Requiem pour un massacre [Elem Klimov]

Réalisé par Elem Klimov
Avec Alexei KravtchenkoAlexei KravtchenkoAlexei Kravtchenko,, Olga Mironova, Luibomiras Laucevitchuis

Le titre original est Venez et voyez , et il est beaucoup mieux adapté..
Elem Klimov est né à Stalingrad et, enfant, il a connu les bombardements incessants, la ville en feu, la traversée de la Volga en feu elle aussi avec les mères qui se couchaient sur les enfants pour tenter de faire rempart de leur corps. Il a bien sûr gardé des impressions très fortes de cet enfer.
Il a voulu témoigner de ce qui s'est passé en Biélorussie, où une personne sur 4 fut massacrée et 628 bourgades brûlées, après que les Einsatzgruppen aient rassemblé les populations dans des granges pour en faire des bûchers humains.
Ceci vu par les yeux d'un enfant de 15 ans qui s'enrôle chez les partisans.
Il s'est inspiré et a été assisté par Aleksandr Mikhaïlovitch Adamovitch , écrivain biélorusse.

Citation :

Requiem pour un massacre, c'est incontournable. Il est trop dure, bien sûr, mais face aux images on doit savoir qu'il y eut en Russie des centaines d'Oradour. Les regards, les visages, les villageois perdus terrés en forêt, la faim, les plans, le silence, la BS, tout est surprenant de beauté malgré la dureté.

disait Babelle.
Effectivement, ce regard d'un enfant, qui a l'air d'avoir 80 ans à la fin du film, est difficilement supportable. Mais je crois que le réalisateur ( il le dit d'ailleurs dans le bonus) est resté très mesuré par rapport à ce qui s'est réellement passé. L'interprète principal est hallucinant.
Le son, l'image , la réalisation, la lumière font de ce film l'unique expérience de toucher- un peu- l'horreur de la guerre .
La bande son participe à l'impression de folie qui monte, car elle est montée comme venant de ce que perçoit ce jeune homme devenu à moitié sourd sous les bombes.
Ce n'est qu'à la fin qu'est utilisée une musique, la seule que l'on puisse imaginer pour ce film.

Confutatis- lacrimosa
Dona eis requiem...

Je note "à voir" mais j'attends d'être prête pour le voir, avoir assez de recul

Je note aussi en sachant que ce sera certainement dur à regarder.

Wahou. ça risque de ne pas être long. Marie a déjà bien décrit le film. le son, la lumière...

ça ne cause pas beaucoup et ce n'est d'ailleurs pas la peine, le film se suffisant si on veut à lui-même, c'est un voyage dans la folie (les visages.... bon sang, les visages... du gamin et de la fille... ), une confrontation complète, non stop à trop... trop de folie, de violence, d'horreur... de barbarie aussi.

c'est servi par des images souvent monstrueusement belles. une cohérence sans faille de l'ambiance, prenant et impressionnant. Révoltant et beau en même temps. (maitrise filmique royale).

le gamin qui rejoint les partisans et ne tirera pas un coup de feu de deux heures de film mais en verra tellement...

On pourra aussi appelé ça une démonstration réussie et intéressante sur l'imagie guerrière...

Un film qui coupe le souffle ! (des choses comme le bombardement dans la forêt au début du film...)

Merci Marie pour le cerclage.

des images sublimes mais "être en forme" n'est pas une fausse précaution à prendre pour voir le film...


Ahurissant.

J'entends souvent des gens se lamenter de la "tristesse" qui habite le roman ou le cinéma d'auteurs, mais comment faire abstraction de l'Image au cinéma, et de l'Ecriture dans le texte?
Il a fallu sept ans à Elem Klimov pour accoucher de cette adaptation d'une nouvelle* d'Ales Adamovitch : Le Récit de Khatyne.
C'est en 1985 qu'est sculpté le regard de Florya.
Klimov serait, comment dit-on... un choc cinématographique?
Un peu plus sur ce réalisateur depuis une page empruntée à la revue Première , en spoiler :

Spoiler:

* Wikipedia > "Aleksandr Mikhaïlovitch Adamovitch (en cyrillique Александр Михайлович Адамович) dit Ales Adamovitch est un écrivain biélorusse (né le 3 septembre 1927 à Gloucha, dans la province de Minsk, décédé le 26 janvier 1994)." -Je ne trouve pas de livre disponible en France.

Et puis, ce très beau commentaire sur Le blog des cinéphiles.

des interviews accompagnent le dvd : réalisateur, acteur principal et décorateur. intéressantes toutes les trois ou chacun exprime une sincère gratitude pour ceux avec qui il a travaillé. Le réalisateur parle de "sujet sacré" et dit qu'il ne se sentait pas le droit de se planter, de ne pas être à la hauteur. Ce "sacré" est un mot juste je trouve pour parler de l'impression et de l'atmosphère que dégage le film. et avec une telle constance ce n'est pas banal !

L'apocalypse selon Klimov, qui filme le périple horrifique d'un jeune adolescent dans une Biélorussie envahie par l'armée allemande en 1943. Pas de héros, pas d'histoire d'amour, un scénario qui tient de l'épure, on est loin, très loin des clichés du genre. Klimov créer un esthétisme de l'horreur, nous entoure d'une atmosphère de fin du monde. Le sang, le feu, la grisaille, la forêt, la nature entière se joignent à cette vision dantesque dans un feu d'artifice naturaliste à l'allure de massacre. Entre prises de vue à couper le souffle (tout la fin du film notamment) et utilisation du son novatrice (bruitages immersifs), on est emporté par un tourbillon de souffrances cauchemardesques entrecoupées de rares moments de répit marqués par la fraîcheur d'une enfance qui disparaît au fil du film pour laisser place à notre monstre intérieur. Tour à tour expressioniste, symbolique, réaliste, "Idi i smotri" se pose comme un prolongement de l'approche cinématographique de Tarkovski et surtout comme l'un des plus grands films de guerre.

Ce film.. Requiem pour un massacre, est Ahurissant.
Dur, triste, horrible.

Aaah la scène du bombardement dans la forêt, quand tout le son s'étouffe, que les arbres tombent que les nuages noirs envahissent tout, que la fille surgit du néant... c'est incroyable.

Et comment l'horreur s'installe petit à petit, de plus en plus évidente, de plus en plus palpable.

La crasse, le froid, l'humidité, la boue.

C'est vraiment difficile d'en dire de ce film je trouve. Et Marie et Animal en ont super bien parlé.


Juste un bémol, quand même, allez : j'ai eu un tout petit peu de mal avec les scènes de la gamine et du gamin, lorsqu'ils se "rencontrent" vraiment. Je sais pas, cette sorte de folie douce et désespérée m'a semblé un peu trop. Et le jeu des comédiens... m'a gêné. Mais juste là.


Excellentissime.

En faisant des recherches sur le compositeur Alfred Schnittke j'ai vu qu'il avait composé la musique de deux précédents films de Klimov: Agoniya (Raspoutine l'agonie) et Les adieux à Matiora. Le premier se trouve en DVD avec des sous-titres anglais et le second est visible sur Dailymotion ou en DVD sous le titre de Farewell ...

Citation :

Une tragédie eut lieu le 2 juillet 1979 au 137 km de la chaussée de Leningrad. En se dirigeant au tournage, le réalisateur du film Larissa Chepitko, l'opérateur Vladimir Tchoukhnov, le peintre Yuriy Fomenko et leurs assistants périrent dans un accident de la route. Le mari de Chepitko Elem Klimov («Agonie», «Requiem pour un massacre») termina le film sur l'Atlantide rurale. Il le filma dans le style de Chepitko et lui donna le titre «Les adieux a Matiora».
Matera - une île sur laquelle depuis trois cents ans se trouvait un village avec le même nom, - est sur le point de se cacher sur l'eau. Les habitants du village ont un mal incroyable d'abandonner la maison paternelle, surtout Daria, «la plus vielle des vieilles».

Suppléments :

- Interview avec l'acteur Petrenko, l'auteur du scénario G. Klimov;
- Film documentaire «Larissa»;
- Filmographies
- Album de photos «En mémoire de Larissa Chepitko: La mouette»;
- Album de photos «Moments du tournage».

Marko a écrit:

En faisant des recherches sur le compositeur Alfred Schnittke j'ai vu qu'il avait composé la musique de deux  précédents films de Klimov: Agoniya (Raspoutine l'agonie) et Les adieux à Matiora.  Le premier se trouve en DVD avec des sous-titres anglais et le second est visible sur Dailymotion ou en DVD sous le titre de Farewell ...

Citation :

Une tragédie eut lieu le 2 juillet 1979 au 137 km de la chaussée de Leningrad. En se dirigeant au tournage, le réalisateur du film Larissa Chepitko, l'opérateur Vladimir Tchoukhnov, le peintre Yuriy Fomenko et leurs assistants périrent dans un accident de la route. Le mari de Chepitko Elem Klimov («Agonie», «Requiem pour un massacre») termina le film sur l'Atlantide rurale. Il le filma dans le style de Chepitko et lui donna le titre «Les adieux a Matiora».
 Matera - une île sur laquelle depuis trois cents ans se trouvait un village avec le même nom, - est sur le point de se cacher sur l'eau. Les habitants du village ont un mal incroyable d'abandonner la maison paternelle, surtout Daria, «la plus vielle des vieilles».

Suppléments :

- Interview avec l'acteur Petrenko, l'auteur du scénario G. Klimov;
- Film documentaire «Larissa»;
- Filmographies
- Album de photos «En mémoire de Larissa Chepitko: La mouette»;
- Album de photos «Moments du tournage».

Ho purée, j'ai  cherché  les adieux à Matiora sans jamais le trouver. merci pour l'info Marko.

Va et regarde (requiem pour un massacre) m'a, on peut le dire, traumatisé quand je l'ai regardé la première fois. J'avais 14 ans a l'époque et comme un débile c'est l'accroche du programme télé  "Film d'une noirceur absolue" qui m'a donné envie. J'en ai eu pour mon compte. J'en ai pris plein la gueule et suis allez me coucher avant la fin du film, au moment ou le gamin creuse la boue pour y plonger sa tête afin de ne plus entendre, voire et respirer, entourer par l'horreur qui le saisie, l'effroie, les paroles du type brulé a terre, agonisant, "Je flambe", et qui l'accuse...  

Le visage déformé du gamin lorsqu'il recule pour aller creuser la terre...

complétement ecoeuré (j'avais du m'identifier un peu trop au gamin) et obsédé pendant 3 à 4 jours a y repenser au collège, personne pour en parler. Je  me souveins comme j'avais esperer que le prof d'histoire, le lendemain (ou était dans la deuxième guerre mondiale) face un commentaire ou demande si quelqu'un avait vu le film... Mais rien.  Non pas que le film soit explicite et crue. C'est plutot une espèce de poésie noir qui s'installe au fur et à mesure, la boue, le marais, la mort, le feu, les cris, le bruit des mouches annonçant le charnier.

Revue des années plus tard, sachant ce qui m'attendait et donc pret et plus apte a comprendre l'horreur qui s'en dégage.

Un film exceptionel, comme  il a déja été dit ici.

[Edit] - sinon pour raspoutine l'agonie, je l'ai en DVD avec des sous-titres français. Peut être plus tard, je le cerclerais.
(le film est interessant, moins puissant que Va et regarde, et puis j'avoue que Raspoutine, enfin j'suis un peu une tanche en Histoire...

Je lis ton com', je me dis : ça me dit quelque chose. Je remonte le fil pour lire d'autres com', et je tombe sur le mien. Je l'ai vu. J'ai été époustouflée, et aujourd'hui, je ne m'en souviens plus !!! En lisant mon propre com' des images me reviennent, mais j'en reviens pas que ma mémoire est mis tout ça dans un coin lointain et obscur.

A revoir !