Aki Kaurismaki

quelques images :

- - -

- - -

- - -

- - -

L'homme sans passé

Quoi ??? encore le même film ???? oui oui, un peu. Un brave type énigmatique comme en virer pour quelque part entre nulle part et une vie nouvelle se fait taper la sur la tête en descendant du train. laisser pour mort et échapper de l'hôpital le voilà dehors sans mémoire et du côté du port chez d'opiniâtres laissés pour compte. Une variante sur le nouveau départ. Le décor est celui d'une société sans pitié et un peu désuète (jusque dans ses intérêts peut-être, en regard de ce que propose le film)mais l'humanité est plus belle que jamais et le film aussi peu désespérant que le décor déglingué arrive à être ensoleillé et sublime... ou sublimé.

Et love story avec une vieille fille de l'armée du salut sur fond de musique rock'n'roll qui contamine...

Un très joli film encore une fois avec des répliques très solennelles et une douceur infinie. et encore de beaux paysages portuaires (ce bonhomme rendrait romantique une ZI) et quelques petites choses plus surprenantes sur le début, les moments pleins de soleil évoqués plus haut notamment.

Le plus marquant c'est sans doute la grande douceur du film, un peu naïve presque déplacée dans un monde réel. En tout cas elle est encore plus grande que dans d'autres de ses films. Plus de tranquillité dans l'amnésie du personnage ?

Kati Outinen assure toujours et Matti Pellonpää n'est pas complètement oublié.

clic

Le genre de films qui vous réconcilie avec l'existence le jour de pire déprime.

mouais mouais, en même temps on sent bien que ce n'est horriblement pas comme ça en temps ou monde normal, c'est assez net.

l'image est très coupable du bien être ressenti, c'est du gâteau à mettre dans les yeux...

animal a écrit:

mouais mouais, en même temps on sent bien que ce n'est horriblement pas comme ça en temps ou monde normal, c'est assez net.

l'image est très coupable du bien être ressenti, c'est du gâteau à mettre dans les yeux...

Oui, j'avais trouvé que, jusque là, c'était son film le plus "commercial". J'avais bien aimé, mais j'ai eu l'impression qu'il ressassait un petit peu, mais en plus gentil.

par certains côté c'est bien possible. Le film est d'une certaine manière complètement téléphoné, tous les ingrédients sont là... d'un autre côté c'est peut-être son plus violent avec des violences plus directement coupées de la dérision et... tout bien pesé cette gentillesse démesurée est tellement aberrante ? la densité de gens gentils est monstrueuse et le nombre de conflits désamorcés hallucinantes : agent de sécurité, nouveau bonhomme de l'ex femme... c'est d'ailleurs excellent cette explication sur le perron ! Il y en a tellement que ça ne devrait pas tenir dans un seul film, ça devrait s'écrouler ou provoquer la hargne et l'écœurement mais non. Par là dessus je trouve qu'il intègre beaucoup ses "laissés pour compte" et sans les dénaturalisés, pas anodin et pas très ressemblant avec d'autres façons de le faire.

certains aspects du film sont assez tordus je trouve surtout ramenés à son évidence de bon film et du plaisir instantané du visionnage.

et en attendant Le Havre : mise en bouche.

Au loin s’en vont les nuages est un titre qui résume malheureusement trop bien le contenu de son film. Puisqu’on sait, dès le départ, que les nuages qui s’accumulent sur l’existence de Lauri et d’Ilona sont voués à disparaître, on ne s’inquiète pas autant pour leur sort qu’on ne l’aurait fait si le titre ne nous avait rien dévoilé. Car sans lui, rien, dans la mise en scène de Kaurismaki, ne pouvait laisser présager une quelconque amélioration de la situation de Lauri et d’Ilona lorsque tous deux se retrouvent chômeurs et endettés jusqu’au cou. Jusqu’aux dernières minutes, on doute même que le titre ait une quelconque visée prophétique. Mais trop tard, il aurait mieux fallu ne donner aucun indice au spectateur.

La mise en scène, austère et minimaliste, nous plonge tout de suite dans le quotidien sans fioriture de ce couple finlandais. Lauri et Ilona, qui évoluent dans ce décor en carton-pâte bon marché, semblent complètement dépassés par leur nouvelle situation de chômeurs. Il leur aura fallu perdre leur travail pour prendre conscience des difficultés sociales du monde dans lequel ils vivent, chose qu’ils semblaient avoir ignorée ou tentée d’oublier jusqu’alors. Les échecs sont acceptés sans broncher, même si les sourires sont rares et les visages éteints : la vie peinte à travers le regard de Kaurismaki ressemble à une longue cérémonie funèbre. Et du coup, il faut s’accrocher pour supporter cette longue traversée de vide constituée de peu de réjouissances. Même les moments où l’espoir ressurgit sont décrits avec une extrême sobriété. Les nuages s’éloignent, peut-être, mais l’hypothèse de leur retour ne semble jamais exclue.
La mise en scène de ce film m’aura parfois rappelé les films de Roy Andersson : si, dans ces deux films, on retrouve les mêmes personnages malmenés par l’existence, bringuebalés d’un paysage désert à une pièce vide, les films de Roy Andersson ont au moins le mérite d’insuffler une touche d’humour à son pessimisme dévorant. Ce qui n’est pas le cas de ce film de Kaurismaki…

Comment ça, tu n'as pas senti l'humour de Kaurismaki ?

Va falloir revoir vite le film alors.

colimasson a écrit:

La mise en scène de ce film m’aura parfois rappelé les films de Roy Andersson : si, dans ces deux films, on retrouve les mêmes personnages malmenés par l’existence, bringuebalés d’un paysage désert à une pièce vide, les films de Roy Andersson ont au moins le mérite d’insuffler une touche d’humour à son pessimisme dévorant. Ce qui n’est pas le cas de ce film de Kaurismaki…

Tiens, c'est curieux, Roy Andersson m'ennuie, je vois l'humour, mais de manière purement intellectuelle, alors que je ne m'ennuie pas du tout chez Kaurismaki. Même dans ses longues plages de silence, ou plutôt de non-parole, parce qu'il y a généralement un petit tango finlandais de derrière les fagots, il se passe des choses, les personnages sont vivants.
Et de l'humour, il y en a, en tout cas j'en vois dans l'excès.
Exemple :

La pièce, là, au début, elle est tellllement sinistre (le violon qui en rajoute une tonne !) que, qu'est-ce que tu veux, je ris. Ben oui.
Le téléphone posé au milieu du bureau entièrement vide. Tu te demandes presque ce qu'il fait là. Les paroles du tango finlandais doivent être horriblement tristes, aussi. Chacun se fige, yeux fixes, pense à lui-même. Les vieux dansent, l'accordéoniste semble vivre sa musique. C'est un peu minable, mais en même temps c'est touchant. C'est un rire chaud, un rire compatisseur, pas moqueur.

Après, je retombe sur un extrait, sur yoube :


Quand je lis (à 0'15) le dialogue "It's the Helsinki Workers's wrestlers, reservation for tonight for thirty", j'éclate de rire, tellement c'est burlesque, mon esprit tente d'imaginer, et c'est trop gros.

J'aime beaucoup.

Bon, c'est vrai, je vous l'accorde, il y a de l'humour dans ce film... Mais je n'y ai pas été sensible du tout ! Comme toi, eXPie, qui n'aime pas l'humour d'Andersson...
C'est peut-être l'air grandiloquent des personnages qui m'énerve. Ils ont toujours l'air graves et profonds et leurs réactions m'énervent tellement que je n'ai même plus envie de rire avec/contre eux.

Bon, cependant, j'avais bien aimé la scène du tango, j'avoue... (tango finlandais ? qui l'eût cru ?)

je ne l'avais pas encore regardé.

pas grandiloquent, solennel. Et c'est ça le charme de ces films, le premier degré et l'importance totale donnée aux émotions simples. et généralement en lutte contre un monde injuste. Et l'image toujours sublime. Et les acteurs...

cela dit, c'est peut-être le plus triste dans le ton d'ensemble, il est un peu contraint aussi... c'est peut-être du au décès de Matti Pellonpää qui devait jouer dans le film et qui est encore une des pierres de l'édifice.

Moi je trouve ça toujours tellement émouvant et tellement beau.

(essaye Calamari Union si tu trouves, ça te fera peut-être approcher ce très réconfortant réalisateur autrement).

Le Havre

j'ai vu le dernier film de Kaurismaki en avant-première dans un festival.
Je suis tombé sous le charme tout bleuté, décalé et désuet de ce film.
Les rues, les magasins, le bistrot, les maisons, les objets, les vêtements…tout semble sorti des années 60 et pourtant on est bien aujourd’hui !
Au Havre !...Où un cireur de chaussures, Marcel Marx (André Wilms), ancien écrivain au langage recherché et à la diction précieuse, recueille et protège un enfant africain échappé d’un container à l’arrivée de la police.



La femme de Marx s'appelle Arletty (Kati Outinen) et doit être hospitalisée.



Dans la rue, pauvre, les personnages sont solidaires de Marx…sauf un, Jean Pierre Léaud (il ressemble de plus en plus à Antonin Artaud !)
C’est fantaisiste, poétique, tendre et drôle
J’applaudis !


Jean Pierre Darroussin campe un policier très inquiétant...

Cela donne envie, coline. Mais je ne suis jamais déçu avec Kaurismäki.

Je laisse toujours une deuxième chance aux réalisateurs qui ne m'ont pas emballée au premier film...
J'essayerai de voir Calamari Union (de toute façon, je l'avais déjà noté dans ma LAV)