Sam Mendes

Je garde un bon souvenir d'American Beauty. Vous parlez de Desperate Housewives et Six Feet under (le point commun avec ce dernier étant Alan Ball, effectivement) et on est bien dans cette mouvance d'un cinéma qui utilise le langage hollywoodien pour le subvertir de l'intérieur. Il y a du grotesque, une tension érotique très ambiguë, un anticonformisme du personnage qui est assez jouissif. Après c'est un peu irrégulier et il y a des platitudes qui contrastent avec les moments forts, mais c'était un des premiers films à proposer ce type de regard caustique et ludique sur les codes du cinéma hollywoodien. Tiens! j'ai envie de le revoir...

Les sentiers de la perdition m'avait un peu ennuyé malgré la beauté plastique un peu trop "studio", très BD (dont il s'inspirait), mais originale sous un vernis lisse et glacé. J'aimais la musique de Thomas Newman dont j'achetais toutes les B.O.F. à l'époque. L'histoire était quand même assez riche et intéressante. J'aurais du le voir au cinéma plutôt que sur ma télé. A revoir aussi...

Jarehead a aussi des moments forts, un côté Désert des Tartares plutôt original dans le genre du film de guerre, mais il recherchait trop la pose poétique esthétisante par moment. Les séquences dans le désert avec les puits de pétrole me restent quand même en mémoire à distance... Un bon signe sûrement...

J'attends donc le prochain avec intérêt... C'est quand??

Marko a écrit:

J'attends donc le prochain avec intérêt... C'est quand??

j'ai trouvé sur internet l'info : 21 janvier 2009

et VOICI la bande d'annonce en VF du film Les noces rebelles


VO ICI

Revolutionary Road / Les Noces Rebelles

Citation :

Synopsis
Dans l'Amérique des années 50, Frank et April Wheeler se considèrent comme des êtres à part, des gens spéciaux, différents des autres. Ils ont toujours voulu fonder leur existence sur des idéaux élevés. Lorsqu'ils emménagent dans leur nouvelle maison sur Revolutionary Road, ils proclament fièrement leur indépendance. Jamais ils ne se conformeront à l'inertie banlieusarde qui les entoure, jamais ils ne se feront piéger par les conventions sociales.
Pourtant, malgré leur charme et leur insolence, les Wheeler deviennent exactement ce qu'ils ne voulaient pas : un homme coincé dans un emploi sans intérêt ; une ménagère qui rêve de passion et d'une existence trépidante. Une famille américaine ordinaire ayant perdu ses rêves et ses illusions.
Décidée à changer de vie, April imagine un plan audacieux pour tout recommencer, quitter leur petite routine confortable dans le Connecticut pour aller vivre à Paris...

source: ICI

Je sors de ce film et c'est probablement encore trop tôt pour en parler.. surtout que j'ai lu le livre et je pense que je ne l'ai pas trouvé dans ce -bon- moment cinéma..
C'est donc assez difficile de parler du film qui m'a en quelque sorte "déçu" point de vue adaptation..
Néanmoins je trouve que Sam Mendes a de nouveau créé un moment fort de cinéma !

Revolutionary Road : acteurs excellents. Très bonne réalisation. Très bonne reconstitution. Mais c'est "juste" un bon film, pas un chef-d'oeuvre.
Pourquoi ? Parce que, globalement, 'il n'y a pas de vraie surprise dans le scénario ?
C'est très sombre, la vie n'a pas de sens, tout ça. Ben oui. L'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Ben non.

On peut y voir un symbolisme un tout petit peu appuyé (je ne sais pas s'il était dans le livre que je n'ai pas lu) dans la personne d'un "fou" léger, en permission d'un hôpital psychiatrique : c'est le seul à bien percer le couple, à bien comprendre les motivations de Leonardo et Kate. Il est franc, ne se voile pas la face. Le fou est celui qui refuse les règles de la société, qui regarde les choses franchement et les dit telles qu'elles sont. Ce n'est pas non plus super original, mais ça fonctionne bien dans le film. En fait , rien n'est original dans ce film, mais tout fonctionne bien... donc, un bon film, pas un chef-d'oeuvre.

Ce n'est pas un film à voir pour se remonter le moral.

Sam Mendes vient du théâtre, il aime les acteurs, ça se voit : il leur donne de belles scènes, pas découpées en petits morceaux comme le font souvent les réalisateurs qui ne croient pas en leur film, pour donner du rythme.

Sinon, quoi d'autre ? Sam Mendes est intelligent. Par exemple, les seules scènes dénudées ne sont pas pour Kate Winslet (sa femme à la ville). Pas fou. Les scènes "chaudes" entre Kate et di Caprio restent convenables.

On fume beaucoup, dans le film. Un des sons marquant de la bande-son, c'est le bruit du lourd briquet métallique qui claque. Cela faisait longtemps qu'on ne voyait pas autant de clopes dans un film.

Pour finir, une fois de plus, mention spéciale aux sous-titreurs : on voit une scène où Léonardo est à la plage, il se baigne. Scène suivante : Kate Winslet lui dit "you never try anything !", brillamment traduit par : "tu ne te mouilles jamais".
Trop fort.

eXPie a écrit:

Revolutionary Road : acteurs excellents. Très bonne réalisation. Très bonne reconstitution. Mais c'est "juste" un bon film, pas un chef-d'oeuvre.

Le livre, lors de la sortie l'était.. c'était surtout du nouveau.. du jamais lu
Tandis que le film doit faire 'concurrence' avec beaucoup d'autres moments de banlieus..

eXPie a écrit:

On peut y voir un symbolisme un tout petit peu appuyé (je ne sais pas s'il était dans le livre que je n'ai pas lu) dans la personne d'un "fou" léger,

c'est lui qui m'intrigue le plus.. j'ai l'impression qu'il n'était pas dans le livre.. mais monter tout cela pour le film me semble étrange.. je vais revoir dans le livre parce que, s'il y était, je l'avais complètement 'oublié'

eXPie a écrit:

Ce n'est pas un film à voir pour se remonter le moral.

.. pour mon 'côté moral' - les images sont trop 'jolies' pour me donner le blues..

eXPie a écrit:

Sam Mendes vient du théâtre, il aime les acteurs, ça se voit : il leur donne de belles scènes

il y a des scènes où je me suis dit - il aime sa femme, il la 'caresse' avec la caméra..

eXPie a écrit:

On fume beaucoup, dans le film. Un des sons marquant de la bande-son, c'est le bruit du lourd briquet métallique qui claque. Cela faisait longtemps qu'on ne voyait pas autant de clopes dans un film..

oui, les années 50 où on avait l'impression que fumer était bon pour la santé.. même pour moi - c'en était trop.. et j'ai réalisé qu'on est vraiment habitué de plus en plus à des films sans cigarettes..

eXPie a écrit:

Pour finir, une fois de plus, mention spéciale aux sous-titreurs : on voit une scène où Léonardo est à la plage, il se baigne. Scène suivante : Kate Winslet lui dit "you never try anything !", brillamment traduit par : "tu ne te mouilles jamais".
Trop fort.

eXpie a écrit:

acteurs excellents. Très bonne réalisation. Très bonne reconstitution. Mais c'est "juste" un bon film, pas un chef-d'oeuvre.
Pourquoi ? Parce que, globalement, 'il n'y a pas de vraie surprise dans le scénario ?
C'est très sombre, la vie n'a pas de sens, tout ça. Ben oui. L'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Ben non.

Pas un chef d'ouevre, peut-être, mais un bon film dans le sens où il montre ce qui est difficilement traductible en images sans rajout de pathos, par rapport à un livre -qui peut lui analyser par des mots- les mouvements de l'âme lorsque les idéaux se heurtent à la réalité.
Et en ce sens il est très fort le Mendes!

J'ai pas mal de choses à dire mais je ne voudrais pas vous lasser alors déjà une petite photo pour agrémenter




Il faut avouer, les retrouvailles Di Caprio/Kate Winslet dix ans après le Titanic c'était un lourd pari! Mais ils ont merveilleusement vieilli chacun de leur côté et je me suis régalée de leur confrontation.

Pour moi Sam Mendes a réussi son challenge, c'est à dire nous montrer l' évolution d'un couple batti sur une illusion dès le départ, sa désagrégation et ses rêves brisés, tout cela sans surplus, juste à partir de faits souvent montrés en flash back, de leurs dialogues quotidiens, et surtout par le jeu de ses acteurs qu'il sait superbement filmer!

Au début il pose les fondations (la rencontre, les projections de chacun sur l'autre, les mots sublimés) les situe chacun dans leur contexte ( lui sans grande ambition refait le parcours basique de son père, elle tente une carrière d'artiste)
Ca part doucement, ça se délite par petites touches montrées en parallèle, histoire de mieux mesurer les compromis, et puis on ne sait plus très bien quand en fait, mais ça déraille: Le malaise s'installe, la tension s'amplifie et on pressent les explosions...

Et quand le drame survient, c'est extrême. La scène finale est d'une violence terrible parce que assourdie. Peu de mots, juste un plan: le vide...je vais la garder longtemps en mémoire tant elle est chargée de sens.
Chapeau au cinéaste pour avoir su capter si finement l'évolution de ce naufrage basé sur un leurre.

Kate Winslet est magnifique dans ce rôle de femme en souffrance, et chaque petit trésaillement sur son visage révèle parfaitement, derrière ses sourires de façade, toutes les frustrations et les déceptions intérieures.
Di Caprio est aussi excellent! Son visage d'ado jouant l'adulte colle au rôle un peu fuyant qu'il est censé incarner, et son jeu désinvolte cache parfaitement tous les doutes qui l'accablent secrètement.
Quant au fou -Michael Shannon-il est tout simplement génial! Son laché lors du repas est un morceau d'anthologie tant il sonne juste. Mais aucun personnage n'est laissé de côté. Les voisins eux aussi révèlent les frustrations d'une époque puritaine, figée dans son conformisme.
Sam Mendes a soigné tous ses personnages aux petits oignons!

Pour moi un film à ne pas rater...

aériale a écrit:

Pour moi un film à ne pas rater...

Ouf! J'avais un peu peur en voyant la bande annonce (dans une VF effrayante!). La liste de FAV (films à voir) s'allonge!

kenavo a écrit:

eXPie a écrit:

On peut y voir un symbolisme un tout petit peu appuyé (je ne sais pas s'il était dans le livre que je n'ai pas lu) dans la personne d'un "fou" léger,

c'est lui qui m'intrigue le plus.. j'ai l'impression qu'il n'était pas dans le livre.. mais monter tout cela pour le film me semble étrange.. je vais revoir dans le livre parce que, s'il y était, je l'avais complètement 'oublié'

j'ai presque 'relu' ce livre ce matin - feuilleté pour trouver quelques passages et en fait relu bonnes parties - le fils de cette famille est bel et bien dans le livre, il y a même trois visites, c'est moi qui l'avais oublié
(avec un cinéaste comme Mendes, cela m'aurait aussi surpris s'il aurait inventé un tel caractère)

aériale a écrit:

Sam Mendes a soigné tous ses personnages aux petits oignons!

Pour moi un film à ne pas rater...

Merci de ton commentaire.. dans lequel je retrouve le film que j'ai vu..

Concernant le livre je pense que je l’ai ressenti autrement lors de la lecture et du coup mon ‘étonnement’, voire ‘déception’ après le film hier.. mais en soi le film est vraiment très bon et après avoir relu certains passages ce matin j’ai pu voir qu’il a repris certains dialogues à la ligne..
Je crois que je m’avais fait d’autres images lors de la lecture – en quelque sorte en noir et blanc, plus anciens..

Les noces rebelles.

Je vais juste rajouter que je suis sortie "plombée" de ce film, et je me suis vite démerdée pour penser à autre chose. Les scènes finale tuent. La tension et la violence qui montent petit à petit, c'est hypra bien mené. ça en fait pas des tonnes, comme le dit Aériale, ça sonne super juste.

Et le personnage de "fou" est formidable. ce miroir qu'il leur renvoie, la réaction sur les visages, les doigts qui s'accrochent à la cigarette, au verre (oui, parce qu'ils fument beaucoup, mais ils boivent aussi... et je crois que dans ce film on voit toutes les émotions passer dans leur façon de tenir leurs verres ou leurs clopes!). C'est intense.

Et Kate Winslet est superbe. Des fois j'oublie qu'une FemmeFemme c'est terriblement beau, avec cette grâce, ce maquillage, ces robes...
C'est affligeant comme les mecs lui "font l'amour" d'ailleurs... brrr... la pauvre... Quel froid constat dans ces moments charnières du film. Où elle, elle est légèrement décalée par rapport à l'acte, et l'homme complètement aveuglé.

Évidemment ça n'est pas original, et on sait tous ce qu'il va se passer, ou quasi. Mais comme le dit Kenavo, c'est parce qu'on en a déjà tellement vu sur le thème.

Mais il est extra le personnage de April ! Comme elle passe de gentille femme d'intérieure qui théatrise de temps en temps, et qui a le courage de vouloir autre chose, ailleurs, qui semble n'avoir de bonheur qu'avec lui, qu'en le voyant s'épanouir. Non mais c'est ahurissant, comme ce propos hypra réac' passe... Le "sacrifice" de la femme pour le bonheur de son époux. C'est fascinant. Fascinant.
Et Kate Winslet était fascinante. Sa bouche peinturlurée qui se referme sur une longue cigarette blanche... Y'a de quoi devenir amoureux.


Bon... et si je m'arrêtais là... sinon Sam Mendes va venir me péter la figure.

Aaaaah le fou me disait quelque chose!!! C'est l'acteur de Bug de William Friedkin !!!!! Il est é.pous.tou.flant !!!!! (Faut que je me l'achète le dvd Bug!!)

Queenie a écrit:

Mais il est extra le personnage de April ! Comme elle passe de gentille femme d'intérieure qui théatrise de temps en temps, et qui a le courage de vouloir autre chose, ailleurs, qui semble n'avoir de bonheur qu'avec lui, qu'en le voyant s'épanouir. Non mais c'est ahurissant, comme ce propos hypra réac' passe... Le "sacrifice" de la femme pour le bonheur de son époux. C'est fascinant. Fascinant.

Voilà une des grandes différences avec le livre - elle n'y est pas si 'présente' dans le livre - pas que Richard Yates en tant qu'homme la délaisse (au contraire, il a écrit un autre livre Easter parade qui met deux femmes très bon au centre du livre), mais ce n'était pas son intérêt principal..
Mais j'ai bien aimé cet aspect dans le film

Queenie a écrit:

Bon... et si je m'arrêtais là... sinon Sam Mendes va venir me péter la figure.

en ce qui concerne Kate, on peut continuer à parler.. je l'aime bien (si tu veux je peux t'envoyer Little Children où elle incarne aussi un rôle de femme/mère dans une banlieue.. mais tout autour très différent!!)

Queenie a écrit:

Je ne connaissais pas trop la carrière de Kate Winslet, je vais m'y intéresser de plus près (z'avez vu, son prochain film est aussi l'adaptation d'un livre qu'on a parfumé ici Le liseur)

livre qui n'a pas reçu d'encensement de ma part

[Conversation autour de K. Winslet et P. Jackson, notamment, transférée dans le café ciné]

Je viens de voir Les noces rebelles qui m'a vraiment beaucoup touché.

Le contraste entre l'atmosphère aseptisée et la violence psychologique qui anime ces excellents acteurs (tous les 2 sont impressionnants de justesse) donne un cocktail détonnant.

Il y a une progression dramatique purement psychologique (j'ai rarement vu un film miser autant sur la psychologie) qui éclate dans un final très intense sur la musique de Thomas Newman.

Comme je vois souvent des comparaisons j'ai pensé à Julian Moore dans Safe de Todd Haynes qui avait une sorte d'"allergie" à la réalité qui déclenchait des attaques de panique. Et aussi au Bannissement de Zviaguintsev qui raconte un peu la même histoire d'un point de vue plus symbolique que psychologique.

Le film suggère que l'éclatement névrotique des protagonistes et la psychose du voisin malade mental sont davantage dans le vrai et la lucidité sur la vie que tous ces compromis artificiels qu'imposent les codes sociaux. Ce n'est pas nouveau, peut-être un peu cliché et artificiel mais c'est formidablement illustré.

La dépression et le mal être existentiel comme le sommet de la lucidité sur un monde vide qui nous renvoie à une solitude fondamentale effrayante. Et ce même dans le couple ou surtout dans le couple. Pessimisme probablement un peu radical mais réaliste.

Je ne sais pas si c'est un chef d'oeuvre mais c'est une très beau film qui mériterait bien l'oscar!