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| Edgar Poe | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 17:20 | |
| Edgar PoePar une sombre route déserte, hantée de mauvais anges seuls, où une Idole, nommée Nuit, sur un trône noir debout règne, je ne suis arrivé en ces terres-ci que nouvellement d'une extrême et vague Thulé - d'un étrange et fatidique climat qui gît, sublime, hors de l'Espace, hors du Temps. ( Edgar Poe, Terre de Songe, extrait) And the raven, never flitting, still is sitting, still is sitting On the pallid bust of Pallas just above my chamber door; And his eyes have all the seeming of a demon's that is dreaming, And the lamp-light o'er him streaming throws his shadow on the floor; And my soul from out that shadow that lies floating on the floor Shall be lifted - nevermore! ( Edgar Poe, The Raven, extrait) Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change, Le Poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu Que la mort triomphait dans cette voix étrange !
Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.
Du sol et de la nue hostiles, ô grief ! Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur, Que ce granit du moins montre à jamais sa borne Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur. ( Mallarmé, le tombeau d' Edgar Poe) A l'approche du bicentenaire de sa naissance un fil, suggéré par Kenavo, s'impose! La biographie d' Edgar Poe est marquée par la mort de ses parents dans la petite enfance, celui de son épouse Virginia de la tuberculose en 1847 et par son alcoolisme occasionnant des épisodes de délirium tremens avant sa disparition mystérieuse en octobre 1849 à l'âge de 40 ans. Décès dont le romancier Stephen Marlowe a tiré une intrigue aux frontières du fantastique dans Octobre solitaire. Rendu célèbre en France grâce aux géniales traductions de Baudelaire et Mallarmé, on peut le considérer comme un romantique par son attrait pour le mystère, les tourments de l'âme, le rêve, le tout dans une tonalité mélancolique très sombre et avec un imaginaire assez macabre. Mais il sait aussi explorer le burlesque, le suspens (il est un précurseur du roman policier à intrigue avec son double assassinat dans la rue Morgue), le roman d'aventure ( les aventures d'Arthur Gordon Pym) ou l'essai philosophique. Je compte sur vous pour éclairer tous les aspects de son oeuvre. Ma préférence va à ses " nouvelles histoires extraordinaires" (1857), ses poèmes et Les aventures d'Arthur Gordon Pym. Je propose de commencer par quelques poèmes... | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 19:40 | |
| Dans mon souvenir, des récits d'Edgar Allen Poe étaient parmi mes premières lectures "gratuites" dans l'adolescence. Et j'en garde un souvenir très fort de ces petites nouvelles, même après presque trente ans! Mon préféré était la description, ou plutôt le cauchemar d'être enterré mort-vivant! Tu as eu des nome comme "burlesque, policier"..., moi, je dois aussi pensé à lui comme un précurseur du phantastique?!
Par ailleurs dans Brooklyn Follies il me semble que Paul Auster lui rend hommage!
Comme on peut parler ici aussi de musique, je mentionne le premier ou deuxième album d'Alan Parsons Project "Tales of Mysteries and adventures", entièrement inspiré par des textes de Poe.
Merci, Marko, pour ce fil! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 19:57 | |
| - tom léo a écrit:
- Par ailleurs dans Brooklyn Follies il me semble que Paul Auster lui rend hommage!
Ah voilà! Je n'arrivais pas à me rappeler le roman qui y faisait référence et qui d'ailleurs m'avait donné envie de me replonger dans ces récits de mon enfance. Merci Tom léo, cela m'agaçait ce trou... Et merci Marko d'avoir ouvert le fil si rapidement | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 20:04 | |
| - tom léo a écrit:
Tu as eu des nome comme "burlesque, policier"..., moi, je dois aussi pensé à lui comme un précurseur du phantastique?!
Le fantastique et la science fiction aussi dans une certaine mesure. En tout cas il cherchait la beauté dans l'étrangeté. De mon côté les deux histoires qui m'ont le plus effrayé étaient Le chat noir, avec cette chute fabuleuse, et Le puits et le Pendule. J'ai joué à un jeu sur PC il y a quelques temps qui restituait bien l'atmosphère de ses nouvelles avec des citations entières: The Dark Eye. Une façon amusante de découvrir quelques poèmes notamment.
Dernière édition par Marko le Mar 6 Jan 2009 - 20:09, édité 1 fois | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 20:07 | |
| J'avais lu quelque part (mais où ? et est-ce vraiment vrai ou bien une légende urbaine ?) qu' Edgar Poe ne supportait pas l'alcool ; je veux dire que, physiquement, il avait un problème d'assimilation de l'alcool, et qu'il suffisait d'un verre pour qu'il soit saoul au point de tituber, quasi ivre mort. Et que ses "amis" trouvaient très drôle de l'inciter à boire un verre. Borges n'est pas très tendre avec les poèmes de Poe. "qui me semblent médiocres. Poe fut, au mieux, un Tennyson mineur, même si ses vers sont très jolis, bien entendu.". Il poursuit en disant que Baudelaire, qui ne connaissait pas bien l'anglais, n'a pas vu les fautes techniques de Poe, et a été impressionné par l'imagination de Poe... ce qui fait que Poe est un poète plus important en France qu'aux Etats-Unis. Une anecdote, à propos de l'inspiration horrifique de Poe : - Citation :
- On a accusé Poe d'être un disciple des Allemands. Il a répondu par une phrase très belle : "D'accord, mais l'horreur ne nous vient pas d'Allemagne, elle nous vient de l'âme".
(Jorge Luis Borges, Ultime Dialogues avec Osvaldo Ferrari, Presses Pocket, page 191). Concernant son poème le plus connu, Le Corbeau, bien sûr, Poe a essayé de faire croire que tout, dedans, relève de la science : en gros, j'avais lu ça quelque part qu'il voulait mettre des voyelles, parce que ça sonne bien ; il avait aboutit à "Nevermore". Les répétitions sont à la base de la poésie, il fallait donc le répéter encore et encore. Mais comment le justifier ? Eh bien, ce serait un oiseau. Un corbeau, ça fait bien, mystérieux, etc. Poe raconte lui-même - dans Genèse d'un poème - comment il a construit l'histoire non sous le coup de l'inspiration, mais que, au contraire, l'histoire a été le résultat d'une réflexion : la construction a précédé l'histoire, en somme. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 20:09 | |
| Tiens, maintenant qu'on a un fil pour cet auteur je peux mettre mon annonce du Café Littéraire par ici: cette année va se fêter le 200e anniversaire de Poe (19 janvier) et merci Marko pour ce fil pour Bettine von Arnim j'ai 'recruté' quelqu'un d'autre | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 20:16 | |
| - eXPie a écrit:
Concernant son poème le plus connu, Le Corbeau, bien sûr, Poe a essayé de faire croire que tout, dedans, relève de la science : en gros, j'avais lu ça quelque part qu'il voulait mettre des voyelles, parce que ça sonne bien ; il avait aboutit à "Nevermore". Les répétitions sont à la base de la poésie, il fallait donc le répéter encore et encore. Mais comment le justifier ? Eh bien, ce serait un oiseau. Un corbeau, ça fait bien, mystérieux, etc. Poe raconte lui-même - dans Genèse d'un poème - comment il a construit l'histoire non sous le coup de l'inspiration, mais que, au contraire, l'histoire a été le résultat d'une réflexion : la construction a précédé l'histoire, en somme. Le corbeau est un poème génial qui est en même temps une sorte de jeu, presque de parodie de son univers. Il a effectivement écrit une analyse de son poème assez fumeuse! Mais j'ai aussi lu un essai passionnant sur la place de la mythologie et de la numérologie dans le poème. Il faut lire aussi: Le livre des quatre corbeaux de Claude Michel Cluny qui montre l'impact de ce poème sur Mallarmé, Baudelaire et Pessoa. Le poème d'Edgar Allan Poe The Raven - le Corbeau - a provoqué d'étonnantes rencontres : ainsi trois poètes majeurs s'en sont-ils emparés pour le traduire. Un phénomène d'aimantation semble relier écrivains et peintres autour d'une oeuvre qui, de l'aveu même de son auteur, met en question la nature de l'art : vision ou fabrication ? L'essai de Claude Michel Cluny dessine l'incertaine ligne de partage entre vouloir et pouvoir, relève les coïncidences , ironiques ou éclairantes, dans la chaîne aux anneaux parfois rompus de la création poétique et la réinvention du portrait par les modernes qu'illustre ici Jùlio Pomar.Certains critiquent ses poèmes maisil y en a de magnifiques comme Annabel Lee, Le corbeau ou Terre de songes entre autres...
Dernière édition par Marko le Mer 7 Jan 2009 - 1:11, édité 2 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 20:20 | |
| Le corbeauUne fois, par un minuit lugubre, tandis que je m'appesantissais, faible
et fatigué, sur maint curieux et bizarre volume de savoir oublié, tandis
que je dodelinais la tête, somnolant presque, soudain se fit un heurt,
comme de quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma
chambre, cela seul et rien de plus
Ah! distinctement je me souviens que c'était en le glacial décembre :
et chaque tison, mourant isolé, ouvrageait son spectre sur le sol.
Ardemment je souhaitais le jour; vainement j'avais cherché d'emprunter
à mes livres un sursis au chagrin - au chagrin de la Lénore perdue -
de la rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment Lénore -
de nom! pour elle ici, non, jamais plus!
Et de la soie l'incertain et triste bruissement en chaque rideau purpural
me traversait, m'emplissait de fantastiques terreurs pas senties
encore : si bien que, pour calmer le battement de mon coeur, je
demeurais maintenant à répéter : C'est quelque visiteur qui sollicite
l'entrée, à la porte de ma chambre; quelque visiteur qui sollicite l'entrée
à la porte de ma chambre; c'est cela et rien de plus
Mon âme se fit subitement plus forte et, n'hésitant davantage :
"Monsieur, dis-je, ou madame, j'implore véritablement votre pardon ;
mais le fait est que je somnolais, et vous vîntes si doucement frapper,
et si faiblement vous vîntes heurter, heurter à la porte de ma chambre,
que j'étais à peine sûr de vous avoir entendu." Ici j'ouvris grande
la porte : les ténèbres et rien de plus
Loin dans l'ombre regardant, je me tins longtemps à douter, m'étonner
et craindre, à rêver des rêves qu'aucun mortel n'avait osé rêver encore ;
mais le silence ne se rompit point et la quiétude ne donna de signe ;
et le seul mot qui se dit, fut le mot chuchoté "Lénore!" je le
chuchotai et un écho murmura de retour le mot "Lénore!" purement
cela et rien de plus
Rentrant dans la chambre, toute l'âme en feu, j'entendis bientôt un
heurt en quelque sorte plus fort qu'auparavant. "Sûrement, dis-je
sûrement c'est quelque chose à la persienne de ma fenêtre. Voyons donc
ce qu'il y a et explorons ce mystère ; que mon coeur se calme un moment
et explore ce mystère ; c'est le vent et rien de plus."
Au large je poussai le volet, quand, avec maints enjouement et agitation
d’ailes, entra un majestueux corbeau des saints jours de jadis. Il ne
fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta ni n’hésita un instant : mais,
avec une mine de lord ou de lady, se percha au-dessus de la porte de
ma chambre ; se percha sur un buste de Pallas, juste au-dessus de la
porte de ma chambre ; se percha, siégea et rien de plus
Alors cet oiseau d’ébène induisant ma triste imagination au sourire,
par le grave et sévère décorum de la contenance qu’il eut : "Quoique
ta crête soit chenue et rase, non! Dis-je, tu n’es pas, pour sûr, un
poltron, spectral, lugubre et ancien Corbeau, errant loin du rivage de
Nuit - dis-moi quel est ton nom seigneurial au rivage plutonien de
Nuit." Le Corbeau dit : "Jamais plus."
Je m’émerveillai fort d’entendre ce disgracieux volatile s’énoncer aussi
clairement, quoique sa réponse n’eût que peu de sens et peu d’à-propos ;
car on ne peut s’empêcher de convenir que nul homme vivant n’eut
encore l’heur de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre
- un oiseau ou toute autre bête sur le buste sculpté au-dessus de la porte
de sa chambre -, avec un nom tel que : "Jamais plus."
Mais le Corbeau perché solitairement sur ce buste placide, parla ce
seul mot comme si son âme, en ce seul mot, il la répandait. Je ne proférai
donc rien de plus ; il n’agita donc pas de plume, jusqu’à ce que je
fis à peine davantage que marmotter : "D’autres amis déjà ont pris
leur vol, demain il me laissera comme mes espérances déjà ont pris
leur vol." Alors l’oiseau dit : "Jamais plus."
Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée ; "Sans
doute, dis-je ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à
quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près
et de très près suivit jusqu’à ce que ses chansons comportassent un
unique refrain ; jusqu’à ce que les chants funèbres de son Espérance
comportassent le mélancolique refrain de "Jamais - jamais plus."
Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai
soudain un siège à coussins en face de l’oiseau, et du buste, et de la
porte ; et m’enfonçant dans le velours, je me pris à enchaîner songerie
à songerie, pesant à ce que cet augural oiseau de jadis, à ce que
ce sombre, disgracieux, sinistre, maigre, et augural oiseau de jadis
signifiait en croissant : "Jamais plus."
Cela, je m’assis occupé à le conjecturer, mais n’adressant pas une syllabe
à l’oiseau dont les yeux de feu brûlaient, maintenant, au fond de mon
sein ; cela et plus encore, je m’assis pour le devine, ma tête reposant
à l’aise sur la housse de velours des coussins que dévorait la lumière
de la lampe, housse violette de velours qu’Elle ne pressera plus, ah!
jamais plus.
L’air, me sembla-t-il, devint alors que dense, parfumé selon un
encensoir invisible balancé par les Séraphins dont le pied, dans la chute
tintait sur l’étoffe du parquet. "Misérable! m’écriai-je, ton Dieu t’a
prêté ; il t’a envoyé par ces anges le répit, le répit et le népenthès dans
ta mémoire de Lénore! Bois! oh! bois ce bon népenthès et oublie cette
Lénore perdue!" Le Corbeau dit : "Jamais plus."
"Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon!
Que si le Tentateur t’envoya ou la tempête t’échoua vers ces bords,
désolé et encore tout indompté, vers cette déserte terre enchantée, vers
ce logis par l’horreur hanté : dis-moi véritablement, je t’implore! y a-t-il
du baume en Judée? Dis-moi, je t’implore." Le Corbeau dit :
"Jamais plus!"
"Prophète, dis-je, être de malheur! prophète, oui, oiseau ou démon!
Par les cieux sur nous épars, et le Dieu que nous adorons tous deux,
dis à cette âme de chagrin chargée si, dans le distant Eden, elle doit
embrasser une jeune fille sanctifiée que les anges nomment Lénore
- embrasser une rare et rayonnante jeune fille que les anges nomment
Lénore." Le Corbeau dit : "Jamais plus!"
"Que ce mot soit le signal de notre séparation, oiseau ou malin
esprit" hurlai-je en me dressant. "Recule en la tempête et le rivage
plutonien de Nuit! Ne laisse pas une plume noire ici comme un gage
du mensonge qu’a proféré ton âme. Laisse inviolé mon abandon! quitte
le buste au-dessus de ma porte! ôte ton bec de mon coeur et jette ta
forme loin de ma porte!" Le Corbeau dit : "Jamais plus!"
Et le Corbeau, sans voleter, siège encore, siège encore sur le buste pallide
de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre, et ses yeux ont
toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve, et la lumière de la
lampe, ruisselant sur lui, projette son ombre à terre : et mon âme,
de cette ombre qui gîte flottante à terre ne s’élèvera - jamais plus.A lire en anglais! C'est encore plus fort!
Dernière édition par Marko le Mar 6 Jan 2009 - 20:42, édité 1 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 20:39 | |
| ANNABEL LEEIl y a mainte et mainte année, dans un royaume près de la mer, vivait une jeune fille, que vous pouvez connaître par son nom d'ANNABEL LEE, et cette jeune fille ne vivait avec aucune autre pensée que d'aimer et d'être aimée de moi.
J'étais un enfant, et elle était un enfant, dans ce royaume près de la mer ; mais nous nous aimions d'un amour qui était plus que de l'amour - moi et mon ANNABEL LEE ; d'un amour que les séraphins ailés des Cieux convoitaient à elle et à moi.
Et ce fut la raison qu'il y a longtemps - un vent souffla d'un nuage, glaçant ma belle ANNABEL LEE ; de sorte que ses proches de haute lignée vinrent et me l'enlevèrent, pour l'enfermer dans un sépulcre, en ce royaume près de la mer.
Les anges, pas à moitié si heureux aux cieux, vinrent, nous enviant, elle et moi. Oui! ce fut la raison (comme tous les hommes le savent dans ce royaume près de la mer) pourquoi le vent sortit du nuage la nuit, glaçant et tuant mon ANNABEL LEE.
Car la lune jamais ne rayonne sans m'apporter des songes de la belle ANNABEL LEE ; et les étoiles jamais ne se lèvent que je ne sente les yeux brillants de la belle ANNABEL LEE ; et ainsi, toute l'heure de nuit, je repose à côté de ma chérie, - de ma chérie, - ma vie sans épouse, dans ce sépulcre près de la mer, dans sa tombe près de la bruyante mer.
Mais, pour notre amour, il était plus fort de tout un monde que l'amour de ceux plus âgés que nous ; - de plusieurs de tout un monde plus sages que nous, - et ni les anges là-haut dans les cieux, ni les démons de la mer, ne peuvent jamais disjoindre mon âme de l'âme de la très belle ANNABEL LEE. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 22:16 | |
| - eXPie a écrit:
Une anecdote, à propos de l'inspiration horrifique de Poe : - Citation :
- On a accusé Poe d'être un disciple des Allemands. Il a répondu par une phrase très belle : "D'accord, mais l'horreur ne nous vient pas d'Allemagne, elle nous vient de l'âme".
(Jorge Luis Borges, Ultime Dialogues avec Osvaldo Ferrari, Presses Pocket, page 191).
Citation magnifique... merci! Est-ce que par là on fait allusion à E.T.A. Hofmann et autres? | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mar 6 Jan 2009 - 23:52 | |
| - eXPie a écrit:
Borges n'est pas très tendre avec les poèmes de Poe. . Mais Borges adorait Les aventures d'Arthur Gordon Pym qui a inspiré beaucoup d'écrivains. Jules Verne en a écrit une sorte de suite avec Le sphinx des glaces. Je vais les relire pour mieux en parler. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Edgar Poe Mer 7 Jan 2009 - 0:09 | |
| - eXPie a écrit:
- Une anecdote, à propos de l'inspiration horrifique de Poe :
- Citation :
- On a accusé Poe d'être un disciple des Allemands. Il a répondu par une phrase très belle : "D'accord, mais l'horreur ne nous vient pas d'Allemagne, elle nous vient de l'âme".
(Jorge Luis Borges, Ultime Dialogues avec Osvaldo Ferrari, Presses Pocket, page 191).
C'est en effet une très belle phrase... Et merci de tous ces extraits...J'aime plus particulièrement Annabel Lee... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mer 7 Jan 2009 - 0:19 | |
| - eXPie a écrit:
- J'avais lu quelque part (mais où ? et est-ce vraiment vrai ou bien une légende urbaine ?) qu'Edgar Poe ne supportait pas l'alcool ; je veux dire que, physiquement, il avait un problème d'assimilation de l'alcool, et qu'il suffisait d'un verre pour qu'il soit saoul au point de tituber, quasi ivre mort.
Et que ses "amis" trouvaient très drôle de l'inciter à boire un verre. Wikipedia: L'alcoolisme de Poe a été démesurément exagéré. Ainsi, on a pu établir qu'à l'université et à West Point, contrairement à certaines légendes, il était tout à fait sobre. Plus généralement, il restait souvent sans boire sur de très longues durées et pouvait ne pas toucher une goutte d'alcool pendant des mois ou des années. En revanche, les quelques fois où il était amené à boire, il était le plus souvent malade et ne pouvait travailler pendant quelques jours. Il semble qu'il se soit mis à boire davantage à l'époque de la maladie de son épouse. Quant aux rumeurs d'alcoolisme, elles sont fondées sur le fait que, d'une part, il ne supportait pas l'alcool, et que, d'autre part, plusieurs personnes, soit qu'elles fussent fâchées avec lui, soit qu'elles pussent se compter comme ses ennemis, ont profité de ces quelques occurrences où il est apparu ivre pour généraliser et prétendre qu'il était alcoolique, ceci afin de le blesser et de salir son honneur, puis sa mémoirePoe, Drugs and Alcohol: http://www.eapoe.org/geninfo/poealchl.htm | |
| | | Sydney Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 14/10/2008
| Sujet: Re: Edgar Poe Mer 7 Jan 2009 - 0:43 | |
| Poe est peut être l'un des plus grands hauteurs de nouvelles, genre qu'il affectionnait particulièrement. J'ai beaucoup aimé ces Histoires extraordinaires, ainsi que les Nouvelles histoires... et plus particulièrement La chute de la maison Usher pour les qualités esthétiques de la langue, et Le puit et le pendule pour l'extraordinaire sensation d'horreur "claustrophobique". | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Edgar Poe Mer 7 Jan 2009 - 1:02 | |
| - Sydney a écrit:
- Poe est peut être l'un des plus grands hauteurs de nouvelles, genre qu'il affectionnait particulièrement. J'ai beaucoup aimé ces Histoires extraordinaires, ainsi que les Nouvelles histoires... et plus particulièrement La chute de la maison Usher pour les qualités esthétiques de la langue, et Le puit et le pendule pour l'extraordinaire sensation d'horreur "claustrophobique".
C'est un cauchemar lié à l'inquisition qui m'avait terrifié adolescent! Et quelle écriture! Il y a un conte de Villiers de L'Isle-Adam, « La Torture par l'espérance », qui m'y fait penser et qui a inspiré l'opéra contemporain de Dallapiccola, "Le prisonnier". Il faut lire aussi ce conte qui est ex cellent!
La torture par l'espérance: http://www.centenary.edu/french/torture.htm | |
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