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| Lucien Suel | |
| | Auteur | Message |
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Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Lucien Suel Sam 1 Nov 2008 - 17:27 | |
| Lucien Suel : Lucien Suel est né en 1948 dans les Flandres artésiennes où il vit toujours. Il a édité la revue « The Starscrewer », consacré à la poésie de la Beat Generation, puis « La Moue de Veau », magazine dada punk. Il anime la Station Underground d'Emerveillement Littéraire et le blog Silo. Il a publié de nombreux ouvrages de poésie. Ses oeuvres imprimées comme ses prestations scéniques couvrent un large registre, allant de coulées verbales beat à l'expérimentation de nouvelles formes (poèmes en vers justifiés), du collage et du caviardage (poèmes express) à la performance (notamment avec le groupe de rock Potchük et au sein de Cheval23). (Source: Table Ronde) " Mort d'un jardinier": Attention : Coup de cœur (le dernier date de début juillet) Page 170, je referme le livre et le pose sur mon lit, voilà, l’histoire est finie… J’ai des frissons. Je vis. Il y a quelques temps, sur le fil « Café littéraire », on notait l’étrange impression d’ être choisi(e)s par certains livres. J’abandonnais juste une lecture en son milieu, car le texte s’éloignait inexorablement de moi et la rencontre n’avait pas eu lieu, lorsque ce livre est tombé de la boîte aux lettres : « Mort d’un jardinier » de Lucien Suel. Couverture sobre et jolie, je ne connais pas Suel. Le titre me renvoie à « Dialogue avec mon jardinier » d’Henri Cueco ou encore « L’année du jardinier » de Karel Capek. J’ai gardé d’agréables traces de ces lectures. Pourquoi pas ? Me laisser tenter, toujours… Avec une écriture simple et fluide, Lucien Suel me prend la main et m’entraîne dans son jardin. Fête des sens, on croque, on touche, on sent, on creuse, on tombe, on a de la terre plein les mains, on a un goût de frais, une odeur de fruits, de fumier : on y est ! Souvenirs, je connais, je reconnais, c’est mon grand-père qui m’emmène : il me montre, il m’explique. Je reconnais et je découvre : pour ceux qui ont la terre grasse du Nord/Pas-de-Calais sous les ongles, il n’y a pas que dans mon coron qu’on se servait des casques ennemis, après la guerre, de la sorte… Par exemple… Vivre un jardin pousse aux réflexions existentielles « La vie est pleine de mystères, tu n’as pas besoin de croire aux soucoupes volantes, il te suffit de considérer la levée d’un semis de cornichons pour être plongé dans des abîmes de perplexité… »(P 127).Je lis, j’absorbe. Puis, subitement, au détour d’une page, traîtreusement, une crise cardiaque attaque notre jardinier, là, seul, au milieu de son jardin ! Il tombe mais continue de nous décrire la vie, les saisons, les souvenirs, l’enfance, le corps, l’amour, les adultes, le monde… Douleur… Il continue… Je suis une lectrice impuissante, absorbée par ses propos, près de lui tenir la main. Les battements de mon cœur accélèrent, ralentissent, accélèrent de nouveau, mes yeux s’embuent, je souris, grimace. J’ai envie de lui dire : -« Ne meurs pas, raconte-moi encore, raconte-moi la vie… » Il poursuit encore un peu, patiemment puis le rythme ralentit lentement, doucement… Le jardinier arrête son hymne à la vie. Il n’y a plus qu’à observer ce corps couché là. Ce texte m’a portée du tréfonds de moi-même jusqu’à l’infini. Je suis bouleversée. Achetez ce livre ou pas, empruntez-le ou pas mais lisez-le, nous sommes tous dans ces cent soixante-dix pages ! Extrait : « Tu tournes les pages tant qu’il est encore temps, tu as lu tellement de livres au long des soirées d’automne-hiver quand la pluie cingle les murs, quand le vent traverse en hurlant le jardin vide, tu as encore tellement de livres à lire, ceux que tu as achetés ici ou là sur les marchés aux puces, chez les bouquinistes ou dans les rares vraies librairies, ceux que l’on t’a offerts ou prêtés, tu sais bien que tu ne pourras pas tout lire, que ta vie s’arrêtera avant, tu as cessé depuis longtemps de lire prospectus magazines et quotidiens, les seuls journaux qui t’intéressent encore sont ceux des écrivains, tu sens derrière toi la présence rassurante de la bibliothèque, tous ces trésors connus feuilletés admirés lus et relus, tu te lèves, tu passes la main sur le dos de tes livres, tu sors le Cahier de l’Herne consacré à Burroughs Pélieu et Kaufmann, tu regardes les photos, lis quelques lignes ici ou là, Prisonniers de la terre sortez, Ecoutez mes derniers mots n’importe où, Ecoutez mes derniers mots n’importe quel monde, ta chair se hérisse, tu montres les dents mais tu n’es plus un garçon sauvage, juste un vieux jardinier, les pieds dans la boue et la tête dans le panier de mots, … » (le passage suivant est magnifique sur ceux qui écrivent mais il faudrait tout citer).
Dernière édition par Nathria le Dim 29 Nov 2009 - 20:16, édité 3 fois | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Lucien Suel Sam 1 Nov 2008 - 18:33 | |
| Merci pour cette présentation.. j'ai moi-même eu un coup de cœur avec un livre de la rentrée de cette maison d'édition.. Je vais noter cette tentation | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Lucien Suel Sam 1 Nov 2008 - 18:35 | |
| Merci Kéna J'ai oublié un petit détail Il est disponible à la vente le 06 novembre 2008 mais c'est très proche et puis... j'ai craqué, j'ai vraiment voulu vous en parler tout de suite, " à chaud". | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Lucien Suel Sam 1 Nov 2008 - 18:39 | |
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| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Lucien Suel Dim 2 Nov 2008 - 16:43 | |
| - Nathria a écrit:
- J'ai oublié un petit détail Il est disponible à la vente le 06 novembre 2008 mais c'est très proche et puis... j'ai craqué, j'ai vraiment voulu vous en parler tout de suite, " à chaud".
Eh bien Nathria, tu as bien fait parce qu'on était tout près aussi ! - Citation :
- Avec une écriture simple et fluide, Lucien Suel me prend la main et m’entraîne dans son jardin. Fête des sens, on croque, on touche, on sent, on creuse, on tombe, on a de la terre plein les mains, on a un goût de frais, une odeur de fruits, de fumier : on y est ! Souvenirs, je connais, je reconnais, c’est mon grand-père qui m’emmène
Merci pour cette belle présentation qui donne envie de croquer le texte à pleines dents! J'aime bien surtout ces mots: - Citation :
- Ecoutez mes derniers mots n’importe où, Ecoutez mes derniers mots n’importe quel monde, ta chair se hérisse, tu montres les dents mais tu n’es plus un garçon sauvage, juste un vieux jardinier, les pieds dans la boue et la tête dans le panier de mots, …
Très joli oui, j'ai envie de le suivre... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Lucien Suel Dim 21 Déc 2008 - 22:39 | |
| Mort d’un jardinier - Citation :
- Présentation de l'éditeur
Le narrateur de ce roman s'adresse à un homme au travail dans l'espace clos de son jardin. Un accident cardiaque frappe le jardinier. Dès lors, un flot traverse sa conscience. Images, sons, odeurs, souvenirs, réminiscences littéraires et musicales, sensations, visions se succèdent et s'entremêlent tandis qu'il s'éloigne, au fil du temps et des mots, des êtres qu'il a aimés. Voilà un roman à 23 phrases.. oui.. 23 – parce que 23 chapitres et chaque chapitre est une phrase ! Le lecteur ne perd pas haleine, l’auteur sait mettre des mots qui donnent un rythme paisible. Les différents chapitres/phrases tournent autour d’une vie – il y a d’abord et surtout le jardin, la profession du narrateur, son occupation pour travailler la terre. Moi qui n’a ni jardin ni le sens du jardinage, je me retrouvais lors de ces premiers chapitres quand même emportée dans un monde à part qu’il décrit d’une manière assez fascinante. Mais on quitte assez vite le jardin pour en revenir aux mémoires d'enfances, d'adolescents, les souvenirs s’envolent vers les moments de voyages, de vacances avec la famille au bord de la mer… Un roman pour passer un bon moment de lecture.. et laisser passer en revue quelques moments de son propre passée… | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Lucien Suel Dim 21 Déc 2008 - 23:45 | |
| Mort d'un jardinier
J'ai fait une tentative (grâce à Nathria)...mais j'ai vite renoncé... Car ce jardinier dont je connaissais tous les gestes au fil des saisons m'en rappelait un autre dont la passion était d'entretenir notre parc ...Il n'est pas mort mais il est parti jardiner chez une autre...Aussi cette lecture m'est apparue très vite insupportable... | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Lucien Suel Lun 22 Déc 2008 - 8:52 | |
| - kenavo a écrit:
- Voilà un roman à 23 phrases.. oui.. 23 – parce que 23 chapitres et chaque chapitre est une phrase !
Je n'avais même pas vu cela , merci Kéna. Visiblement, je suis en train de me spécialiser dans les romans sans (ou presque) point Pour Coline, je ne connaissais pas ton histoire Ce roman a été plus qu' éloquent pour toi, du coup... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Lucien Suel Lun 22 Déc 2008 - 9:06 | |
| Mais où est passé ton beau commentaire Nathria? Incroyable ça...j'étais persuadée que tu avais ouvert le fil | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Lucien Suel Lun 22 Déc 2008 - 10:35 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Lucien Suel Lun 22 Déc 2008 - 12:21 | |
| - Nathria a écrit:
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Pour Coline, je ne connaissais pas ton histoire Ce roman a été plus qu' éloquent pour toi, du coup... Ne regrette surtout pas de m'avoir donné l'occasion de découvrir cet auteur et ce titre... Ce que je veux dire c'est que j'ai renoncé pour des raisons autres que littéraires ou d'ennui... | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Lucien Suel Lun 6 Juil 2009 - 22:14 | |
| La patience de Mauricette (parution septembre 2009)
Dès les premiers souvenirs de Mauricette, petits pincements au cœur : oui, je les connais ces murs en brique-là, la tartine de saindoux avec le sel par-dessus (chez nous, c'était le smolec avec les skwarka), la brique brûlante enrobée dans le papier journal au fond du lit, sous les pieds, même la Marie-Groëtte des rivières, je la connais, enfin non, je ne la connais pas, je l’imagine, c’est pire…
Mais la comparaison s’arrête là car Mauricette a son histoire et comme tout à chacun, avec son histoire, elle traîne ses valises… Enfin pas vraiment des valises mais son cabas vert, son cabas qui lui sert d’ancre à la réalité. Et dedans, le poids du souvenir, le poids des secrets…
Pourtant, ça n’avait pas trop mal commencé pour Mauricette, entourée de parents aimants et de grands-parents attentifs : Pépé Léon, Mémère Germaine, Pépé Joseph et Mémère Beaussart. La vie s’écoulait dans le travail. Jusqu’au jour où la naissance d’Emile, le petit frère, prend la vie de la maman de Mauricette. Evènement douloureux pour une petite fille, pas insurmontable, la vie doit continuer... Où est le choix ? Mauricette grandit, s’inscrit à l’école normale pour devenir institutrice, un beau métier. Emile grandit, il est adorable. Et puis, et puis… Quelquefois la vie demande trop.
Depuis, Mauricette traîne cette « chose » dans son cabas. Elle traîne cette horreur inimaginable. Ca lui a rongé les sens, l’esprit et la raison. Par temps de répit, Mauricette peut vivre à peu près normalement. En temps de souvenirs, la souffrance et la douleur lui tordent l’esprit. Elle voudrait dire mais les mots s’emmêlent, les phrases se déchirent, les idées s’empêtrent et les silences se perdent. Comment nommer l’indicible ?
Aujourd’hui, son ami de toujours, Christophe, son ami même lors des tempêtes, l’emmène pour un séjour un peu plus long à l’hôpital psychiatrique. Là, la psychologue lui offre un cahier où poser sa douleur. Peut-être qu’en écrivant le monstre lové au fond de ses entrailles, Mauricette pourrait avoir un peu plus de répit entre les crises ? Dans cette histoire alternent les récits de Christophe et de Mauricette.
Une belle et triste histoire d’une femme entre deux mondes. La frontière n’est jamais bien loin.
Extraits
P108 : « Les choses avaient bien changé depuis qu’en 1615, Henri Pringuel, artisan pieux d’Armentières, avait fondé avec quatre de ses amis « La maison des Bons-Fils ». Cette maison qui accueillait et soignait les démens était devenue au cours des siècles Asile d’aliénés, puis Hôpital psychiatrique et Centre hospitalier spécialisé avant d’acquérir, en 1993, la dénomination officielle d’ ESPM d’ Armentières, Etablissement public de santé mentale Lille Métropole.
P168 : « On peut même trouver des alexandrins dans les prospectus comme « Grand arrivage d’huîtres et de poissons fumés » ou bien aussi sur les étiquettes des médicaments « ne jamais laisser à la portée des enfants ». »
P 170 : « Estimez-vous heureuse ! Oui, je vais m’estimer. Je suis encore la chèvre émissaire. Je recycle la souffrance. Je passe à travers les coupe-feu. Je vais et je viens. Pour voir mon avenir. »
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