John Frankenheimer

John Frankenheimer

Né le 19 février 1930 à Malba (New York, Etats-Unis).

Formation

John Frankenheimer passe son enfance dans le Queens, puis il étudie à l'académie militaire de Lasalle. Sportif accompli, il se destine alors à la carrière de joueur de tennis. Quand il entre au Williams College, les spectacles qui s'y montent régulièrement lui donne envie d'être acteur. En 1951, il fait son service militaire au Motion Pictures Squadron of the Air Force. Son aisance à la caméra lui révèle sa véritable vocation : il décide de devenir réalisateur. Démobilisé en 1953, il débute à la télévision comme assistant réalisateur à CBS et travaille notamment avec Sidney Lumet. En 1954, il dirige la série Playhouse 90. En 1956, John Frankenheimer réalise pour la RKO son premier film, Mon père, cet étranger.


Carrière au cinéma

John Frankenheimer, grand maître du thriller politico-social, ouvre les hostilités avec Le temps du châtiment (1961), avec Burt Lancaster. Plus qu'un regard sur l'adolescence révoltée, ce film est un véritable document sur un quartier hispanique d'East Harlem. Séduit, Burt Lancaster réclame Frankenheimer pour L'évadé d'Alcatraz (1962). Le défi n'est pas mince : pour suivre l'histoire vraie d'un célèbre ornithologiste, le spectateur ne quitte jamais la cellule où le héros purge une peine à perpétuité. Mais impossible n'est pas Frankenheimer pour qui "le comble du raffinement [...] est d'utiliser des événements réels et de les raconter en termes de fiction tout en mélangeant les styles". Un crime dans la tête (1962) illustre ces propos : entre vérité et fiction, ce film passe en revue toutes les hypothèses possibles de l'élaboration d'un complot politique. Ce chef-d'oeuvre s'appuie sur une brillante distribution, avec notamment Frank Sinatra et Angela Lansbury. Dans le même registre, Sept jours en mai (1963), qui racontent la préparation d'un coup d'état militaire contre le Président des Etats-Unis, frisent le documentaire. Affectionnant le direct, Frankenheimer souligne l'efficacité du scénario par des plans larges et l'utilisation fréquente du grand-angle. Autre film - futuriste, cette fois - où le drame évolue en thriller, L'opération diabolique (1966), dans lequel Rock Hudson recourt à la chirurgie esthétique pour changer d'identité. Puis Frankenheimer alterne superproductions (Grand prix, id. ; Les cavaliers, 1971) et films intimistes (L'homme de Kiev, 1968 ; Les parachutistes arrivent, 1969). Ses derniers thrillers mémorables restent French connection II (1975) avec Gene Hackman, Black sunday (1977) avec Robert Shaw et Bruce Dern et The holcroft covenant (1985). Le cinéaste estime que son meilleur film est The iceman cometh (1973), réalisé d'après l'oeuvre d'Eugene O'Neill. A partir de 1993, John Frankenheimer se consacre davantage à la télévision.

Il décède le 06 juillet 2002 à Los Angeles.

source : cinémathèque française


Filmographie :

1957 : Mon père, cet étranger (The Young Stranger)
1961 : Le Temps du châtiment (The Young Savages)
1962 : L'Ange de la violence (All Fall Down)
1962 : Le Prisonnier d'Alcatraz (Birdman of Alcatraz)
1962 : Un crime dans la tête (The Manchurian candidate)
1964 : Sept jours en mai (Seven Days in May)
1964 : Le Train (The Train)
1966 : Grand Prix
1966 : L'Opération diabolique (Seconds)
1968 : L'homme de Kiev (The Fixer)
1969 : Les Parachutistes arrivent (The Gypsy Moths)
1969 : The Extraordinary Seaman
1970 : Le Pays de la violence (I Walk the Line)
1970 : Les Cavaliers (The Horsemen)
1973 : L'Impossible Objet (Story of a Love Story)
1973 : The Iceman cometh
1975 : French Connection 2 (French Connection II)
1977 : Black Sunday
1979 : Prophecy - Le monstre (Prophecy)
1982 : À armes égales (The Challenge)
1985 : Le Pacte Holcroft (The Holcroft Covenant)
1986 : Paiement cash (52 Pick-Up)
1989 : Dead Bang
1990 : The Fourth War
1992 : Les Contes de la Crypte (Saison 4 série TV épisode 10)
1992 : Year of the Gun, l'année de plomb (Year of the Gun)
1996 : L'Île du docteur Moreau (The Island of Dr. Moreau)
1997 : George Wallace
1996 : Andersonville (TV)
1998 : Ronin
2000 : Piège fatal (Reindeer Games)
2002 : Sur le chemin de la guerre (Path to war)

pourquoi pas un fil me dis-je entre deux trois souvenir et ...



Seconds (1966)

Une monstrueuse scène de filature suspens dans une gare pour ouvrir le film et on trouve un type d'âge mur, bonne situation, vie tranquille extrêmement préoccupé. Le retour d'un ancien camarade d'école décédé ? Plus ou moins malgré lui il se retrouve embarqué dans une drôle de situation... refaire sa vie, avec une nouvelle tête (de Rock Hudson), de l'argent, une baraque énorme sur la côte ouest.

Sauf que tout est louche et ça ne passe pas, tout comme son retour vers sa vie d'avant ne passe pas.

Joli noir et blanc, effets psychés très denses et millimétrés, suspens imparable, acteurs au moins très bons pour un film très efficace et impressionnant (et pas très réjouissant). Autant il y a débauche d'effets de réalisations autant les effets spéciaux sont à peu près absents, tout tourne autour de la question de l'identité et d'une vie raté pour un type presque lambda. Une excellente projection par la fiction redoutablement mise en image !

Un solide et marquant voyage filmique aux tendances kafkaiesques... (et BO très efficace de Jerry Goldsmith)

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French connection II (1975)

Dans la suite du premier French Connection, vu il y a assez longtemps et effacé de la mémoire mais ça ne gêne pas vraiment, Doyle de la police de New York débarque à Marseille pour aider la police française dans la recherche d'Alain Charnier, gros trafiquant de drogue.

Dis autrement c'est Gene Hackman qui ne parle pas un traitre mot de français qui se balade en grommelant avec des chemises à fleurs sur le dos avant que ça ne tourne mal... avec quelques scènes clés de ce genre de film et quelques passages moins habituels.

Sans que le film soit absolument fantastique ça donne un très solide polard qui mise plus sur le noir que sur les scènes chocs et oublie la poursuite automobile au profit de la course à pieds. Des moments très réussis avec addiction à la drogue et sevrage à la dur, une filature à pieds toute bien ficelé et surtout une ambiance de "truc à la con". Gene Hackman joue très bien le type pas très sympa et si l'estime finit par se trouver avec son homologue français (Bernard Fresson) on est loin du buddy movie.

Donc un film solide avec quelques passages franchement intenses, des acteurs en béton et une atmosphère épaisse avec choc des cultures pas franchement pittoresque en cadeau.

Seconds la deuxième fois ça fonctionne aussi. Fiction psychologique toujours efficace. Il faut reconnaitre que c'est à tendance nihiliste ce double ratage de vies à succès : quasi-directeur de banques puis réincarnation en peintre déjà reconnu, même pas contrebalancé par la fiesta hippie.

et preuve supplémentaire que les effets spéciaux digitaux ne sont pas indispensables pour que ça déménage visuellement.

(sur grand écran aussi !)

J'avais repéré sa sortie sans trop savoir qu'en faire. Du coup je vais essayer.

haha, je suis curieux du résultat. franchement comme à la première vision, j'ai beaucoup plus accroché que je ne l'imaginais. et les acteurs sont excellents !

(et la semaine prochaine j'espère bien revoir The Pawnbroker de Sidney Lumet).

Un crime dans la tête / The Manchurian candidate (1962)

Il n'y a pas tant de mystère que le laissent penser diverses descriptions du film sur internet. Pendant la Guerre de Corée, une patrouille américaine disparaît pendant trois jours, de retour au pays c'est une Medal of Honor qui attend Raymond Shaw (Laurence Harvey) pour avoir sauvé presque tous ses hommes et son chef Bennett Marco (Frank Sinatra). Pendant que Shaw se débat avec sa pénible, manipulatrice et ambitieuse mère (Angela Lansbury !) et son beau-père sénateur, ses anciens compagnons font des cauchemars.

Sur fond de lavage de cerveau et d'hypnose et de mots clés permettant de réveiller un agent qui ne sait même pas qu'il en est un le film la joue solide thriller psychologico-politique servi par des acteurs qui marchent très fort (ajouter à ceux déjà cités Janet Leigh, Henry Silva et quelques seconds couteaux qu'on voit souvent avec plaisir).

Cette histoire à la fois compacte et pas toujours crédible mêle assez bien sa guerre froide avec sa chasse aux sorcières (bon point du film) et les oppositions de caractères avec ce Raymond Shaw torturé sans en devenir spontanément sympathique prennent le relais quand il faut.

Efficace, psychédélique à l'ancienne... et puis voir Angela Lansbury comme ça, ça vaut le détour !

A voir si on le croise ce film, et le charme de la manipulation mentale à l'ancienne agit sans problème...

(ça me fait aussi penser que je n'ai pas vu grand chose avec Frank Sinatra).

Grand Prix (1966)

Près de trois heures pour un film de courses automobiles même si on n'est pas forcément réfractaire au genre ou au principe ça demande un peu de motivation. Dans ce film quatre pilotes de formule 1 s'affrontent sur les plus grand circuits, des pilotes mais aussi des écuries et constructeurs : Ferrari, BRM des anglais quoi) et simili-Honda. Et une belle brochette d'acteurs pour servir la cause : Yves Montand et James Garner en tête.

Le bon point c'est qu'on part de Monaco avec un bon paquet d'effets du moments : split screen, mosaïques, images de courses auxquelles se superposent des extraits d'interviews des pilotes. On a aussi des plans au ras du bitume et des plans comme si on était perché sur l'épaule du pilote qui alternent avec des vues aériennes et les plans du public. Ambiance assez réussie et courses "lisibles".

Mais trois heures avec ça ça serait bien difficile. Pour dramatiser le film nous avons donc surtout des histoires de cœur et la question inévitable de la passion risquée si ce n'est destructrice pour la course, et en a côté la vision écurie des courses (Ferrari n'ayant pas vraiment la cote). De ce côté c'est bien plus conventionnel. Heureusement le charisme et le métier, et un classicisme honnête font passer le tout sans problème.

Le petit plus, ce qui fait sans doute tenir les trois heures (qui ne sont pas sans répétitions), sans minimiser la Montand-attitude, c'est le personnage de Garner. La classe mais pas trop expansif, le type qui revient sur le devant potentiellement à cause de la déveine des autres quand on ne le considère pas comme responsable de l'accident, bref le "héros" qui n'en est pas un mais n'en pas moins un vrai pilote. Une des touches de complexité du film (Stoddard le pilote BRM accidenté aussi est vraiment pas mal) qui font que ça tient.

Il en manque pour que le film soit vraiment exceptionnel et il en manque peut-être dans les effets, les tentatives de trucs cinématographiques qui semblent moins nombreux à mesure que le temps passe mais le film est quand même pas mal.

... Mais 'achement moins viscéral et ahurissant que Le Mans (le fait de l'avoir vu il y a peu doit faire de l'ombre).

Allez tu es bon pour passer aux deux roues avec Continental Circus. Et ça commence fort par une liste des motards morts en course en 70 et 71 puis tu as un tour de piste caméra accrochée au réservoir (ca tourne dans les virages) sur un air de Gong (pas l'instrument mais le groupe psychédélique ... de quoi fumer le bambou).


Affiche du film
J'adore le
Jimi Hendrix avait sa guitare
James Findlay avait sa moto

Pochette de la bande originale faite par Gong ....
Je l'avais choisi à une époque comme avatar ...

j'ai enlevé le lien (pour éviter les œuvres complètes hors domaine public) mais je note la suggestion pour un jour où je serai en forme. 1h40 de visions psychédéliques (avec du Gong) il faut se cramponner au bambou j'ai l'impression !

animal a écrit:

j'ai enlevé le lien (pour éviter les œuvres complètes hors domaine public) mais je note la suggestion pour un jour où je serai en forme. 1h40 de visions psychédéliques (avec du Gong) il faut se cramponner au bambou j'ai l'impression !

En effet, moi-même je n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout
Mais comme j'avais l'impression que tu étais dans les dispositions idéales

Même pas peur.

et je n'en aurais pas pour autant fini avec les incursions dans la filmo de Frankenheimer.

animal a écrit:

Même pas peur.

et je n'en aurais pas pour autant fini avec les incursions dans la filmo de Frankenheimer.

Je n'en doute pas ! Garde le cap, va droit comme la tige de bambou ....

Seconds est un film qui m'a beaucoup marqué et pourtant je ne l'ai vu qu'une fois et il y a fort longtemps (20 ans ?).
Je ne savais pas à quoi m'attendre et j'ai été intrigué, dès le début, par les placements étranges de la caméra.
Je me souviens aussi de la fiesta hippie qui m'avait déconcerté.

Un scénario très intéressant aussi. Tu as cité Kafka, Animal, mais je pense aussi que le film a un côté dickien (dans la manière dont Dick a toujours jouer aussi sur le thème de l'identité et sa fragilité, la confusion que cela entraîne, etc...). Et il baigne dans un climat à la limite du fantastique (même s'il ne fait pas partie du genre)
Un film en tout cas étrange mais qu' il faudrait que je revoie si je le trouve en DVD car mes souvenirs restent trop flous sur l'ensemble du film.
Forcément, après une vingtaines d'années...

PS : et, en passant, voilà encore un ancien film qui pâtit d'un titre français idiot et outrancier (L'opération diabolique... bouh !   )