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Auteur | Message |
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Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Documentaires Jeu 19 Fév 2009 - 7:15 | |
| "Légendes urbaines : rumeurs d'aujourd'hui" de Véronique Campion-Vincent, Jean-Bruno Renard. La modernité nous échappant nous croyons aux histoires qu' "on" raconte, surtout si elles viennent de loin (d'un "si loin" que la distanciation semble ne pas opérer, et en les racontant ou même en les entendant on les reconstruit selon l'air du temps (la peur, l'angoisse de la lettre dite "chaîne" que l'on vient de tirer de notre boîte aux lettres, superstitions...). L'intérêt de ma lecture est venu du fait que certaines de ces rumeurs sont presque rationnelles ou tout au moins vraisemblables (le chat dans le four à micro-ondes? Du LSD sous les décalcomanies? Pourquoi pas : le monde est tellement fou), mais il faut aller au bout de chaque démonstration expliquant comment nait la légende, et ce qu'elle engendre de peur dans notre inconscient. On est alors amenée à démonter la mécanique de notre propre réceptivité face à l' "info". ça commence comme ça : - Citation :
- "Qui n'a jamais entendu parler d'alligators dans les égoûts de New York, de lentilles de contact fondues, de reins volés, de femmes cuites aux UVA, de lâchers de vipères au-dessus des campagnes françaises ? Une pause café avec des collègues de travail, un repas en famille, un dîner au restaurant avec des amis : autant de récits "de source sûre" et de circonstances où échanger des expériences, raconter ce qui nous est arrivé récemment, à nous ou à la sœur d'un cousin d'un ami..."
Autres titres en poche de Véronique Campion-Vincent : De source sûre. La Société parano.
Sur la rumeur beaucoup d'essais, peut-être d'accès plus difficile : Emmanuel TAÏEB : La « rumeur » des journalistes. Jean-Bruno RENARD : Les rumeurs négatrices. Pamela DONOVAN : Vaines paroles ? Un siècle de recherches sur les rumeurs.. Gérald BRONNER : Une théorie de la naissance des rumeurs. Gérald Bronner : L’Empire des croyances
...
Dernière édition par Babelle le Ven 27 Fév 2009 - 20:15, édité 2 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Documentaires Jeu 19 Fév 2009 - 11:40 | |
| Ca a l'air intéressant ce décryptage. Je note... |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Documentaires Jeu 19 Fév 2009 - 17:13 | |
| certains faits réels ne deviennent-ils pas "rumeur" du fait de leur mutation au fur et à mesure de la redite de X à Y de Y à Z ??? le proverbe "il n'y a pas de fumée sans feu" peut s'appliquer à la rumeur. ceci dit il y a bien des animaux exotiques dans les égouts de Paris, j'ai vu un documentaire sur les égouttiers. | |
| | | Mordicus Troll de Pastèque
Messages : 3262 Inscription le : 21/01/2008 Localisation : Blottie
| Sujet: Re: Documentaires Jeu 19 Fév 2009 - 21:41 | |
| Mais, mais... Et les rats servis dans les restos chinois ?!
(Moi qui voulait aussi me faire mon chat dans le micro ondes...)
Mais les trucs bizarres dans les LuckyCharms, svrai !
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| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Ven 27 Fév 2009 - 20:57 | |
| (Documentaires, suite...) Les légendes urbaines ayant épuisé pour un temps le débat (quoique de mystérieuses recettes de cuisine minimalistes à nous renvoyer sous peine de rompre la chaîne attérissent encore dans nos boîtes mail ) il est temps de passer à... Que reste-t-il de Françoise Dolto (1908-2008) L’année 2008 fit-elle date, consacrée aussi à l’anniversaire de Dolto? - La revue L’Ecole des parents d’octobre-novembre dernier lui consacrait un dossier (n° 574 encore disponible), sous le titre "Françoise Dolto : la cause des enfants"Vingt ans après sa disparition - Citation :
- "il est temps de redécouvrir la pédo-psychanalyste, trop connue et méconnue, psychanalyste subversive et non conformiste qui s’est résolument placée du côté de la liberté du sujet et a défendu sans relâche la cause des enfants">L'Ecole des parents
Après la bleuette-pseudo biographique de Daniella Lumbroso qui aura vraiment tout essayé (" Françoise Dolto, la vie d'une femme libre") et les exercices anti-alzheimer des petits faits revécus de Madeleine Chapsal (" Ce que m'a appris Françoise Dolto"), je retiendrais l’édition chez Frémeaux & Associés de 2 coffrets CD restituant les chroniques radio, ainsi que quelques livres sortis l’an dernier : - De Didier Pleux : " Génération Dolto" -Un essai qui reprend : - Citation :
- les principaux concepts doltoiens et montre que, dans le domaine de l'éducation, l'héritage de la psychanalyste, sans être renié, doit être dépassé. Il plaide pour un retour à la réalité et un apprentissage de la frustration.
- "Archives de l'intime" -textes de Catherine Dolto, Jean-Pierre Winter, Muriel Djéribi-Valentin. Sortie du 4 décembre 2008. - Citation :
- Dialogue de l'intime et de l'universel, les archives de la psychanalyste contiennent des journaux, des correspondances, des dessins de jeunesse, des manuscrits scientifiques, des agendas, des albums de photographies, des objets familiers, etc. Cette sélection est accompagnée d'un entretien inédit dans lequel F. Dolto commente son itinéraire personnel.
- "Dolto, si tu reviens, j'annule tout !" du caustique Patrick Ben Soussan - Enfin, pour ceux qui n’auraient pas encore compris que la grande psychanalyste n’a jamais prôné le tout libertaire en éducation du petit enfant, je ressortirais mon Edwige Antier : " Dolto en héritage : tout comprendre, pas tout permettre", paru le 19 mars 2007 | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Ven 27 Fév 2009 - 21:02 | |
| La question d'un débat en ce XXIème siècle pourrait être : Dolto : comment l'avons-nous comprise?
P-S : j'en profite pour passer une petite annonce. Si quelqu'un a enregistré le beau documentaire passé en 2 ou 3 volets et qui lui était consacré (France 5 ou Arte) fin 2008, peut-il le cercler? Je pense en particulier à une conférence ou des conférences grand public qui furent filmées. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Documentaires Sam 28 Fév 2009 - 1:13 | |
| - Citation :
- Si quelqu'un a enregistré le beau documentaire passé en 2 ou 3 volets et qui lui était consacré (France 5 ou Arte) fin 2008, peut-il le cercler? Je pense en particulier à une conférence ou des conférences grand public qui furent filmées.
C'est de celadont tu parles, Babelle? | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Sam 28 Fév 2009 - 21:24 | |
| Je ne suis pas certaine. Elle fit des enregistrements en France et à Montréal. Je pensais à une "conférence" filmée assez hilarante où elle répondait aux questions de parents dans la salle... elle avait beaucoup d'humour. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Documentaires Sam 28 Fév 2009 - 22:40 | |
| C'était sur France 5 : http://www.france5.fr/et-vous/France_5_et_vous/Demandez_le_programme/LE_MAG/LE_MAG_N_46/articles/p-934-Francoise_Dolto_parle_de….htm Il s'agissait en fait d'un thème abordé à chaque fois, avec intervention de psychanalystes héritiers de Dolto et extraits des conférences données par Françoise Dolto à Montréal. Il n'y a pas eu de conférence "en continu", si c'est ce que tu recherches. J'ai regardé ça bien que n'étant pas férue de psychanalyse. (mais, je l'espère, curieuse de nature. ) J'ai trouvé Dolto abordable à travers les exemples concrets qu'elle abordait dans ses explications, tandis que le discours des autres psychanalystes m'a parfois semblé abscons. C'était intéressant pour quelqu'un comme moi qui ne connaît goutte à la psychanalyse ; le personnage de Dolto est charismatique et sympathique, même si je l'ai trouvé parfois bien bizarre ! Sa façon de pousser "trop loin" certains raisonnements m'a amenée à de vrais désaccords. Notamment lorsqu'elle présente des "cas" extraordinaires, vraiment caricaturaux et difficiles à croire ; à mon avis cela dessert son propos. Enfin c'est un autre débat.[url][url]
Dernière édition par Armor-Argoat le Sam 28 Fév 2009 - 22:50, édité 1 fois |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Sam 28 Fév 2009 - 22:50 | |
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Documentaires Dim 1 Mar 2009 - 17:46 | |
| Une histoire de la violence : Robert Muchembled. - Ed. du Seuil, 2009 Dans une interview qu' il a accordé à Télérama du 28 février, l' historien Robert Muchembled déclare que la violence physique ne cese de diminuer depuis le Moyen Age, alors que le sentiment d' insécurité demeure. La baisse constante de la violence, à l' exclusion des guerres, est une donnée objective. Meme aux Etats-Unis, elle est en régréssion constante. Les archives en témoignent... Il a fallu attendre, en France, le 16e siècle pour que le droit définisse enfin l' homicide, et que l' on se mette à condamner systématiquement assassins et meurtriers. Au 18e siècle, un processus de pacification a touché toutes les classes. La criminalité a chuté. Le plus amusant, c'est que dès que la violence disparait de l' espace public ... une vaste littérature populaire, ancetre de nos tabloids modernes se charge au tournant du 20e sicècle, d'un role presque cathartique. Le roman policier est en train de naitre. Pire, on invente avec frénésie un danger imaginaire, les fameux "apaches" assoifés de sang. Une chose est sure, tout ce que l'on range actuellement derrière les mots épouvantails "insécurité", "quartiers", "banlieue", est sans commune mesure avec ce qui se passait il y a ne serait ce qu'un siècle. Les risques actuels sont inégaux selon les régions du globe, les ilots de sécurité restant les pays les plus riches et les plus industrialisés.. Reste pourtant pour nos sociétés un problème majeur à régler. Notre civilisation globalement apaisée arrivera t-t-elle à sublimer les pulsions brutales de sa jeunesse. Il faudrait éviter que ces débordements n' envahissent les marges déshéritées des grandes métropoles perpétuellement au bord de l' explosion. Ce sera le grand défi du 21e siècle. Meme si le résumé que j'ai fait est schématique, j' ai tiré deux conclusions de cette interview. L' une, c'est que la violence est statistiquement moindre à l'époque actuelle que dans le passé et ce, pour des raisons diverses. Et cette conclusion d'un historien remet un peu les choses en place par rapport aux idéologies sécuritaires qui ont cours dans les milieux politiques, relayées par les medias. La deuxième conclusion, c'est qu' à mon avis, l' historien ne tient pas suffisamment compte de l' évolution galopante des sociétés occidentales vers un appauvrissement croissant des plus pauvres et des classes moyennes. Et donc, d'un accroissement possible de la violence sociale qui concernerait certainement plus que les banlieues déshéritées des grandes villes. | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Dim 1 Mar 2009 - 20:49 | |
| L'actualité place sans cesse la violence sur le devant de la scène... - Citation :
- Thème important pour les sociologues et les politiques, elle est aussi un objet d'histoire. À rebours du sentiment dominant, Robert Muchembled montre que la brutalité et l'homicide connaissent une baisse constante depuis le XIIIe siècle. La théorie d'une " civilisation des mœurs ", d'un apprivoisement voire d'une sublimation progressive de la violence paraît donc fondée. Comment expliquer cette incontestable régression de l'agressivité ? Quels mécanismes l'Europe a-t-elle réussi à mettre en œuvre pour juguler la violence ?(...)(Librairie Decitre)
Robert Muchembled est agrégé d’histoire, professeur à l’université Paris-Nord; il est aussi l’auteur de plus de vingt ouvrages traduits en une quinzaine de langues, dont Une histoire du diable, XIIe-XXe siècle ; Passions de femmes au temps de la reine Margot et L’Orgasme et l’Occident : une histoire du plaisir du XVIe siècle à nos jours. "Gestion des coups", article de Jean-Yves Grenier encore disponible sur Libération ICI | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Sam 14 Mar 2009 - 20:50 | |
| « Depuis plus de 500 ans, les Occidentaux dominent la planète. Or, les Blancs, aujourd’hui, ne représentent guère que 12,8 % de la population mondiale. Par le passé, ils n’ont jamais dépassé 24%. »
La Haine de l'Occident de Jean Ziegler (Albin Michel) >clic - Citation :
- "Après un enfouissement des traumatismes par les sociétés qui ont subi un choc... nous vivons le temps du retour à la mémoire. Les peuples ’brusquement’ se souviennent des humiliations, des horreurs subies dans le passé. Ils ont décidé de demander des comptes à l’Occident".
Ziegler est ancien rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Le documentaire autrichien d'Erwin Wagenhofer ( We Feed the World), qui lui donne à plusieurs reprises la parole, fut inspiré de son livre " L'Empire de la Honte". Le Monde diplomatique en mars 2008 édita son article intitulé " Réfugiés de la faim" (spoiler) - Spoiler:
Réfugiés de la faim (Jean Ziegler)
La nuit était noire, sans lune. Le vent soufflait à plus de 100 kilomètres à l’heure. Il faisait se lever des vagues de plus de 10 mètres qui, avec un fracas effroyable, s’abattaient sur la frêle embarcation de bois. Celle-ci était partie d’une crique de la côte de Mauritanie, dix jours auparavant, avec à son bord 101 réfugiés africains de la faim. Par un miracle inespéré, la tempête jeta la barque sur un récif de la plage d’El Medano, dans une petite île de l’archipel des Canaries. Au fond de la barque, les gardes civils espagnols trouvèrent les cadavres de trois adolescents et d’une femme, morts de faim et de soif.
La même nuit, quelques kilomètres plus loin sur la plage d’El Hierro, un autre rafiot s’échoua : à son bord, 60 hommes, 17 enfants et 7 femmes, spectres titubants à la limite de l’agonie (1).
A la même époque encore, mais en Méditerranée cette fois-ci, un autre drame se joue : à 150 kilomètres au sud de Malte, un avion d’observation de l’organisation Frontex repère un Zodiac surchargé de 53 passagers qui – probablement par suite d’une panne de moteur – dérive sur les flots agités. A bord du zodiac, les caméras de l’avion identifient des enfants en bas âge et des femmes. Revenu à sa base, à La Valette, le pilote en informe les autorités maltaises, qui refusent d’agir, prétextant que les naufragés dérivent dans la « zone de recherche et de secours libyenne ». La déléguée du Haut Commissariat des réfugiés des Nations unies Laura Boldini intervient, demandant aux Maltais de dépêcher un bateau de secours. Rien n’y fait. L’Europe ne bouge pas. On perd toute trace des naufragés.
Quelques semaines auparavant, une embarcation où se pressaient une centaine de réfugiés africains de la faim, tentant de gagner les Canaries, avait sombré dans les flots au large du Sénégal. Il y eut deux survivants (2).
Des milliers d’Africains, y compris des femmes et des enfants, campent devant les clôtures des enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta, dans le Rif aride. Sur injonction des commissaires de Bruxelles, les policiers marocains refoulent les Africains dans le Sahara (3). Sans provisions ni eau. Des centaines, peut-être des milliers d’entre eux périssent dans les rochers et les sables du désert (4).
Combien de jeunes Africains quittent leur pays au péril de leur vie pour tenter de gagner l’Europe ? On estime que, chaque année, quelque 2 millions de personnes essaient d’entrer illégalement sur le territoire de l’Union européenne et que, sur ce nombre, environ 2 000 périssent en Méditerranée, et autant dans les flots de l’Atlantique. Leur objectif est d’atteindre les îles Canaries à partir de la Mauritanie ou du Sénégal, ou de franchir le détroit de Gibraltar au départ du Maroc.
Selon le gouvernement espagnol, 47 685 migrants africains sont arrivés sur les côtes en 2006. Il faut y ajouter les 23 151 migrants qui ont débarqué sur les îles italiennes ou à Malte au départ de la Jamahiriya arabe libyenne ou de la Tunisie. D’autres essaient de gagner la Grèce en passant par la Turquie ou l’Egypte. Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, M. Markku Niskala commente : « Cette crise est complètement passée sous silence. Non seulement personne ne vient en aide à ces gens aux abois, mais il n’y a pas d’organisation qui établisse ne serait-ce que des statistiques rendant compte de cette tragédie quotidienne (5). »
Pour défendre l’Europe contre ces migrants, l’Union européenne a mis sur pied une organisation militaire semi-clandestine qui porte le nom de Frontex. Cette agence gère les « frontières extérieures de l’Europe ».
Elle dispose de navires rapides (et armés) d’interception en haute mer, d’hélicoptères de combat, d’une flotte d’avions de surveillance munis de caméras ultrasensibles et de vision nocturne, de radars, de satellites et de moyens sophistiqués de surveillance électronique à longue distance.
Frontex maintient aussi sur sol africain des « camps d’accueil » où sont parqués les réfugiés de la faim, qui viennent d’Afrique centrale, orientale ou australe, du Tchad, de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Cameroun, de l’Erythrée, du Malawi, du Zimbabwe… Souvent, ils cheminent à travers le continent durant un ou deux ans, vivant d’expédients, traversant les frontières et tentant de s’approcher progressivement d’une côte. Ils sont alors interceptés par les agents de Frontex ou leurs auxiliaires locaux qui les empêchent d’atteindre les ports de la Méditerranée ou de l’Atlantique. Vu les versements considérables en espèces opérés par Frontex aux dirigeants africains, peu d’entre eux refusent l’installation de ces camps. L’Algérie sauve l’honneur. Le président Abdelaziz Bouteflika dit : « Nous refusons ces camps. Nous ne serons pas les geôliers de nos frères. » Organiser la famine et criminaliser ceux qui la fuient
La fuite des Africains par la mer est favorisée par une circonstance particulière : la destruction rapide des communautés de pêcheurs sur les côtes atlantique et méditerranéenne du continent. Quelques chiffres.
Dans le monde, 35 millions de personnes vivent directement et exclusivement de la pêche, dont 9 millions en Afrique (6). Les poissons comptent pour 23,1 % de l’apport total de protéines animales en Asie, 19 % en Afrique ; 66 % de tous les poissons consommés sont pêchés en haute mer, 77 % en eaux intérieures ; l’élevage en aquaculture de poissons représente 27 % de la production mondiale. La gestion des stocks de poissons dont les déplacements s’effectuent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des zones économiques nationales revêt donc une importance vitale pour l’emploi et la sécurité alimentaire des populations concernées.
La plupart des Etats de l’Afrique subsaharienne sont surendettés. Ils vendent leurs droits de pêche à des entreprises industrielles du Japon, d’Europe, du Canada. Les bateaux-usines de ces dernières ravagent la richesse halieutique des communautés de pêcheurs jusque dans les eaux territoriales. Utilisant des filets à maillage étroit (interdits en principe), elles opèrent fréquemment en dehors des saisons où la pêche est autorisée. La plupart des gouvernements africains signataires de ces concessions ne possèdent pas de flotte de guerre. Ils n’ont aucun moyen pour faire respecter l’accord. La piraterie est reine. Les villages côtiers se meurent.
Les bateaux-usines trient les poissons, les transforment en surgelés, en farine ou en conserves, et expédient du bateau aux marchés. Exemple : la Guinée-Bissau, dont la zone économique abrite un formidable patrimoine halieutique. Aujourd’hui, pour survivre, les Bissagos, vieux peuple pêcheur, sont réduits à acheter sur le marché de Bissau – au prix fort – des conserves de poisson danoises, canadiennes, portugaises.
Plongés dans la misère, le désespoir, désarmés face aux prédateurs, les pêcheurs ruinés vendent à bas prix leurs barques à des passeurs mafieux ou s’improvisent passeurs eux-mêmes. Construites pour la pêche côtière dans les eaux territoriales, ces barques sont généralement inaptes à la navigation en haute mer.
Et encore… Un peu moins d’un milliard d’êtres humains vivent en Afrique. Entre 1972 et 2002, le nombre d’Africains gravement et en permanence sous-alimentés a augmenté de 81 à 203 millions. Les raisons sont multiples. La principale est due à la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne.
Les Etats industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont payé à leurs agriculteurs et éleveurs, en 2006, plus de 350 milliards de dollars au titre de subventions à la production et à l’exportation. L’Union européenne, en particulier, pratique le dumping agricole avec un cynisme sans faille. Résultat : la destruction systématique des agricultures vivrières africaines.
Prenons l’exemple de la Sandaga, le plus grand marché de biens de consommation courante de l’Afrique de l’Ouest. La Sandaga est un univers bruyant, coloré, odorant, merveilleux, situé au cœur de Dakar. On peut y acheter, selon les saisons, des légumes et des fruits portugais, français, espagnols, italiens, grecs, etc. – au tiers ou à la moitié du prix des produits autochtones équivalents.
Quelques kilomètres plus loin, sous un soleil brûlant, le paysan wolof, avec ses enfants, sa femme, travaille jusqu’à quinze heures par jour… et n’a pas la moindre chance d’acquérir un minimum vital décent.
Sur 52 pays africains, 37 sont des pays presque purement agricoles.
Peu d’êtres humains sur terre travaillent autant et dans des conditions aussi difficiles que les paysans wolof du Sénégal, bambara du Mali, mossi du Burkina ou bashi du Kivu. La politique du dumping agricole européen détruit leur vie et celle de leurs enfants.
Revenons à Frontex. L’hypocrisie des commissaires de Bruxelles est détestable : d’une part, ils organisent la famine en Afrique ; de l’autre, ils criminalisent les réfugiés de la faim.
Aminata Traoré résume la situation : « Les moyens humains, financiers et technologiques que l’Europe des Vingt-Cinq déploie contre les flux migratoires africains sont, en fait, ceux d’une guerre en bonne et due forme entre cette puissance mondiale et de jeunes Africains ruraux et urbains sans défense, dont les droits à l’éducation, à l’information économique, au travail et à l’alimentation sont bafoués dans leurs pays d’origine sous ajustement structurel. Victimes de décisions et de choix macroéconomiques dont ils ne sont nullement responsables, ils sont chassés, traqués et humiliés lorsqu’ils tentent de chercher une issue dans l’émigration. Les morts, les blessés et les handicapés des événements sanglants de Ceuta et de Melilla, en 2005, ainsi que les milliers de corps sans vie qui échouent tous les mois sur les plages de Mauritanie, des îles Canaries, de Lampedusa ou d’ailleurs, sont autant de naufragés de l’émigration forcée et criminalisée (7). » Jean Ziegler
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Documentaires Sam 14 Mar 2009 - 21:23 | |
| J' aime et j' estime beaucoup Jean Ziegler. Il dit ce que j' aime entendre... Meme si j' ai l' impression qu' il crie souvent dans le désert... Et qu' on écoute volontierts de moins honnetes que lui ... Mais au moins il crie ! | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Documentaires Ven 2 Oct 2009 - 17:48 | |
| - Maryvonne a écrit:
- Pour ceux que ça botte, ce bouquin est vachement bien. L’auteur a bossé en tant que contractuel dans l'administration française. :
"Accueillir ou reconduire - Enquête sur les guichets de l’immigration" d'Alexis Spire. C’est noté. Je ne connaissais pas cet auteur, prof et chercheur. Alexis Spire semble avoir fait depuis plusieurs années des études sérieuses sur ce sujet, et d’une manière très objective puisqu’il s’agit d’enquêtes. Étude, enquêtes, chiffres, statistiques, objectivité, ça nous change un peu de l'"opinion"... Car quelles que soient les opinions de chacun, pour ou contre une décision politique ou une autre, derrière une étude sur le terrain offrant aussi une analyse empirique d'une situation donnée, il s’agit aussi de révéler ce que vivent les hommes et par quelles décisions et quel mécanisme ils sont individuellement broyés, retenus-renvoyés. Faire du chiffre et traquer, un bien sale boulot dans la France d’aujourd’hui… Ma sensibilité me fait penser : comment l’histoire évoquera ces faits plus tard ? 4ème de couv. : - Citation :
- Un bureau de préfecture, une file d'attente, un espoir - obtenir des papiers.
Désormais banale, cette image de l'immigration occulte l'essentiel : ce qui se joue de l'autre côté du guichet. Là, des fonctionnaires examinent les dossiers, jaugent les candidats, statuent sur leur sort. C'est à eux que l'État délègue la mise en œuvre de sa politique d' " immigration choisie". Mais qui sont ces hommes et ces femmes qui décident d'attribuer des papiers ou, au contraire, de reconduire à la frontière ? Comment tranchent-ils ? De quelle latitude disposent-ils dans l'interprétation des règlements ? Au terme de plusieurs années d'enquêtes dans les coulisses des consulats, des préfectures et des services de la main-d'œuvre étrangère, Alexis Spire dévoile la face cachée de cette machine à trier les étrangers. Ceux qu'on éloigne, et ceux qui rejoignent la main-d'œuvre bon marché réclamée par les employeurs. Situés au bas de l'échelle administrative, les personnels chargés de l'immigration sont sommés de " faire du chiffre " et de " traquer les fraudeurs ". Cobayes de la " modernisation de l'Etat ", ils s'enrôlent dans cette croisade en croyant défendre le modèle social français. En 2005 chez Grasset l'auteur avait également "commis" un ouvrage touchant une période un peu plus ancienne : Étrangers à la carte : L’administration de l’immigration en France (1945-1975) Résumé du livre : - Citation :
- Les lois sur l'immigration se succèdent en France, et pourtant, il est rarement question des conditions dans lesquelles elles sont appliquées. Or leurs objectifs - affichés ou non - et leurs effets ne se mesurent pas devant les députés, mais dans les bureaux de l'administration. De 1945 à 1975, plusieurs millions d'étrangers sont ainsi venus travailler en France. Pourquoi certains ont-ils été autorisés à s'installer quand d'autres ont dû repartir ? Dans quelles conditions les uns ont-ils réussi à devenir Français alors que les autres sont restés étrangers ? Les règles sont-elles les mêmes pour tous ou relèvent-elles d'un régime 'à la carte' qui ne dit pas son nom ? Au-delà des principes établis par le droit, ce livre nous plonge au cœur des pratiques de ceux qui, au nom de l'État, sont chargés d'octroyer cartes de séjour, cartes de travail, et naturalisations. En se fondant sur des entretiens avec d'anciens agents de préfecture et l'étude exhaustive de 1600 dossiers individuels d'étrangers, cet ouvrage nous fait comprendre pour la première fois, loin des fantasmes et des discours obligés, comment se prennent les décisions au quotidien.
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