MOINS 2Je m’en faisais une joie…J’aurais tellement aimé vous dire que je m’étais régalée à ce spectacle !...Mais ça n’a pas du tout été le cas et j’en suis triste parce que j’ai toujours aimé ce que faisait
Jean Louis Trintignant. Cinéma et théâtre.
Les deux fois où je l’ai vu sur scène, c’était avec sa fille Marie. Et aussi bien
Les poèmes à Lou (Apollinaire) que
Comédie sur un quai de gare (de
Samuel Benchetrit aussi) m’avaient enchantée. Textes, mise en scène et comédiens.
Ici, tout est décevant.
Les dialogues sont inintéressants et d’un humour sans finesse. Or on y parle tout de même de cancer et de mort !
On ne peut pas croire un instant à cette histoire et à ces personnages. Alors il aurait fallu qu’elle soit écrite avec brio dans l’absurde. Ce n’est pas le cas et elle vole souvent au ras des pâquerettes.
Les personnages ?
Samuel Benchetrit a fait de ses deux malades des gâteux… de 72 ans…Mais on n’est pas gâteux aujourd’hui à 72 ans !...Des naïfs comme il n’en existe plus !
Les comédiens :
-
Trintignant fatigué, vieilli avant l’âge (ce que l’on peut comprendre), très médiocre. Bafouillant. Donnant par moments à peine assez de voix pour être entendu de tous les spectateurs du théâtre.
-Le second personnage devait être interprété par Roger Dumas… (il a reçu un Molière). Mais il avait été remplacé par un comédien insipide. Déambulant , branché à sa perfusion mobile, surtout préoccupé de dire son texte. Sans jeu d’acteur, sans émotions.
- Et même pas une vraie écoute de l’un envers l’autre. J’étais au second rang devant et je pouvais voir lors des monologues une absence totale de regard et d’attention de la part des comédiens à ce qui se passait.
- Les deux jeunes comédiens…passables !
Une chambre d'hôpital, service réanimation… Juste deux lits dans lesquels Paul BLANCHOT (cancer du poumon) et Jules TOURTIN (cancer des reins) se réveillent…Arrive le médecin qui leur dit tout à trac (ridicule !) que l’un n’a plus qu’une semaine à vivre, l’autre deux…
Extrait :
Le Médecin : Bonsoir Messieurs.
Jules et Paul : Bonsoir , docteur Ascot.
Le Médecin : Ca va ce soir ?
Jules : Superbe !
Paul : Magnifique !
Jules : Royal !
Paul : Olympique !
Le Médecin : Bon…J’ai les résultats de vos derniers examens… Et les nouvelles ne sont pas très bonnes…Monsieur Blanchot. .Votre cancer aux poumons a fabriqué beaucoup trop de métastases pour que l’on puisse opérer…Je suis désolé…
Le Médecin : Monsieur Tourtin…Votre cancer du rein droit à infecté le rein gauche…On ne peut rien faire…Je suis désolé.
Paul : Dites-moi docteur…Je voudrais qu’on joue cartes sur table…Pas de bla-bla entre nous , pas de chichis , la vérité , rien que la vérité J’en ai pour combien de temps ?
Le Médecin : Une petite semaine.
Jules : Et pour moi, docteur, sachant que je suis un peu moins solide que mon camarade d’à côté…Vous pensez que je retrouverai bientôt ma famille ?
Le Médecin : Disons que quand vous les verrez ,je vous conseille de les embrasser très fort .
Jules : C’est-à-dire ?
Le Médecin : Quinze jours.
Jules : La vache !
Paul : Désolé !
Les deux « condamnés » décident de fuguer…
Faisant du stop au sortir de l’hôpital ils tombent sur une jeune femme «
enceinte et en larmes »…
L’émotion n’est pas passée…
Etait-ce un « mauvais soir » comme il y en a parfois au théâtre pour les comédiens ?
Je m’attendais à «
des clowns merveilleux »… à «
une virée nocturne, cocasse et truculente, pleine d'amitié et de sensibilité »… à des «
dialogues ciselés »… à la confirmation de «
l'inspiration novatrice du théâtre de Samuel Benchetrit."
C’est ce qu’en disaient les critiques…
Ce que je crois ?...
Changez un comédien et la pièce n’est plus la même…L’absence de
Roger Dumas a dû peser lourd...et pour le personnage qu’il interprétait…et pour donner le dynamisme et l’émotion au personnage servi par Trintignant.
La critique de Télérama, en août 2006, était celle-ci :
Si,
en dépit de quelques répliques bien affûtées, la pièce se révèle de bien minuscule envergure,
Jean-Louis Trintignant et Roger Dumas apparaissent, eux, pour ce qu'ils sont. C'est-à-dire d'immenses comédiens qu'il faut vaille que vaille aller applaudir.
La pièce a été nominée 4 fois aux Molières et a obtenu le Molière du meilleur comédien dans un second rôle pour Roger Dumas.
(40, 50 euros la place…tout de même !
)