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| Simone Schwarz-Bart | |
| | Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Simone Schwarz-Bart Lun 12 Jan 2009 - 18:05 | |
| Simone Schwarz-Bart Présentation copiée sur WikipédiaNée le 9 décembre 1938 à Saintes en Charente-Maritime de parents guadeloupéens, elle rentre au pays à l'âge de trois ans. Elle fera ses études à Pointe-à-Pitre, puis à Paris et à Dakar. Son œuvre est imprégnée de l'Afrique, de la Caraïbe et de l'Europe. À 18 ans, alors qu'elle est encore étudiante à Paris, elle fait une rencontre qui sera déterminante : André Schwarz-Bart. Celui-ci est en pleine écriture difficile de son livre Le Dernier des Justes (prix Goncourt 1959). C'est lui qui exhortera Simone à écrire à son tour car il a décelé en elle le talent d'un grand auteur. Ce sera d'abord un roman à quatre mains avec son époux : Un plat de porc aux bananes vertes, histoire des exils antillais et juif en miroir. Puis en 1972, Simone écrit seule Pluie et vent sur Télumée miracle qui, encore aujourd'hui est considéré comme un chef d'œuvre de la littérature caribéenne. « Un best-seller inépuisé et inépuisable » dira le romancier Patrick Chamoiseau. Simultanément arrive Ti jean l'horizon 1979. Simone écrira également pour le théâtre Ton beau capitaine, pièce étonnante et ciselée en un seul acte, avant de retrouver son époux pour publier une encyclopédie en sept volumes Hommage à la femme noire mettant notamment à l'honneur toutes ces héroines noires absentes de l'historiographie officielle. En septembre 2006,Simone a été promue au grade de commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres. Simone est notamment la mère du saxophoniste de jazz Jacques Schwarz-Bart. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Lun 12 Jan 2009 - 18:10 | |
| Pluie et vent sur Télumée Miracle Il s’agit de la vie d’une femme noire de Guadeloupe , faite par elle-même. Et d’abord elle nous raconte la vie de celles qui l’ont précédées, sa mère et surtout sa grand-mère Toussine, dite la Reine Sans Nom. La mère de Toussine a encore connu l’esclavage ; Toussine a eu ses moments de bonheur et de douleur, mais elle est très heureuse de prendre chez elle Télumée, notre héroïne lorsque Victoire, sa mère, se met en ménage avec Haut-Colbi, un nègre caraïbe. La petite fille va aimer et aider sa grand-mère au quotidien. Elle doit travailler, et comme sa grand-mère ne veut pour rien au monde qu’elle aille le faire dans une plantation, elle la place comme domestique dans une famille blanche. Télumée va compter les jours, mais elle supporte cette difficile expérience grâce à son amour pour Eli, son camarade d’enfance, qui lui a promis de venir la chercher lorsqu’il aura fini de construire leur case. Et il tiendra parole. Nous suivons ainsi la vie de Télumée jusqu’à sa vieillesse, dans ses moments heureux comme malheureux, et ces derniers sont de lui les plus nombreux, peu de possibilités de vivre correctement étant offerts aux noirs dans le monde de Télumée. Entre les désordres climatiques, la pauvreté, le manque et la dureté du travail, l’alcoolisme, surtout des hommes, et leur violence, la jalousie et les mesquineries des voisins, les moments heureux sont rares, mais d’autant plus marquants. Télumée a appris de sa grand-mère une philosophie de la vie qui tend à se réjouir de ce que l’on a, et à ne pas se plaindre, à essayer de pardonner à ceux qui vous ont fait souffrir. Le livre n’est à aucun moment misérabiliste, il essaie de donner de la dignité aux personnages qu’il décrit, aussi déshérités soient-ils. Le spectre de l’esclavage et de ses souffrances plane en permanence sur la communauté, d’autant plus que pour subsister les anciens esclaves dépendent toujours de leurs anciens maîtres, qui possèdent plantations et terre, alors qu’eux-mêmes n’ont que leur corps à vendre pour subsister. Les relations entre les femmes et les hommes semblent particulièrement difficiles, surtout pour les femmes, qui souvent subissent violence, abadons, et qui doivent se débrouiller seules pour élever les enfants et faire subsister la famille. Mais le bonheur peut surgir lorsqu’on ne l’attendait plus, d’autant plus que l’on capable de se contenter de peu. Un très joli livre, plein de vie et de verve, qui raconte de façon sensible et émouvante la vie de cette femme, de toutes ces femmes, et finalement de toute une communauté. J’ai été étonnée par l’écriture, car il n’y a pas vraiment d’expressions créoles, quelques tournures ou un vocabulaire tout au plus un peu inusité, cela dit ce n’est pas du tout gênant pour la crédibilité et cohérence du récit, et la langue de Simone Schwarz-Bart très fluide et inspirée, contribue dans une large mesure à la réussite du livre. C’est mon premier roman antillais, et certainement pas le dernier. Une citation prise dans les dernières pages du roman : - Citation :
- Nous n’avons, pour nous aider, pas davantage de traces que l’oiseau dans l’air, le poisson dans l’eau, et au beau milieu de cette incertitude nous vivons, et certains rient et d’autres chantent. J’ai cru dormir auprès d’un seul homme et il m’a vilipendé, j’ai cru le nègre Amboise immortel, j’ai cru à une enfant qui m’a quitté, et pourtant, sans savoir pourquoi, je ne considère rien de tout cela comme du temps de perdu. Peut-être bien que toutes les souffrances, et même les piquants de la canne font partie du faste de l’homme, et peut être bien qu’en le regardant d’un certain œil, en me penchant d’une certaine manière, il me sera possible, un jour, d’accorer une certaine beauté à l’ange Médard. Ainsi rêvant, le soir descent sans que je m’en aperçoive, et, assise sur mon petit banc d’ancienne, je lève soudain la tête, troublée par la phosphorescence de certaines étoiles. Des nuages vont et viennent, une clarté s’élève et puis disparaît, et je me sens impuissante, déplacée, sans aucune raison d’être parmi ces arbres, ce vent, ces nuages. Quelque part, depuis le fond de la nuit, s’élèvent les notes discordantes, toujours les mêmes, d’une flûte et bientôt s’éloignent, s’apaisent. Alors je songe non pas à la mort, mais aux vivants en allés, et j’entends le timbre de leurs voix, et il me semble discerner les nuances diverses de leurs vies, les teintes qu’elles ont eues, jaunes, bleues, roses ou noires, couleurs passées, mêlées, lointaines, et je chercher aussi lesfil de ma vie.
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Mar 13 Jan 2009 - 17:40 | |
| Merci de ton commentaire Arabella. Je sens que ce livre baigne dans une atmosphère particulière et qui apporte la connaissance de ses vies lointaines. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Mar 13 Jan 2009 - 18:01 | |
| - Arabella a écrit:
Pluie et vent sur Télumée Miracle
Une citation prise dans les dernières pages du roman :
- Citation :
- Nous n’avons, pour nous aider, pas davantage de traces que l’oiseau dans l’air, le poisson dans l’eau, et au beau milieu de cette incertitude nous vivons, et certains rient et d’autres chantent. J’ai cru dormir auprès d’un seul homme et il m’a vilipendé, j’ai cru le nègre Amboise immortel, j’ai cru à une enfant qui m’a quitté, et pourtant, sans savoir pourquoi, je ne considère rien de tout cela comme du temps de perdu. Peut-être bien que toutes les souffrances, et même les piquants de la canne font partie du faste de l’homme, et peut être bien qu’en le regardant d’un certain œil, en me penchant d’une certaine manière, il me sera possible, un jour, d’accorer une certaine beauté à l’ange Médard. Ainsi rêvant, le soir descent sans que je m’en aperçoive, et, assise sur mon petit banc d’ancienne, je lève soudain la tête, troublée par la phosphorescence de certaines étoiles. Des nuages vont et viennent, une clarté s’élève et puis disparaît, et je me sens impuissante, déplacée, sans aucune raison d’être parmi ces arbres, ce vent, ces nuages. Quelque part, depuis le fond de la nuit, s’élèvent les notes discordantes, toujours les mêmes, d’une flûte et bientôt s’éloignent, s’apaisent. Alors je songe non pas à la mort, mais aux vivants en allés, et j’entends le timbre de leurs voix, et il me semble discerner les nuances diverses de leurs vies, les teintes qu’elles ont eues, jaunes, bleues, roses ou noires, couleurs passées, mêlées, lointaines, et je chercher aussi lesfil de ma vie.
La nature, la musique, les couleurs, voilà qui donne envie! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Mar 13 Jan 2009 - 19:22 | |
| C'est vraiment un joli livre, plein en effet de couleurs, d'odeurs et de sons, qui traite de sujets graves mais avec beaucoup de douceur et de délicatesse. Un voyage dépaysant et qui apprend beacoup. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Mar 13 Jan 2009 - 19:48 | |
| J'ai lu "Pluie et vent sur Télumée Miracle" il y a déjà longtemps mais ce livre m'a laissé un excellent souvenir. J'ai aimé l'ambiance chaude des îles qu'il rend si bien et l'écriture de SSB colorée et pleine de légèreté. Je le recommande ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Ven 17 Juil 2015 - 18:19 | |
| L'Ancêtre en Solitude
Dans l'introduction du livre, Simone Schwarz-Bart explique que son mari avait conçu et écrit en grande partie, un cycle antillais, composé de plusieurs volumes, mais que suite à l'accueil peu favorable de son roman La mulâtresse Solitude, qui raconte la vie de ce personnage historique, il décide de ne plus rien publier. Après sa mort, Simone retrouve et fait publier en 2009 un inédit, L'étoile du matin, qui fait partie de la "veine juive", puis plus récemment avec de l'aide extérieure revient aux manuscrits du cycle antillais. Elle ne précise pas à quel point le manuscrit qui paraît était achevé, si elle l'a remanié, ajouté des éléments et lesquels. Le texte paraît quand même sous le nom de son mari et le sien. Mais difficile d'en savoir plus sur sa genèse.
Le roman raconte la vie de trois générations de femmes, Louise, la fille de la mulâtresse Solitude, puis de ses filles et petites filles. Le début, qui concerne Louise, son enfance, et sa vie de jeune femme, est vraiment prenant, il y a là un personnage attachant et bien dessiné, dans son évolution, et sa personnalité. Mais à un moment, et surtout en ce qui concerne les filles, j'ai eu la sensation d'être devant une esquisse, Hortensia, la mère de Marie qui est censée tenir un journal où cette histoire est racontée, est particulièrement inconsistante à mon goût. Et pour Marie, qui devrait être la pierre de touche de l'édifice, celle qui va apprendre à lire et à écrire, vivre une autre condition, on a des éléments qui nous font soupçonner qu'elle est un personnage important, mais cela s'arrête à des éléments, qui auraient du, à mon sens être développés et précisés.
Donc un livre assez bancale, avec des belles pages qui font penser que cela aurait du être un beau roman, mais qui n'a pas été vraiment achevé comme il aurait du l'être, ce qui crée une certaine frustration chez le lecteur. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Ven 17 Juil 2015 - 18:31 | |
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| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart Ven 17 Juil 2015 - 22:17 | |
| Nous sommes au moins deux ! | |
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| Sujet: Re: Simone Schwarz-Bart | |
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| | | | Simone Schwarz-Bart | |
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