Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 John Updike

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kenavo
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyJeu 26 Fév 2009 - 22:01

Marko a écrit:
Il faut tous nous mettre a lire ou relire les aventures d'Harry Rabbitt.
Very Happy je voudrais avoir le temps de mes 20ans et relire tout le John Updike aime

Marko a écrit:
Je me suis procure Le Centaure ( National Book Award) recemment. Le sujet me tente bien:
oui.. intéressant.. tout comme moi j'ai adoré - point de vue roman totalement atypique pour lui: Gertrude et Claudius
Citation :
Présentation de l'éditeur
Prenant pour héroïne la mère du prince d'Elseneur,
John Updike imagine le parcours des différents personnages d'Hamlet avant que le génie de Shakespeare n'intervienne. Tandis que se succèdent trois étapes de l'existence de Gertrude - mariage, adultère, veuvage - auprès de trois rois du Danemark - père, premier et second époux -, le lecteur découvre la saga scandinave où une princesse de seize ans, mariée malgré elle au farouche guerrier qui accède au trône, lui donne un fils, Hamlet, au comportement étrange. Avec les années, l'érosion des sentiments, l'ennui, la jeune fille devenue femme prête l'oreille à son beau-frère revenu de ses errances en terres lointaines. L'époux soupçonneux doit disparaître. Tous les éléments sont en place pour que le drame shakespearien se noue. L'auteur nous entraîne ainsi dans une vaste fresque qui, nourrie des récits anciens de Saxo Grammaticus, François de Belleforest et de l'Ur-Hamlet, prodigue une densité nouvelle à des personnages familiers pour aboutir à une superbe peinture des relations amoureuses.
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyVen 27 Fév 2009 - 1:11

Marko a écrit:
kenavo a écrit:
Marko a écrit:
Et en plus Joyce Carol Oates l'adore!
et elle a raison.. Very Happy
c'est étrange .. mon impression qu'il me manque Wink

Zut je n'avais pas compris qu'il était décédé récemment!

Info sur le portail... mais j'ai jamais lu un seul de ses livres à ce gars, pas faute de connaître son nom, sans même trop savoir ce qu'il fait. Je vais peut être lire ce fil et voir.
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kenavo
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyVen 27 Fév 2009 - 10:54

Queenie a écrit:
mais j'ai jamais lu un seul de ses livres à ce gars, pas faute de connaître son nom, sans même trop savoir ce qu'il fait. Je vais peut être lire ce fil et voir.
le mâle viril qui aime parler de ses conquêtes.. je ne pense pas que tu vas trouver ton bonheur chez cet auteur Very Happy

MAIS - Tu chercheras mon visage pourrait te plaire - 'bio' fictif de la veuve de Jackson Pollock.. raconté de la vue féminine.. trop bon.. il en sait des choses des femmes attentif
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyVen 27 Fév 2009 - 12:21

kenavo a écrit:
Queenie a écrit:
mais j'ai jamais lu un seul de ses livres à ce gars, pas faute de connaître son nom, sans même trop savoir ce qu'il fait. Je vais peut être lire ce fil et voir.
le mâle viril qui aime parler de ses conquêtes.. je ne pense pas que tu vas trouver ton bonheur chez cet auteur Very Happy

MAIS - Tu chercheras mon visage pourrait te plaire - 'bio' fictif de la veuve de Jackson Pollock.. raconté de la vue féminine.. trop bon.. il en sait des choses des femmes attentif

Hum... je ne sais pas, pourquoi pas, si c'est "bien fait" je ne suis pas contre le mec qui étale ses conquêtes (j'ai adoré Calaferte et son Septentrion hein, pour citer le dernier exemple).
Par contre... l'histoire de la vie d'une femme d'un peintre... là, ça me dit moins.
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kenavo
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyVen 27 Fév 2009 - 12:56

Queenie a écrit:
Hum... je ne sais pas, pourquoi pas, si c'est "bien fait" je ne suis pas contre le mec qui étale ses conquêtes (j'ai adoré Calaferte et son Septentrion hein, pour citer le dernier exemple).
oui.. dans ce sens là.. mais Updike est plus proche de Roth que de Calaferte Wink
et c'est en effet ce que j'ai trouvé sur le fil de Roth:
Queenie a écrit:
Je commence à comprendre ce qui "cloche" entre lui et moi. Trop... "journalistique"... l'impression qu'il avait TOUT nous dire Roth, toutes les anecdotes possibles et imaginables, toute l'histoire des noirs à travers Coleman Silk. Et il ne fait QUE dire. Une suite d'évènements, de dates, de lieux, de personnes...
ça manque de vie, de chair, d'éclats, de quelque chose de vicéral. Enfin, je trouve.
Il s'éparpille tant à vouloir tant dire que je suis toute embrouillée et n'ai plus envie de rien suivre.
À mon avis John Updike est le meilleur auteur des deux - mais n'importe le degré de qualité - les deux se concentrent sur à peu près les mêmes sujets.. tu vas retrouver ce monde peu viscéral qui ne t’a pas emballé chez Roth Wink

mais si tu veux faire un essai - Couples est à mon avis l'entrée idéale pour cet auteur
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyVen 27 Fév 2009 - 13:00

kenavo a écrit:
Queenie a écrit:
Hum... je ne sais pas, pourquoi pas, si c'est "bien fait" je ne suis pas contre le mec qui étale ses conquêtes (j'ai adoré Calaferte et son Septentrion hein, pour citer le dernier exemple).
oui.. dans ce sens là.. mais Updike est plus proche de Roth que de Calaferte Wink
et c'est en effet ce que j'ai trouvé sur le fil de Roth:
Queenie a écrit:
Je commence à comprendre ce qui "cloche" entre lui et moi. Trop... "journalistique"... l'impression qu'il avait TOUT nous dire Roth, toutes les anecdotes possibles et imaginables, toute l'histoire des noirs à travers Coleman Silk. Et il ne fait QUE dire. Une suite d'évènements, de dates, de lieux, de personnes...
ça manque de vie, de chair, d'éclats, de quelque chose de vicéral. Enfin, je trouve.
Il s'éparpille tant à vouloir tant dire que je suis toute embrouillée et n'ai plus envie de rien suivre.
À mon avis John Updike est le meilleur auteur des deux - mais n'importe le degré de qualité - les deux se concentrent sur à peu près les mêmes sujets.. tu vas retrouver ce monde peu viscéral qui ne t’a pas emballé chez Roth Wink

mais si tu veux faire un essai - Couples est à mon avis l'entrée idéale pour cet auteur

Ah ouais... Forcément si tu le rapproches de Roth...
Bon je note Couples si jamais je le croise.
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2009 - 6:55

C'est dur de pouvoir trouver des livres d'Updike de nos jours... serait-il possible de voir des rééditions bientôt, surtout avec Gallimard qui revampe ses livres...?
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyDim 1 Mar 2009 - 10:17

jack-hubert bukowski a écrit:
C'est dur de pouvoir trouver des livres d'Updike de nos jours... serait-il possible de voir des rééditions bientôt, surtout avec Gallimard qui revampe ses livres...?

Sur amazon on trouve en traduction française (et à des prix mini):

Coeur de lièvre
Rabbit est riche
Rabbit rattrapé
Epouse moi
Brésil
Les sorcières d'Eastwick
Tu chercheras mon visage
terroriste
Le Centaure
Couples
Trop loin
Solos d'amour
Les plumes du pigeon
La ferme
L'après-vie
Aux confins du temps


ça laisse de quoi le découvrir Very Happy
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyDim 22 Mar 2009 - 4:18

Pour le moment, j'ai acheté Coeur de lièvre et Les sorcières d'Eastwick. Pour Couples et les autres bouquins de la série Rabbit, je pense passer mon tour pour l'instant... il ne semble pas y avoir des versions de poche ou encore des recueils qui réunissent plusieurs livres dans une édition unique, ie. La Pléiade, Livres de poche, Quattro, ... À me fier aux commentaires appréciant peu Philip Roth, c'est à se demander si Updike finira par percer la muraille des Pléiades... Pour le moment, si Gallimard pense m'avoir avec ses vieilles éditions de poche de la série Rabbit de 1993 ou 1995, ils se trompent allègrement. Vivement une recension plus actuelle des oeuvres d'Updike, des traductions renouvelées, bis...
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyDim 22 Mar 2009 - 9:13

jack-hubert bukowski a écrit:
Pour le moment, j'ai acheté Coeur de lièvre et Les sorcières d'Eastwick. Pour Couples et les autres bouquins de la série Rabbit,
Avec Coeur de lièvre tu vas faire connaissance avec Harry -"Rabbit"- Angstrom... si cela se trouve, tu vas avoir envie de continuer avec la série.. Wink

Couples ne fait pas partie de cette série! C'est un roman que je recommande surtout si on ne veut en fait pas lire toute la série autour de Rabbit..

Les sorcières d'Eastwick est un de mes coups de cœur - mais j'espère pour toi que tu n'as jamais vu le film - il n'arrive pas à la cheville de ce livre et en quelque sorte il n'a même rien à voir avec le sublime livre de Updike ❤

En tout cas - bonne lecture Very Happy
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009 - 10:32

Petite question, qu'est-ce que Nabokov a fait de si extraordinaire pour etre consacre au sein des Pleiades, et qu'Updike n'aurait pas fait...? L'epreuve de sa mort encore recente saura-t-elle le consacrer? Quoi qu'il en soit, Coeur de lievre attire ma faveur des les premieres pages.
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009 - 10:37

jack-hubert bukowski a écrit:
Petite question, qu'est-ce que Nabokov a fait de si extraordinaire pour etre consacre au sein des Pleiades, et qu'Updike n'aurait pas fait...? L'epreuve de sa mort encore recente saura-t-elle le consacrer?
faudrait demander les gens qui décident qui sera auteur dans les Pléiades Wink
jack-hubert bukowski a écrit:
Quoi qu'il en soit, Coeur de lievre attire ma faveur des les premieres pages.
contente de le lire.. Rabbit va pouvoir t’accompagner pendant un bon bout de temps Very Happy
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009 - 14:28

Le Centaure
updike - John Updike - Page 2 01972810

Citation :
Il fallait encore qu'une vie fût donnée pour expier ce vieux péché : le vol du feu. Or il advint que Chiron, le plus noble de tous les Centaures (qui étaient à moitié chevaux, à moitié hommes), errait de par le monde, souffrant mille tourments d'une blessure reçue par une étrange malchance. Car au cours d'une certaine noce chez les Lapithes de Thessalie, un des Centaures les plus turbulents avait tenté d'enlever la mariée. Une lutte violente s'ensuivit, et dans la mêlée générale, Chiron, bien qu'il fût innocent, avait été blessé par une flèche empoisonnée. Sans cesse tourmenté par une blessure que personne ne pouvait guérir, le Centaure immortel se mit à désirer la mort, et pria qu'on voulût bien accepter sa vie en expiation du crime de Prométhée. Les dieux entendirent sa prière, et le libérèrent de sa douleur et de son immortalité. Il mourut comme n'importe quel homme usé par la vie, et Zeùs le plaça parmi les étoiles sous la forme d'un brillant archer.Old Greek Folk Stories Told Anew


updike - John Updike - Page 2 1110 updike - John Updike - Page 2 Moreau10
Centaure et Prométhée par Gustave Moreau

Trois journées du quotidien d’un enseignant et de son fils qui se rapprochent grâce à une succession d’épisodes qui les contraignent à passer du temps ensemble. L’action est relativement anecdotique mais le réel et l’imaginaire se succèdent dans ce récit qui est une transposition dans l’Amérique des années 60 du mythe du Centaure Chiron. Comme dans Ulysse de Joyce, mais dans un style beaucoup plus accessible, on retrouve en partie les péripéties et les personnages de la mythologie. Caldwell, le vieux professeur, est donc Chiron, son fils Peter est Prométhée pour lequel il se sacrifie, Zimmerman, le directeur tyrannique, est Zeus, Poséidon apparaîtra sous les traits d’un ancien marin libidineux et à moitié dément. Vera Hummel sera Vénus.

Banalité d’un parcours en voiture jusqu’à l’école, une journée d’humiliations pour ce professeur chahuté par ses élèves, une visite chez un médecin, une panne de voiture puis une tempête de neige qui retient père et fils. Tous les deux ayant la capacité de s’échapper par moment de la réalité, de se métamorphoser même, à travers l’imaginaire des mythes pour Caldwell et à travers l’art pour Peter.

Mythologie donc mais une mythologie « démystifiée », ironique, satirique qui n’exclut pas la poésie. Une mythologie contemporaine au niveau de l’être humain et du quotidien le plus banal qui a du séduire Joyce Carol Oates, grande admiratrice de John Updike. L’imaginaire servant à s’arracher à la pesanteur terrestre et à un vécu médiocre ou décevant. Ce principe de narration pourrait apparaître trop conceptuel mais au contraire l’alternance de sacré et de profane, de quotidien et d’évasion onirique, crée un climat très singulier qui permet de décrire un lien père fils touchant et complexe.

Un livre enthousiasmant et à recommander. National Book Award 1964.

Extraits :

La première « métamorphose » de Caldwell au début du livre :

Citation :
Caldwell se retourna, et tandis qu'il se retournait, sa cheville fut percée d'une flèche. La classe éclata de rire. La douleur grimpa au long de la fragile cavité médullaire de son tibia, tourbillonna dans la structure complexe du genou, et, se gonflant, plus massive, plus assourdissante, s'engouffra dans ses entrailles. Il fut contraint de lever les yeux, vers le tableau noir où il venait d'inscrire à la craie le nombre 5 000 000 000, l'âge probable de l'univers. Le rire de la classe, d'abord aboiement aigu arraché par la surprise, se transforma graduellement en huée, dont il était la cible élue. II l'entourait, le pressant, forçant la solitude tant désirée, une solitude où il aurait pu, en tête à tête avec sa souffrance, jauger sa force, estimer sa durée, explorer son anatomie. La douleur, tel un animal, se frayait un chemin vers son crâne, déployant ses ailes humides au long des parois de son thorax, en sorte qu'aveuglé par une lueur rouge, il eut le sentiment d'être lui-même un grand oiseau s'éveillant du sommeil. Le tableau noir, ardoise laiteuse barbouillée des traces d'éponge du soir précédent, collait à sa conscience comme une membrane. Il semblait que la douleur entraînât, par le frôlement de ses antennes velues, son coeur et ses poumons dans son cheminement. Lorsqu'elle lui étreignit la gorge, il eut l'impression de tenir son cerveau sur un plat, comme un morceau de choix, hors de la portée d'un animal affamé. Plusieurs élèves, dont les chemises bariolées se superposaient comme les couleurs d'un arc-en-ciel, s'étaient dressés derrière leur table, pour mieux jouir du spectacle, et donnaient de la voix, piétinant de leurs chaussures boueuses les sièges pliants, prêts à la curée. Le tumulte devint insupportable. Caldwell gagna la porte en boitillant, et la ferma derrière lui, pour échapper au bruit de cette joie sauvage. Dans le hall, le bout empenné de la flèche se mit à balayer le sol à chacun de ses pas. Son raclement métallique et son bruissement sec se mêlaient désagréablement. L'estomac de Caldwell se contracta. Les longs murs ocrés, plongés dans la pénombre, vacillèrent. Les portes des classes, percées chacune d'un carreau de verre dépoli, portant un numéro, ressemblaient à des planches d'essai, plongées dans un liquide activé chargé de voix d'enfants psalmodiant du français, chantant des hymnes, discutant de problèmes de sciences sociales.

Une évasion mythologique et onirique :

Citation :
Chiron se hâta, un peu en retard, le long des allées de tamaris, d'yeuses, de lauriers et de chênes kermès. Sous les cèdres et les sapins argentés, dont les cimes silencieuses étaient comme des ombres tout imprégnées du bleu de l'Olympe, croissait un vigoureux sous-bois d'arbousiers, de poiriers sauvages, de cornouillers, de buis et d'andrachnées, dont les parfums mêlés de fleurs, de sève, de ramilles nouvelles, remplissaient la forêt. Leurs fraîches corolles mettaient des taches de couleur dans les cavernes mouvantes de l'espace sylvestre, qui se refermait sur le trot pressé de Chiron. II ralentit son allure. Ainsi firent les serviteurs muets et échevelés du vent escortant sa tête altière. Ces intervalles d'espace libre, traversés par l'élan de jeunes pousses qui retombaient en voûte, dont s'égouttaient, comme d'un riche plafond minéral, des chants d'oiseaux (les uns étaient de l'eau, d'autres du cuivre, ou de l'argent, d'autres s'égrenaient de pipeaux vernis, d'autres encore faisaient penser à un feu froid et scintillant) rappelaient à Chiron autant de cavernes, réminiscence apaisante parce qu'elle correspondait à sa nature. Ses yeux d'étudiant - car qu'est un professeur sinon un étudiant qui a vieilli ? - reconnaissaient, cachés dans le sous-bois, le basilic, l'ellébore, la scille, l'euphorbe, le polypode, la bryone, l'aconit, la triostée. L'ixia, la quintefeuille, la marjolaine, la giroflée, il les distinguait à la forme de leurs pétales, de leurs fleurs, de leur tige, de leurs épines, de la masse anonyme de verdure. Les plantes ainsi reconnues semblaient se redresser pour le saluer au passage, rendant hommage au héros. L'ellébore noire est mortelle pour les chevaux. Les crocus prospèrent d'être foulés au pied. Sans qu'il l'eût voulu, le cerveau de Chiron lui soufflait sa vieille science pharmaceutique. Des plantes appelées strychnos l'une produit le sommeil, l'autre la folie. La racine de la première, blanche lorsqu'on la déterre, devient rouge sang en séchant. L'autre, que certains baptisent thryoron, et d'autres peritton, rend le malade euphorique s'il en absorbe trois vingtièmes d'once, lui donne des hallucinations s'il prend le double de cette dose. Le triple le rend fou à jamais. Davantage provoque la mort. . Le thym ne pousse pas dans les lieux qui sont hors de portée de la brise marine. En coupant certaines racines, il faut se mettre sous le vent. Certains vieux herboristes soutenaient qu'il fallait déterrer la racine de pivoine la nuit, car si un pivert vous observe, vous serez atteint d'un prolapsus ani. Chiron méprisait cette superstition. Il voulait libérer les hommes des ténèbres.

Les « visions » poétiques de Peter

Citation :
Lorsque Peter sort du lycée avec son père et qu'ils s'engagent dans la neige, il lui semble que cette multitude de flocons a été engendrée par le sacrilège dont il s'est rendu coupable. Un tourbillon traverse parfois cette chute inlassable, rageur, et jette une poignée de flocons argentins et glacés contre sa figure brûlante. Peter a oublié ce qu'est la neige : un immense chuchotement venant de nulle part. Il lève les yeux vers le ciel qui répond à son regard avec du mauve, du lilas, du jaune nacré. Ce n'est qu'après un moment d'accommodation que ces flocons qui tombent se matérialisent visuellement pour lui, formant le bord d'une grande aile, une aile de plumes infinitésimales qui s'étend indéfiniment, les enveloppe, remplit tout l'espace dont elle masque l'horizon, et l'univers au-delà. Où que se portent ses regards, maintenant que ses yeux sont accordés à sa fréquence, c'est la même vibration. La ville et toutes ses maisons sont assiégées par cette multitude murmurante.
Peter s'est arrêté sous la lumière qui éclaire l'angle le plus proche du parc de stationnement. Ce qu'il voit à ses pieds l'intrigue. Sur la blancheur qui déjà recouvre le sol, de petits points noirs s'agitent comme des moucherons. Ils filent dans tous les sens, puis disparaissent. Tandis que ses yeux les poursuivent de plus en plus loin, il voit tous les points se précipiter vers un même centre. Plus ils en sont éloignés, plus leur vitesse est grande. Il en suit quelques-uns : tous disparaissent. Il semble que ce soit un phénomène surnaturel. Puis l'angoisse qui, un instant, lui serre le coeur, relâche son étreinte, tandis que son esprit lui suggère une explication rationnelle : ce sont les ombres des flocons de neige projetées par la lumière qui brille au-dessus de sa tête. Immédiatement en-dessous de cette lumière, la chute hésitante des particules n'est qu'une oscillation erratique. Mais s'éloigne-t-on du centre, les rayons de lumière deviennent obliques, et la projection parabolique accroît la vitesse de l'ombre, tandis qu'elle vole à la rencontre de son flocon. Les ombres surgissent de l'infini en un flot lent et chacune, après être parvenue au maximum de sa densité, s'évanouit tandis que le flocon qui lui donne naissance s'unit à la blanche plaine. Peter est fasciné : il a l'impression de voir l'univers, source inépuisable de formes constamment changeantes, épinglé, distendu, crucifié comme un papillon sur une planche, dans le cadre d'une vérité géométrique invariable.

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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009 - 14:57

Merci pour ton commentaire Marko.. aime
cela me ramène dans le temps quand j’ai découvert Updike.. et je pense que j’étais trop jeune pour – ou j’avais trop peu de connaissances comme lectrice.. cela me dirais de le relire…
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MessageSujet: Re: John Updike   updike - John Updike - Page 2 EmptyLun 23 Mar 2009 - 15:00

Marko a écrit:
Le Centaure
Mythologie donc mais une mythologie « démystifiée », ironique, satirique qui n’exclut pas la poésie. Une mythologie contemporaine au niveau de l’être humain et du quotidien le plus banal qui a du séduire Joyce Carol Oates, grande admiratrice de John Updike.

Voilà qui pourrait me plaire... content
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