Nancy Huston

Merci, merci...je n'ai pas fait de grec mais la piste va me rendre service; d'ailleurs "mes" coéquipiers de lecture du club auraient peut-être trouvé tout seuls.
Il me reste à élucider les problèmes de jumeaux...et de cette femme au coeur si sec.

C'est magique, ce forum!!!

Dom a écrit:

C'est magique, ce forum!!!

Dom a écrit:

Merci, merci...je n'ai pas fait de grec

Moi non plus !
Mais je me dis qu'on ne parle jamais mieux que de ce qu'on ne connaît pas : on n'a pas d'a priori

INSTRUMENT DES TÉNÈBRES
Puisque personne ici ne semble avoir lu ce roman de N.Huston, et que je viens d’en terminer la lecture avec mon groupe d’Espagnols francophones, je résume ici nos modestes ( !) conclusions.
Ça se lit assez facilement : l’alternance des chapitres (Le Berry sous Louis XIV, d’une part, et les Etats-Unis, XXºsiècle, d’autre part) rend le récit assez vif, les péripéties sont nombreuses -presque trop- et l’auteur n’hésite pas à manier l’humour de temps en temps, ce qui, étant donné le climat tragique et sombre de certaines pages, nous permet « une sortie d’apnée »
Mais…si mon choix était à refaire, je ne mettrais pas ce titre dans ma liste. Trop de thèmes abordés : la création littéraire, la condition féminine, l’avortement, les relations homme/femme, l’existence ou la non-existence de Dieu, les parents indignes, la solitude irrémédiable de l’être humain et sa recherche, toujours vaine, du jumeau….Enfin, trop, c’est trop : ça part dans tous les sens et à la fin, après la pirouette finale de l’auteur, on se sent frustré !
Ceci ne m’éloigne pas du tout de Nancy Huston : nous aurons Lignes de Faille en Mai , que j’ai beaucoup aimé et qui, j’espère, plaira à ces fins lecteurs de mon groupe.
Je crois me souvenir qu’Instrument fait partie des premières oeuvres de Huston. Elle a probablement, elle aussi, évolué et a su effectuer certains tris !

J'ai aussi lu Instrument des Ténèbres et la multitude des thèmes abordés, le densité du roman ne m'ont pas du tout rebuté. Au contraire, c'est à ce jour le roman de Huston que j'ai le plus apprécié. Et je n'ai pas encore lu Ligne de faille qui est parait-il excellent.

odrey a écrit:

je n'ai pas encore lu Ligne de faille qui est parait-il excellent.

Pour moi son meilleur...

J'ai préféré, et de loin, l'Empreinte de l'ange. :) Instruments des ténèbres est le premier que j'ai lu d'elle... et apprécié.

Oui, Ligne de faille est un roman très bien construit et où, justement, l'auteur a su rester "en dehors" (apparemment)de son écriture.
Ce que je reproche à Instrument, c'est la constante intromission de Nadia (Huston)dans la narration, avec toutes ses hésitations, ses doutes, ses contradictions.
Si Odrey pouvait éclairer ma lanterne et me dire pourquoi elle a tant aimé ce roman, je pourrai peut-être me rendre compte que je suis passée à côté de certains aspects importants! Parce que, Prix Goncourt des Lycéens, ça me laisse un peu rêveuse!

Dom, je l'ai lu il y a longtemps donc mes souvenirs sont un peu flous. J'avais beaucoup aimé l'écriture de Nancy Huston et la construction du roman. Les intromissions de Nadia ne m'ont pas gênés au contraire. Je ne peux pas être plus précise, il faudrait que je le relise.

Pour ce qui est du Goncourt des lycéens, tu me l'apprends. Mais je ne crois pas que tu sois passée à côté de ce livre. Ça ne t'as pas plu ce n'est pas très grave.

monilet a écrit:

J'ai préféré, et de loin, l'Empreinte de l'ange. :) Instruments des ténèbres est le premier que j'ai lu d'elle... et apprécié.

Je te rejoins Monilet.

Cette année, il faut que je découvre un peu ce qu'elle a écrit pour le théâtre...

Alors cette fois on est d'accord, Eve Lyne...

Une adoration



Nous suivons durant 13 jours, les dépositions de différents protagonistes.
Il y a des humains mais aussi des animaux (une biche ... ), des plantes (la glycine ...), des objets (le couteau ...), qui interviennent pour nous raconter une histoire. Celle de Cosmo : sa vie mais aussi sa mort.

Cosmo était un humoriste connu et l'on comprend rapidement qu'il a été assassiné. Il était adoré ou détesté.
Ce que nous ne savons pas, c'est le nom du coupable. Nous supposons qu'il fait partie des témoins.
Les personnages interviennent quand ils le souhaitent. Certains se coupent la parole, d'autres ajoutent telle ou telle précision ... ou parlent vite car ils n'ont pas que cela à faire !
Certains sont même hors sujet mais on sent qu'ils ont besoin de parler d'eux .
L'ordre n'est pas chronologique. Un événement en appelle un autre.
Peu à peu, se tissent les liens entre les faits.
Peu à peu, nous comprenons davantage la vie de Cosmo : sa famille, ses amis, ses amours ... Chaque personnage donne sa version. Nous n'avons pas toujours les mêmes points de vues.

J'ai trouvé très originale cette manière de raconter, sous forme d'audition, l'ensemble du roman.
J'ai été moi aussi en adoration devant tous ces personnages et leurs histoires.
La romancière demande au lecteur de devenir juge mais il ne s'agit pas de mener notre propre enquête.
Nous sommes témoins.
Nous sommes à l'écoute de nombreux sentiments qui s'affrontent ou se complètent : la haine, l'adoration, la détresse, la souffrance, le plaisir ...

Prodige

Un roman que l’on referme en se disant que l’on tient peut-être sa vérité, une de ses vérités, ou peut-être pas… peu importe…tant la fin nous surprend.
Il m’a beaucoup beaucoup plu.

Une petite fille naît très prématurément, Maya, pas plus grande que le combiné d’un téléphone, sept cent vingt grammes qui palpitent…
Et sa maman, Lara, une musicienne vient chaque jour tout près d’elle, à côté de la couveuse, lui parler pour qu’elle s’accroche à la vie.

"Vis, ma petite! Sois forte, vis!
Tu es presque invisible dans ta bulle de verre. Petite fée prise dans une énorme goutte de pluie. Je me penche sur toit, très près, pour te scruter...
Tu as la bouche entrouverte sur une sonde. Je n’ai pas encore le droit de te nourrir - mais je te nourrirai, tu verras, je te gaverai de nourritures, terrestres et célestes !
[…]
Accrochée à la vie par un fil incroyablement ténu, tu flottes dans les limbes entre ce monde-ci et l’autre - et je t’aime, ma grande prématurée ! Je t’aime et je te sauverai ! Tu verras. Je t’ai donné la vie, je ne permettrai pas qu’on te la reprenne.
Vis ! Toi qui n’as pas de nom. "

Lara raconte à sa « libellule » la vie qu'elle aura, la pianiste prodige qu'elle sera.

« Ce sera une « Fantaisie » de Bach mais ce sera comme si tu l’avais composée toi-même, comme si tu étais un oiseau et que cette « Fantaisie » était ton chant. […]Mon ange, tu domines - regarde, tu conquiers cet instrument qui m’a toujours dominée, c’est ton instrument, il se met à ton service. Oui ce monstre noir qui pèse une tonne sa cabre et se laisse flatter par toi comme un chat. »

C'est un court roman polyphonique : Lara, Maya, mais aussi Robert le papa, Sofia la grand-mère musicienne elle aussi, émigrée de Russie, des voisins, racontent, sous la forme de monologues qui se succèdent et s’entrelacent, cette merveilleuse histoire d’amours.
Pourtant il y a tant de tourments qu’il faut le rêve pour survivre…Jusqu’à la folie ?...

Humain, touchant, délicat, ce roman aurait dû être le synopsis d’un film d’Yves Angelo qui n’a pu se faire.
La musique y est omniprésente, le piano et Bach surtout…L’amour et l’art de la musique qui se transmettent de mère en fille sur trois générations. La musique en héritage heureux et douloureux.

Oui, il est vraiment beau ce livre