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| Jean-Marie Blas de Roblès | |
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Auteur | Message |
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domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Jean-Marie Blas de Roblès Sam 15 Nov 2008 - 19:14 | |
| Voici la biographie de cet auteur, qu'il faut absolument découvrir, je l'ai trouvée sur son site : Voyageur érudit, archéologue de terrain habitué du rivage des Syrtes et des déserts libyques, Jean-Marie Blas de Roblès nous offre, autour de la révélation du génie baroque d’Athanase Kircher, une kyrielle extravagante de portraits contemporains en lice pour la conquête du sens dans un monde forcené et pathétique. Né en 1954 à Sidi-Bel-Abbès, puis ballotté en Camargue, à Rouen et dans les Vosges après le rapatriement des Français d’Algérie, Jean-Marie Blas de Roblès passe son adolescence dans le Var. Études de philosophie à la Sorbonne, d’histoire au Collège de France, régates au long cours en Méditerranée. En poste au Brésil comme enseignant et directeur de la Maison de la Culture Française à l’Université de Fortaleza, il reçoit le prix de la nouvelle de l’Académie Française pour son recueil La Mémoire de riz (1982). Transfert en Chine Populaire : premiers cours sur Sartre et Roland Barthes jamais donnés à l’Université de Tien-Tsin (Tianjin), à la fin de la Révolution Culturelle ; La Mémoire de riz est traduite en chinois et en tchèque. Parution de L’Impudeur des choses, son premier roman (1987). Après un séjour au Tibet, il rejoint sa nouvelle affectation à l’Université de Palerme en empruntant le Transsibérien. Un deuxième roman, Le Rituel des dunes, paraît en 1989. C’est à Taïwan (Alliance Française de Taipei) qu’il commence son troisième roman, Là où les tigres sont chez eux, et abandonne l’enseignement pour se dédier à l’écriture. Voyages au Pérou, au Yémen et en Indonésie. À partir de 1990 publication d’essais ou de textes poétiques en revues – notamment dans Le Mâche-Laurier (2006)–, et de Méduse en son miroir (2008) chez Mare Nostrum. Membre de la Mission Archéologique Française en Libye depuis 1986, il a participé chaque été aux fouilles sous-marines d’Apollonia de Cyrénaïque, de Leptis Magna et de Sabratha en Tripolitaine ; il dirige actuellement la collection Archéologies qu’il a créée chez Edisud et où il a publié plusieurs ouvrages de vulgarisation. Dans le même cadre d’activités, il est aussi responsable de rédaction de la revue Aouras, consacrée à la recherche archéologique sur l’Aurès antique.Bibliographie - Citation :
- Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)
Romans et nouvelles1982 La Mémoire de riz et autres contes, nouvelles, 1987 L'Impudeur des choses, roman, 1989 Le Rituel des dunes, roman, 2008 Méduse en son miroir, et autres textes, 2008 Là où les tigres sont chez eux, Pages 1, 2, 2010 La Montagne de minuit, Pages 2, 3, 2011 La Mémoire de riz, Essais2012 Les Greniers de Babel, Page 3, 4, - Citation :
- mise à jour le 28/02/14, page 4
On a fait une Lecture en commun pour cet auteur | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Sam 15 Nov 2008 - 19:18 | |
| Là Où Les Tigres Sont Chez Eux Jean-Marie BLAS de ROBLES Editions Zulma - 765 pages
Attention pavé mais très belle découverte !!! Je suis encore sous le choc, quelle lecture incroyable !
C’est un livre d’environ 800 pages que son auteur a mis 10 ans à écrire, puis encore 10 ans à faire publier. Les éditions Zulma en ont eu le courage et vraiment chapeau bas, ça en valait la peine. C’est un livre foisonnant comme le pays où les récits se déroulent, le Brésil.
Les récits vous disais-je parce que le fil rouge du livre c’est une biographie d’un moine jésuite, Athanase Kircher, moine savant érudit, inventeur, linguiste, voyageur, écrivain, qui côtoie le Bernin, ou Galilée, ainsi que les grands de son monde. Cette biographie dont l’auteur nous livre une partie au début de chaque chapitre est compilée par Eléazard un correspondant de presse exilé au fin fond du Brésil. D’autres récits parallèles, à celui de notre moine, nous entraînent au quatre coins du Brésil : le plus saillant est celui de la bientôt ex-femme d’Eléazard, paléontologue, partie dans une expédition au fin fond de la forêt amazonienne pour y trouver des fossiles rares. L’expédition devient d’ailleurs petit à petit une progression hallucinée, une quête improbable. On y croise aussi dans ce livre, le destin d’une jeune femme à la dérive Moëma, cocaïnomane et homosexuelle, en quête d’elle-même, prête à toutes les sensations, au-delà de tous les tabous…On y croise aussi Loredana, la belle italienne en mission secrète, qui porte un secret tragique, et aussi Nelson, un mendiant des favellas infirme, mi-homme et mi-gamin qui porte en lui toutes les révoltes de son pays….autant de personnages, de héros qui se pressent vers une fin inexorable, qui n’aurait pu être différente mais qui n’en est pas moins inattendue.
J’ai adoré ce récit pluriel aux destins qui se croisent sans se rejoindre, aux personnages tous en quête : quête de savoir, quête d’eux-mêmes, quête d’amour, quête de justice. Un drôle de livre que celui-là, aux facettes bigarrées, entremêlées, à la croisée des chemins entre Conrad, Malraux, Umberto Ecco, Apocalypse Now et African Queen. 800 pages, et pas un instant de lassitude, tantôt ce livre se déguste comme un bon vin, tantôt on en tourne les pages fébrilement pour savoir où va nous entraîner ce diable de Roblès. De beaux personnages, que ce soit les héros ou les personnages secondaires, tous nous interpellent et nous retiennent au gré de scènes parfois incroyables. Ce livre a remporté plusieurs prix (prix Médicis, prix de la Fnac et prix Jean Giono) et vous pouvez me croire, ils sont bien mérités. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Dim 16 Nov 2008 - 5:05 | |
| Merci domreader! Je crois que Le Bibliomane est plongé dans cette lecture! Sur le site de Jean Marie Blas de Roblès, un index iconographique à consulter ici | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Dim 16 Nov 2008 - 8:50 | |
| Voici plusieurs fois que je le repose par manque de temps mais je pense que ce titre va faire partie de mes prochains achats. Je n'ai eu que de bons retours de lecteurs assidus. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Dim 16 Nov 2008 - 10:12 | |
| Ce livre me faisait déjà très envie et tu achèves de me convaincre de franchir le pas... | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Dim 16 Nov 2008 - 10:37 | |
| - Marie a écrit:
- Je crois que Le Bibliomane est plongé dans cette lecture!
Effectivement, et je me régale !!! | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Jeu 20 Nov 2008 - 13:08 | |
| "Là où les tigres sont chez eux"
Eléazard von Wogau est correspondant de presse au Brésil. Il s'est installé à Alcântara, dans la région du Nordeste, et vient de divorcer d'avec son épouse Elaine, paléontologue et universitaire brésilienne. Dans cette ville, vestige de l'époque coloniale du XVIIIeme siècle et peu à peu reconquise par la jungle, Eléazard mène une vie retirée, en compagnie de son perroquet Heidegger et de Soledade, une jeune mulâtre qui s'occupe des tâches ménagères.
Eléazard vient de recevoir d'un éditeur un manuscrit inédit du XVIIeme siècle, retrouvé à la Bibliothèque nationale de Palerme. Il s'agit d'une biographie du père jésuite Athanase Kircher, rédigée par son disciple Caspar Schott. Eléazard a pour tâche de remettre en forme ce texte et de le commenter pour en faciliter l'accès aux futurs lecteurs.
Tous les chapitres du roman de Jean-Marie Blas de Roblès vont donc s'ouvrir sur un épisode de la vie d'Athanase Kircher relatée par Caspar Schott, de sa naissance en 1602, près de Fulda dans le landgraviat de Hesse, jusqu'à sa mort en 1680 à Rome. C'est ainsi qu'au fil des pages nous allons faire connaissance avec ce jésuite érudit et touche-à-tout qui consacra son existence entière à tenter de faire évoluer tous les domaines de la science, que ce soit dans le domaine des mathématiques mais aussi dans ceux de l'astronomie, de la géographie, de la médecine, de la musique, de la biologie, de l'optique, de la géologie, de l'archéologie, de l'ethnographie, de la linguistique, etc...
Devenu une véritable autorité en toutes ces matières, il est nommé en 1635 au Collège Romain, ce qui lui permettra d'ouvrir son propre musée, vaste cabinet de curiosités où s'entassent toutes sortes d'objets étranges et exotiques ramenés des quatre coins du monde par les membres de la Compagnie de Jésus. Souvent comparé à Léonard de Vinci, cet esprit encyclopédique, surnommé « Le Maître des cent Savoirs » n'atteindra jamais, dans les siècles suivants, la renommée de son illustre prédécesseur. Nombre de ses théories s'avèrent en effet fausses ou inexactes : il prétendra ainsi avoir déchiffré le mystère des hiéroglyphes égyptiens et maîtriser la langue chinoise. En homme de Dieu, il ne saura expliquer les mystères de l'archéologie, de la linguistique, des croyances autres que chrétiennes, de la géologie et de la physique, qu'au travers du prisme de la Bible, voyant en toutes ces matières les manifestations de l'oeuvre de Dieu. Mais laissons-là le révérend père Athanase Kircher et revenons au Brésil contemporain. Chaque chapitre, après s'être ouvert sur un épisode de la biographie de Kircher, se continue par un récit dans lesquels entrent en scène Eléazard von Wogau mais aussi son ex-femme Elaine, partie en expédition afin de rechercher des fossiles dans la jungle du Mato Grosso. C'est aussi le récit des errances de leu fille Moéma, étudiante à Fortaleza, mais dont les occupations principales consistent à abuser de la cocaïne et à pratiquer le farniente avec son amie et amante Thaïs. On fera aussi la connaissance du « colonel » José Moreira da Rocha, gouverneur de l'État du Maranhão qui s'apprête secrètement à monter une vaste opération politico-financière susceptible de lui assurer une fortune colossale au détriment des petits propriétaires de la région. Des hautes sphères de la politique locale nous allons nous retrouver au sein de la favela de Pirambù où Nelson, un adolescent handicapé d'une quinzaine d'années mendie en ruminant des rêves de vengeance à l'encontre de Moreira da Rocha, patron de l'aciérie où son père a trouvé la mort. Tout ceci sans compter les nombreux personnages plus ou moins secondaires qui apparaisent au cours de ces multiples récits : l'oncle Zé, camionneur au grand coeur, Herman Petersen, nostalgique du nazisme devenu patron d'un café-restaurant, Loredana Rizzuto, la mystérieuse italienne qui traîne derrière elle un lourd secret, la comtesse Carlotta, épouse du gouverneur da Rocha, alcoolique et désabusée...
Tous ces personnages vont nous entraîner dans un récit polyphonique qui sera successivement un roman historique, un drame psychologique, une histoire d'amours et de séparations, ainsi qu'un roman d'aventures au sein de la jungle impénétrable du Mato Grosso, évoquant « African Queen » de John Huston et « au coeur des ténèbres » de Conrad.
« Là où les tigres sont chez eux » est un roman aux multiples facettes, un kaléidoscope qui nous mène de surprises en surprises au fil des pages. Cet ouvrage, baroque et foisonnant, érudit et passionnant de bout en bout, est à lui seul un univers à part entière dans lequel le lecteur se laisse égarer avec délices, un roman qui, plus que l'appellation de roman-fleuve, mérite d'être qualifié de roman-jungle tant chaque détour nous ouvre des perspectives inconnues et insoupçonnables. Une belle réussite pour Jean-Marie blas de Roblès qui a mis dix ans à composer cet extraordinaire roman qui, à l'instar des cabinets de curiosités chers à Athanase Kircher nous offre un récit qui pourrait s'apparenter à une sorte de « Manuscrit trouvé à Saragosse » du XXIeme siècle. « Là où les tigres sont chez eux » a reçu le Prix Médicis 2008. Un succès amplement mérité. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Jeu 20 Nov 2008 - 19:22 | |
| Tu l'as déjà terminé! Quel rythme! Surtout en travaillant... Le côté kaléidoscopique est un peu effrayant mais tu donnes envie de se lancer... Je le garde pour mes prochaines vacances | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Jeu 20 Nov 2008 - 20:03 | |
| - Marko a écrit:
- Tu l'as déjà terminé! Quel rythme! Surtout en travaillant...
Il n'est pas aussi imposant que ça...et puis une fois plongé le nez dedans, j'ai eu vraiment du mal à m'en détacher. Bon, je vais devoir patienter jusqu'à tes prochaines vacances pour connaître tes impressions. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Mar 23 Déc 2008 - 1:40 | |
| Domreader et Le Bibliomane ont déjà brillamment parlé de ce roman , je vais tenter de faire court, mais c'est difficile! Car enfin, de quoi nous parle ce Jean Marie Blas de Robles, qui, il ne faut pas l’oublier car c’est important, est archéologue? De la vie d’Athanase Kircher, donc, un jésuite allemand, graphologue, orientaliste, esprit encyclopédique et un des scientifiques les plus importants de l'époque baroque.nous dit wikipedia. Racontée en chapitres jusqu’à sa mort par un disciple, Caspar Schott, un autre scientifique allemand contemporain, qui a lui aussi existé - Spoiler:
( rechercher sur google ces deux noms dès le début n’est pas une bonne idée…ou alors cherchez l'erreur pendant toute la lecture et gâchez vous la fin...)
.Et ceci grâce à un manuscrit totalement inédit trouvé à la Bibliothèque nationale de Palerme , et parvenu à quelqu' un qui connaît l’œuvre d’Athanase Kircher mieux que quiconque , et même de façon un peu obsessionnelle, Eléazard von Wogau . A partir de là… comme l’ont raconté Biblio et Domreader, on va lire, alternativement, les aventures d’Athanase, les réflexions que celles-ci inspirent à Eléazard, et, parallèlement les aventures de la famille von Wogau et de quelques autres au Brésil. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Eléazard n’aime guère Athanase.Un « artiste de l’échec »l’appelle-t-il. Alors lire et étudier à longueur de journée les louanges de Caspar Schott sur le génie de cet homme ne le mettent pas d’humeur joyeuse dans ses carnets,qui sont la partie je dirais "philosophique" du livre .Réflexions auxquelles il faut ajouter ses conversations avec un ancien jésuite devenu maoïste, Euclides. Il parlent de beaucoup de choses,et entre autres, de ce qu’est l’Histoire. L’Histoire c’est -ce qui s’est réellement passé , pense-t-il .Rejoignant votre début d'échanges sur les romans historiques et citant Léopold von Ranke ( vous comprendrez le temps que l’on met à lire ce livre, vu le nombre de références , soupir..). Euclides lui répond Duby : » L’historien est un rêveur contraint, contraint à rêver devant les faits, à replâtrer les failles, à rétablir de chic le bras manquant d’une statue qui n’existe toute entière que dans sa tête. Et l’art… Toute l’histoire de l'art et même de la connaissance est faite de cette assimilation plus ou moins poussée de ce que d’autres ont expérimentés avant nous… Qui a pensé quoi, qui a écrit quoi.. » Ce qui importe, c’est la matière grise universelle, pas les individus qui s’en trouvent par hasard, ou s’en rendent sciemment, propriétaires ( j’ai appris dans ce roman qui avait -vraiment -écrit « Rome, Rome l’unique objet de mon ressentiment etc, ) et tant d’autres choses , que j’oublie, bien sûr au fur et à mesure, hélas..). C’est dans ces réflexions que Jean Marie Blas de Roblès, archéologue, donc, nous dit beaucoup sur l’histoire, donc, mais aussi la science , science et réalité, ou plutôt science et appréhension du réel , la religion etc, et c’est toujours passionnant. Très érudit aussi , et je recommande l’index dont j’ai mis le lien plus haut! Cet Euclides va pousser Eléazard à se réconcilier avec le personnage historique qu’il étudie .Et à en tirer des enseignements sur sa propre personnalité, bien sûr. Qu’ai-je aimé chez Kircher, sinon ce qui le fascinait lui-même: la bigarrure du monde, son infinie capacité à produire des fables, Wunderkamer: galerie des merveilles, cabinet des fées.. Grenier, cagibi, coffre à jouets où se lovent nos étonnements premiers, nos frêles destins de découvreurs.L 'effet Kircher: le baroque. Ou, comme l’écrivait Flaubert, ce désespérant besoin de dire ce qui ne peut se dire…C’est un personnage vraiment étonnant, Athanase! Qui au siècle de Galilée , à l’époque où les sciences expérimentales donnent accès à la compréhension, invente lui absolument n’importe quoi de façon complètement compulsive et dans n’importe quel domaine. Il a l’art de profiter de l’évènement, et bien sûr, bénéficiant des faveurs divines, ses inventions et découvertes ne sauraient être contestées. Il y a ainsi des épisodes très drôles au moment d’une épidémie de peste, où il saute sur les bubons pour étudier leurs contenus, découvrant le vermicelle de la peste, installe dans les cercueils des alarmes pour les malheureux enterrés un peu vite, à chaque jour sa trouvaille! Dans un autre domaine, il est donc persuadé d’avoir percé à jour la lecture des hiéroglyphes, de pouvoir communiquer en chinois et même de pouvoir reconstituer la langue de Dieu lui-même, celle qui était parlée en haut de la tour de Babel , et son dernier ouvrage, intitulé La Tour de Babel, donnait la preuve mathématique que la tour de Babel n’aurait jamais pu atteindre la Lune, attestant ainsi que sa destruction résultait plus de la folie de son entreprise que de la volonté divine. CQFD. Et même au moment de sa mort! Avec la balance à peser l’âme que Caspar Schott devait utiliser juste au moment où il rendait son dernier soupir.. Un demi-scrupule pesait l’âme de Kircher… J’ai vraiment beaucoup aimé toute cette partie de ce roman,peut être un peu moins le reste. Peut être y a-t-il trop de personnages , un peu survolés, du moins si on compare avec le duo Kircher- Eleazard. Je ne vais pas tout reprendre, mais ces nombreux personnages qui évoluent dans cette histoire suivent chacun leur chemin- et quel chemin pour certains! Ils ont donc tous en commun un rapport plus ou moins familial avec Eleazard, et, comme dans tout bon roman choral, des liens entre eux. Et un destin commun.. En tout cas, pendant qu'Eléazard va se "trouver", les autres vont tous se "perdre". Même si, à mon avis , les chapitres qui narrent leurs aventures sont d’intérêt inégal, c’est un roman qui est, comme le dit domreader, difficile à lâcher. Quant à ce qu’il raconte vraiment, ce qui est vrai, ce qui est faux, alors là… Le problème n’est pas de savoir si un tel a vraiment dit ce qu’on lui fait dire, mais de juger si on a réussi à le lui faire dire d’une façon cohérente. La vérité n’est-elle pas ce qui finit par nous convenir assez pour que nous l’acceptions en tant que telle? Le cas limite de la satisfaction, disait W.V. Quine.Très satisfaite, moi! Bien sûr, si vous aimez les textes concis, vous évitez.. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Mar 23 Déc 2008 - 15:42 | |
| Oui Marie, c'était une bonne surprise que ce roman, je trouve ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Mar 23 Déc 2008 - 17:46 | |
| Je ne sais pas si quelqu'un l'a dit mais il aurait mis 10 ans à l'écrire et 10 ans à le faire publier... 20 ans! Il me reste à le lire. J'essaierai de ne pas attendre 10 ans de plus ... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Mar 23 Déc 2008 - 17:50 | |
| - Marko a écrit:
- Je ne sais pas si quelqu'un l'a dit mais il aurait mis 10 ans à l'écrire et 10 ans à le faire publier... 20 ans! Il me reste à le lire. J'essaierai de ne pas attendre 10 ans de plus ...
Oui, oui on l'a dit Marko, mais on peut le redire! Moi c'est le bonhomme qui ne passe pas. Je l'ai trouvé pntifiant et disons le ...assez prétentieux. Du coup ça m'enlève toute envie de le lire. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Mar 23 Déc 2008 - 17:52 | |
| - aériale a écrit:
-
Moi c'est le bonhomme qui ne passe pas. Je l'ai trouvé pntifiant et disons le ...assez prétentieux. Du coup ça m'enlève toute envie de le lire. Au moins on sait à quoi s'en tenir... Les autres on les idéalise peut-être trop. Et puis comme il est dit sur le fil sur Céline, on peut être antipathique ou douteux moralement et écrire des choses magnifiques! Ceci dit il divise et j'ai entendu des critiques très négatives, concernant son style, au masque et la plume (parmi des très bonnes) ... | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Jean-Marie Blas de Roblès Mer 24 Déc 2008 - 0:05 | |
| - Citation :
- j'ai entendu des critiques très négatives, concernant son style, au masque et la plume (parmi des très bonnes) ...
Oui!! J'avais entendu aussi. Surtout la fille des Inrocks, je ne sais plus comment elle s'appelle, qui n'avait pas dépassé la page 100! Il n'y a pas un style, mais des styles, et j'ai bien compris ce qui ne lui avait pas plu. Surtout le côté caricatural dans l'approche du Brésil ( peut être, mais l'auteur vit ou a vécu longtemps au Brésil et manifestement connait le pays, et ce n'est pas si caricatural que cela..) . Par contre, c'est vrai que cela m'intéresserait de savoir ce qu'il a rajouté à son roman pendant ces dix ans.. Car faire accepter un roman qui ne parle que d'un obscur jésuite inventeur, ce ne doit pas être facile. Si on y rajoute favelas, hommes politiques corrompus , épopée dans la jungle, sexe,drogue, etc, c'est peut être plus facile? | |
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| | | | Jean-Marie Blas de Roblès | |
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