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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: François Ozon Dim 5 Juin 2016 - 23:35
François Ozon s'essaye au film en noir et blanc avec Frantz (sortie prévue en France le 7 septembre), avec Pierre Niney et Paula Beer.
églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
Sujet: Re: François Ozon Sam 17 Sep 2016 - 16:20
Frantz
Une romance post guerre 14/18 entre un français et une allemande . Oui c'est la façade et le fil directeur mais ce film est surtout une porte ouverte sur des sujets complexes et douloureux tels que la culpabilité , la responsabilité individuelle au sein de la responsabilité collective , le remord , le transfert affectif , le triangle amoureux , les drames engendrés par des formes d'attachements fusionnelles et perverses(relation mère fils ) , la reconstruction collective après les blessures de guerre Allemagne et France confondues , la force de survivre .... L'équilibre est parfait entre Paula Beer lumineuse , pure et cristalline ( avec un petit air à Romy Schneider ) incarnant la simplicité et la générosité et Pierre Niney , qui à contrario, personnage torturé et tourné sur lui-même , porte tous les questionnements du film sans jamais donner de réponses , énigmatique et subtil personnage , L'élégance classique n'a rien d'affecté ni d'artificiel . On a l'impression d'ouvrir un vieil album photo enfoui sous une pile de vieux draps en lin qui sent bon la naphtaline . Au final , François Ozon ne fait qu'ouvrir des pistes à travers une intrigue surprenante , pleine d'intelligence et qui laisse le spectateur chercher , trouver peut-être des réponses . Une agréable surprise de la part d'un réalisateur qui jusque là ne fut guère convaincant .
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 0:34
Frantz
Bonne surprise pour moi aussi que ce libre remake d'un film de Lubitsch. J'avais peur durant la première partie que tout soit cousu de fil blanc et sans mystère mais la deuxième partie apporte plein de subtilités qui rendent le récit bien plus troublant qu'il ne paraissait en surface. Avec ce thème récurrent chez Ozon qui consiste à montrer la façon dont chacun vit dans ses fantasmes et n'a de perception de la réalité que partielle. Un côté Hitchcock dans une sorte de Vertigo inversé. Et des non-dits qui perdurent avec une jolie fin. Probablement un des meilleurs Ozon sous une facture malgré tout classique mais très élégante.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 10:01
Marko, je ne sais pas vraiment, mais je me demande si ton illustration n'en dit pas trop : spoiler???
Comme je sais aussi ne pas faire la tête je vais y aller alors que la bande annonce m'avait plutôt refroidie..
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 10:36
Non le tableau n'indique rien de directement en rapport avec la trame elle-même. C'est plus un trait d'union entre les personnages.
Dernière édition par Marko le Dim 18 Sep 2016 - 10:41, édité 1 fois
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 10:38
D'accord, je n'ai rien dit!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 10:51
Et puis les révélations ne sont pas particulèrement inattendues mais ce sont plutôt les fantasmes qui circulent de l'un à l'autre qui sont intéressants et troublants. Le tableau de Manet synthétise ce flux au-delà de ce qu'il montre comme état d'âme. Le film parle quand même de deuil.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 20:30
Franz
En effet, Marko, j'étais totalement à côté de la plaque!
Je le dis tout de suite, j'ai détesté l'interprétation de Pierre Niney . Ceci passé, ça ne m'a pas empêchée de beaucoup aimer le film. C'est surtout la bande annonce qui m'avait fait redouter une intrigue cousue de fil blanc, et bien Ozon ne nous emmène jamais là où on imaginait aller. Ce film, d'une grande intelligence émotionnelle, démontre que le mélo peut être totalement hors du pathétique. Les personnages, essentiellement subtils, se débattent pour faire émerger leur bienveillance malgré ce contexte post-guerre qui pousse à la haine et à la revanche. J'en suis sortie à la fois tourneboulée et rêveuse.
Eglantine : je n'avais pas pensé à Romy Schneider sur le coup, mais voilà, maintenant que c'est dit , c'est évident, cet oeil pétillant sur cette rondeur saine, cette fausse simplicité qui cache la fougue, cette intelligence rebelle.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: François Ozon Dim 18 Sep 2016 - 21:36
Frantz
Comme vous, j'ai été agréablement surpris par ce dernier film de François Ozon. La mise en scène est remarquable dans sa sobriété et sa rigueur, avec une attention sensible portée aux états d'âme des protagonistes, tous confrontés à une reconstruction personnelle et affective après les tourments de la Première Guerre mondiale. La seconde partie, en s'écartant du matériau originel de Lubitsch (et de Rostand sous sa forme théâtrale), trouve une tonalité inspirée et poignante en accentuant une sensation de perte, de trouble, de vide alors même que le lieu du récit s'est déplacé.
J'ai aussi des réticences par rapport au jeu de Pierre Niney, parfois trop affecté dans sa gestuelle et son intonation. Mais je retiens surtout l'expression lumineuse et digne de Paula Beer, qui fait corps jusqu'au bout avec son personnage.
ArenSor Main aguerrie
Messages : 516 Inscription le : 16/11/2014
Sujet: Re: François Ozon Dim 25 Sep 2016 - 20:14
Eh bien, je vais mêler mes louanges aux vôtres. Comme vous, j'ai pensé au départ à une intrigue plan-plan (on devine très rapidement la vraie raison de la présence du Français). En revanche, la deuxième partie est beaucoup plus subtile avec ce transfert amoureux de l'héroïne. Sur le plan historique, une période rarement évoquée au cinéma de l'immédiat après-guerre lorsque les tensions sont vives entre les "Boches" et les Français. Quelques petits détails qui m'ont gêné : par exemple, on imagine mal un fils de l'aristocratie comme simple biffin, généralement, ils étaient officiers (ce qui ne veut pas dire qu'ils risquaient moins leur peau !). Surtout, surtout, le passage à plusieurs reprises du noir et blanc à la couleur m'a beaucoup agacé, je n'en vois pas l'intérêt et je pense que le film aurait gagné en authenticité tout en noir et blanc. Beaucoup d'entre vous semblent déçus par la filmographie d'Ozon. Le seul autre que j'ai vu de lui était "Sous le sable" et il m'avait beaucoup plu.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: François Ozon Lun 26 Sep 2016 - 8:38
ArenSor a écrit:
Surtout, surtout, le passage à plusieurs reprises du noir et blanc à la couleur m'a beaucoup agacé, je n'en vois pas l'intérêt et je pense que le film aurait gagné en authenticité tout en noir et blanc.
Ca a un petit côté mélo, en effet, comme une musique surajoutée.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: François Ozon Lun 26 Sep 2016 - 20:37
topocl a écrit:
ArenSor a écrit:
Surtout, surtout, le passage à plusieurs reprises du noir et blanc à la couleur m'a beaucoup agacé, je n'en vois pas l'intérêt et je pense que le film aurait gagné en authenticité tout en noir et blanc.
Ca a un petit côté mélo, en effet, comme une musique surajoutée.
C'est le type même de truc qui passe ou qui casse. Je trouve que ça fonctionne plutôt bien pour suggérer ce souffle de vie qui ranime ponctuellement les personnages plongés dans leur mélancolie et leur deuil. Dolan faisait l'équivalent dans Mommy en écartant ou en rétrécissant l'image en fonction des obstacles ou des espoirs des personnages.