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| Norman Mailer | |
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+9sylvain- Mirabelle darkanny Ezechielle Queenie Steven kenavo Le Bibliomane Matthieu 13 participants | |
Auteur | Message |
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Mirabelle Envolée postale
Messages : 107 Inscription le : 06/04/2010 Age : 41 Localisation : Vers l'infini et au-delà
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 24 Mai 2010 - 12:00 | |
| On retombe bien sur nos pieds à la fin pourtant. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 24 Mai 2010 - 12:26 | |
| ah ben flûte alors tu vas me donner envie de le reprendre ! | |
| | | sylvain- Envolée postale
Messages : 129 Inscription le : 29/05/2011
| Sujet: Re: Norman Mailer Sam 7 Juil 2012 - 13:09 | |
| L'un des grands chef d'oeuvre de la littérature sur la guerre Mailer y narre sa propre expérience mêlé de fiction puisqu'il participa au conflit sur le théatre d'opération du Pacifique, de façon relativement tardive ceci dit - ce roman va lui valoir d'ailleurs dès sa sortie en 1948 une considérable célébrité, lui qui affirmait alors avec dédain « je ne connais rien à l'écriture. Je suis pratiquement un imposteur » | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 30 Juil 2012 - 10:00 | |
| Le chant du bourreau (petite précision : le sous-titre Une histoire d'amour américaine a été ajouté par l'éditeur français et il est aujourd'hui retiré de l'édition de poche) première interrogation : pourquoi Mailer s'est-il emparé de l'histoire de Gary Gilmore ? pour son sensationnalisme ? pour ses paradoxes ? parce que Gary Gilmore représente une certaine amérique, celle dont Mailer tente justement de tracer les contours ? premier paradoxe : Gary Gilmore est tout sauf un héros. C'est un perdant, un loser, un pauvre type qui à 36 ans a passé plus de 18 ans de sa vie en maison de correction puis en prison. second paradoxe : Gary Gilmore est une brute au QI de 120 (la moyenne étant entre 90 et 100 me semble-t-il et plus proche de 80 pour les prisonniers). Mais pour un type intelligent, avec un vocabulaire développé, grand lecteur et amateur de poésie, Gary Gilmore est incapable de vivre libre et se fait arrêté bêtement dès qu'il commet un délit. troisième paradoxe : Gary Gilmore est arrêté pour avoir commis deux meurtres, il est condamné à la peine capitale, cette condamnation est une condamnation de principe, puisque les condamnés font appel de la décision et que depuis 10 ans (nous sommes en 1977) aucun condamné à mort n'a été exécutés aux Etats-Unis (hypocrisie ? lâcheté ?). Mais Gilmore refuse de faire appel et demande que la sentence soit exécutée. Tout le monde panique, plus personne ne veut tuer Gilmore car tuer Gilmore c'est condamner une seconde fois ceux qui sont dans le couloir de la mort et y sont protégés. Nous sommes là au coeur de la problématique du livre. L'Amérique condamne à mort mais ne tue pas. Le jour où un condamné demande à mourir on lui refuse ce droit, avançant qu'il s'agit d'un suicide et que Gilmore n'a pas à décider de son droit à vire ou à mourir. Un bras de fer étrange s'engage alors entre partisan de la peine de mort et ceux qui sont contre avec en surimpression le choix de Gilmore et cette question : a-t-on le droit d'empêcher un homme condamné à mort pour deux meurtres de mourir selon sa volonté ? Les appels et les demandes de sursis se succèdent jusqu'à quelques heures avant la mort de Gilmore, ultimes rebondissements odieux au sein d'une histoire qui montre sans fard les incapacités de la justice et les questions morales que soulèvent l'un et l'autre camp (sans parler de la famille de Gilmore ou de ceux qui vont le cotoyer pendant ces derniers mois d'incarcération et découvrir un type effrayant, colérique mais aussi tendre et cultivé). Mais revenons au livre. Mailer fait le récit circonstancié des neuf derniers mois de la vie de Gilmore : sa sortie de prison, son arrivée à Provo (ville mormonne de l'Utah), sa tentative de réinsertion, sa rencontre avec Nicole, son alcoolisme, sa violence, ses vols, ses mensonges, sa paresse, ses difficultés affectives, sexuelles, son masochisme, son sadisme, puis les meurtres et sa volonté de mourir en entrainant Nicole. Nous avons là, le portrait saisissant d'une amérique blanche, pauvre, inculte, primaire, religieuse pour ne pas dire mystique, abrutie par l'alcool et les médicaments, violente, immature, capricieuse et meurtrie. Gilmore est tout autant victime qu'il est bourreau. Gilmore est un porc, violent, colérique, brutal mais aussi un sentimental, un homme qui croit à la réincarnation et au karma, à la rédemption dans un autre monde, un poète, un grand lecteur, un homme bourré d'humour, aux réparties cyniques et élaborées, un genre d'ange et de démon, de don juan et de fielleux, un mauvais, un romantique amoral. Tout cela Mailer l'écrit en ne mettant aucune forme dans son propos, il cherche à être le plus pragmatique possible, il relate les évènements, exprime une chronologie, des faits, reprend des propos tirés d'interview, ne donne jamais d'avis, ne met jamais de lien, ne parle jamais de cause, ne voit, ne montre que les conséquences des actes : deux morts, une bagarre, des vols, des violences physiques, des gueules de bois, des idées simples (celles de Gilmore) : pour être un homme, il faut se sortir une belle pépée et avoir une bagnole. Gilmore trouve Nicole (bientôt 20 ans, deux enfants de deux pères différents, trois fois mariée, vive l'amérique) et achète à crédit une vieille mustang. Pour payer voiture et femme, il s'endette, vole, trafique, s'enfonce dans les ennuis, devient violent, boit trop. La fille se barre. La voiture tombe en panne. Gilmore passe à l'acte : il tue deux jeunes hommes. Certains ont précisé qu'il s'agissait de deux mormons, mais dans une ville où la moitié de la population est mormonne, faut-il s'étonner que les deux morts le soient ? En revanche, très clairement Gilmore affirme : si je n'avais pas tué ses deux hommes je tuais Nicole et puis je me tuais... deux boucs émissaires pour éviter de tuer la femme aimée. La seconde partie du roman raconte comment les journalistes, les avocats, les juges, la société blanche américaine, cultivée, socialement intégrée, s'est emparée de l'histoire de Gilmore. Comment Larry Schiller (producteur de films et ancien photographe) a acheté les droits de chaque protagoniste de l'affaire. Comment il a fait interviewer Gilmore par l'intermédiaire de ses avocats (jusqu'à la dernière nuit du condamné où à 1 heure du matin Gilmore est encore soumis à des questions par Schiller). Comment Schiller a assisté à l'exécution de Gilmore et donné son témoignage à la presse. On assiste là au pire du journalisme, une presse à scandales, odieuse, assoiffée, pourrie par l'argent, capable de transformer en trophée les balles qui ont transpercé le coeur d'un homme. Cette seconde partie est non seulement excessivement longue mais aussi vaniteuse, voyeuse et immorale. Mais tout le livre est excessivement long. A vouloir retracer au plus près les derniers mois de Gilmore, Mailer décrit jusqu'à la nausée une existence sans lumière, une existence de sexe mou, de drogue frelatée et de mauvais rock'n roll, une existence misérable, pouilleuse qui à force d'être rabachée donne une sensation désagréable de voyeurisme et de répétition vomitive (stupre, crasse et saleté rance). L'image est laide, l'écriture blanche, l'intérêt dilué. Là où Mailer avait la matière pour saisir son sujet à bras-le-corps, il le laisse se déliter dans des scènes qui finissent par lasser à force de répétition. Là où Truman Capote dans De sang-froid sublimait son propos en lui donnant l'écrin de mots travaillés, choisis, polis, Mailer gâche la pate pour en faire une bouillie indigeste, lourde, rédhibitoire. Le chant du bourreau est tout sauf lyrique, d'ailleurs Gilmore chante faux. Pour en finir, cette remarque page 704 : La clé de tout comportement violemment criminel peut se trouver dans le dossier de la petite enfance ; c'est souvent une affaire de raclées. Bien connu ! Mais Gilmore affirmait que sa mère ne l'avait jamais touché et que son père n'en avait même pas pris la peine. Or d'après le témoignage de Mikal Gilmore dans Un long silence, les trois frères aînés ont été plus souvent battus par leur père que caressés. Battus ils l'ont été, Gary comme les autres. Alors ? Alors que croire de ces longues interview reproduites dans le livre ? Où est la vérité cachée de Gilmore ? La clé ? Sans doute pas dans la mauvaise littérature de Mailer... Un livre que je déconseille donc, à moins d'avoir beaucoup de temps à perdre et/ou un intérêt immodéré pour les meurtriers ou la fornication ou la mauvaise littérature (illisible, voyeuse, lancinante). | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 30 Juil 2012 - 11:37 | |
| Ben mine alors... Tout ton commentaire donnait envie... et plouf... c'est mal écrit et chiant et long... Dommage. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 30 Juil 2012 - 12:38 | |
| Bizarre que sur ce sujet qui t'a manifestement intéressée, tu aies finalement lu deux livres qui ne t'ont pas plu, Shanidar! En tout cas j'admire ta persévérance d'être arrivée au bout de ces mille pages, et je te remercie de m'éviter cette épreuve! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 30 Juil 2012 - 12:57 | |
| - topocl a écrit:
- Bizarre que sur ce sujet qui t'a manifestement intéressée, tu aies finalement lu deux livres qui ne t'ont pas plu, Shanidar!
En tout cas j'admire ta persévérance d'être arrivée au bout de ces mille pages, et je te remercie de m'éviter cette épreuve! oui, mais deux livres qui m'ont obligés à me poser beaucoup de questions sur l'enfermement, la privation de liberté, sur le problème de la réinsertion et puis aussi sur la famille et sur la manière dont nous avons géré l'après 68. Le livre de Mailer conserve un intérêt qui est celui du témoignage brut, montrer comment des filles ont quitté leur famille pour se marier (entre 14 et 16 ans, si,si...), pondre un premier enfant, voir leur mari partir en prison ou à l'armée (c'est l'époque de la guerre au Viet-nam, thème à peine esquisser dans le roman plus centré sur l'emprisonnement, l'alcool, les violences familiales), trouver un autre type, avoir un autre enfant, faire des expériences sexuelles, se 'libérer' par la drogue, la musique, vivre des allocations, fumer comme un pompier. La vie de Nicole, la dernière amie de Gilmore est édifiante. Elle n'est qu'une môme de 19 ans, elle a deux gosses à charge, elle rencontre le prince charmant qui n'est qu'un repris de justice en mal d'amour, elle s'amourache, se fait cogner, plus ou moins abusé sexuellement quand le macho n'est pas trop bourré ou défoncé, elle se défend, elle s'enfuit avec ses mômes... Leur histoire d'amour américaine est pathétique et débouche sur le meurtre de deux innocents. C'est toute la société qui est interrogée à travers le récit de cet amour-là et on ne peut pas y rester indifférent, pas plus qu'on ne peut rester indifférent à la douleur de Mikal, au dilemme moral auquel il est confronté et qui renvoie à celui d'une société qui prononce des condamnations à mort mais qui ne veut surtout pas être celui qui va tirer... j'ajoute que le livre de Mailer aurait été terriblement percutant s'il avait fait 500 pages de moins... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 30 Juil 2012 - 13:19 | |
| - shanidar a écrit:
j'ajoute que le livre de Mailer aurait été terriblement percutant s'il avait fait 500 pages de moins... Tu te lances dans une version abrégée ? | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Norman Mailer Lun 30 Juil 2012 - 13:50 | |
| - shanidar a écrit:
- [
j'ajoute que le livre de Mailer aurait été terriblement percutant s'il avait fait 500 pages de moins... Ou même 700??? | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| | | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Norman Mailer Mar 31 Juil 2012 - 13:06 | |
| J'adore ton commentaire, Shanidar ! Tout ça fait très Américain (dans le sens le plus dépréciatif du terme !) et prise de tête inutile. J'ai bien 1 ou 2 Mailer chez moi, mais jamais ouverts vu l'épaisseur. Aujourd'hui, et pour une rare fois, je viens sur le forum en allégeant ma PAL ! Cool, merci ! | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Norman Mailer Mar 31 Juil 2012 - 15:26 | |
| Je n'ai lu que deux oeuvres de Norman Mailer : Nuit des Temps (Ancient Evenings) et Les Nus et les Morts (The Naked and the Dead). Nuit des Temps ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, il était lisible mais touffu et un peu longuet, ce qui m'a aidé à le finir c'est que je le lisais pendant une croisière sur le Nil quelque temps après sa sortie, alors l'ambiance et les heures de navigation m'ont bien portée jusqu'à la fin sinon je ne serais peut-être pas arrivée au bout.
Par contre Les Nus et les Morts (plus court) est un bon roman de guerre entre reportage et roman qui se passe pendant la guerre du Pacifique sur une île japonaise. Il m'avait fait assez forte impression et je m'étais promis de tenter un autre livre de Norman Mailer pour y retrouver le même talent. Le Chant du Bourreau aurait sûrement été mon prochain choix... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Norman Mailer Mer 1 Aoû 2012 - 10:06 | |
| lu il y a trop longtemps Un rêve américain qui m'a laissé un vague souvenir plutôt agréable et l'envie de le relire et puis l'irrévérencieux, culotté et couillu Pourquoi sommes-nous au Vietnam ? absolument indispensable pour comprendre la mentalité américaine qui conduit ce pays à prendre les armes à tout bout de champ.
et hop la PAL de tina s'allonge de deux titres !!
j'ai également Nuit des temps à lire mais les commentaires du forum sont bien peu engageant ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Norman Mailer Mer 1 Aoû 2012 - 13:37 | |
| Merci pour ton commentaire Shanidar. J'ai longtemps tourné autour de ce roman, son épaisseur me faisant très peur. Et là maintenant, je n'ai plus aucune hésitation : je passe ! |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Norman Mailer Mer 1 Aoû 2012 - 16:13 | |
| - shanidar a écrit:
- et hop la PAL de tina s'allonge de deux titres !!
Rhoo ! D'autant que je viens de surfer sur le site des Belles lettres et que leur collection sur les civilisations me plaît bien (Le Japon d'Edo, le Siam, l'empire ottoman, L'Inde classique, etc.). J'ai pris, quoi, 10/15 titres à acheter à la rentrée ! ! ! (notamment un livre sur les Inuits va sortir en août) C'est vraiment une belle maison d'édition, avec des références de qualité. | |
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| | | | Norman Mailer | |
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