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| Hou Hsiao Hsien | |
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+5Avadoro coline Bellonzo animal Marko 9 participants | |
Auteur | Message |
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Chymère Sage de la littérature
Messages : 2001 Inscription le : 21/07/2013 Age : 41 Localisation : Dijon
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 0:33 | |
| J'y vais dimanche, c'est obligé... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 0:40 | |
| Mais attention, c'est un objet purement contemplatif. Rien d'un film façon Tigre et dragon ou Le secret des poignards volants. C'est de l'art, un film poème ou un film peinture, une plongée extra-terrestre et sensorielle dans la Chine de la dynastie Tang. Il y a des combats mais super fugaces, vite expédiés parfois hors champ... | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 0:51 | |
| The AssassinHou Hsiao-Hsien prolonge dans The Assassin l'état de grâce atteint dans ses précédents films, notamment Les fleurs de Shanghai. Cette immersion dans la Chine de la dynastie Tang (début du IXème siècle) est fascinante dans sa pureté et son attention au moindre mouvement, au moindre son,au moindre geste. Le film se construit peu à peu sur des silences, des non-dits, et chaque scène représente potentiellement un aboutissement et une forme d'absolu. Il n'y a donc aucune concession de style chez Hou Hsiao-Hsien alors qu'il se plonge pour la première fois de sa carrière dans l'univers du wu xia pian (film de sabre chinois) : les éclats de violence, rares, résonnent ainsi comme des convulsions, des ruptures dont la brève intensité apparait d'autant plus impressionnante dans sa gravité. En l'absence d'une exposition narrative linéaire, la trame relativement complexe du récit peut dérouter : les relations entre un pouvoir impérial déclinant et la province de Weibo, aux vélléités d'autonomie, constituent un fil conducteur qui mêle des tensions familiales à une contexte politico-militaire mouvementé. Mais ces enjeux restent toujours en périphérie tant Hou Hsiao-Hsien se concentre sur le destin de l'"assassin" Nie Yinniang, tiraillée entre les liens du devoir et du sang. Shu Qi apporte une présence mémorable et déchirante à un rôle qui reste longtemps dans l'ombre, à la recherche d'une unité perdue. Les émotions sont retenues, intériorisées et bouleversent lorsqu'elles remontent à la surface. La composition des plans est vraiment admirable et sans doute parmi ce que j'ai pu voir de plus beau au cinéma. La profondeur de champ est exceptionnelle dans son ampleur, sa minutie et les relations entre les protagonistes sont souvent suggérées sans le moindre mot ou la moindre action. The Assassin est alors une épure où l'étendue des sensibilités se dévoile derrière des voiles de soie ou des masques figés, vers la promesse d'un apaisement et d'une sérénité. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 1:17 | |
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| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 1:22 | |
| Oui, rien de tel que de partager un aussi fort enthousiasme ! Un film à voir et à revoir... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 6:24 | |
| vous me faites hésiter ! - Citation :
- Rien d'un film façon Tigre et dragon ou Le secret des poignards volants.
J'avais très peur de ça. Et de Shu Qi aussi. je ne suis vraiment pas fan de Shu Qi. (quoique je verrais bien Journey to the West: Conquering the Demons de Stephen Chow). | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 7:03 | |
| Animal je suis sûr que tu peux aimer ce film. C'est du cinéma pur. Pas d'esbroufe inutile même si c'est plastiquement à tomber par terre. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 7:09 | |
| on va essayer de voir ça. | |
| | | Chymère Sage de la littérature
Messages : 2001 Inscription le : 21/07/2013 Age : 41 Localisation : Dijon
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 12:47 | |
| - Marko a écrit:
- Mais attention, c'est un objet purement contemplatif. Rien d'un film façon Tigre et dragon ou Le secret des poignards volants. C'est de l'art, un film poème ou un film peinture, une plongée extra-terrestre et sensorielle dans la Chine de la dynastie Tang. Il y a des combats mais super fugaces, vite expédiés parfois hors champ...
J'avais bien compris en voyant la bande-annonce et les premières critiques quand il était sorti à Cannes... Et je n'aime pas que les films où on se met sur la tronche non plus... (bon, j'aime aussi ça, mais pas que... ). Là comme ça, ça me fait un peu penser à du Mallick version Asie du Moyen-Âge, donc carrément que ça me donne envie. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 18:46 | |
| The AssassinThe Assassin est un film qui déjoue pratiquement toutes les attentes concernant ce type de cinéma de genre qui se prête en général à des chorégraphies aériennes et des effets esthétisants, entre accélérations et ralentis, pour nous raconter des histoires d'amour passionnel et de crimes spectaculaires. Hou Hsiao Hsien met en scène son "assassin" comme un personnage qui diffère sans cesse le geste meurtrier (il n'y en aura qu'un dans le prologue qui précède l'action) pour aboutir à son renoncement. Un personnage principal qui ne cesse de se dérober et dont les apparitions sont éphémères. Un assassin qui s'exprime par une gestuelle extrêmement précise et presque abstraite. Sa silhouette apparaissant tantôt comme une sorte de spectre, tantôt comme un trait de peinture mouvant au milieu d'une toile. Comme dans la plupart de ses films antérieurs, ce qui devrait constituer le centre de focalisation du récit (amour, combat, enjeu dramatique et résolution) se trouve pratiquement relégué hors champ et la caméra s'attarde sur tout ce qui se passe autour, en dehors, en attente... Ces moments presque en suspension où on observe, on écoute, on se prépare... Et même lorsqu'une scène importante se déroule, elle est souvent rendue opaque et distante par des jeux de voiles, de brumes, de miroirs... Le récit n'est pas linéaire mais elliptique, fragmentaire, n'obéissant pas vraiment à une loi narrative mais plutôt picturale. Chaque scène est un tableau d'une très grande beauté dont les personnages sont comme des touches de couleurs subtiles à la surface de paysages majestueux et d'espaces clos qui deviennent source de contemplation extatique ou de transe jusqu'à la magie noire (stupéfiante scène dans le corridor). Le travail photographique est incroyable de raffinement et de poésie en évoquant à la fois la tradition picturale chinoise mais aussi la peinture européenne (j'ai parfois pensé à certains tableaux de Courbet qui utilise aussi ces touches colorées dans des espaces plus vastes, mais aussi aux clairs-obscurs d'un Caravage ou d'un De La Tour). Je trouve notamment ces scènes bucoliques absolument sublimes avec ces costumes aux teintes contrastées qui colorent de vastes ensembles naturels. Je n'ai jamais filmer des paysages de cette façon. C'est un choc plastique à chaque fois. Enfin il y a surtout un travail inouï sur le temps à travers le montage et la bande son. On entend à différentes reprises, qui couvrent pratiquement le tiers ou le quart du film, des percussions lancinantes dans le lointain. Elles donnent une sorte de pulsation temporelle en même temps qu'elles induisent le sentiment d'assister à une succession de rituels mystérieux appartenant à une civilisation disparue dont on chercherait à pénétrer l'intimité et l'essence. Puis le temps peut se dilater en dehors de cette scansion rythmique ou au contraire se réduire à une accélération soudaine et fugace. Hou Hsiao Hsien est vraiment un maître du temps qui explore les fantômes de la mémoire et du passé en créant des espaces d'apesanteur pour mieux contempler quelques moments volés à une intimité ou un lieu, ou au contraire pour les rejeter en dehors de l'espace et du temps, vers l'oubli. A l'arrivée ce film est d'une beauté fulgurante où chaque couleur, chaque étoffe, chaque paysage, chaque son, est soigneusement agencé pour construire une oeuvre picturale et sensorielle à nulle autre pareille. Il s'insinue en nous pour nous ouvrir un espace poétique et magique qui nous permet de saisir la beauté du geste et la fragilité éphémère de la présence humaine au milieu d'étendues millénaires enveloppées par les brumes du temps. C'est une oeuvre d'art qui marque profondément.
Dernière édition par Marko le Jeu 10 Mar 2016 - 18:58, édité 3 fois | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Jeu 10 Mar 2016 - 18:51 | |
| Oh j'ai vraiment envie de le voir : les images que tu as choisies m'appellent . Merci pour ton commentaire Marko. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Ven 11 Mar 2016 - 5:31 | |
| - Marko a écrit:
Chaque scène est un tableau d'une très grande beauté dont les personnages sont comme des touches de couleurs subtiles à la surface de paysages majestueux et d'espaces clos qui deviennent source de contemplation extatique ou de transe jusqu'à la magie noire (stupéfiante scène dans le corridor). Enfin il y a surtout un travail inouï sur le temps à travers le montage et la bande son. On entend à différentes reprises, qui couvrent pratiquement le tiers ou le quart du film, des percussions lancinantes dans le lointain. Elles donnent une sorte de pulsation temporelle en même temps qu'elles induisent le sentiment d'assister à une succession de rituels mystérieux appartenant à une civilisation disparue dont on chercherait à pénétrer l'intimité et l'essence. Puis le temps peut se dilater en dehors de cette scansion rythmique ou au contraire se réduire à une accélération soudaine et fugace.
Allez il faut que je me bouge..... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Sam 12 Mar 2016 - 23:38 | |
| The AssassinUn film qu'il est vrai qu'il n'est pas moche. Ce qui ne veut pas dire qu'il est parfait. Pour moi c'est surtout un film qui ne tient pas ses promesses. Il faut dire qu'avec un début proche du sublime avec les premières séquences en noir et blanc et la découverte de très beaux paysages ou d'intérieurs absolument somptueux... Par la suite l'intrigue et la trame narrative se brouillent ou plutôt s'éclipsent de manière arbitraire. Le visuel somptueux se teinte de kitsch avec certains costumes et accessoires mais aussi avec l'utilisation un peu lourde des tentures. Kitsch aussi les bruitages de lames et les très inutiles scènes de combat qui subsistent. Shu Qi dont le visage s'est affirmé reste néanmoins enfermée entre le "je tire la gueule impassible" et le "j'ai larme au coin de l’œil" ce qui est potentiellement dommage, on aura du mal à en être sûrs. Le rythme narratif entre ses ellipses et ses obligations (escapade, sauvetage, rencontre, histoire de la concubine) peine à aussi à donner toute la substance qu'on attendait aux autres protagonistes, escamotés derrières les voiles de l'esthétique et du moment. On perd trop souvent le geste ou le regard qui s'évadent de la contrainte qui sont l'image que j'ai de Hou Hsia Hsien. Malgré tout ce qui ne va en fait pas derrière l'équilibre des apparences, on garde quelques belles choses comme l'inhabituelle et bienvenue verticalité de l'image, notamment dans les extérieurs, la scène d'ouverture avec le papillon ou la cithare silencieuse. Mélange bancal qui peut rappeler Kurosawa et King Hu... deux esthétiques qui ne se privent pas, avec des approches pourtant différentes, d'une narration précise, devrais-je dire "ouverte" ? | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Dim 13 Mar 2016 - 12:11 | |
| Pourquoi aurait-on besoin d'une narration précise ? C'est justement le pouvoir du cinéma que de savoir s'affranchir de l'écrit. C'est un autre langage qui est d'ailleurs rarement utilisé comme tel. Trop de films ne sont que des illustrations de romans. J'aime que Hou Hsiao Hsien ait une approche fragmentaire et elliptique à partir d'un matériau foisonnant dont il ne retiendrait que des impressions graphiques ou l'ébauche d'une narration dont la totalité n'est pas nécessaire à sa compréhension globale. Il fait une sorte de concentré esthétique de cette littérature de genre. Il la digère et lui donne une dimension bien plus intéressante. Un peu comme les réalisateurs du film Amer quand ils revisitent le Giallo et les films d'Argento. Ce n'est plus l'histoire qui compte mais ce qui fait l'essentiel de cet univers fétichiste et esthétique. On touche plus à quelque chose d'inconscient que de rationnel.
Le bouquin "Nuages mouvants" qui sort en parallèle du film est très intéressant pour comprendre l'élaboration du scénario à partir d'une littérature très dense. Avec ce principe de l'iceberg qui consiste à ne retenir qu'un petit fragment de tout ce qui a été élaboré autour d'un personnage ou d'une anecdote. Ce qui ne veut pas dire que le film ne raconte rien et n'est qu'une abstraction. Au contraire il en raconte bien davantage par la façon dont il unit ces fragments et ces impressions graphiques entre eux. Les récits classiques sont linéaires et unidimensionnels. Ce type de cinéma ajoute des strates de sens et d'impressions que la narration traditionnelle ne serait pas capable de décrire. Il y a mille petits détails à percevoir ou décrypter pour créer des liens entre les personnages. Ça passe par des gestes, des sons ou des couleurs, des regards, des non-dits... Un film qu'il faut revoir de toute façon. Une première vision flottante et purement esthétique et d'autres lectures pour approfondir ce qui se passe à l'écran en observant les détails.
On ne peut pas embrasser d'un seul coup ce qu'un créateur aussi génial que HHH a mis des années à concevoir. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien Dim 13 Mar 2016 - 16:28 | |
| Parce qu'on peut retourner la question : pourquoi aurait-on besoin d'une narration en écran de fumée (pour faire du cinéma d'auteur) ? Je trouve le film déséquilibré en partie à cause de ce parti pris que je vois aussi comme un cache misère possible. Et récit classique (forme déjà variable) ne veut pas dire unidimensionnel. Ce qui rejoint ce que tu dis : - Citation :
- Il fait une sorte de concentré esthétique de cette littérature de genre.
Avec le risque de se retrouver avec les mauvais attributs en main, les accessoires, et d'oublier son essence, l'ouverture. J'aurais tellement aimé que le film poursuive avec ce que j'ai vu dans les premières séquences, n'importe quel embrouillamini de situations tordues de complots incompréhensibles en coulisses aurait fait l'affaire. J'adhère cependant complètement à la notion d'univers fétichiste et esthétique. Encore une fois on ne sera pas d'accord. | |
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| Sujet: Re: Hou Hsiao Hsien | |
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| | | | Hou Hsiao Hsien | |
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