Jérôme Ferrari

Arabella a écrit:

Je vais essayer de mettre quelques impressions sur Le sermon sur la chute de Rome.

Je l'ai déjà dit ailleurs, ce roman fut une grande déception pour moi.

J'aurais du mal à résumer la trame, tellement cela m'a paru inconsistant et surtout déjà vu. Entre Marcel, le grand père, et Matthieu le petit fils, le récit ne brille pas par son originalité. Les souvenirs du fonctionnaire colonial par exemple, j'ai eu la sensation de les avoir lu des tas de fois. Et je trouve les personnages survolés, j'ai eu beaucoup de mal à comprendre leurs motivations, la façon dont ils fonctionnent, ils sont vus comme de l'extérieur, et comme on passe de l'un à l'autre, on reste à la surface tout le long du livre.

Mais certain ont mis en avant l'écriture, qui serait la plus grand qualité du livre. Et bien je n'y ai pas été sensible. Pour moi, une écriture forte l'est parce qu'elle est une évidence, une façon nécessaire de dire une chose essentielle, il y a osmose entre le contenu et la façon de l'exprimer. Alors que là je trouve que c'est très soigné, certes, l'auteur a du passer du temps pour faire ces phrases, mais c'est d'une certaine façon surécrit, comme il n'y a que peu de contenu il meuble en essayant de soigner ses phrases, qui sont léchées, mais les images et métaphores lorsqu'on les regarde de près sonnent terriblement vides.

Et je n'ai absolument pas été convaincue par l'utilisation (l'instrumentalisation) de Saint Augustin, le lien avec la trame de Jérôme Ferrari m'a paru artificiel et presque gratuit. Libero, un des personnages du livre, venu faire ses études de philosophie à Paris est déçu par son professeur d'éthique, un jeune normalien qui agrémente ses cours :

Citation :

d'un nombre considérable de références et de citations qui ne parvenaient pas à combler leur vide conceptuel ni à dissimuler leur absolu trivialité

Il laisse entendre que la philosophie ne sert à ce jeune professeur que comme un marchepied pour atteindre la célébrité médiatique, et se poser devant les journalistes et publique inculte, sans vraiment leur apporter une meilleure connaissance de quoi que ce soit.

Et bien ces réflexions sur ce professeurs, j'ai méchamment envie de les appliquer à Jérôme Ferrari lui-même.

Bien d'accord avec Arabella. Je ne sais pas si ça vaut le coup que je développe.

Cela fait plaisir de ne pas se sentir seule.

Juste quelques mots de plus pour expliquer à quel point je n'aime (vraiment) pas ce livre. Et je me contiens.

- Beaucoup de prétention dans un livre qui prétend marier réalisme et lyrisme. Ce qui nous vaut des passages d'une trivialité extrême (on ne compte plus les "enculés" sur certaines pages) suivis de moments où le style fait dans l'emphase ampoulée (pléonasme ?)
- Une intrigue principale très légère et anodine qui oblige Ferrari à en développer d'autres (le passé du grand-père, les errances de la soeur) complétement déconnectés. Ne parlons pas de Saint-Augustin qui apparait in fine comme par enchantement. Façon de parler.
- Pas d'unité et, plus grave, pas d'humanité et une sorte de mépris de l'auteur vis-à-vis de ses personnages. Misanthropie ?
- La tragédie finale tient du mauvais mélodrame.
- Belles phrases, accents philosophiques. Certains s'écoutent parler. Jérôme Ferrari se regarde écrire.
- Une vision de notre monde pour le moins cynique. Toute entreprise humaine est vouée à l'échec ? Ce livre aussi.

C'est trop méchant ? Oubliez, je ne suis qu'un modeste lecteur et Jérôme Ferrari un auteur.

traversay a écrit:

C'est trop méchant ? Oubliez, je ne suis qu'un modeste lecteur et Jérôme Ferrari un auteur.

ah oui, beaucoup trop méchant mais pas grave, je vais survivre aussi à ça

Oui, kena, ce n'est pas grave tout ça. Je ne suis qu'une Twingo face à une Ferrari.

traversay a écrit:

Oui, kena, ce n'est pas grave tout ça. Je ne suis qu'une Twingo face à une Ferrari.

Pas souvent qu'on te voit fâché contre un livre comme ça, Traversay.

Je peux comprendre que l'on aime pas ce bouquin. Pour moi ce n'est pas vraiment pas le meilleur et comme on vous le dit et répète avec Kénavo... n'hesitez pas à en lire d'autres...

Je pense qu'on sera deux très difficiles à convaincre pour retenter l'expérience.

Arabella a écrit:

Je pense qu'on sera deux très difficiles à convaincre pour retenter l'expérience.

mais mon post n'était pas destinée à toi ! pas de soucis : tu n'aimes pas et on l'a bien compris...

Très belle et riche analyse (en 2 temps) d'Emmanuelle Caminade sur son blog qui m'a donné envie de le lire... Bientôt.

Je vais opter pour la version audio qui vient de sortir... Il m'accompagnera en voiture après les fêtes.

tu nous diras ce que ça donne. Je sais que j'ai du mal à rester concentré avec les livres audio.

chrisdusud a écrit:

tu nous diras ce que ça donne. Je sais que j'ai du mal à rester concentré avec les livres audio.

En voiture c'est plus facile parce que le mouvement et la disponibilité d'esprit permettent de se concentrer. Je n'y arrive pas chez moi par contre.

Marko a écrit:

chrisdusud a écrit:

tu nous diras ce que ça donne. Je sais que j'ai du mal à rester concentré avec les livres audio.

En voiture c'est plus facile parce que le mouvement et la disponibilité d'esprit permettent de se concentrer. Je n'y arrive pas chez moi par contre.

Justement, j'ai essayé avec les lectures orales le samedi en fin d'après midi sur France inter et je n'y arrive pas.. la faute aux virages?!