Marc Lévy

Lucretius a écrit:

Les goûteurs à force d'avaler des mixtures de tous genres, sont immunisés, et prescrivent aussi du poison.

Euh... ...et à part ça, ça va toi?...

Lucretius a écrit:

Les goûteurs à force d'avaler des mixtures de tous genres, sont immunisés, et prescrivent aussi du poison.

Ah ! Si seulement cela pouvait être aussi simple !

Mais certains poisons sont si virulents que les lecteurs, si aguerris soient-ils, succombent d'un coup. Point de mithridatisation possible : la mort est brève et violente...

Le phénomène est tellement courant que des tombes spéciales ont été conçues pour eux, en forme de livre. On peut en voir, ici ou là, dans les cimetières.
Cela est très émouvant, et suscite une grande pitié.

RIP (Reader In Peace).

On cause du gaillard, et on ne met même pas un texte de lui.
Alors voilà.

Tu entres dans cette chambre, ta silhouette se découpe dans ce rai de lumière qu’invente la porte que tu entrouvres. J’entends tes pas s’avancer vers moi, et j’ai peur. Je connais bien les traits de ton visage, je cherche ton nom et j’ai encore plus peur. Je sais ton odeur familière puisqu’elle me fait du bien. Tu n’es pas l’infirmière qui me porte le repas du matin, alors nous ne sommes pas le matin. Tu n’es pas cette voix qui me dit être ma femme en me nourrissant le midi. Alors nous ne sommes pas le midi. Tu dois être cette jeune fille qui vient souvent à la tombée du soir, alors le soir doit approcher puisque tu t’approches de mon lit. Tes mots sont doux, plus apaisés que ceux de la femme de midi. Je la crois aussi cette voix quand elle me dit qu’elle est ma femme, puisqu’elle semble me vouloir du bien. Elle, ce sont ses gestes qui sont doux, elle se lève souvent et s’en va vers l’autre lumière qui domine les arbres par-delà la vitre, elle y pose parfois sa tête et pleure d’un chagrin que je ne comprends pas. Elle m’appelle par un nom que je ne connais pas non plus mais que je refais mien à chaque instant, juste pour lui faire plaisir. Je t’avoue que lorsque je lui souris à l’appel de ce nom qu’elle me donne, je la sens comme plus légère. Alors je souris, aussi pour la remercier de m’avoir donné à manger. Tu t’es assise auprès de moi, sur le rebord du lit. Je suis du regard tes doigts qui caressent mon front. Je n’ai pas peur. Tu ne cesses de m’appeler et je lis dans tes yeux que toi aussi tu veux que je te donne un nom. Mais dans tes yeux à toi, il n’y a pas de tristesse, c’est pour cela que j’aime ta visite. Je ferme les miens quand ton poignet passe par-dessus mon nez. Ta peau sent mon enfance, ou bien était-ce la tienne ? Un torrent de lumière brûlante irradie les vaisseaux de ma tête. Pour te décrire ma douleur il me faudrait des mots que je n’ai plus depuis longtemps. Tu es ma fille mon amour, je le sais maintenant et pour quelques secondes encore. Tant de choses à te dire et si peu de temps. Je voudrais que tu ries mon cœur, cours dire à cette femme qui se cache à la fenêtre pour pleurer ma misère qu’elle cesse, que je la reconnais parfois, dis-lui que je sais qui elle est, même si son prénom m’échappe encore, dis-lui que je me souviens comme nous nous sommes aimés puisque je l’aime à nouveau chaque jour où elle me rend visite. Et toi, que tu ne connaisses jamais cette peur abominable qui me hante. Ne crains plus ma mémoire qui s’efface, car tant que la tienne demeure je continuerai d’être. Il faut que je te laisse, la lumière s’éteint à nouveau, je me balance déjà au-dessus d’un abîme, accroché à ce fil élastique qui s’étoile. Tu te lèves, je n’aurai pas eu le temps de te dire tout cela, la porte se referme sur ton sourire délicat, demain, avec un peu de chance, je saurai encore qui tu es quand tu me rendras visite. Bonne nuit mon amour, ici je dors, et j’attends.

Marc Levy, 2004
Ce texte est mis en ligne avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Whouah !
Quelle économie de moyen pour quelle économie de résultat !

C'est extrait de La Prochaine fois ?

A-t-on également assez insisté sur l'oeuvre de parolier de Marc Lévy ?
Pour des artistes aussi considérables que Jenifer, Gregory Lemarchal ou Johnny Hallyday.
Jenifer : à écouter ici

Citation :

J'ai une ballerine au cœur
Quand je pense à toi
Et je la fais danser quand je lui parle de toi
Et tout le monde voulait que l'on s'oublie
Mais tu vois bien enfin qu'il est parti
Entre tes rêves et leurs paroles, moi je n'écoutais personne

Je sais comme on s'aimait
Je l'ai dit a l'étoile
J'aurai donné le monde
Pour un regard de toi

etc.
Alors, bien sûr, on écrirait plutôt "J'aurais" que "J'aurai", mais bon, c'est comme ça que je l'ai trouvé sur le net. Et puis, si ça se trouve, c'est aussi ça, le style Marc Lévy.
(je me tâte... dois-je déplacer ce post dans le fil Poésie ? )

rivela a écrit:

On cause du gaillard, et on ne met même pas un texte de lui.
Alors voilà.

C'est un vrai extrait d'un de ses bouquins ?

eXPie a écrit:

A-t-on également assez insisté sur l'oeuvre de parolier de Marc Lévy ?
Pour des artistes aussi considérables que Jenifer, Gregory Lemarchal ou Johnny Hallyday.

rivela a écrit:

On cause du gaillard, et on ne met même pas un texte de lui.
Alors voilà.

Tu entres dans cette chambre, ta silhouette se découpe dans ce rai de lumière qu’invente la porte que tu entrouvres. J’entends tes pas s’avancer vers moi, et j’ai peur. Je connais bien les traits de ton visage, je cherche ton nom et j’ai encore plus peur. Je sais ton odeur familière puisqu’elle me fait du bien. Tu n’es pas l’infirmière qui me porte le repas du matin, alors nous ne sommes pas le matin. Tu n’es pas cette voix qui me dit être ma femme en me nourrissant le midi. Alors nous ne sommes pas le midi...

Marc Levy, 2004
Ce texte est mis en ligne avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Merci Rivela...
Et dire que l'autorisation aurait pu ne pas être aimable!...

Non non c'est n'est pas extrait d'un livre c'est court texte qui décrit un malade d'alzheimer sur sont lit d'hôpital.
Bon puisque vous en redemander, voici cette fois un extrait d'un de ses livres. Si c'était vrai.

Regarde bien tout ce qu'il y a autour de nous: de l'eau en colère, de la terre qui s'en moque, des montagnes dominantes, des arbres, de la lumière qui joue à chaque minute de la journée à changer d'intensité et de couleur, des oiseaux qui voltigent au-dessus de nos têtes, des poissons qui essaient de ne pas être la proie des mouettes tout en chassant d'autres poissons. Il y a toute cette harmonie de bruits, celui des vagues, celui du vent, celui du sable;et puis au milieu de ce concert incroyable de vies et de matières il y a toi, moi et les tous les être humains qui nous entourent. Combien d'entre eux verront tout ce que je viens de te décrire? Combien réalisent chaque matin le privilège de se réveiller et de voir, de sentir, de toucher, d'entendre, de ressentir? Combien d'entre nous sont-ils capables d'oublier un instant leurs tracas pour s'émerveiller de ce spectacle inouï? Il faut croire que la plus grande inconscience de l'homme, c'est celle de sa propre vie. Toi tu prends conscience de tout cela, parce que tu es en danger, et cela fait de toi un être unique, par ce dont tu as besoin pour vivre: les autres, parce que tu n'as plus le choix. Alors pour répondre à la question que tu ne cesses de me poser depuis tant de jours, si je ne prends pas de risques, toute cette beauté, toute cette énergie, toute cette matière en vie te deviendrait définitivement inaccessible. C'est pour cela que je fais cela, réussir à te ramener au monde donne un sens à ma vie. Combien de fois la vie m'offrira-t-elle de faire une chose essentielle?

Merde, c'est vachement beau! C'est... . Il n'y a pas de mots.

Diantre, une sacrée expérience que de lire du Lévy. Maintenant je peux au moins justifier mon refus de m'attaquer à ses romans.

et moi qui voulait proposer une lecture en commun

Tout le monde est bien là? Si personne n'est mort, je crois qu'on peut tout supporter, on est vacciné.

... je suis peut-être pas morte mais le choc du vaccin est quand même un peu difficile à supporter...

rivela a écrit:

Bon puisque vous en redemander, voici cette fois un extrait d'un de ses livres. Si c'était vrai.

Tu nous as comblés Rivela

Ah là... Mon coeur tressautait tellement au fond de ma gorge en lisant tout ça... J'ai failli vomir sur mon clavier !

Lucretius a écrit:

Tout le monde est bien là? Si personne n'est mort, je crois qu'on peut tout supporter, on est vacciné.

Camille19 a écrit:

... je suis peut-être pas morte mais le choc du vaccin est quand même un peu difficile à supporter...

Vous croyez que ça va laisser des cicatrices comme la variole ou la lèpre ?
(Hé, j'en ai lu un entier de Marc Lévy, moi !)