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| Vilhelm Moberg [Suède] | |
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+6darkanny domreader Queenie Chatperlipopette Arabella Chimère 10 participants | |
Auteur | Message |
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Chimère Agilité postale
Messages : 995 Inscription le : 24/02/2007 Age : 52 Localisation : Bordeaux
| Sujet: Vilhelm Moberg [Suède] Dim 5 Oct 2008 - 13:07 | |
| Biographie et bibliographie de l'auteur : [Wiki Source] - Citation :
- Vilhelm Moberg est un écrivain, dramaturge suédois, né en 1898 à Moshultamåla dans le Småland (Suède) et mort en 1973.
Moberg est issu d'un milieu de soldats-paysans, classe sociale propre à la Suède, à laquelle appartenait la milice suédoise, et qui a existé jusqu'au début du 20ème siècle. En mai 1919, l'auteur travaille comme stagiaire au journal Vadstena Läns Tidning, ce qui lui donne la possibilité de publier ses récits basés sur son expérience. Il en deviendra le rédacteur en chef en 1920. Il écrit ensuite une série satirique et humoristique publié dans le journal Växjöbladet et qui obtient du succès. En 1922, il devient un des rédacteurs du Nya Växjöbladet à Alvesta. Il rencontre Margareta Törnqvist et ils se marient en 1923.
Le premier roman de l'auteur reçoit de mauvaises critiques mais ses pièces rencontrent plus d'intérêt. Sa plus grande œuvre dans les années trente est la trilogie sur Knut Toring, Sänkt sedebetyg (Mauvaise note), Sömnlös (insomnie) et Giv oss jorden! (Donnez nous la terre !). Elle raconte l'histoire du rédacteur d'un journal dans une grande ville qui a la nostalgie de son Småland natal. Ce qui est un peu le cas de Moberg.
Parmi ses œuvres, on peut citer A cheval ce soir paru en 1941 qui raconte la rébellion d'un paysan au XVIIe siècle. Mais ce livre est en fait une métaphore contre le nazisme. L'écrivain prend position contre toute forme de totalitarisme, que ce soit le nationalsocialisme ou le communisme. Républicain, il est également contre la monarchie et la religion d'état (en Suède, l'église luthérienne). Moberg a écrit plusieurs romans historiques.
Cependant l'auteur est surtout connu pour la Saga des Émigrants, publiée entre 1949 et 1959. Il a travaillé sur des sources historiques, concernant les populations de la Suède qui ont émigré dans le Minnesota. Il s'agit d'une véritable aventure humaine, celle des paysans du Småland, au Sud-Est de la Suède qui émigrent aux États-Unis dans les années 1840. L'un des personnages centraux de l'œuvre, Kristina, évoque la grand-mère de l'écrivain. La Saga des Émigrants a été adaptée au cinéma par Jan Troell. Deux anciens membres du groupe ABBA, Benny Andersson et Bjorn Ulvaeus, ont adapté la saga de Moberg en comédie musicale, laquelle a rencontré un vif succès.
Moberg éprouve de la difficulté à écrire à la fin de sa vie, ce qui le conduit à la dépression. Il se suicide le 8 août 1973.
Il se rattache à un courant majeur de la littérature suédoise, le roman prolétarien. L'œuvre de l'écrivain est immense mais beaucoup de ses livres n'ont pas été traduits en français. En 1998, les Suédois, cent ans après la naissance de Moberg, ont élu la Saga des Émigrants meilleur roman suédois du siècle. En 2000, cette tétralogie a été publiée en huit volumes en français.
Dernière édition par kenavo le Lun 9 Jan 2012 - 11:52, édité 4 fois | |
| | | Chimère Agilité postale
Messages : 995 Inscription le : 24/02/2007 Age : 52 Localisation : Bordeaux
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Dim 5 Oct 2008 - 13:14 | |
| LA SAGA DES EMIGRANTS 1-AU PAYS de Vilhem MOBERG Ed Gaïa/315p trad : Philippe Bouquet
Dans le Smaland, province du sud-est de la Suède, la pénurie des terres, les famines, poussent certaines familles à penser à partir pour Le Nouveau Monde. Ils leur faudra franchir bien des obstacles pour pouvoir parvenir jusqu'au bateau qui doit leur faire traverser l'océan qui les sépare de leur nouveau pays. Voici l'histoire de quelques uns d'entre eux.
La vie de simples paysans en Suède au 19ème siècle n'est décidement pas très enthousiasmante, entre les dettes, la soumission au pasteur et aux représentants du roi. Ce premier tome est quasiment documentaire sur les conditions de vie de cette population tout en restant passionnant à suivre grâce à des personnages attachants, un peu en marge pour certains, qui commencent à refuser d'accepter leur condition de vie et rêve d'un avenir meilleur pour leur descendance. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le début de cette très grande saga et je me réjouie de pouvoir lire la suite le plus vite possible.
LA SAGA DES EMIGRANTS-2 LA TRAVERSEE de Vilhelm MOBERD Ed Gaïa/267p Trad : Philippe Bouquet
A bord de la Charlotta la vie s'organise pour la centaine d'émigrants en route pour leur terre promise. Entre maladies, tempêtes, neurasthénie liée à l'enfermement en lieu clos pendant des semaines, les passagers ont tout loisir de ruminer leur motif à l'émigration. Tous cependant n'arriveront pas au bout du voyage.
C'est qu'on s'y attache vraiment à cette série. L'idée de raconter pas à pas, étape par étape, le phénomène de l'émigration vers les Etats Unis au 19ème siècle à travers quelques personnages venus du même village et qui partent pour des raisons diverses est très bien utilisée. Entre le documentaire clinique et les péripéties romanesque, le fait est que chaque personnage est suffisamment intéressant pour que l'on ait envie de le suivre dans son périple et les descriptions des conditions de vie de l'époque sont très réalistes. J'adore, le vieux couple parti rejoindre leur fils installé en amérique et qui apportent une meule à aiguiser dans leurs bagages. Leur seul soucis c'est que cette meule parvienne intacte à leur fils peu importe qu'eux même ne survivent pas à la traversée. C'est par ce genre de petit détail que l'auteur accroche le lecteur.
LA SAGA DES EMIGRANTS 3 Le nouveau monde de Vilhelm MOBERG ed Gaïa/248p Trad : Philippe Bouquet
Ils sont arrivés enfin ! Ils ont foulés la terre de l'Amérique après de long mois en mer mais il leur reste bien du chemin pour parvenir à leur destination : Le Minnesota.
Les futurs colons font leur premier pas sur leur terre d'adoption et doivent accepter que le passé est derrière eux et qu'ils ont définitivement quitté leur terre natale. Un volume de pérégrination grâce au chemin de fer, aux bateaux vapeurs, et où des liens nouveaux se tissent entre les émigrants, liens dont ils n'auraient jamais eut l'idée s'ils étaient resté au pays. Comme toujours on oscille entre le documentaire et la fiction ce qui rend sans doute le récit passionnant à suivre. Et bien entendu une seule question en tête : que va t'il arriver ensuite ?
LA SAGA DES EMIGRANTS 4 Les forêts du Minnesota de V. MOBERG Ed Gaïa/380 p Trad : Philippe Bouquet
Enfin dans le Minnesota. Pour les gens de Ljude c'est le moment de se trouver des terres cultivables, de batir leur maison et de s'installer dans leur nouveau pays définitivement.
Passionnant, c'est de plus en plus passionnant. Outre que l'on apprend beaucoup sur le phénomène de la colonisation par les vagues d'émigrations des états unis, l'intrigue reste toujours prenante à suivre, les personnages sont attachants et on tourne les pages avec avidité pour savoir la suite de leurs aventures. C'est vrai qu'on ne voit pas le temps passer avec eux. C'est une saga qui se bonifie de volume en volume.
LA SAGA DES EMIGRANTS 5 Les pionniers du lac Ki-Chi-Saga V.MOBERG Ed Gaïa/263p Trad : Philippe Bouquet
La famille de Karl Oscar s'est trouvé une terre près du Lac Ki-Chi-Saga, mais bientôt leur isolement va prendre fin car de nouveaux émigrants vont s'installer dans la région et une communauté suédoise va bientôt se former.
Après la vie un peu hors civilisation des débuts, il faut donc batir une communauté, se trouver une école pour les enfants, construire une église etc. Que de bonnes choses dans ce tome. On suit l'intégration plus ou moins réussi des émigrants, avec des personnages comme Ulrika qui se choisit une vie américaine au possible et la famille de Karl Oscar qui se regroupe autour de la communauté suédoise. La nouvelle génération purement américaine fait également son apparition. Mon seul soucis : il ne reste vraiment que 3 tomes de cette série ?
SAGA DES EMIGRANTS 6 L'or et l'eau de Vilhelm MOBERG Ed Gaïa/278p Trad : Philippe Bouquet
Bien des années après que Robert le jeune frère de Karl Oscar soit parti avec son ami Arvid en Californie pour chercher de l'or, le voici de retour à la ferme de son frère.
On entre dans l'émotion avec ce tome là. Que dire si ce n'est que j'aime la construction du récit, que l'auteur touche au plus près l'être humain et ses rêves qui le mène parfois à sa perte. Pas de grand discours, pas d'interminables pages sur les errances du frère prodigue, juste quelques épisodes clefs et une fin de volume poignante avec la mise en terre du premier mort de la communauté.
LA SAGA DES EMIGRANTS 7 Les épreuves du citoyen de V.MOBERG Ed Gaïa/276p Trad : Philippe Bouquet
A Chisago Lake, la vie suit son cours. Le minnesota est entré dans l'union et la famille de Karl Oscar a reçue les papiers attestant de la citoyenneté américaine. Mais la guerre de sécession vient de débuter également. Karl Oscar ira t'il s'engager pour aller se battre ?
La fin approche et ce volume semble être fait pour nous préparer à la conclusion de cette saga passionnante. La petite histoire rejoint la grande. Pour certains l'émigration est une réussite pour d'autres c'est une tragédie, c'est l'occasion de faire le bilan. Et enfin le personnage de Kristina prend de l'ampleur et nous offre le portrait de l'éternelle émigrante qui ne sera jamais chez elle dans ce nouveau pays et l'acceptation de son sort.
LA SAGA DES EMIGRANTS 8 La dernière lettre au pays natal de V. MOBERG ed Gaïa/280 p Trad : Philippe Bouquet
Kristina contre l'avis médical est de nouveau enceinte au risque de perdre la vie. La guerre entre le Nord et le Sud continue et la révolte des indiens n'arrange pas les choses. L'ancienne génération est sur le point de céder la place à la nouvelle beaucoup mieux intégrée. Et Karl Oscar commence a éprouver de la nostalgie.
fin de cette saga riche en émotion, en personnages et en histoires. C'est avec le couple Karl Oscar/Kristina qui avait commencé l'histoire que celle-ci se termine. Les dernières pages consacrées à la nostalgie de Karl Oscar doyen de sa famille sont très belles et dans ces conditions la petite larme à l'oeil en fin de lecture est justifiée. On a souffert, voyagé, aimé, pleuré avec ces personnages, et voilà que l'histoire s'arrête d'une façon logique et satisfaisante et très émouvante. Au final : vous avez commencé le premier tome, vous ne pourrez plus vous arrêter avant la dernière page du dernier volume. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Dim 5 Oct 2008 - 13:29 | |
| C'est très tentant, la seule réserve c'est le nombre de volumes, j'aurais du mal à laisser toutes mes autres lectures pour lire cette saga maintenant, peut être pour Noël. | |
| | | Chimère Agilité postale
Messages : 995 Inscription le : 24/02/2007 Age : 52 Localisation : Bordeaux
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Dim 5 Oct 2008 - 13:31 | |
| Ca se lit vraiment très vite et les volumes ne sont pas très gros... | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Dim 5 Oct 2008 - 15:29 | |
| Arabella, tu peux alterner, comme je le fais actuellement: un tome de la sage, un autre roman (bon, je me suis un peu fourvoyée avec quatre soeurs mais bon...) | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Dim 5 Oct 2008 - 19:51 | |
| J'ai du mal à alterner deux lectures romanesques en même temps, mais je crois que je vais craquer à la prochaine visite en bibliothèque | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 8 Déc 2008 - 21:02 | |
| - Marko a écrit:
- En attendant de lire cette saga, dont je viens de me procurer les 2 premiers tomes, j'en profite pour faire un pont avec le cinéma. Le réalisateur suédois Jan Troell a en effet adapté ce roman fleuve à travers 2 films:
Les émigrants (1971) et Le Nouveau Monde (1972)
Fil ici | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 22 Déc 2008 - 10:51 | |
| Héhé, voili voilà j'ai enfin achevé mon comm' sur cette saga! J'avais pris un tas de notes et au final je me suis lancée dans une tentative, si possible exhaustive, de synthèse d'ambiance et d'impressions car sinon j'en aurais écrit des pages et des pages La saga des émigrants Nous sommes en Suède, dans le Smaland, le 19è siècle en est à peine à sa moitié et les paysans courbent l'échine sous le labeur et la domination de l'Eglise luthérienne. Le rythme des saisons scande le quotidien jusqu'à ce que le système, qui paraissait jusqu'alors immuable, commence à se fissurer lentement mais sûrement. En effet, l'érosion des bases d'une société immémoriale due aux partages incessant des terres au fil des héritages, les paysans ont de plus en plus de difficulté à vivre de leurs terres, trop morcelées, trop amenuisées au cours des générations: ils ne peuvent plus vivre décemment car les terres viennent à manquer! Le labeur incessant n'assure guère la pitance des familles, la pauvreté et surtout les mauvaises récoltes dues aux intempéries comme aux sécheresses, ouvrent les oreilles de certains aux échos remplis de promesses venus du Nouveau Monde, celui où des terres vierges et fécondes sont à acquérir pour rien! Karl Oscar Nilsson et Kristina, son épouse, suent et triment sur leurs lopins de terre pauvres où les pierres sont plus nombreuses que l'humus: la famille s'est agrandit, les enfants sont faim et Karl Oscar n'est guère confiant en l'avenir. Robert, son jeune frère, pas vraiment paresseux mais épris de liberté rêve de l'Amérique et se jure bien de partir y vivre un jour, lorsqu'il aura économisé sur sa paie de journalier, lorsqu'il pourra se libérer du joug d'un maître. La mort atroce de la fille aînée de Karl Oscar, au cours d'un hiver de famine, va sceller le destin de la famille: au printemps, ils partiront pour l'Amérique, terre promise d'une vie meilleure. C'est ainsi que par un jour pluvieux du printemps naissant, la famille Nilsson laisse au pays les vieux parents, pour émigrer, en compagnie d'autres villageois de la paroisse (une femme de mauvaise vie excommuniée et sa fille, une famille de paysans hérétiques, un homme marié en rupture de couple et un jeune journalier ami de Robert) et quitter sans espoir de retour la terre qui les a vus naître. Commence alors une étonnante, une superbe, une poignante et gigantesque saga digne des sagas anciennes: l'épopée d'un groupe de paysans suédois, parti sur les traces de leurs ancêtres aventureux pour fonder un nouveau foyer et connaître une nouvelle vie en plongeant dans l'inconnu. Du pont du Charlotta aux plaines fertiles du Minnesota, Karl Oscar et sa famille ne baisseront jamais les bras face à l'adversité ou aux deuils. La traversée, longue de dix semaines, rythme les espoirs et les regrets des uns et des autres: Kristina est enceinte et manque de perdre la vie, Karl Oscar plus roc que jamais s'accroche à son rêve, Robert apprend l'anglais afin de pourvoir communiquer une fois arrivé en Amérique, Arvid suit aveuglément Robert, Ulrika, La Joyeuse, s'avère être la plus solide de tous en échappant tant au mal de mer qu'aux divers désagréments d'une vie maritime tandis que Danjel et la vieille Fina-Kajsa deviennent veufs. Le calvaire s'achève enfin à New-York, où nos émigrants n'en croient pas leurs yeux: la foule, la végétation, le pain blanc que l'on peut acheter, le lait frais, autant de preuves de l'existence de la terre promise! New-York point de départ vers une autre vie dont la route sera bien longue et périlleuse: nos Suédois empruntent pour la première fois le train puis le bateau à aube avant d'accoster enfin sur un territoire presque inexploré. New-York et ses étranges sirènes qui chantent un air de liberté et d'or à Robert: l'appel de la Californie entre en lui pour ne plus le quitter; un jour, il sera chercheur d'or, deviendra riche et sera enfin libre! Mais il est temps de reprendre la route vers le Minnesota, cornaqués par un compatriote qui les aident à éviter les pièges tendus aux nouveaux immigrants...nos Suédois ne sont plus des émigrants et deviennent des immigrants qui doivent réussir à trouver leur place dans la jeune, bouillonnante et toujours en évolution société américaine. La terre promise existe mais seulement pour celui qui saura vivre sereinement son déracinement, qui survivra au mal du pays et qui se retroussera les manches pour défricher, préparer er ensemencer cette terre fertile qui ne demande qu'à être ouverte par le soc de la charrue. La vieille Fina-Kajsa retrouve un fils perdu, dépressif et sans volonté de valoriser son "chaim" (terre délimitée par le pionnier avant la régularisation par les services de l'état): la Suède lui manque, l'Amérique manque trop de femmes et la solitude des hommes peut faire des ravages. Karl Oscar est fait d'un autre bois: il choisit son "chaim" au bord d'un lac isolé, fréquenté par quelques tribus indiennes pacifiques. Il lui faut construire un toit rudimentaire avant l'hiver pour abriter sa famille et permettre à Kristina de donner décemment naissance à l'enfant qui s'annonce, le premier américain de la famille. Une cabane en rondins grossièrement taillés sort de terre, il est trop tard pour préparer et ensemencer la terre, l'hiver s'annonce long et difficile d'autant que l'argent doit être conservé pour acheter les prochaines semences. Pour Karl Oscar et Kristina un labeur aussi pénible et dur que celui de leur ferme suédoise s'annonce: la vie, les privations, les travaux de la ferme et les grossesses useront Kristina dont Mobert fait un saisissant portrait de femme! Kristina est un des merveilleux personnages de cette saga, lumineuse dans ses joies comme au coeur de ses doutes, mère courage et amante fidèle et solide, d'une rare humanité dans ses actes comme dans sa douleur lancinante d'avoir quitté sa terre natale et sa famille, famille qu'elle ne reverra jamais plus! Un vague à l'âme l'étreint souvent, les larmes perlent aux bords des cils avant de rouler, torrents d'une peine inextinguible, sur son visage: un jour, une poignées de pépins du pommier d'Astrakan poussant près au pignon de la ferme de ses parents, arrive. Elle les sème amoureusement au coin de la nouvelle maison de bois édifiée par Karl Oscar....une pousse évoluera lentement en jeune pommier puis en beau pommier pour un jour offrir à celle qui n'a jamais pu oublier d'où elle était partie, un beau fruit juteux. L'Amérique est la terre de tous les possibles: Ulrika, La Joyeuse, accèdera à la respectabilité en épousant un pasteur baptiste et Robert partira en compagnie d' Arvid rejoindre la caravane des pionniers attirés par l'or mirifique de la Californie. Cette terre de tous les possibles aidera Robert comme Kristina à accepter leur destin et leur place même si c'est au prix de leur vie. L'Amérique est le progrès en marche: le télégraphe, la cuisinière à bois, la machine à coudre, le colt ou la batteuse-lieuse. C'est aussi l'Histoire en marche, les frontières et les états qui se dessinent au fil de la colonisation, c'est la fin d'une civilisation à l'écoute de la Nature et le commencement d'une ère de conquêtes chères payées. Le vent de l'histoire fait trembler les pionniers: alors que la Guerre de Sécession bat son plein dans les états du Sud, les Sioux, acculés à la famine en raison de leurs territoires de chasse grignotés par les bras des pionniers agriculteurs, se lancent dans une ultime révolte sans issue. La férocité des attaques restera longtemps gravée dans l'imaginaire collectif des pionniers, scellant la fin d'un mode de vie et d'une civilisation. Un peuple meurt pour céder la place à un autre qui fuit la faim et le joug, une histoire à l'éternel recommencement. Les Indiens s'effacent pour laisser le champ libre aux nouveaux citoyens de la jeune Amérique triomphante, pied de nez insolent à l'Ancien Monde exangue par les départs incessants de ses paysans pauvres sans terre vers les promesses outre-Atlantique. Kristina n'avait jamais voulu apprendre la langue de sa terre d'accueil, Karl Oscar la manie en y mêlant des mots suédois, leurs enfants ne comprennent plus leur idiome maternel et sont devenus de vrais Américains: un des fils n'a-t-il pas épousé une jeune Irlandaise? Le melting-pot américain est en chemin, croisée de toutes les cultures européennes et de toutes les libertés. Karl Oscar, au soir de sa vie, regarde avec nostalgie la carte de sa paroisse et ses yeux revoient, sans la brume du passé lointain, les chemins qui le menaient chez Kristina avant leur mariage, les pierres ôtées à la terre, la ferme devant laquelle se tenaient, immobiles, ses parents, en un mot comme en mille sa terre natale, celle qu'il n'est finalement pas parvenu à oublier. Lorsque l'on termine la lecture de l'épopée de ces émigrants suédois, l'émotion est à son comble: on a l'étrange impression de quitter des amis de toujours. Cette lecture au long cours a laissé la lectrice sensible que je suis imprégnée des odeurs d'humus des plaines inhabitées du Minnesota, du bruit des rivières tumultueuses, des senteurs de la forêt parcourue par les animaux sauvages et les indiens dicrets et muets, de la sueur de Karl Oscar et des interrogations de Kristina. Peu à peu, la Suède se dissout dans le souvenir vague des jeunes générations, seul le pommier d'Astrakan reste pour conter les épiques traversées de l'Océan bleu et de la mer verdoyante des plaines herbeuses par une poignée de Suédois à la recherche d'une terre fertile où règne l'abondance. "La saga des émigrants" est un pur moment de bonheur littéraire, un merveilleux voyage relaté par un conteur d'excellence, Vilhelm Moberg qui nous entraîne au coin du feu pour de longues veillées en compagnie de personnages hauts en couleur et fabuleusement attachants mais aussi d'une documentation historique, sociale et technique d'une extraordinaire richesse! Le tout sans ennuyer une seule seconde le lecteur et réussissant à le tenir de bout en bout en haleine ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 22 Déc 2008 - 17:41 | |
| Je suis moins enthousiaste que Chimère et Chappy. Néanmoins cette saga se lit fort bien, l'auteur arrive à maintenir l'intérêt pendant tous les volumes, et cette émigration suédoise aux USA, je ne la connaissais pas avant d'avoir lu ce cycle. Mais je trouve qu'il vaut mieux lire les volumes pas trop rapidement, il y a un nombre limité d'idées par volume, cela rend les choses plutôt faciles à suivre, mais en même temps un peu répétitif, d'autant plus que des éléments des volumes précédents sont repris. Les deux personnages principaux sont bien rendus, mais je trouve que les personnages secondaires manquent un peu, même les enfants du couple sont un peu passé sous silence, on ne connaît pas grand chose de leurs personnalités.
Tel quel, ce cycle est un moment de détente plutôt agréable, mais quand même pas marquant. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Mar 23 Déc 2008 - 15:58 | |
| Comme toi arabella, je n'y ai pas trouvé mon compte. C'est agréable, certe, mais j'ai laissé la saga après le premier volume. Pas parce que c'était mauvais, simplement parce que c'était quelque chose que j'avais lu plusieurs fois, sous d'autres formes et que je trouvais que celle-ci n'ajoutait rien de nouveau, ou d'essentiel.
Mais je comprends que ce soit un bon moment de lecture quand on est moins familier du sujet, d'ailleurs beaucoup de lecteurs l'ont bien appréciée. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 9 Jan 2012 - 10:14 | |
| Je vais tenter le tome 1. Je cherche quelque chose, genre saga sur cette vague d'émigration aux USA (pas forcément suédoise) et pour l'instant je n'ai rien trouvé d'autre. Il y a aussi un thème qui m'intéresse, c'est le mouvement vers l'Ouest dans les années 20-30 pendant la dépression et le Dust bowl, donc une forme d'émigration à travers le pays parmi les populations déjà installées, à part Steinbeck et Les raisins de la colère, je n'ai pas encore trouvé grand-chose. | |
| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 51
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 9 Jan 2012 - 10:19 | |
| - domreader a écrit:
- Comme toi arabella, je n'y ai pas trouvé mon compte. C'est agréable, certe, mais j'ai laissé la saga après le premier volume. Pas parce que c'était mauvais, simplement parce que c'était quelque chose que j'avais lu plusieurs fois, sous d'autres formes et que je trouvais que celle-ci n'ajoutait rien de nouveau, ou d'essentiel.
Mais je comprends que ce soit un bon moment de lecture quand on est moins familier du sujet, d'ailleurs beaucoup de lecteurs l'ont bien appréciée. - darkanny a écrit:
- Je vais tenter le tome 1.
Je cherche quelque chose, genre saga sur cette vague d'émigration aux USA (pas forcément suédoise) et pour l'instant je n'ai rien trouvé d'autre. Il y a aussi un thème qui m'intéresse, c'est le mouvement vers l'Ouest dans les années 20-30 pendant la dépression et le Dust bowl, donc une forme d'émigration à travers le pays parmi les populations déjà installées, à part Steinbeck et Les raisins de la colère, je n'ai pas encore trouvé grand-chose. J'avais beaucoup aimé cette série. Moi aussi je cherche des titres qui parlent des pionniers américains, des vagues d'immigration. Dom, tu as peut-être quelques titres à nous proposer. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 9 Jan 2012 - 11:39 | |
| - darkanny a écrit:
Je cherche quelque chose, genre saga sur cette vague d'émigration aux USA (pas forcément suédoise) et pour l'instant je n'ai rien trouvé d'autre. . Une famille d'émigrés allemands qui m'avait captivée: La chorale des maîtres bouchers de Louise Erdrich. j'avais aussi lu avec beaucoup d'interet le monde de nos pères de HOWE. C'est un essai sur l'immigration juive aux US. - darkanny a écrit:
- Je vais tenter le tome 1.
Il y a aussi un thème qui m'intéresse, c'est le mouvement vers l'Ouest dans les années 20-30 pendant la dépression et le Dust bowl, donc une forme d'émigration à travers le pays parmi les populations déjà installées, à part Steinbeck et Les raisins de la colère, je n'ai pas encore trouvé grand-chose. Peut être La Montagne en sucre de Wallace Stegner? Ca serait l'occasion de relancer ce bon vieux Stegner! | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 9 Jan 2012 - 11:43 | |
| Bien sûr que je note Louise Erdrich, ça fait un moment que je la guette. Et Howe aussi que ne connais pas.
Stegner pourquoi pas j'avais lu "Le goût sucré des pommes" je ne sais plus de quoi ça parle mais j'avais aimé. Par contre "La montagne en sucre "est un pavé de chez pavé Mecri topocl. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] Lun 9 Jan 2012 - 12:00 | |
| - darkanny a écrit:
- Par contre "La montagne en sucre "est un pavé de chez pavé
Un vrai pavé comme je les aime! | |
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| Sujet: Re: Vilhelm Moberg [Suède] | |
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| | | | Vilhelm Moberg [Suède] | |
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