Nancy Huston

coline a écrit:

" Dieu m'a donné ce corps et cet esprit et jedois en prendre le meilleur soin possible pour en tirer le meilleur bénéfice. Je sais qu'Il a de grands desseins pour moi, sinon Il ne m'aurait pas fait naître dans l'Etat le plus riche du pays le plus riche du monde, doté du système d'armement le plus performant, capable d'anéantir l'espèce humaine en un clin d'oeil. Heureusement que Dieu et le Président Bush sont de bons amis. Je pense au Paradis comme à un grand Etat du Texas dans le ciel, avec Dieu qui se ballade surson ranch en Stetson et en bottes de cow-boy, vérifiant que tout est sous contrôle, canardant une planète de temps à autres pour s'amuser."

Cela ne dément pas mon impression sur l’auteure qui se laisse aller volontiers à la caricature un peu trop poussée. Il est vrai que le Texas n’est pas un état particulièrement « cultivé », pétrole oblige, mais il y a des limites tout de même…
Je garde néanmoins un bon souvenir de La Virevolte malgré son manque de nuances.

Argantel a écrit:

c'est vraiment bizarre de mettre des pensées de ce genre dans la tête d'un enfant de 6 ans. Ca ne m'a pas choqué mais je n'arrivais pas à me dire qu'un jeune enfant puisse être aussi perverti dès cet âge.

Sol ne m'a pas semblé "perverti" mais plutôt victime. La froideur qu'il affiche n'est-elle pas à la mesure de ce que les images de sa société lui font ingurgiter? De ce portrait d'enfant, dont il faut savourer peut-être les paroles au second degré tout en les ancrant dans le 21è s., je n'attendais pas moins. Le roman permet de faire voir certaines facettes de notre monde par ce biais. Il y a le Sol enfant, et le Sol démystificateur dont la narration, le système de ressenti, mettent en avant les ambigüités de notre époque.

Tombeau de Romain Gary

Citation :

4e de couverture
Romain Gary a traversé le siècle en nomade, en apatride, sans se soumettre aux écoles littéraires, sans rien céder aux modes, déjouant toutes les classifications, mettant orgueilleusement en actes sa liberté de romancier. Insaisissable et insaisi, fidèle et rebelle au dessein grandiose que sa mère avait formé pour lui, il s’acharna à consumer sa vie de fils, d’amant, de mari et de créateur jusqu’à renaître de ses cendres et enfin s’inventer autre. De l’entrée en scène de l’écrivain Romain Gary jusqu’à l’apothéose d’Emile Ajar, c’est tout à la fois l’artiste et l’homme multiple que Nancy Huston dévoile dans un face à face (avec l’auteur, avec ses œuvres) et un tutoiement d’une lucidité brûlante, presque douloureuse.

Ce portrait est un modèle du genre : entre "le mythe personnel" de l’auteur et ce que ses livres laissent entrevoir à son insu, l’aller et retour est constant. Il y a une immense capacité de dévoilement dans le livre de Nancy Huston, qui s’accompagne d’un magnifique bonheur de célébration : étonnant tête-à-tête entre deux écrivains.

Puisque Nancy Huston parle dans ce livre que de Romain Gary, j'ai donné mes impressions de lecture sur son fil - ICI

Sur vos (bons) conseils, j'ai lu Lignes de failles et j'ai beaucoup aimé en particulier la construction. Elle saisit bien égalementce qui fait chaque époque.

Madame B. a écrit:

Sur vos (bons) conseils, j'ai lu Lignes de failles et j'ai beaucoup aimé en particulier la construction. Elle saisit bien égalementce qui fait chaque époque.

Ah..je suis contente
Il y a toujours un risque (d'ailleurs on en parle plus haut) quand on conseille ce roman...Celui de ne pas accrocher au personnage de Sol volontiers excessif et froid.

Et je suis d'accord avec toi Madame B...superbe construction

C'est vrai que tout est fait pour qu'on le trouve détestable. C'est d'autant plus risqué que c'est le premier personnage du roman mais c'est très fort puisque sa grand-mère a beau donner des conférences sur le mal, on aboutit à un être dépourvu de sentiments façonné par notre société.

Madame B. a écrit:

C'est vrai que tout est fait pour qu'on le trouve détestable. C'est d'autant plus risqué que c'est le premier personnage du roman mais c'est très fort puisque sa grand-mère a beau donner des conférences sur le mal, on aboutit à un être dépourvu de sentiments façonné par notre société.

Exactement! tu as très bien résumé...
Merci de le noter pour les plus dubitatifs

L'empreinte de l'ange

J’ai découvert Nancy Huston avec Ligne de faille et j’étais restée un peu perplexe après ma lecture mais j’avais envie de continuer à découvrir cette auteure. J’ai donc poursuivi avec L'empreinte de l'ange.

Cette fois-ci, j’ai vraiment accroché dès le début. L’histoire-passion de Saffie pour Andras est superbe, intense, intemporelle. Elle mélange plénitude et souffrance et génère l’oubli total de ce qui n’est pas Eux. La transformation de la glaciale Saffie en femme passionnée est fulgurante, comme si son sang s’était remis à circuler après une longue période d’hibernation.

Le pauvre Raphael, symbole de la stabilité, ne fait pas le poids face à cette histoire mais grâce à ces hommes qui l’aiment, Saffie parvient à tenir à l’écart ses démons. Pourtant, l’amour ne la guérit en rien et ils continuent de la poursuivre malgré la fin de la guerre et les années passées.

L’auteure parvient avec talent à évoquer ces douleurs sans aucun jugement, ne s’intéressant qu’à la souffrance engendrée.

Mais, une sensation de malaise s’est peu à peu insinuée dans ma lecture. Le comportement de cette mère face à son enfant, le fait qu’il soit le témoin de son infidélité voire même qu’il l’aide à mentir, tout cela m’a beaucoup troublée.

Aussi, comme pour le livre précédent, je sors perplexe de ma lecture. J’ai adoré cette belle histoire d’amour sur fonds de passé trouble et de vécu douloureux mais, comme pour le précédent livre, j’ai bloqué sur l’image renvoyée par cette mère et son enfant, peut-être parce que cela bouscule ma vision de la maternité.

Comme je réside à l'étranger et que j'ai du temps libre, j'anime un club de lecture francophone. Vous me direz..et quel rapport avec N. Huston? J'y viens. Lignes de faille m'a beaucoup intéressée, mais le jugeant trop ardu pour les lecteurs, qui ne sont pas français, j'ai choisi Instrument des ténèbres, sur la recommandation d'un ami qui l'avait aimé. Il est donc au programme et nous commençons la semaine prochaine. Je l'ai lu,à présent, mais me pose énormément de questions....et on va m'en poser, certainement.
Comme vous êtes de fins lettrés...quelqu'un pourrait me dire, pour commencer, pourquoi "daimon"...est-ce un accent, une allusion que je n'aurais pas saisie?
Et je me demande si je n'aurais pas mieux fait de choisir Lignes de faille...
Sur Parfum, il y a peu de commentaires positifs sur Instrument, voire aucun....Oh! là là, dans quelle galère me suis-je mise!

Je n'ai pas lu Instruments de ténèbres...

J'ai lu trois de ses romans, mais je ne me souviens plus trop, sauf que j'avais appréciés : Instruments des tenèbres, l'Empreinte de l'ange et Prodige.
Je garde une image sombre de l'écriture. Je ressortirai mes notes pour vous en parler de manière plus approfondie.

Dom a écrit:

Comme vous êtes de fins lettrés...quelqu'un pourrait me dire, pour commencer, pourquoi "daimon"...est-ce un accent, une allusion que je n'aurais pas saisie?

Euh... je n'ai pas lu le livre, je risque donc d'être à côté de la plaque.
daimôn, est-ce une allusion à (copier/coller la totaliter de la ligne, le lien ne fonctionne pas directement, il doit inclure les parenthèses) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mon_(Socrate)

Dom a écrit:

Oh! là là, dans quelle galère me suis-je mise!

mais non, il ne fait pas désepérer..

je n'ai pas lu ce roman, bien qu'il se trouve dans ma PAL.. mais l'internet te donne beaucoup de possiblités de trouver des réponses
voici une que j'ai trouvé:

Citation :

Comme c’est un peu chiant de parler à son journal sur le mode « Cher Journal», elle a décidé de parler au démon qui sommeille en elle – « Cher Daimon »
source: ici

mais si tu fais une recherche avec
Instrument des ténèbres nancy huston pourquoi daimon
tu auras déjà pas mal de réponses qui vont probablement t'aider à donner des explications que ton groupe de lecteurs va te croire

et surtout - cela donne l'opportunité que vous trouvez votre point de vue sur ce roman ensemble..

Oui, il paraît que c'est une sorte de double à qui elle parle ; la caution socratique donne plus de classe au procédé...

eXPie a écrit:

Oui, il paraît que c'est une sorte de double à qui elle parle ; la caution socratique donne plus de classe au procédé...

du coup avec nos recherches on n'aura plus besoin de lire ce livre..