Sidney Lumet

Blood Kin (The last of the Mobile Hot shots, 1970)
Gore Vidal adapte Tennessee Williams. Les familiers de l'écrivain ne seront pas dépaysés : nostalgie du sud ségrégationniste, liens familiaux tordus, sexualité exacerbée, racisme latent ... Le tout, dans une plantation délabrée, menacée par une crue imminente. L'outrance et l'hystérie sont bien contenues par la mise en scène de Lumet, qui ne perd pas une miette de ce huis-clos suffocant, dans un dialogue à trois personnages : un mourant, son demi-frère noir, une évaporée parachutée dans ce pandémonium. Belle prestation de James Coburn, au passage.

(ce n'est pas en dvd de franco-france non?)

(non, animal, pas de dvd existant en nos contrées. Seulement un américain, sans sous-titres).



Le rendez-vous (The Appointment, 1969)
Un Lumet à dissimuler sous la moquette, tellement il est navrant. Le romantisme, ce n'est visiblement pas sa tasse de thé, même agrémenté d'une vague torsion scabreuse, façon Belle de jour. Omar Sharif, pauvre de lui, a hérité d'un rôle niais et indéfendable. Anouk Aimée reste resplendissante quoi qu'il arrive. Le film se passe à Rome et tout le monde parle anglais, évidemment, avec un joli accent italien. Après ça, Lumet a tourné Lost of the Mobile Hot-Shots, puis The Anderson Tapes. Ouf !

Bye bye Braverman (1968)
Quatre intellectuels juifs de Brooklyn, en route pour les obsèques d'un ami. Ils parlent philosophie, divaguent, se perdent, provoquent un accident, se trompent d'enterrement ... Un film essentiellement fait de dialogues, drôles la plupart du temps, et une scène d'anthologie avec un rabbin en roue libre. Très réussi et ressemblant à du Woody Allen avant la lettre.

La mouette (The Sea Gull, 1968)
De prime abord, Lumet chez Tchekhov, cela aurait tendance à laisser perplexe. Ce serait oublier que le cinéaste n'est pas un manchot en matière d'adaptations théâtrales, de Douze hommes en colère à Equus). Fidélité garantie dans ce film de 2 heures 20 où la campagne suédoise remplace la nature russe avec un certain talent. C'est en anglais, bien sûr, mais le casting est excellent : Vanessa Redgrave est une Nina convaincante et David Warner un Konstantin torturé juste comme il convient. Ajoutez un James Mason superbe, une Simone Signoret étonnante, plus quelques seconds rôles sans fausse note et l'affaire est bouclée. On peut seulement regretter que Lumet n'ait pas pris davantage de risques dans sa mise en scène qui reste à distance, extrêmement respectueuse de l'oeuvre.

animal a écrit:

je commence en vous remettant les impressions de revision de L'Homme à la peau de serpent :


L'Homme à la peau de serpent

c'est parce que Marlon à une sorte de vêtement en peau de serpent, et il s'appelle Valentine Xavier...
Marlon Brando!!

ça c'est pas dans le film mais tant pis :





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c'est dommage je ne connais pas la pièce, le film m'a moins marqué que la première fois où je l'ai vu (tv) mais c'est quand même du bon film et puis... ces personnages déglingués perdus dans un univers hostile, le notre, qui luttent pour espérer rester eux-mêmes... J'ai bien envie de voir ces déglingués ... Bizarre, non?

Arff Animal, tu es donc sans pitié de nous tenter ainsi ... Comment résister à Marlon Brando, hein?
Cruel, ce Panda, en fait!!

il y a marqué sale panda, ce n'est pas pour rien (en plus d'être une excuse très pratique).

en y repensant je dirai que c'est Brando dans les ambiguïtés de la séduction (et en jouant un peu les durs, quand même).

je vais attendre avant les autres suggestions.

kenavo a écrit:

 

2007 : 7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows You're Dead)

Citation :

Synopsis
Ce samedi matin-là, dans la banlieue de New York, tout semble normal dans la vie des Hanson. Alors que Charles, le père, passe un test de conduite, sa femme Nanette ouvre la bijouterie familiale. Leur fils aîné, Andy, s'inquiète pour le contrôle fiscal qui débute lundi. Et comme d'habitude, Hank, son frère cadet, se noie dans ses problèmes d'argent. Mais à 7h58, ce samedi-là, tout va basculer dans la vie des Hanson

Comment on a pu changer le titre de ce film – je ne vais jamais le comprendre – surtout en quelque chose de si .. banale..
Before the Devil knows you’re dead = avant que le diable sait que tu es mort !
Et cela n’est pas seulement une phrase quelconque – mais le ‘plan’ de Lumet derrière était de jouer avec le sens que les gens voient derrière cette phrase qui veut que les hommes ont une demie heure après leur mort d’échapper au diable.. après il sait qu’il peut aller chasser leures âmes..
Et les deux personnages principaux dans ce film ont intérêt de profiter de cette demie heure  

Très noir, très dur, très étouffant.. mais diablement bon !!

lorsque j'ai vu Breaking Bad j'ai immédiatement pensé à ce film que je trouve formidable. Les décisions qui entrainent des catastrophes, la drogue, les situations inextricables. En fait les deux frères sont deux minables à la base. Le braquage ne fait que le révéler. Il n'y a pas de Hasard.  Et paix à l'âme  tourmentée de Philip Seymour Hoffman

marc et cie a écrit:

lorsque j'ai vu Breaking Bad j'ai immédiatement pensé à ce film que je trouve formidable.

ah tiens, c'est marrant que tu en parles, depuis que je suis de retour au travail, il y a un collègue qui essaie de me convaincre de regarder Breaking Bad... je sens déjà que je ne vais pas pouvoir échapper à sa méthode   

marc et cie a écrit:

Et paix à l'âme  tourmentée de Philip Seymour Hoffman

quand j'ai parlé avec ce même collègue concernant les films de Philip Seymor Hoffman, je lui ai dit qu'il faut absolument voir celui-ci... je l'ai encore en bonne mémoire et il est vraiment extra!!

breaking bad c'est extraordinaire mais très dérangeant. Mais bon si tu aimes "before the devil..." il ne devrait pas y avoir de problèmes.

et oui, c'est ce côté dérangeant qui me fait hésiter... pendant un film ça va... mais toute une série?? bon, je vais quand même lui faire le plaisir et y jeter un oeil ou deux

The Pawnbroker

Sur grand écran pour une deuxième vision. Le film est toujours très efficace, resserré qu'il est sur son personnage principal "en performance". Comme si plus dur et froid il se faisait plus les gens allaient vers lui. L'incapacité ou l'impossibilité de surmonter ses drames, déportation, camps de concentration et surtout la perte de sa famille. Sa boutique dans Harlem, qui vit d'une association distante avec la pègre locale cache en fait l'entretien financier de la famille de sa belle-sœur et celle de sa maitresse dont le père est mourant. A côté un jeune qui travaille chez lui et qui essaye de se remettre dans le droit chemin tout en essayant de s'en tirer.

Peut-être que ce qui apparait plus à la deuxième vision ou sur grand écran c'est le propos du film à côté ou à travers le personnage. Repoussant des valeurs d'humanité ou d'amour pour tenter d'échapper à sa mémoire et à son drame éreintant, repoussant aussi la culture et l'image de son ancien métier de professeur, la seule valeur restante est celle emblématique de l'argent. Il y a les images habituelles du racisme qui vont avec l'argent mais il y a aussi sa place de valeur moderne unique qui se révèle dans le film n'être pas une solution mais plutôt une ambigüe source de problèmes et de malheurs : délinquance et le troc misérable de la boutique, des souvenirs froidement démystifiés et vendus contre rien.

Le portrait de cet homme à bout, devenu destructeur, souffrant terriblement en son fort intérieur alors qu'il assassine moralement ses interlocuteurs, voisine avec l'absence de l'argent. Désemparé, désemparant, c'est à ce sentiment de perte que s'associent les images du bien beau noir et blanc urbain qui ne laisse que peu d'espaces libres. (la musique est parfois extra elle aussi).

Peut-être très linéaire, traditionnellement cinématographique, mais attachant et touchant. Un film fort avec des images épaisses, denses mais qui n'apparaissent pas comme un discours trop simple, la ville et la vie y gardent une part de sombre mystère.

Très content de l'avoir revu et d'en d'aussi bonnes conditions.

Lâché l'affaire à mi-parcours du mortellement bavard Contre-enquête (en plus c'est mou malgré quelques cailloux).

Moins réservé que Traversay en page 2 pour The Deadly Affair/MI5 demande protection, il pourrait manquer une pointe d'intensité dans ce sang froid à l'anglaise mais dans l'ensemble ça fonctionne bien ce film d'espionnage de guerre froide. Et avec une remarquable économie de coups de feu (deux ?)  ou de gadgets (zéro ?), et même de coups (quelques uns).

Le film est centré sur un travail d'enquête avec une ambiance réglée sur méfiance. Avec l'ajout d'une relation conjugale un peu différente qui contribue à entretenir une espèce d'incertitude étrangement dépassionnée, on a un suspens qui monte tranquillement en charge sans avoir trop l'air d'y toucher. La petite note différente du film peut-être.

Pas un film à regarder en boucle mais solide, bien construit et bien arrangé.

Le crime de l'Orient-Express (1974)

Moins chaud avec cette adaptation. Ce ne sont pas les prestations hautes en couleur qui manquent pourtant mais plutôt le fait que ce Poirot à l'accent improbable s'avère vite agaçant. Ce qui est normal c'est vrai mais seulement agaçant. Et ça c'est plus gênant. Il reste à se consoler avec le charme désuet des personnages et de l'imagerie. Le luxe somptueux du train est plus intéressants que les quelques effets américano-planplans des années 70 (travelling avant, arrière, vague accélération du montage). Peut-être aussi que l’enchaînement des interviews s'il permet à chacun d'avoir sa place fait finalement passer l'énigme au second plan et qu'avec une adaptation d'Agatha Christie ça peut provoquer une sensation de manque.

A moins que tout simplement le mythe écrase d'attente et d'avance tout résultat possible ?