Brute Force / Les démons de la liberté (1947)
On ne pourra pas forcément dire que le film est visuellement exceptionnel ou que les acteurs (inclus Burt Lancaster) sont merveilleusement sublimes dans l'ensemble. Disons que ce "film de prison" a un côté brut pas loin de l'économie de moyens. Ce qui fait que ses qualités évidentes sont ailleurs. Si on s'attarde sur les caractères on remarque que ceux des prisonniers sont très peu exprimés, leur point commun étant que chacun pense à une femme dehors (et y va de sa petite histoire) alors que ceux des représentants de l'administration sont plus développés, un peu caricaturaux mais plus développés. Un directeur "mou", qui veut seulement finir sa carrière, un médecin compatissant et alcoolique mais lucide, un supérieur de l'administration qui ne veut pas de problème et se fout des détails et un teigneux chef des matons qui se verrait bien directeur. Le petit bonhomme perfide, tordu, violent, ambitieux qui pousse volontiers les détenus vers la mort.
L'enjeu se situe évidemment dans la tension entre les détenus et le sadique Capitaine Munsey (rien à envier au type de Electra Glide in Blue ou au Brando de Reflet dans un oeil d'or) et l'évasion et explosion de révolte. Les détenus ne sont pas des bisounours (le règlement de compte ça ne plaisante pas) mais on voit surtout ce qui les retient, les relie, à l'extérieur et parfois ce qui les a sorti du droit chemin. Pour notre héros c'est son amour pour une jeune femme malade...
Le film monte en pression et par le truchement de réunions ou discussions entre le médecin, le directeur et le capitaine explore un discours résolument social particulièrement direct vis à vis de l'ambition et du darwinisme social avec en prime quelques images de la figure autoritaire que l'on ne verrait pas si directement dans un film aussi sérieux.
Efficace et finalement prenant.
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