Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Eugène Durif

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coline
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MessageSujet: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyMer 19 Nov 2008 - 19:14

Eugène Durif Durif210

Eugène Durif est dramaturge mais aussi comédien et metteur en scène. Il a écrit de nombreuses pièces.
Son premier roman, Sale temps pour les vivants, est paru en 2001. Puis un recueil de nouvelles, De plus en plus de gens deviennent gauchers, en 2004.
Le dernier, cette année, Laisse les hommes pleurer.

Laisse les hommes pleurer, Actes Sud, Domaine français, 2008.

La Nuit des feux, Actes Sud Papiers, 2008.

L'Enfant sans nom, Actes Sud, Actes Sud - Papiers, 2006.

Hier, c'est mon anniversaire, Actes Sud Papiers, 2005.

De plus en plus de gens deviennent gauchers, Actes Sud, 2004.

Le Plancher des vaches, Actes Sud, Papiers, 2003.

Ni une ni deux, Actes Sud, 2002.

Ni une ni deux suivi de Les Irruptés du réel, Actes Sud Papiers, 2002.

Sale temps pour les vivants, Flammarion, 2001.

Divertissements bourgeois, Actes Sud Papiers, 2001.

Pochade millénariste, Actes Sud Papiers, 2000.

Filons vers les îles Marquises, Actes Sud Papiers, 1999.

Comme un qui parle tout seul, Paroles d'Aube, 1998.

Meurtres hors champ, Théâtre ouvert, 1997. Réédition chez Actes Sud Papiers en 1999.

Via negativa, Actes Sud Papiers, 1996.

Nefs et naufrages, Théâtre ouvert, 1996.

Les Petites Heures suivi de Eaux dormantes, Actes Sud Papiers, 1996.

Tonkin-Alger suivi de Maison du peuple, Actes Sud Papiers, 1995.

Paroles échappées du choeur, Paroles d'Aube, 1995.

Croisements, divagations suivi de Chorégraphies à blanc, Actes Sud Papiers, 1994.

Les Petites Heures, Théâtre ouvert, 1992.

Enclos, Éditions Michel Chomarat, 1992.

Le Petit Bois, Éditions Comp'Act, 1991.

B.M.C., Éditions Comp'Act, 1991.

L'Arbre de Jonas, Théâtre ouvert, 1990. Réédition chez Comp'Act puis à Théâtre ouvert avec la traduction allemande de Klaus Gronau en 1993.

Salomé, les yeux tus, avec des gravures de Paul Hickin, Éditions Comp'Act, 1989.

Tonkin-Alger, Théâtre ouvert, 1988. Réédition chez Comp'Act en 1990.

L'Étreinte, le temps, poésie 1980-1985, Éditions Comp'Act, 1987.

Une Manière noire, Éditions Verdier, 1986.

Conversation sur la montagne, avec des lithographies de Madeleine Lambert, Maison du Livre de Pérouges, 1986. Réédition chez Michel Chomarat en 1990
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyMer 19 Nov 2008 - 23:54

Je suis juste capable de donner les quatrièmes de couverture de ce que je connais de l'oeuvre d'Eugène Durif.

J'ai ouvert ce fil parce que j'ai travaillé cet été dans un stage sur ses textes. Destextesextraitsde difféentes oeuvres.

Et depuis ce matin, je suis en train de lire le touchant roman de cetteannée, Laisse les hommes pleurer.
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyMer 19 Nov 2008 - 23:56

Divertissement bourgeois

Divertissement bourgeois est une reprise des thèmes classiques du Bourgeois gentilhomme de Molière : la servante qui en dit et en sait trop, qui manipule ses maîtres bornés et égoïstes au profit des pauvres gens. Ici, ce n'est pas un couple de jeunes tourtereaux mais un chômeur ruiné. Le bourgeois n'est plus ce vieux barbon ridicule mais plutôt un "bobo", un bourgeois bohème de gauche, qui s'intéresse au théâtre pour faire branché. De même que le maître de ballet faisait danser M. Jourdain de façon ridicule, Antoine parvient à faire danser à Etienne le gallinacé et le canidé. Eugène Durif, avec cette comédie, se moque des nouveaux bourgeois.

Ce n'est pas ma préférée parce que j'aime surtout les textes sensibles d'Eugène Durif. Mais bien jouée, le texte est désopilant.
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 0:02

J'attends tes impressions sur Laisse les hommes pleurer qui m'évoque le titre du film d'Audiard: Regarde les hommes tomber!
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 0:18

Marko a écrit:
J'attends tes impressions sur Laisse les hommes pleurer qui m'évoque le titre du film d'Audiard: Regarde les hommes tomber!

Ceque j'ai déjà lu me touche...C'est le récit d'une dépression...

"Un récit d'une profonde humanité empreint de violence et d'animalité. Un regard primordial sur la reconstruction de ceux qui, dès le plus jeune âge, n'ont plus de larmes mais un chagrin bien trop ancien pour atteindre le dehors de leur regard." (Quatrième de couv')

Et ca commence ainsi:
" Un jour je ne pouvais plus. Peut-être quec'était là depuis longtemps et que je ne m'en étais pas rendu compte. Enchaîné aux circonstances, aux événements, à la suite des jours, et voilà qu'on se retrouve un matin à ne plus savoir quoi faire, à ne plus pouvoir continuer. Vingt-cinq années avaient passé, la succesion des jours les uns après les autres. Et un jour jene pouvais plus. Quand ou comment ça avait commencé, je ne sais pas si c'est le plus important. J'étais devenu vulnérable, moi qui avait réussi à ne pas être touché. Tout devenait possible, même le pire."
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 0:30

Filons vers les îles Marquises

Un notable d'une petite ville en relation suivie et intéressée avec la "Française des Liquides" est sur le point de conclure des alliances politiques douteuses. Son épouse, passionnée d'art contemporain, est sponsorisée par cette même Française des Liquides pour l'écriture d'un article sur la démarche de Tony Beurnette-Smith, artiste conceptuel qui doit intervenir dans un quartier "défavorisé" ou, comme on dit pudiquement, "difficile".
Autour d'eux, en guise d'inventaire: une élue écologiste très remontée contre la corruption et les alliances sus-mentionnées, une emploi-jeune spécialisée en "intermédiation culturelle" et chargée de préparer la population à l'intervention de l'artiste contemporain, des employés municipaux "détachés" au service du maire et et victimes d'un terrible coup de foudre , une castafioresque passionnaria de l'humanitaire rêvant de réaliser une opération "un mange disques pour l'Ethiopie", une secrétaire-conseillère sexy, torride et très fûtée, un artiste contemporain assez satisfait de lui...
... Et toute une série de quiproquos, malentendus, chassés-croisés dans cette "opérette" légère et un peu noire, où, bien sûr, tout commence et tout finit par des chansons...Même si la Camarde y pointe parfois, furtivement, son nez pour jouer les trouble-fêtes...


Un texte loufoque , d'une fantaisie débordante...J'en avais vu une représentation désopilante.
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 13:40

Le petit bois

aime

L'Univers
Un village, un cirque, ses personnages.... On reconnaît les couleurs d'automne et l'odeur de l'herbe mouillée, tout semble familier et pourtant on se sent étrangement perdu, comme égaré sur une terre inconnue.

Entre les doux rêves et les cauchemars, le personnage nous fait naviguer dans les eaux troubles de la mémoire et nous délivre son trop plein de mots enfouis. Un mouvement, un rire, un regard, des choses toutes simples... La vie à la campagne. Il nous caresse, nous amuse et hop! sans qu'on ne s'y attende, mine de rien, le voilà qui nous griffe, nous dérange. Ce petit bonhomme-là ne nous laisse plus tranquille.
(source Théâtre contemporain.Net)

A propos du Petit Bois
"Il a peur du silence, alors, il parle seul et à d'autres, à défaut de quelqu'un d'autre. Des images lui reviennent, et pour être plus fort qu'elles, dans un présent tremblé et flottant, il se raccroche à des " retours " de rêves, des comptines et proverbes mêlés à des souvenirs lointains de la bible, des gestes infimes mais nécessaires. Il dit qu'il peut voir dans le noir et toucher le feu avec ses mains et tourne autour du lieu d'un crime sur lequel il serait impossible de revenir. Et les phrases, les lumières de la fête et les manèges tournent avec lui."
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 13:57

Dans Le Matricule des Anges, à propos de Via Negativa: extraits d'interview.

Eugène Durif est un clown angoissé qui se livre avec une fragilité et une sincérité rares...


Sous des allures excessivement gentilles, vous aimez la provocation?
Beaucoup. Même si cela doit déclencher des choses très violentes. Par exemple, aucun organe de presse, mis à part Libération, n'a parlé de Via Negativa et comme je suis un peu paranoïaque, ça m'est difficile à supporter. Beaucoup de gens trouvent la fin de cette pièce de mauvais goût et pensent que je me moque des personnes en dépression. En fait, je me moque principalement de moi-même qui ai pris beaucoup de médicaments. De toute façon, qu'on me taxe de mauvais goût, c'est plutôt bon signe. Le théâtre s'adresse souvent aux classes moyennes et doit être culturellement correct. Un auteur qui arriverait aujourd'hui avec Ubu se ferait taxer de mauvais goût! L'utilisation de la culture ornementale m'exaspère.

À quel moment vous dites-vous, là, ce que j'écris, c'est du théâtre?

La seule preuve qu'on écrive du théâtre, c'est que les textes sont joués. Or plusieurs de mes pièces n'ont pas été portées à la scène. Quand j'écris du théâtre, je ressens un trouble entre l'écriture et la parole et donc un rythme particulier. C'est dans ce trouble qu'à mon sens réside le théâtre bien plus que dans la notion de personnages ou d'actions. Beaucoup de gens ont une vision très conventionnelle du théâtre contemporain. D'ailleurs les textes circulent difficilement. Il n'y a pas de comités de lecture dans les théâtres. Et peu de maisons d'édition publient des textes non joués. Mis à part Théâtre Ouvert avec les Tapuscrits.

Vous évoquez souvent le trouble...

J'aime ce qui est trouble. J'aime les rapports de passage, entre villes et campagnes par exemple. Mon père a été paysan, puis ouvrier en usine dans la banlieue de Lyon avant de devenir jardinier dans un hôpital psychiatrique. Il possédait donc une double culture, paysanne, avec toute une série de proverbes sur le temps, et ouvrière. J'aime mêler des choses, aller dans des directions non évidentes. C'est peut-être pourquoi, je suis invité en même temps dans un colloque sur le milieu rural et dans un autre sur les paroles urbaines. De toute façon, l'idée d'une parole spécifique pour les villes ou pour les campagnes me paraît étrange. Aujourd'hui, il y a une sollicitation massive de l'univoque. J'aime parler du monde de façon équivoque. De même, beaucoup de gens pensaient que je ne pouvais pas écrire de comédie. C'est étrange de vouloir enfermer les gens. Alors je me suis attaqué à un triptyque (dont le premier volet est Via Negativa ), trois comédies qui traitent des marchés de l'inconscient, de la culture et de la communication.

Peut-on dire que votre écriture cherche à évoquer les liens entre les catastrophes de l'Histoire et celles de l'intime?

Je travaille sur comment sont reçus les événements, dans leurs manques, sur l'histoire qu'on essaie de recomposer. J'ai compris plus tard pourquoi j'ai écrit Tonkin Alger. Enfant, j'entendais beaucoup parler de la guerre d'Algérie mais de façon énigmatique, lacunaire. Chaque terme était étrange, comme ceux de la pacification ou du sourire kabyle. Écrire ce texte a été une manière de me réapproprier quelque chose de fragmentaire.

Votre écriture oscille entre la légèreté, et la douleur. Beaucoup de vos textes évoquent la haine qu'il y a au fond de soi, la difficulté de communiquer, la mort....

Propos recueillis par
Laurence Cazaux
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 14:23

Via Negativa

Des personnages à bout, au bout de tout, revenus de tout : un philosophe, ex "maître-penseur" maintenant beaucoup plus passionné par la "théologie négative" que par le "négatif" de la dialectique, un homme et une femme qui "sont" dans la communication après avoir traversé l'après 68, une femme revenue (plus ou moins) de la psychanalyse et autres thérapies, un ingénieur obsédé par l'effondrement et le naufrage... Ils sont rassemblés dans un lieu pour tester un nouvel anti-dépresseur miracle... Avec eux, une directrice du marketing d'un grand laboratoire pharmaceutique et un psychiatre un peu "marron", tous deux préoccupés avant tout par la réussite de l'entreprise, obsédés par la concurrence. Leur regard "scientifique" est un peu troublé par cette perspective de rentabilité. Tout ce petit monde court joyeusement à la catastrophe.
(source: répertoire des auteurs)
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 14:26

J'aime Eugène Durif pour des passages comme celui-là:

"Nos mains d'escarre, pauvres mains d'hommes vivants, sont bornées mais ce sont nos mains, elles ne façonnent que le vide, ne pétrissent que le néant, mais parfois en tremblant étreignent une autre chair et parfois se serrent. Et nos coeurs avec."
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 17:33

coline a écrit:
J'aime Eugène Durif pour des passages comme celui-là:

"Nos mains d'escarre, pauvres mains d'hommes vivants, sont bornées mais ce sont nos mains, elles ne façonnent que le vide, ne pétrissent que le néant, mais parfois en tremblant étreignent une autre chair et parfois se serrent. Et nos coeurs avec."
Très belle citation, merci Coline!
Est'elle tirée de Laisse les hommes tomber?

J'attends ton com final car ce livre me tente depuis un petit moment. Je crains juste qu'il ne soit trop dans l'enfermement de cette dépression et tu sais que je ne suis pas le bon public pour cela.

Dis moi Basketball


Dernière édition par aériale le Jeu 20 Nov 2008 - 18:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptyJeu 20 Nov 2008 - 18:05

aériale a écrit:
coline a écrit:
J'aime Eugène Durif pour des passages comme celui-là:

"Nos mains d'escarre, pauvres mains d'hommes vivants, sont bornées mais ce sont nos mains, elles ne façonnent que le vide, ne pétrissent que le néant, mais parfois en tremblant étreignent une autre chair et parfois se serrent. Et nos coeurs avec."
Très belle citation, merci Coline!
Est'elle tirée de Laisse les hommes tomber?


Non, elle n'est pas dans ce roman...mais par contre je ne sais plus de quel texte elle est tirée...Il a tellement écrit...J'ai plein d'extraits ...

Je ferai mon commentaire de Laisse les hommes pleurer dès que je l'aurai terminé...
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MessageSujet: Re: Eugène Durif   Eugène Durif EmptySam 22 Nov 2008 - 0:24

Laisse les hommes pleurer

Un roman tout simple et tendre qui rappelle un fait méconnu (oublié ?) de l’Histoire :
Dans les années soixante (initiative de Michel Debré alors député de l’île de la Réunion), des centaines d’enfants réunionnais ont été amenés en France et « placés » dans des familles en Creuse, pour repeupler le département !…

Au début du roman, Léonard, la cinquantaine, vit en Bretagne avec sa compagne Hélène. Il vient de se faire congédier de son poste de gardien de prison parce qu’il a fait preuve de trop de compassion pour un détenu. Le voilà dans une situation précaire. Il sombre dans la dépression.

« Un jour, je ne pouvais plus. Peut-être que c’était là depuis longtemps et que je ne m’en étais pas rendu compte. Enchaîné aux circonstances, aux événements, à la suite des jours, et voilà qu’on se retrouve un matin à ne plus savoir quoi faire, à ne plus pouvoir continuer. Vingt-cinq années avaient passé, la succession des jours les uns après les autres. Et un jour, je ne pouvais plus. Quand ou comment ça a commencé, je ne sais pas si c’est le plus important. J’étais devenu vulnérable, moi qui avais réussi à ne pas être touché. Tout devenait possible, même le pire. »

Léonard se retourne sur son passé :
« Tout ce que j’avais muré qui me revenait, à moi le fissuré de partout. »

Léonard était un « populart », un « enfant de la population française », un orphelin.
Enfant il a été placé dans une famille d’accueil (quel accueil !), des paysans de la Creuse.
Très vite rejoint par un autre enfant, Sammy, un réunionnais, confié à la DASS par une mère dans la misère.
Pour tous deux, pas de chambre, une paillasse dans une grange, dans le noir, et le froid dont ne protégeaient pas les pauvres vêtements et la maigre couverture.
Une nourriture frugale.
D’abord, pas d’école. Seulement les durs travaux des champs.
Puis, sur pression de l’assistante sociale, l’école... mais toujours suivie des pénibles travaux à la ferme.
La violence des mots et des coups.
Les deux enfants se soutenaient en rêvant de s’évader.

Léonard voudrait maintenant sortir de sa dépression, rebondir, faire des projets avec sa compagne… Mais pour cela, il sent qu’il doit retrouver Sammy.

« Sammy, je l’avais quasiment oublié. Il était là-bas, encore là-bas, dans un temps que j’avais mis de côté. »

« Les fantômes ont la peau dure, mais avec de l’application on peut vivre sans qu’ils nous fassent trop mal. J’y étais parvenu pendant un bon bout de temps. Là, ça ne marchait plus. Il fallait que j’aille les voir d’un peu plus près, les fantômes. »

"Si la vie s’était chargée de nous séparer, il demeurait comme un appel de l’autre. »

« On ne peut rien construire si on ne retourne pas voir en arrière. »

Léonard entreprend donc le voyage vers la Creuse à la recherche de son ami qu’il va retrouver, dans un hôpital psychiatrique.


C’est un roman touchant, humain, assez brut, qui évoque des petites gens au grand cœur. Des malmenés de la vie qui ne s’apitoient pas sur eux-mêmes. Qui gardent une part pour l’humour et le rêve.
Une histoire infiniment triste traversée de beaux élans d’amitié.
Le voyage dans le temps de deux hommes à la vie gâchée mais illuminée par la figure de l’absente, la mère.
« Mieux vaudrait qu’on ne soient jamais née, si c’est pour lui faire tant de tristesse, mais elle nous prend dans ses bras et, même quand elle pleure, nous sourit et nous serre contre elle. »

La langue est toute simple mais parsemée d’expressions touchantes et justes comme celles-ci :

« Pour les comme nous, c’est comme si c’était fini du départ. »

« Pareil que si le père l’était mort. Peut-être qu’il aurait mieux valu que. Pourtant, j’avais encore le souvenir des moments où il me prenait dans ses bras quand il revenait des champs de cannes. Ou de ce jour où je marchais avec lui sur le sentier au-dessus de la rivière et où mon pied a glissé et je me suis vu tomber, et lui m’a rattrapé par la main et soulevé jusqu’à lui, interrompant cette chute et je regardais d’en bas, et j’aurais voulu rester accroché à cette main qui me tenait. »

« Je ne sais plus le mot, juste la peur qui va avec.»

« Sammy chantonnait à mi-voix. Je restais silencieux à baigner dans l’instant. »

« On est des fantômes à vie, tu sais, on habite un autre pays dans notre tête, celui-là ne sera jamais le nôtre. »

« C’était notre histoire, on avait nos souvenirs à nous, le peu qu’on avait, on le gardait bien serré contre soi, des fois que ça s’en aille et se perde, qu’est-ce qui nous serait resté ? »
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