Jackson Pollock et le chamanisme

C'est la fête pour l'art moderne et contemporain ! Avec Bacon et Rothko (à Londres), Dali (à Istambul), Balthus (en Suisse) ou Paul Klee (à Berne), Emil Nolde (au Grand Palais à Paris) c'est le tour de Pollock pour une exposition à la pinacothèque de Paris sur les relations entre sa peinture expressionniste, le chamanisme et les cultures amérindiennes!

Du 15 octobre 2008 au 15 février 2009!



http://afp.google.com/article/ALeqM5g_nge5g7JbilSPYAoCOiEuAQ-8TA

Tiens, ça a l'air super intéressant ce rapprochement entre chamanisme et action painting!

Merci pour l'info, je note ça...

Rapprochement très intéressant effectivement. Cet article est très bien fait:

http://culture.france3.fr/art-et-expositions/expos/47497914-fr.php

La Pinacothèque de Paris se penche sur les liens entre l'oeuvre de Jackson Pollock et le chamanisme. Le peintre expressionniste abstrait américain était fasciné par la spiritualité amérindienne, qui serait une clé de son art. La Pinacothèque présente une quarantaine d'oeuvres de Pollock, datant d'avant ses célèbres "drippings", à côté d'une dizaine de tableaux d'André Masson et de très beaux objets rituels amérindiens (jusqu'au 15 février).


Jackson Pollock, Composition With Oval Forms


Jackson Pollock, Birth


Masque facial, Tlingit, côte nord-ouest


André Masson, Germination

L'exposition repose sur l'interprétation qu'a développée Stephen Polcari, historien de l'art et professeur à la Chapman University en Californie.

Selon lui, l'art de Jackson Pollock (1912-1956) doit être interprété à la lumière de l'intérêt qu'il a eu pour le chamanisme. Et même ses "drippings", toiles posées à terre où il mêle sans fin les gouttes de peinture tombées directement du pot, considérés comme des oeuvres purement abstraites, sont des oeuvres symboliques avec des références au chamanisme.

Pour Stephen Polcari, la compréhension des "drippings" est encore incomplète. Il pense qu'ils sont "l'expression d'un acte de transformation", une "forme visuelle à la métamorphose psychique chamanique".

Pollock considérait son art comme le fruit de l'inconscient, explique l'historien de l'art. Il était alcoolique et en recherche pour se transformer. Convaincu que quelque chose n'allait pas chez l'homme en général et chez lui en particulier, il a entrepris une thérapie jungienne. L'artiste est en quête d'un homme en lien avec la nature, créatif et plus équilibré, plus près aussi de sa part féminine.

En même temps, dans les années 1930, on redécouvre aux Etats-Unis la civilisation amérindienne. Pollock s'intéresse particulièrement au chamanisme amérindien, qui tend vers une transformation par la renaissance, grâce à des rituels. Il y voit un moyen de se recréer à travers l'extase.

La Pinacothèque confronte donc une quarantaine d'oeuvres de Pollock (30 tableaux et une dizaine de dessins) avec de très beaux objets -masques, boites, couteaux, totems, statuettes- amérindiens et une dizaines de tableaux d'André Masson. André Masson parce que les surréalistes étaient proches de ses préoccupations, de sa quête de forces surnaturelles.

La presque-totalité des oeuvres de Pollock exposées, extrêmement difficiles à rassembler, raconte Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque, sont des oeuvres de jeunesse. Elles commencent avec un paysage de mer, puis des peintures fortes aux couleurs profondes, inspirées du muralisme mexicain, lui-même sensible à la culture des Indiens.

Puis plusieurs thèmes directement liés au chamanisme sont abordés: le sacrifice, la fusion homme animal, la fusion homme femme, la renaissance et l'extase. A côté d'un mât totémique de Colombie britannique, on peut voir Birth, une toile majeure de Polock où un tourbillon de formes créent l'illusion d'un totem et évoquent le processus de transformation spirituelle à l'oeuvre dans le chamanisme.

Polock commence à peindre ses "drippings" à la fin des années 1940. Seuls trois, de petite taille, sont exposés. Pour Stephen Polcari, il s'agit d'une illustration d'une extase vitale, de l'art de se transformer. Ils sont pour lui dans la suite logique de son oeuvre antérieure.

L'exposition, fruit de deux ans de travail acharné, a été particulièrement délicate à monter, explique Marc Restellini. 60% des oeuvres de Jackson Pollock sont intransportables et les autres rarement prêtées. Pour le directeur de la Pinacothèque, il est "quasi impossible" de faire une exposition Pollock.

Je déteste les symbolismes, mais je dois dire que les oeuvres exposées ont l'air drôlement chouettes.

Elise a écrit:

Je déteste les symbolismes, mais je dois dire que les oeuvres exposées ont l'air drôlement chouettes.

N'hésite pas à dire en quoi le symbolisme te déplait... (en l'occurrence il n'est pas à proprement parler un symboliste. C'est plus un expressionniste abstrait)

Ne pas manquer de voir Pollock en action:

http://www.jackson-pollock.info/video-pollock.html

Le film réalisé par Ed Harris, Pollock, vaut le détour pour découvrir sa vie et son œuvre au travers du prisme de sa maladie mentale (il était bipolaire comme Virginia Woolf et tant d'autres grands artistes).

Le jour de mon retour de Nantes, après toute cette animation sympathique, il est temps de retourner au musée! Partager c'est mieux et Tommy me rejoint pour visiter l'exposition Pollock et le chamanisme très judicieusement couplée à celle de Georges Roualt. Deux approches très différentes mais complémentaires, dans leur démarche spirituelle, du primitivisme.

L'expo Pollock est superbement conçue bien que frustrante car on voudrait encore d'autres salles en arrivant au bout du parcours. En venant j'étais un peu sceptique car même si la première période de Pollock ne peut absolument pas s'envisager en dehors de cette lecture chamanique, magistralement démontrée ici, j'avais du mal à imaginer la continuité avec le dripping. Et pourtant...

J'ai adoré l'atmosphère des différentes salles, l'éclairage parfait, le couloir initiatique avec la projection vidéo d'une transe chamanique, l'association de toiles d'André Masson avec les magnifiques objets d'art amérindien. C'est limpide, captivant et éclairant.

On apprend l'intérêt de Pollock pour la psychanalyse Jungienne et ses travaux sur l'inconscient collectif. Pollock était maniacodépressif, alcoolique, et cherchait un moyen de se "purifier" pour guérir.

Il trouve un cheminement possible au travers des différents stades de l'initiation chamanique qu'il illustre dans ses peintures. Du sacrifice de la vie profane par la simulation du chaos et de la mort à la fusion homme/animal qui permet un retour à la nature et la connexion spirituelle avec l'univers (que Bosco illustre génialement dans Hyacinthe au cours de l'épisode des étangs... Voir fil!) puis de la fusion symbolique de l'homme et de la femme pour engendrer la vie (la guérison et le renouveau)à la germination (renaissance vers un autre niveau de conscience purifiée).

Tout cela s'illustre de manière incroyablement évidente.



On termine avec l'apparition du dripping et lorsqu'on voit Pollock peindre, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il entre dans un rituel qui a peut-être pour lui la même fonction que la transe chamanique. Entrer en communication avec un principe supérieur et se libérer de sa condition matérielle.




Les "drippings" de Pollock ont donné une forme visuelle à la transformation psychique de l'homme occidental vers le mythe et le sacré. Pollock a fait sienne la croyance chamanique selon laquelle toute chose est vivante, tous les êtres étant reliés les uns aux autres par un réseau de forces interactives qui modèlent l'univers. Ce réseau dynamique constitue en quelque sorte le réservoir illimité des forces et pouvoirs spirituels qui peuvent être transmis au monde naturel et dans lequel puise le chaman ou "être béni". Dans la conception chamanique du réseau cosmique, toute chose possède un potentiel infini de transformation. La nature, la terre et le ciel ne sont pas des substances mortes, mais sont au contraire des entités douées d'une force vitale magique. extrait du catalogue de l'expostion


A ne pas manquer!

Petit rappel! Vous avez encore jusqu'au 15 février 2009 pour voir l' expo