Le livre en crise?

Marie a écrit:

Je suis toujours ébahie, quand je suis invitée chez des gens ( très aisés...) de voir que souvent, il n'y a pas un livre! D'ailleurs, c'est la première chose que je regarde!
Est ce que les enseignants lisent un peu plus ?

Si tu viens chez nous Marie , tu me catalogueras dans les" non-amis des livres "car ma bibliothèque n'est pas visible d'entrée!
Je me souviens d'une certaine conversation à ce sujet et dans- un -autre- endroit , où justement quelques-uns disaient ne pas vouloir montrer leurs livres . Moi ,ce n'est pas volontaire , simplement ça ne "collerait" pas dans le living , voilà tout ! :)

Pour ce qui est des enseignants ,c'est même certain : ils lisent beaucoup plus !

Il y a de multiples causes à cette pénurie de lecteurs, le prix du livre n’est que l’une d’entre elles…mais avec un prix bas, cela peut permettre, par les voies du hasard et de l’ennui, de susciter de nouvelles vocations…qui eux même essaimeront de nouveau…cette porte ouverte à l’imaginaire, qui heureusement n’est pas la seule…

aérial a écrit:

[Pour ce qui est des enseignants ,c'est même certain : ils lisent beaucoup plus !

Je n'en mettrai pas ma main au feu!...

De même qu'ils ne sont pas plus présents que les autres au cinéma ou au théâtre...
Depuis que je ne fais plus partie "de leur monde" (j'ai été enseignante), c'est un état de fait qui me choque...Car ils sont tout de même censés être des vecteurs de culture...
Mais on ne peut pas, bien sûr, faire une généralité...Les exceptions sont toujours là pour confirmer les règles...

Ne soyez pas pessimistes : la lecture a un bel avenir. C'est le vecteur essentiel de la connaissance du monde, de toute culture, de l'échange. Celui qui en est privé est malheureux. Dans toute société où la lecture et l'écrit sont à la base des 1ers apprentissages, la lecture, le livre, ne sont pas en perte de vitesse, ou ne le sont qu'un moment pour mieux ressurgir.
-L'image, la presse, les différentes formes de communication amènent à davantage de curiosité. Une curiosité qui trouvera tjs à se relier à la lecture.
-Je ne savais pas que tu avais enseigné Coline. Quelle matière? (suis curieuse!).
P-S : Queenie, ton message de 12h11 est passé.
- Et n'ayons pas non plus de ces comportements un peu "aristocratiques" concernant nos lectures, quantité-qualité. Ciné, théâtre, il est vrai que la culture est rentrée à la maison, le prix des écrans plasma a diminué, on enregistre, on se fait sa propre vidéothèque, on écoute et on visualise en différé sur le net pour 29 € par mois, etc... je crois surtout que la culture entre plus facilement chez nous aussi.

Si tu viens chez nous Marie , tu me catalogueras dans les" non-amis des livres "car ma bibliothèque n'est pas visible d'entrée!

Oh, Aerial, ce n'est pas un problème de bibliothèque , c'est juste voir trainer au moins d'autres revues, par exemple, que le programme télé et des conseils d'investissements....

Babelle a écrit:

-Je ne savais pas que tu avais enseigné Coline. Quelle matière? (suis curieuse!).

Je te trouve admirablement optimiste Babelle... :)
(J'ai enseigné le Français.)

Je crois qu'on colporte beaucoup de fausses idées et de rumeurs sur la lecture.
D'abord on idéalise un "antan" où tout le monde ou presque lisait. J'ai le souvenir de chiffres dans années 60 qui prétendaient (déjà) que la lecture était en perdition vu que 50 % des Français ne lisaient jamais. Il semblerait qu'"aujourd'hui ce chiffre ne soit plus que de 40%.
"Les jeunes ne lisent plus". Lisaient-ils tant que cela autrefois? Certains oui, sans doute, mais pas plus qu'aujourd'hui et sans doute moins pour la plupart. Je n'en voudrai pour preuve que le succès des éditions jeunesse qui n'ont jamais été aussi nombreuses et aussi florissantes (Quand il n'existait autrefois que les collections Verte, Rose et Rouge et Or) au point parfois de "tirer" la production des maisons d'édition. Les salons du livre jeunesse sont là pour témoigner du goût des jeunes pour la lecture.
J'ai dû lire des milliers de livres dans ma vie, mon frère (qui a 64 ans) a dû en lire 3 ou 4. Et encore! c'est parce que c'était moi qui les avais écrits.
Je n'étais pas d'un milieu où l'on lisait. Dans mon enfance je devais être un des rares enfants à lire. Je crois qu'il faut pas mal relativiser la vision que l'on se fait des jeunes et de la lecture.
Quant aux adultes ils ne lisent ni plus (c'est dommage) ni moins (encore heureux) qu'autrefois d'après toutes les enqêtes du CNL ou de Livres Hebdo. Par contre, l'inflation des titres ( 55 000 par an dont 14 000 romans environ et il paraît que c'est peu comparé à la Grande Bretagne ou à l'Allemagne, par exemple) émiette le lectorat. D'où des chiffres de vente assez réduits pour les ouvrages (en dehors des best sellers).
Enfin, est-ce que le fait d'afficher des livres dans son salon est une preuve de lecture? En ce qui me concerne j'ai à coeur de ne pas étaler de signes extérieurs de culture et d'ailleurs je donne énormément de livres sachant que je ne les relirai pas. Je connais par contre des gens, si si, ça existe, qui achète toutes les dernières parutions et... ne les lisent jamais. Sans parler, si si, ça existe aussi, ceux qui achètent chez les antiquaires les livres au mètre parce que leurs reliures surannées sont du dernier chic avec la toile de Jouy du canapé Louis XV.
Quand j'étais prof, de nombreux parents se plaignaient auprès de moi que leurs enfants ne lisaient pas. J'avoue ne pas avoir eu toujours le courage ou le cynisme de leur demander:" Et vous, vous lisez?" car bien souvent je savais la réponse.

coline a écrit:

Confrontés aux nouvelles technologies, le livre serait en crise, l'écrit en déclin, les lecteurs de moins en moins nombreux...
Un scénario pessimiste qui ne semble pourtant pas justifié.

Un malade imaginaire (article très intéressant de Télérama ):

http://www.telerama.fr/livres/M0703191503393.html

Je remets ce lien qui relativise la situation...

Les gens lisent aujourd'hui...Oui...je veux bien...Mais ils lisent quoi?...
Je n'ai pas envie de faire ma "rabat-joie"et pourtant... j'ai fait un tour tout à l'heure dans "un espace " dont on nous vante le mérite culturel à la télé en ce moment...j'ai regardé sur les tables de présentation...je

Production abondante aujourd'hui?...
Oui...Mais quand il y avait moins de m..des, on avait moins de chance de se vautrer dedans...

Certes, il semblerait qu’en France le nombre de lecteurs n’est pas diminué en 30 ou 40 ans mais ce chiffre englobe mutations économiques, sociologiques et pratiques culturelles…sans compter le type de livres lus…

Je crois que la lecture est, plus qu’auparavant, un choix ; ce qui est heureux…mais ce choix est de plus en plus parasité par de fort nombreux paramètres qui n’ont rien d’artistiques ; c’est cela qui est dommage…

Comme dans bien d’autres domaines (l’industrie alimentaire mondiale par exemple produit de quoi nourrir 12 milliards d’individus à 2000 calories/jour alors que nos sociétés sont loin d’être capables d’en nourrir 6), cela illustre que nous sommes non dans des sociétés de consommation mais dans des sociétés de consommation « désorganisée »…

Le but n’est plus, dans la lecture comme dans d’autres domaines, quantitatif mais qualitatif… et ce qualitatif ne doit pas être une notion abstraite et uniforme …

Il y a une certaine présomption culturelle à penser que les livres d'autrefois étaient meilleurs que ceux d'aujourd'hui et que les gens aujourd'hui lisent n'importe quoi, tandis que moi, n'est-ce pas... Sans doute y a-t-il une inflation de bouquins sans intérêt, mais qui suit l'inflation générale. On oublie que les livres qui avaient du succès autrefois ne sont pas ceux qui sont restés ou, à plus forte raison, ceux que l'on considère aujourd'hui comme classiques. Les feuilletonnistes du 19° siècle, la bibliothèque bleue, les romans à l'eau de rose, les mauvais polars etc. avaient bien plus de succès. Et puis ce n'est pas le 21° siècle finissant qui a inventé le nègre en littérature. Alexandre Dumas déjà...

crivain@9online.fr a écrit:

Il y a une certaine présomption culturelle à penser que les livres d'autrefois étaient meilleurs que ceux d'aujourd'hui et que les gens aujourd'hui lisent n'importe quoi, tandis que moi, n'est-ce pas...

Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire non plus...
Je suis surtout effarée par le nombre de livres qui n'ont que très peu ou rien à voir avec la littérature...Quand j'écrivais ça tout à l'heure, je repensais, par exemple, à une table immense consacrée aux politiques...pour ne citer que cet exemple-là...

Tu veux dire que le livre (ce livre-là) n'est qu'un produit finalement.

Il est clair que la littérature n’est pas globalement moins bonne qu’auparavant mais qu’elle devrait être meilleure qu’elle n’est…la surconsommation, où la « mauvaise » consommation, a l’avantage d’offrir plus de choix mais tout a une limite, les arbres ne sont pas illimités et trop de choix tue parfois le choix…

Nous sommes censés apprendre en tant que société humaine à nous améliorer et non nous contenter de ne pas faire pire que nos prédécesseurs…

Babelle a écrit:

Tu veux dire que le livre (ce livre-là) n'est qu'un produit finalement.

J'aimerais qu'on puisse trouver un autre nom à ce "produit" en effet...

Au risque d'avoir l'air de radoter, voici ce que j'écrivais sur un autre fil:

"Moi, ce qui me gêne avec tous ces livres-objets de commerce et non plus de culture- c'est la place qu'ils occupent sur les rayons des librairies, occultant qu'il existe, à côté d'eux, une autre...je n'ose pas dire une "vraie" littérature...de qualité celle-ci...qui termine au pilon après quelques semaines d'existence faute de matraquage médiatique ou publicitaire...ce qui revient au même d'ailleurs..."

"La Littérature est juste enfouie sous les piles d'ouvrages médiocres dont les médias et la publicité font croire aux lecteurs que rien d'autre n'existe".

"Ce qui est grave, c'est que le commerce accentue le fossé entre les lecteurs. Parce qu'il faut souvent se donner du temps et du mal pour dénicher ce qui s'écrit de meilleur. Et seuls ceux qui sont passionnés de lecture le font.
Les autres vont directement à ce qui est visible (monstrueusement visible) et accessible sur les rayons des supermarchés, pensant que s'il y a des piles gigantesques c'est que c'est forcément bien!"

Mais je sors peut-être un peu du sujet...