Nancy Huston

monilet a écrit:

A la première lecture je n'ai pas aimé Lignes de failles, à la seconde (rarissime chez moi) j'ai adoré :)

ah, je l'ai bien aimé.. mais cela n'était pas non plus LA lecture de l'année pour moi

monilet a écrit:

A la première lecture je n'ai pas aimé Lignes de failles, à la seconde (rarissime chez moi) j'ai adoré :)

Il y a de l'espoir alors!...
J'insiste mais...pour tous, Cantique des Plaines est très beau et moins déroutant que Infrarouge.

kenavo a écrit:

coline a écrit:

Il est un peu à part peut-être dans l'oeuvre de Nancy Huston.

c'est peut être alors pour cela que je l'ai mieux aimé que Lignes de faille

Je ne me souviens pas...Tu en avais parlé de Infrarouge?...

coline a écrit:

Je ne me souviens pas...Tu en avais parlé de Infrarouge?...

oui, je l'ai lu lors de mon congé, sur des fils 'nos lectures du mois'..

Moi aussi j'ai été emportée immédiatement par Lignes de failles.
Infrarouge m'a un peu lassée (peut-être à cause de la répétition des scènes "crues", du don juanisme du personnage).

De tous les livres que j'ai lu d'elle (je crois que j'ai lu tous ses romans, sauf le dernier), je pense que c'est Dolce agonia qui m'a le plus emballée. Lignes de faille est à part, je l'ai adoré).

Epi, on doit avoir une gémellité cachée...
Je viens d'emprunter Infrarouge et, après les 10 premières pages, je sais -et j'en suis vraiment malheureuse, que je ne vais pas accroché. Mais je vais poursuivre quand même. Depuis le temps que j'attendais un nouveau roman de NH...

coline a écrit:

INFRAROUGE Il est chaud le dernier roman de Nancy Huston ! Le sexe y est très présent, bien plus que dans ses autres romans.
Le titre fait référence à une technique de photographie dans laquelle l’héroïne, Rena Greenblatt , s’est spécialisée : le procédé change la réalité, la couleur des choses, et révèle ce qui peut être caché sous l’apparence. Procédé "qui capte non la lumière visible mais la chaleur". « En infrarouge, la neige est noire, les glaçons sont noirs, les lunettes sont noires, tout ce qui est frais est noir, noir, noir. Mais la peau sombre de mes hommes est subtilement ombrée, dotée de mille nuances lumineuses ; parfois, on peut voir les veines en transparence. L’infrarouge me permet de repérer ce que j’aime, ce que je recherche, ce qui m’a tant manquée, petite : la chaleur. » Rena Greenblatt, artiste photographe parisienne d’origine canadienne a 45 ans, 2 fils ; elle a eu 4 maris et de très nombreux amants.
Elle a laissé le dernier en date, Aziz, à Paris pour accompagner son père Simon dans un séjour en Toscane qu’elle lui a offert pour ses soixante-dix ans. Le père est avec sa seconde femme, Ingrid, d’origine hollandaise.
Tout coûte de plus en plus à Rena lors de ce voyage : le vieillissement physique et intellectuel de son père (jadis passionné de neuropsychologie), l’inculture d’Ingrid, et l’absence d’Aziz. L’impossibilité qu’elle a de le rejoindre lorsqu’il la supplie de revenir pour photographier la banlieue où il vit et travaille : elle s’enflamme après l’électrocution à Clichy-sous-Bois de Zyed et Bouna, poursuivis par la police. Nous sommes en octobre 2005.
Alors Rena dialogue avec le double qu’elle s’est inventée depuis plusieurs décennies et auquel elle a donné le nom de Subra (anagramme d’Arbus, Diane, à l’origine de sa vocation). Le récit mêle sans cesse le présent et le passé au rythme des visites, des pauses ou des longues attentes. Les souvenirs affluent. Lorsqu’ils affleurent, Subra incite Rena à « raconter ». Le bonheur et les souffrances…Et elle qui, lors de ce séjour, ne photographie presque pas, amène à « se révéler », comme sous infrarouge, toutes les vérités qui ne s’avouent pas. Celles qui concernent les relations familiales sont terribles…Un sujet de prédilection chez Nancy Huston. Dès l’introduction, on sait que l’on va vers une révélation finale : «Toi la pellicule ultrasensible, comment est-ce possible, comment ? Tu n’as rien vu, rien deviné, rien senti, rien compris, rien détecté ? »
Peu à peu, l’on comprend mieux la liberté, la dureté de Rena, son exigence en tout cas, y compris dans l’amour. Face à son père. Face à ses amours. Face à ses amants qu’elle photographie à l’infrarouge dans l’abandon au moment de leur jouissance (elle les paie pour cela, elle veut mettre à nu les "mystères des messieurs"). "Si les hommes depuis la nuit des temps ont tripoté dessiné trituré sculpté filmé peint photographié le corps de la femme sous toutes les coutures, l’ont scruté imaginé projeté fantasmé voilé dévoilé caché révélé travaillé décoré et banni, c’est que tout tourne autour de ça de ça de ça: de ce vortex d’où sortent tant les garçons que les filles, cette ouverture…"
L’on découvrira pourquoi ce séjour à Florence ne pouvait que tourner à l’échec.
“ Infrarouge nous plonge dans le tourbillon des pensées d'une femme exceptionnellement forte mais peut-être aussi un peu folle. On le serait à moins…»(Nancy Huston)
On dévore ce beau roman, fort, cru, un peu dérangeant et troublant…
Encore une fois la famille et ses déchirements. Encore une fois : l’absence de la mère. Encore une fois : le féminisme, le rapport homme-femme, le désir … Et puis, tout au long du récit, une richesse culturelle dispensée au lecteur avec les trésors de la Toscane, Michel-Ange, Dante mais aussi Araki Nobuyoshi, Diane Arbus, Lee Miller et d’autres références…

Ouh, mais je n'avais pas encore vu ton impression d'après lecture Coline. Tout cela ne figure pas sur la 4ème de couv. Je vais m'accrocher.

Dolce Agonia, je n'avais pas aimé du tout, en revanche L'empreinte de l'ange.... top
J'ai aimé la Virevolte, Nord perdu etc. Je ne sais plus si j'ai lu Cantique des plaines

Babelle a écrit:

Ouh, mais je n'avais pas encore vu ton impression d'après lecture Coline. Tout cela ne figure pas sur la 4ème de couv. Je vais m'accrocher.

Ils ne nous disent pas tout sur la quatrièmede couv'...Heureusement...
J'ai fait aussi attention à ne pas tout dire...

monilet a écrit:

Je ne sais plus si j'ai lu Cantique des plaines

Tu t'en souviendrais...(j'en rajoute une petite couche mine de rien ) car c'est l'un des meilleurs!...

kenavo a écrit:

coline a écrit:

Je ne me souviens pas...Tu en avais parlé de Infrarouge?...

oui, je l'ai lu lors de mon congé, sur des fils 'nos lectures du mois'..

Tu devrais le recopier ici...Sur les lectures du mois, les commentaires se perdent...

PASSIONS D’ANNIE LECLERC

J’avais bien remarqué cet ouvrage paru en septembre 2007, comme je remarque tout ce qui est édité de Nancy Huston.
Comme d’Annie Leclerc, alors, je ne connaissais que vaguement le nom (lointains souvenirs), j’ai préféré, avant de le lire, découvrir au moins partiellement l’œuvre de cette écrivain-philosophe.
J’ai d’ailleurs apporté sur un fil des commentaires de ces lectures.
clic ici!
Il faut dire que son nom, c’est dommage, avait un peu sombré dans l’oubli progressivement après la parution de Parole de femme en 1974 (300 000 ex. vendus), qui fit mettre cette féministe « dissidente » au ban des féministes « égalitaristes » emmenées par Simone de Beauvoir.

« Vous qui n'entendrez jamais résonner le rire "réel" d'Annie Leclerc, vous pourrez lire, ici, son rire écrit. Il est réel aussi, c'est bien là le miracle. Nous laissons, par-delà la mort, des millions de signes de vie. (...) Grâce au fait qu'Annie et moi nous adonnions à l'écriture, nos signes de vie perdurent aussi sous la forme de mots écrits. Cela me permet d'explorer ce que je veux dire quand je dis "je connais Annie Leclerc" - et, partant, de mettre en œuvre, en quelque sorte, sa philosophie. Ce petit livre est donc un livre sur Annie, sur l'amitié et l'amour que nous nous sommes portés... mais c'est aussi, j'espère, un livre sur vous, vos amours et vos deuils à vous. Tous, nous sommes éternels. »

En une trentaine de chapitres, parfois courts et aux sujets très différents, Nancy Huston dresse le portrait de son amie décédée à l’automne 2006.
Elle nous donne aussi en partage les idées philosophiques méconnues, parfois raillées, ainsi que les passions de celle qu’elle appelle « la sorcière », Annie Leclerc, un cœur généreux, une femme courageuse et pleined'humour, un esprit éclairé.

« Trop forte Annie Leclerc. Trop savante. Trop indépendante. Dangereuse, de par sa force, son savoir, son indépendance. Que fait-on aux sorcières ? On les marque du sceau de l’opprobre. On fait tout pour casser leur puissance. On s’en moque on les bannit on les bafoue on les tourne en dérision. Voyez-moi ça ! Eloge du ménage ! Ridicule sorcière avec son balai ! Voyez-moi ça ! Eloge de la jouissance ! Horreur ! Sabbat ! Scandale !
Trop savante Annie Leclerc. Trop indépendante. Trop belle.
Pas maléfique.
Magnifique.
Salut à la sorcière ! »

Nancy Huston écrit « Annie Leclerc » quand elle parle de l'auteure et de sa philosophie, et elle écrit « Annie » quand elle parle de son amie.
C’est bien par une véritable une amitié joyeuse et complice que ces deux intellectuelles étaient liées.
Elles se sont rencontrées en 1999, et l’essai est nourri de tous leurs échanges, sur toutes sortes de sujets, des plus quotidiens aux plus philosophiques.
Les chapitres ont des titres qui reflètent la variété de ces échanges.
En voici quelques uns : cigarette, autobus, cavernes, Pénélope, nager, regard de l’enfant, lire , jouir, mourir, penser, mères, nourrir, violences, Beauvoir, Kundera,, ménage, écrire, rire, pleurer, aimer, vieillir, musiques…

« Oui, je le sens : de la mort d’Annie, c’est encore Annie qui saura, le mieux, me consoler. »

« Annie a beau être morte, notre amitié n’est nullement réduite en cendres et ce n’est pas du tout comme si elle n’avait jamais existé.
Pourquoi ? Parce que je l’ai connue. »

« Annie Leclerc ne m’a pas simplement marquée ou influencée, elle m’a faite ce que je suis. Sans sa pensée et sans son amitié, je n’aurais pas écrit mes livres ; ç’aurait été un autre je, et des livres différents. »

Je suis à nouveau assez accroché par Huston - et j'en suis content car en ce moment les lectures m'ennuient ; - avec Une adoration. La technique de la présentation quasi simultanée de divers points de vue (ici y compris ceux des objets, animés pour l'occasion), récurrente chez l'auteur, est reprise avec bonheur - je trouve. En tout cas cela relance l'intérêt à chaque fois. Diversité des perceptions du monde.

Je suis toujours emerveillee en lisant Nancy Huston, il y a une symbiose entre ses livres et moi .

A Bruxelles a j'ai achete "Infrarouge", mais ma fille me l'a emprunte juste apres mon retour...je compte le recuperer aussi vite que possible.

Ah, que de livres non accessibles pour le moment, mais je sais que je ne suis pas la seule - il y a plein d'habitants des pays europens evolues qui ne peuvent pas non plus se permettre de se procurer tous les livres qu'ils voudraient avoir et lire. Il y a heureusement, les bibliotheques de chez vous, assez bien fournies, j'espere.