Pierre Drieu La Rochelle

Agnès a écrit:

Comme cela est dit avec justesse Je suis particulièrement sensible à la peinture qu'il fait de son enfance, de ses relations avec sa mère, avec son milieu familial (il dit des choses atroces : "Ma mère n'a pas assez fait pour que je l'aime." ). J'ai toujours été frappée de sa lucidité sur la formation de sa personnalité - on n'a parlé que de la haine de soi à son propos, mais je crois que ça va au-delà, c'est surtout une distance sans complaisance (et au scalpel). Bon, j'en parlerais des heures (je n'en ai pas parlé depuis des années, je te remercie toi et les autres de m'en donner l'occasion).

Mais défoule-toi ... Nous on aime cela qu'on nous parle des auteurs, de leur névrose, d'interpréter de mille manières leurs citations ...
On est indécrottable (effet papillon du loto-bouse de darkanny )
Alors donne nous notre dose ... Tu veux quoi en échange, hein ?

Rien du tout, quelle idée... juste le plaisir de votre compagnie...

Gilles:

Un roman au long cours, une autobiographie à peine camouflée? Où Gilles serait Drieu, Caël serait André Breton, Galant serait Aragon, Clérences serait Gaston Bergery, et le groupe Révolte représenterait les surréalistes et autres dadaïstes.
J'avoue que la partie politique du roman m'a moins enthousiasmé que les vagues à l'âme du héros (surtout la majeure partie de l'épilogue qui m'a un peu gonflé).
Mais c'est une belle claque tout de même, un chef-d'oeuvre?
En tout cas, une très belle écriture, qui tient en haleine et nous plonge dans cette période parfois exaltée, parfois obscure de l'entre deux guerres.
Gilles a été profondément marqué par la Première Guerre Mondiale, et s'intégrer à la société a des airs du parcours de Sisyphe.
Un peu rêveur, désabusé, il ne se cache pas d'aimer les femmes, mais son amour-haine envers elles va l'entraîner dans des histoires destructrices.

Un extrait qui me parle tout particulièrement :

Drieu la Rochelle a écrit:

Il savait qu'aux yeux de Myriam, l'argent qu'elle lui apportait, c'était la facilité de travailler à sa guise. Elle ne savait pas ce que serait ce travail. Le savait-il? S'il se livrait à son penchant naturel, il n'imaginait pas des actes ou des oeuvres contrôlables par le succès; il sentait en lui un penchant infini à l'immobilité, à la contemplation, au silence. Il s'arrêtait souvent au milieu d'une rue, au milieu d'une chambre pour écouter. Ecouter quoi? Ecouter tout. Il se sentait comme un ermite léger, furtif, solitaire, qui marche à pas invisibles dans la forêt et qui se suspend pour saisir tous les bruits, tous les mystères, tous les accomplissements. Il souhaitait de se promener pendant des années dans les villes et dans les forêts, de n'être nulle part et d'être partout. Le rêveur a le goût divin de l'omniprésence. Pouvait-on appeler cela: travail? Certes, non, dans le langage ordinaire des hommes. Ils veulent des manifestations qui tombent sous le sens.

Sinon, en comparaison des romans de Céline, j'ai tout de même noté quelques propos bien antisémites dans son roman. Mais il faut aussi dire que le roman a paru en 1939, et qu'à cette époque Céline n'écrivait pas de romans, mais ses pamphlets...

Arturo ? Dans mes bras

Je ne sais pas si c'est un chef-d'œuvre, mais je crois que c'est un livre majeur de cet auteur et de cette époque.
Myriam est inspiré du personnage de Colette Jéramec, qui fut la première épouse de Drieu. Il s'est marié deux fois (sans espoir réel que ça marche, c'est lui qui le dit, la première fois avec une juive alors qu'il était antisémite, la seconde fois avec une lesbienne alors qu'il était plutôt ardent). Bref. Sur l'évolution de ses sentiments vis-à-vis de Colette / Myriam : http://orbispictura.over-blog.com/article-18890466.html

A l'époque où il écrit Gilles, Drieu a renoncé douloureusement à la plupart de ses amitiés avec des intellectuels juifs (il a fréquenté ces milieux durant toute sa jeunesse) - il y a eu des amitiés violentes et passionnées, il raconte dans le Journal avoir été blessé par ces amitiés plus que par toutes autres. Je n'excuse pas son antisémitisme, je l'explique en partie par des motifs d'amertume personnelle.

Je suis contente d'être de retour parmi vous, j'ai eu un début d'année assez merdique

Je savais qu'il suffisait que je poste mon commentaire pour que tu réapparaisses.

Alors qu'il était si simple de me laisser rester au fond de ma tanière...

Chouette commentaire Arturo !

Agnès a écrit:

Arturo ? Dans mes bras

Es-tu sorti des bras d'Agnès depuis ?

Bigre, maintenant je me sens comme une ample matrone qui étouffe le petit Arturo et le retient captif dans son donjon - maîtresse Agnès

Syndrome de Stockholm obligeant, il m'est difficile de sortir du donjon/tanière.

tu t'y aies précipité Arturo !

ArturoBandini a écrit:

Syndrome de Stockholm obligeant, il m'est difficile de sortir du donjon/tanière.

Moi qui comptais sur toi pour me défendre et leur dire d'arrêter de délirer, que j'étais une honnête mère de famille, que j'avais l'âge d'être ta mère, qu'il ne s'agissait que d'une accolade fraternelle... merci Arturo

Mais qu'est-ce-que j'ai déclenché avec ma saillie ?
Tu m'en vois désolé, Agnès. Excuse-moi si je t'ai heurté ...
Pour ma part, je t'imaginais plus en Barbamama de la famille Barbapapa ...

Pas vraiment persuadé que cela soit mieux  

GrandGousierGuerin a écrit:

Mais qu'est-ce-que j'ai déclenché avec ma saillie ?

J'adore ce mot, tellement polysémique
Tu ne m'as pas heurtée, rien ne me heurte, par principe...
Et oui, je suis plutôt du genre Barbamama (je ne suis pas noire, je porte des habits, et je n'ai pas quarante-douze enfants, ce sont les seules différences) - le 6 octobre je participe à une sortie Free hugs, je rêve de faire ça depuis des années (c'est quoi cette photo, on dirait une poupée gonflable ?)

Au secours, sauvez-moi d'Agnès!!

Tu conseilles quoi au fait, pour poursuivre avec cet auteur? Maintenant que j'ai lu THE livre!

Sans hésitation La comédie de Charleroi et Histoires déplaisantes...

Des extraits :
http://orbispictura.over-blog.com/article-batailles-39159703.html
https://orbispictura.wordpress.com/2014/06/15/tourments-2/
https://orbispictura.wordpress.com/2013/11/10/effroi/

Bonne lecture Arturo