, leur gros museau fouillant le sol.

Gil Adamson, La veuve

dont j'ai posté le résumé ici

Avec amertume, donc.
Mais ce sentiment, je me le suis interdit. Avec dérision, plutot : sentiment plus affable, qui préserve sa transparence, son insouciance.
Ainsi tel un oiseau regagnant son nid, je peux me glisser dans un tronc d' arbre et rire en moi-meme.
Et me taire aussi - me taire, peut etre, pour projeter mes reves
vers l' extérieur, car le septième sens, c' est le sommeil.

Wilma Stockenstrom - Le Baobab

... Parce que ça fera plaisir à Kenavo.
Parce que c' est un bon début.
Et aussi un bon livre. oui

Voilà plusieurs jours que je suis dans une caserne de l' armée,
cagoulé jusqu' aux épaules ; pantalon, maillot, slip, chaussures trempés.
J' ai 23 ans. Je ne sais ni quel jour nous sommes ni quelle heure il
est. Je sais qu' il fait nuit et qu' il est tard.
On vient de me ramener de la salle de torture, qui est au rez de chaussée.
On entend les cris, un torturé, un autre, un autre, un autre et un autre encore, toute la nuit.
Je ne pense à rien : je sens mon corps.
Il est sale, couvert de coups, fatigué, il sent mauvais, il a sommeil,
il a faim.
En ce moment au monde il y a mon corps et moi. je ne le dis pas ainsi, mais je le sais : il n' y a personne d' autre que nous deux.
De nombreuses années passeront, presque trente, avant que je puisse me dire ce que je ressens.
Pas me dire " que ressent-on " mais que ressentons-nous lui et moi.

Carlos LISCANO - Le Fourgon des fous

Ce livre est aussi nécéssaire et exemplaire qu' un livre de Carlo Levi.
Voir le fil Liscano...

Elle est entrée dans le livre. Elle est entrée dans les pages du livre comme un vagabond pénètre dans une maison vide, dans un jardin à l'abandon.
Elle est entrée, soudain. Mais cela faisait des années déjà qu'elle rôdait autour du livre. Elle frôlait le livre qui cependant n'existait pas encore, elle en feuilletait les pages non écrites et certains jours, même, elle a fait bruire imperceptiblement ces pages blanches en attente de mots.
Le goût de l'encre se levait sur ses pas.

Elle s'est glissée dans le livre. Elle s'est faufilée dans les pages comme un songe s'en vient visiter un dormeur, se déploie dans son sommeil, y trame des images et mêle à son sang, à son souffle, de fins échos de voix.
Elle va partout, n'importe où, elle s'introduit où elle veut, elle traverse les murs aussi aisément que les troncs d'arbres ou que les piles des ponts.
Aucune matière n'est pour elle un obstacle; ni la pierre, ni le fer, ni le bois ou l'acier n'arrêtent son élan, ne retiennent ses pas. Toute matière a pour elle la fluidité de l'eau.
Elle avance droit devant elle sans jamais reculer. Ses déambulations semblent mues par de secrètes urgences, et son sens de l'orientation est le plus déroutant qui soit.

La Pleurante des rues de Prague - Sylvie Germain

Les animaux se battent, mais ils ne font pas de guerres.
L' homme est le seul primate à pratiquer la mise à mort de ses
congénères de façon organisée et à grande échelle, et dans
l' enthousiasme.
La guerre compte parmi ses inventions les plus importantes ; la
capacité de conclure la paix n' a sans doute été acquise que bien
plus tard.
Les plus anciennes traditions de l' humanité, ses mythes et ses légendes héroiques parlent principalement d' homicides, prémédités
ou pas.
Le caractère rudimentaire de l' armement n' était pas la seule raison
pour laquelle on s' affrontait en des combats rapprochés :
il est psychiquement plus satisfaisant de décharger sa haine sur
des gens qu' on connait, et donc sur ses voisins immédiats.
Il semblerait ainsi que la guerre civile n' est pas seulment une
habitude ancienne, mais bien la forme pemière de tous les conflits
collectifs.
Voilà 2500 ans, elle a trouvé sa représentation classique dans l' histoire de la guerre du Péloponnèse.
On n' a jamais fait mieux.

Hans Magnus Enzensberger - Vues sur la guerre civile

Enzensberger est un écrivain allemand considérable, parce qu' il joue un role, un vrai role de d' observateur de la société. Un éveilleur de consciences.
Le contraire du démagogue. Jamais il ne flatte les gens dans le sens
du poil...

Rendez-vous avec Einstein

Par une tardive après-midi du mois d' octobre, Albert Einstein se
promenait solitaire, après sa journée de travail, sur les allées de
Princeton, quand une chose extraordinaire lui arriva.
Soudain, et sans aucune raison spéciale, sa pensée courant dans
tous les sens comme un chien détaché de sa laisse, il conçut que
toute sa vie durant, il avait vainement tenté d' atteindre.
D' un coup Einstein vit cet univers que l' on nomme courbe, et le
vit aussi bien par devant que par derrière, comme vous pouvez
le faire de ce livre que vous tenez en main.

Ce début est de ... De qui au fait...?

Les amateurs reconnaitront ou non...
et les autres apprécieront ou pas.

Qui est-ce ? innocent

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