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Sujet: Alexandre Pouchkine Mar 23 Déc 2008 - 21:21
Alexandre Sergueïevitch Pouchkine(en russe : Александр Сергеевич Пушкин) est un poète, dramaturge et romancier russe né à Moscou le 6 juin 1799 (26 mai 1799 selon le calendrier julien) et mort à Saint-Pétersbourg le 10 février 1837 (29 janvier 1837 calendrier julien) . Il est l'arrière petit-fils d'Abraham Hanibal (prince camerounais).
Le poète Alexandre Blok dit un jour de lui, qu'il était un maître de la liberté. Je ne pense pas qu'il ait eu tort (soit, mon avis est très certainement bien peu objectif )
Et pour le reste de la biographie, c'est ICI
Allez, juste deux petits poèmes pour la route !
Le russe m'étant inconnu, je ne puis que vous donner la traduction de ses poèmes. Malheureusement, ils sont bien évidemment bien plus beaux et plus mélodieux (il était reconnu pour la musicalité de ses poèmes) en langue originale, mais j'ai la chance de bénéficier d'une traduction assez réussie.
LE POÈTE
Tant qu'Apollon n'exige du poète qu'il aille œuvrer au sacrifice saint, vous le voyez lâchement englouti dans les soucis futiles de ce monde. Sa lyre sainte alors se tait, son âme endormie et glacée et parmi les pauvres humains nul n'est plus que lui démuni.
Mais dès que le verbe du dieu fait vibrer son ouïe sensible, l'âme du poète frémit, pareille à l'aigle qu'on éveille. Les fêtes du monde lui pèsent, il fuit l'humaine rumeur, ne courbe pas sa tête altière devant les idoles vulgaires, mais s'enfuit, farouche et sévère, plein d'émoi, regorgeant de chants, vers la rive des eaux désertes, dans l'ample clameur des forêts...
SOUVENIR
Quand pour chaque mortel se tait le jour bruyant, quand sur les avenues de la cité muette la nuit étend son ombre tamisée et que vient le sommeil, prix des labeurs diurnes, je dois dans le silence endurer longuement des heures de veille torturante : le repos de la nuit avive la morsure des remords, intimes serpents; mon cœur, tenaillé par le spleen, déborde de noirs sentiments; le souvenir, sans un mot, à mes yeux déroule sans fin son volume et, relisant ma vie avec horreur, je la maudis en frémissant et je me plains, amer, et pleure amèrement, mais je n'efface pas les lignes accablantes.
Constance a écrit:
Lisant le poème "Le souvenir", placé en ouverture de ce fil, j'ai été étonnée que les rimes en aient quasiment disparu, aussi j'ai pris la liberté de copier la traduction de Katia Granoff, qui lui restitue sa musicalité ...
Le souvenir
Lorsque pour tout mortel vient cette paix du soir, Prix des tâches utiles, Et que la nuit répand son transparent brouillard Au-dessus de la ville; Heure après heure alors, ignorant le sommeil, Je languis, brûle et songe, Et dans l'inaction de la nuit, en éveil Un long chagrin me ronge. Mon rêve bout, l'esprit succombe à ma langueur, A mes sombres pensées; Le souvenir déroule un papyrus vengeur Où ma vie est tracée. Je lis à contrecoeur et tout en frémissant, Je les maudis, je pleure, Mais je n'efface pas ces mots bouleversants, Ces tristes mots demeurent.
(1828)
Anthologie de la poésie russe / NRF Poésie / Gallimard / Traduction Katia Granoff
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Mar 23 Déc 2008 - 23:23
Merci pour ce fil Célinouchka qui réveille mes souvenirs récents de la visite, à St Pétersburg, de la maison où est mort Pouchkine suite à un duel. On sent la vénération que le peuple russe avait pour ce génial poète que j'ai découvert à travers l'opéra Eugène Oneguine de Tchaïkovski. Il y avait dans ce musée un livre où il venait d'écrire un de ses derniers poèmes dont je n'ai malheureusement pas retenu le nom. Je te suis dans cette exploration...
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Mer 24 Déc 2008 - 18:14
Oui, merci pour ce fil!
Ayant été en Russie aussi et étant en contact avec des Russes, on sent l'importance de la poèsie, encore aujourd'hui, dans la vie de nombreux Russes! Mes amis les plus proches étaient bien capables à se mettre à le réciter à l'unison ensemble...merveilleux!
J'ai bien lu "La fille du capitaine" et divers poèmes dans une édition bilingue(russe-allemand).
Comme tu dis, Célinouchka, ces vers de Pouchkine en russe se démarquent par leur musdique extraordinaire. J'ai appris un peu le russe, je pouvais le goûter un peu alors dans la langue d'origine. Aussi mes amis m'ont enregistré une K7 avec quelques poèmes de lui et les textes à part!
Ici un poème que j'aime parmi d'autres, "Soir d'hiver": http://www.philagora.net/pole-int/hiver.htm
(Je ne sais pas s'il est permis de copier le texte ici, alors je donne le link.)
isabus2 Espoir postal
Messages : 47 Inscription le : 18/07/2009 Localisation : Moselle
Sujet: La dame de Pique, Pouchkine Jeu 23 Juil 2009 - 17:09
C'est excellent. Un jeu ? Presque! Un drame ? Peut-être. Suspens, ironie, pieds de nez en cascade, une belle peinture de quelques cractères de l'époque.
bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
Le Prophète Tourmenté d'une soif spirituelle, J'allais errant dans un sombre désert, et un séraphin à six ailes m'apparut à la croisée d'un sentier. De ses doigts légers comme un songe, il toucha mes prunelles. Mes prunelles s'ouvrirent voyantes Comme celles d'un aiglon effarouché. Il toucha mes oreilles, elles se remplirent de bruits et de rumeurs. Et je compris l'architecture des cieux et le vol des anges au-dessus des monts, et la voie des essaims d'animaux marins sous les ondes, le travail souterrain de la plante qui germe. Et l'ange, se penchant vers ma bouche, m'arracha ma langue pécheresse, la diseuse de frivolités et de mensonges, et entre mes lèvres glacées de sa main sanglante Il mit le dard du sage serpent. D'un glaive il fendit ma poitrine et en arracha mon coeur palpitant, et dans ma poitrine entrouverte il enfonça une braise ardente. Tel un cadavre, J'étais gisant dans le désert, Et la voix de Dieu m'appela; Lève-toi, prophète, vois, écoute et parcourant et les mers et les terres,
Brûle par la parole les coeurs des humains.
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Beau commentaire-poème sur, me semble-t-il, la vocation du prohète Isaïe. Splendide!
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Eugène Onéguine Dim 19 Déc 2010 - 20:33
Je sors du théâtre et d’une lecture complète de « Eugène Onéguine » d’Alexandre Pouchkine sur scène et en six heures. Ce roman en vers est une des œuvres les plus fortes de la littérature russe du début du XIXe siècle, une véritable encyclopédie de la vie de l’époque aussi bien à la campagne que dans les deux grandes villes, Saint-Pétersbourg et Moscou.
« Eugène Onéguine » est une excellente lecture pour les soirées d’hiver car l’œuvre recèle d’humour et de petit coups de pates aux contemporains de Pouchkine qui - finalement - sont aussi les nôtre. Eh, oui !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Dim 19 Déc 2010 - 20:52
Maline a écrit:
Je sors du théâtre et d’une lecture complète de « Eugène Onéguine » d’Alexandre Pouchkine sur scène et en six heures.
Super comme expérience!! De mon côté j'en suis pour l'instant resté à la version de Tchaikovski qui est déjà une bonne approche du texte mais j'aurais apprécié ce marathon de 6h pour le découvrir en entier.
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Dim 19 Déc 2010 - 20:57
Marko a écrit:
Super comme expérience!!
Surtout que c'est le grand metteur en scène Peter Stein qui en faisait la lecture, seul en scène - et je ne l'ai même pas pris en photo
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Dim 19 Déc 2010 - 21:07
Maline a écrit:
Surtout que c'est le grand metteur en scène Peter Stein qui en faisait la lecture, seul en scène - et je ne l'ai même pas pris en photo
Peter Stein qui a d'ailleurs également mis en scène l'opéra!
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Dim 19 Déc 2010 - 21:22
Marko a écrit:
Maline a écrit:
Surtout que c'est le grand metteur en scène Peter Stein qui en faisait la lecture, seul en scène - et je ne l'ai même pas pris en photo
Peter Stein qui a d'ailleurs également mis en scène l'opéra!
Merci de me l'apprendre. Il devait bien y avoir une raison pourquoi il a lu ce texte
Voici une page avec un petit video de cette mise en scène à l'opéra de Lyon.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Alexandre Pouchkine Dim 19 Déc 2010 - 21:26
Maline a écrit:
Surtout que c'est le grand metteur en scène Peter Stein qui en faisait la lecture, seul en scène - et je ne l'ai même pas pris en photo
Oui mais l'image tu l'as en mémoire, avec le son, et le souvenir des émotions, c'est beaucoup mieux encore...
Lisant le poème "Le souvenir", placé en ouverture de ce fil, j'ai été étonnée que les rimes en aient quasiment disparu, aussi j'ai pris la liberté de copier la traduction de Katia Granoff, qui lui restitue sa musicalité ...
Le souvenir
Lorsque pour tout mortel vient cette paix du soir, Prix des tâches utiles, Et que la nuit répand son transparent brouillard Au-dessus de la ville; Heure après heure alors, ignorant le sommeil, Je languis, brûle et songe, Et dans l'inaction de la nuit, en éveil Un long chagrin me ronge. Mon rêve bout, l'esprit succombe à ma langueur, A mes sombres pensées; Le souvenir déroule un papyrus vengeur Où ma vie est tracée. Je lis à contrecoeur et tout en frémissant, Je les maudis, je pleure, Mais je n'efface pas ces mots bouleversants, Ces tristes mots demeurent.
(1828)
Anthologie de la poésie russe / NRF Poésie / Gallimard / Traduction Katia Granoff
Lisant le poème "Le souvenir", placé en ouverture de ce fil, j'ai été étonnée que les rimes en aient quasiment disparu, aussi j'ai pris la liberté de copier la traduction de Katia Granoff, qui lui restitue sa musicalité ...
Quelle différence, c'est incroyable.... Merci Constance
Ce matin justement, je lisais un article sur Depardieu - dans lequel il parlait de ses auteurs préférés et il le citait....
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Lisant le poème "Le souvenir", placé en ouverture de ce fil, j'ai été étonnée que les rimes en aient quasiment disparu, aussi j'ai pris la liberté de copier la traduction de Katia Granoff, qui lui restitue sa musicalité ...
Le souvenir
Lorsque pour tout mortel vient cette paix du soir, Prix des tâches utiles, Et que la nuit répand son transparent brouillard Au-dessus de la ville; Heure après heure alors, ignorant le sommeil, Je languis, brûle et songe, Et dans l'inaction de la nuit, en éveil Un long chagrin me ronge. Mon rêve bout, l'esprit succombe à ma langueur, A mes sombres pensées; Le souvenir déroule un papyrus vengeur Où ma vie est tracée. Je lis à contrecoeur et tout en frémissant, Je les maudis, je pleure, Mais je n'efface pas ces mots bouleversants, Ces tristes mots demeurent.
(1828)
Anthologie de la poésie russe / NRF Poésie / Gallimard / Traduction Katia Granoff