Tom Robbins

Tom Robbins encore et toujours. Bonne nouvelle!
A paraître fin août chez Gallmeister: son premier roman, Another Roadside Attraction (1971).

Une Bien étrange attraction

Citation :

Fausse gitane mais vraie voyante, la belle Amanda
et son mari John Paul Ziller, artiste et magicien inséparable de son
babouin, ouvrent un zoo et un stand de hot dogs au bord de l’autoroute.
Là, ils rétablissent le cirque de puces comme art populaire et le culte
de la fécondité comme religion ultime.Quand débarque leur ami Plucky
Purcell, ancien joueur de football et dealer à ses heures, les ennuis
commencent. Ayant par accident infiltré une armée secrète du Vatican,
Plucky s’est retrouvé à Rome où il a découvert le corps momifié du
Christ oublié dans une catacombe. Après l’avoir dérobé et ramené aux
États-Unis, il vient le cacher dans leur zoo et remet l’avenir de la
civilisation occidentale entre leurs mains. Mais le FBI et la CIA
veillent.
Une bien étrange attraction
est un livre foisonnant qui repousse les frontières de l’imagination et
nous entraîne au cœur des sixties. Ce roman fantasque,mi-divertissement
apocalyptique mi-suspense métaphysique, répond avec génie aux questions
fondamentales de notre époque.

Jviens de terminer Féroces Infirmes. Non mais quel délice jubilatoire m'offre à chaque fois ce cher Tom Robbins !

Animal, Nezumi et Bix parlent Tim Robbins, c'est deja quelque chose et je me jette sur le catalogue!
Du coup, je trouve:

1.Meme les cow girls ont du vague à l'ame

2.Villa incognito

3.B is for beer

Si ce sont des livres ou l'imagination supprime les frontieres, c'est pour moi! Je m'y rue

N'hésite pas Orientale!

Queenie, les infirmes j'ai eu un peu de mal à entrer dedans au début, Robbins en fait des tonnes dans le côté érudico-délirant, mais après j'ai adoré (cette histoire de couvent c'est du n'importe quoi ).

Je suis agréablment surpris de voir que Tom Robbins cartonne à ce point !
Je me souviens quand on en parlait au début avec Nezumi...
C' est le genre de livre qui fonctionne à l' effet forum...

Féroces infirmes
Ed. Le Cherche midi - 10/18.
Traduction : Jean-Luc Piningre.

Histoire une nouvelle acadabrantesque : un agent de la CIA, qui a un peu pour philosophie de vie de rire de tout, de se faire une joie d'un maximum de choses, et de foncer droit à l'aventure lorsqu'elle se présente.
Switters voue un amour fantasmé pour sa demie sœur de 15 ans, ne supporte pas la vividité des choses, boit d'un levé de coude franc, part dans des dithyrambes à se décalquer quelques bulbes, à une grand-mère qui refuse d'être appelée comme telle et est une hackeuse loufoque un poil acariâtre quand on l'emmerde, est curieux de tout et prêt à partir dans n'importe quelle aventure pourvu qu'elle lui permette de ne pas rester en place.

Ce livre m'a une nouvelle fois plus qu'embarquée. C'est drôle, ça part dans des délires pas dénués d'intelligence (et cette fois, Robbins les étale bien tout le long du livre, et ne nous impose pas un gros pavet de plusieurs pages), plein de rebondissements, avec une petite évolution des personnages farfelue et qui les rend attachants.


Drôle comme, toujours ses personnages ont un "défaut" physique qui les met à part, leur fait voir le monde autrement, et vus par les autres différemment. Ce qui leur permet souvent d'avoir le dessus dans plein de situations, et de bien déstabiliser tout le monde.

Ici, Switters rencontre un chef spirituel amazonien qui lui donne une certaine connaissance, en échange de laquelle il devra respecter un tabou : que ses pieds ne soient plus en contact avec la terre. Du coup, le v'là dans un fauteuil roulant, ou sur des échasses (selon les circonstances). Et à 5 cm du sol, tout n'est pas exactement pareil.

Une nouvelle fois c'est un personnage anarchique (mais pas trop anarchiste cette fois, quoique), qui fout un bordel monstre partout où il passe, contre le système qu'il utilise quand ça l'arrange.

Et encore une fois, des histoires d'amour improbables, un peu folles, très romantiques sans être culcul.

Un livre de Tom Robbins c'est un petit bonbon joyeux qui pétille dans la bouche.

Féroces infirmes, extraits (traduction Jean-Luc Piningre) :


Parce que Tom Robbins arrive à rendre palpable des lieux, avec ce style tout en images, en surenchère, à ne pas savoir si ça va s'arrêter un jour, ou si le délire va monter de plus en plus loin jusqu'à l'explosion, et avec cette pointe d'humour, toujours qui surgit, paf sans prévenir et nous fait rire de tout :

Citation :

Pucallpa était la capitale sud-américaine du chien crevé. Très probablement, c'était aussi la capitale mondiale du chien crevé. S'il se trouvait une autre ville à en revendiquer le titre, son maire et sa chambre du commerce se montraient sagement discrets à ce sujet. Pucallpa ne s'en vantait pas non plus - mais Switters avait du nez, et il avait des yeux. Il reconnut la capitale du chien crevé à peine il la vit et il la sentit.
Cependant l'odorat seul n'aurait pas suffi à le tuyauter. Il y avait à Pucallpa tant d'odeurs délétères, d'origine organique ou inorganique - poisson pourri, fruits pourris, végétation moisissante, méthane des marais, jungle putréfiée, égouts non traités, réchauds à kérosène, fumées de bois, vapeurs de mazout, pesticides, sans oublier les éructations incessantes et méphitiques de la raffinerie à pétrole et de la scierie - que, du point de vue olfactif, les chiens morts, isolement, auraient difficilement pu concourir.
Pourtant ils étaient là, offerts aux regards, jonchant les rives du fleuve, et dans les caniveaux du centre, les cours des bicoques, les terrains vagues, les chemins de terre latéraux, devant l'unique cinéma ou au bord du tarmac à l'aéroport. On aurait aimé s'amuser à varier les espèces : caniche mort dans un coin, saint-bernard engoncé dans une rigor mortis mamouthesque dans l'autre, mais, hélas, les canins cadavres de Pucallpa étaient tous des clébards sans race, des bâtards indistincts qui, en outre, ne semblaient connaître que deux teintes : blanc ou noir uniformes, éventuellement parés d'une tâche.

Un peu de verve Robbinsienne dans la bouche du personnage principal Switters. En plein fleuve amazonien, sur un petit bateau, il commence à avoir sérieusement faim, et devant l'incompréhension de ses compagnons de voyage, il déclame :

Citation :

"Déjeuner", dit-il. Son ton était égal, rationnel, exempt de tout poil de bellicisme. "C'est comme ça que ça s'appelle chez moi, DE-JEU-NER. Et, déjeuner, j'aime ça. Je suis même un sacré aficionado. La liberté ou le déjeuner, c'est comme ça que je vois les choses. Le petit dej', c'est toujours trop tôt pour avoir faim, et le dîner vient souvent couper la soirée en deux. Mais le déjeuner, ça, c'est franc du collier, la seule chose que ça dérange, c'est le travail."
Il hausse légèrement le ton. "J'exige de déjeuner quotidiennement. Je suis assuré contre le jeûne par la Générale des fonctionnaires, la Générale des chômeurs et la Générale du gruyère. Petite nature ? Que nenni. J'avale le gras, j'avale le maigre et je lèche l'assiette mieux que le lave-vaisselle. En général, j'évite la chair des animaux de boucherie. Des animaux vivants, aussi, remarquez : mon répertoire pourtant ouvert dénonce le bestial, même si ça n'est pas vos oignons. Mais, question tortore, les amis, je n'ai rien à cacher et, dans les circonstances actuelles, je me ferais même un plaisir de mastiquer et d'ingérer du Weight Watchers en brochettes, si vous n'avez que ça en réserve. Tout ce que je demande, c'est que vous me serviez quelque chose, et dans les délais les plus courts. Je deviens ronchon quand on me refuse ma sustentation méridienne." [...]
"Un déjeuner équilibré est essentiel à la croissance. Je parle ici de splendeurs sans cesse renouvelées. l'homme ne vit pas que de l'air de l'argent. Le déjeuner est toujours beauté, toujours vérité pure. L'éclat velasquezien de la sauce anglaise irriguant la génoise. l'incontestable validité du dicton brectien : "Le palais, d'abord !" Beurrez les tartines, mes petits gars ! Ecossez l'haricot ! Et que ça saute ! Le déjeuner soulage les douleurs matinales et éclaire les pires après-midi d'une lumière sédative. La cène, ou je fais une scène !"

(Et ils ne bougent pas, alors il devient ronchon. Et il n'aime pas les araignées. Alors lorsque l'une d'elle se pointe sur un régime de banane qu'il comptait dévorer, il sort son pistolet et flingue l'araignée et le régime de bananes. Heureusement, il lui en reste quelques-unes à manger!)

Ah ah, j'ai adoré ce passage avec l'araignée! Merci pour ces extraits qui devraient attirer d'autres lecteurs dans les filets de Robbins, ou j'en mange les poils de chien de mon aspi.

Sinon c'est drôle comme dans chaque Robbins il y a une sorte d'objet fétiche symbolique autour duquel tout s'articule. Dans celui-là c'est la pyramide. Dans Jitterbug Perfume, la betterave. Dans les Cow-Girls le pouce...

Switters a quelques obsessions dans la vie :

Comprendre le Finnegans wake de James Joyce.

Citation :

Réputé comme étant un texte difficile, voire illisible et intraduisible, Finnegans Wake est néanmoins considéré comme un monument de la littérature du XXe siècle. On dit ce livre « traduit de l'anglais » mais, en fait, il mêle plusieurs langues, à un tel point que certains spécialistes prétendent qu'il n'y a pas de langue de départ.
[...]
La vision de l'Histoire proposée dans ce texte est très fortement influencée par Giambattista Vico (1668-1744) et la métaphysique de Giordano Bruno est importante pour les interactions entre les personnages. Vico a proposé une théorie cyclique de l'Histoire, dans laquelle les civilisations naissent du chaos, passent par des phases théocratiques, aristocratiques puis démocratiques et retournent ensuite au chaos. Les exemples les plus évidents de l'influence de cette théorie de Vico peuvent être retrouvés dans les phrases du début et de la fin du livre.

En d'autres termes, la première phrase commence sur la dernière page ou la dernière phrase se termine sur la première page, faisant ainsi du livre un cycle. En fait, Joyce a dit que le lecteur idéal du livre serait celui qui, souffrant d'une insomnie idéale, terminerait le livre, pour aussitôt retourner à la première page et entamer ainsi un cycle de lecture sans fin.

Un Nu bleu de Matisse, de 1954, qui serait chez sa grand-mère, dans ce genre là, forcément :


Les chansons de Broadway dont Send in the clowns (il planque un cd dans un faux fond de sa valise.

Nezumi a écrit:

Ah ah, j'ai adoré ce passage avec l'araignée! Merci pour ces extraits qui devraient attirer d'autres lecteurs dans les filets de Robbins, ou j'en mange les poils de chien de mon aspi.

Sinon c'est drôle comme dans chaque Robbins il y a une sorte d'objet fétiche symbolique autour duquel tout s'articule. Dans celui-là c'est la pyramide. Dans Jitterbug Perfume, la betterave. Dans les Cow-Girls le pouce...

Ouais, des sortes de trucs du quotidien, mais placés ailleurs, ou un peu différents de d'habitude, et avec une aura magique.

Vous en avez de la chance de le lire en anglais, Robbins !
Encore que ce que j' ai lu était vraiment correct...

Oui, je suis bluffée par la qualité des traductions. Quel exercice impossible que de rendre les jeux de mots constants de Robbins!
Pour m'amuser je m'y essaie sur B is for Beer.

Dans LIRE d'octobre il y a un dossier Etats-Unis et parmi cela une longue interview avec Tom Robbins

Interview qui est pour l'instant en ligne ici
(je ne connais pas encore bien ce site et ne sait pas pour combien de temps leurs liens restent dispo )

Oh, merci !!

Puisque je sens que les amateurs de Tom Robbins ne vont pas faire un tour sur le fil de la Grande Librairie


Emission du 14 octobre 2010

Citation :

Cette semaine, dans "La Grande Librairie", François Busnel reçoit Boris Cyrulnik, Philippe Forest, Alexandre Jollien et Tom Robbins.

et puisque leurs archives sont vraiment top, vous pourrez revoir cette émission sur leur site (à partir de demain):

ici